C’est l’été : attention à l’addiction au soleil !

Qui dit été dit plage. Mais attention : sur la plage, au soleil, les dangers sont divers et cachés mais bien réels.

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Femmes en bikini à la plage (Crédits Don Johnson licence Creative Commons)

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C’est l’été : attention à l’addiction au soleil !

Publié le 30 juillet 2021
- A +

Par Jacques Henry.

Le 21 juin est le jour calendaire marquant le début officiel de l’été. Et qui dit été dit plages, soleil et bronzage. Mais qui dit soleil dit aussi mélanomes et bien d’autres désagréments comme des brûlures qui peuvent durablement défigurer et mettre un terme prématuré à des vacances pourtant rêvées tout au long des mois d’hiver.

Pourtant l’exposition au soleil est bénéfique mais également insidieuse et c’est là le danger. En dehors du fait que le soleil est un bienfait à petites doses pour que la peau puisse produire la vitamine D indispensable à la vie, ce même soleil stimule d’autres métabolismes pouvant avoir des effets adverses inattendus.

Pour la vitamine D, l’affaire est claire, notre organisme est incapable de convertir le 7-déhydrocholestérol en cholécalciférol, en d’autres termes la vitamine D3. Il faut des rayons ultra-violets provenant en général du soleil, source de toute vie et de changements climatiques, pour que cette modification moléculaire puisse avoir lieu :

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Mais les rayons ultra-violets ont aussi un autre effet sur la peau : la production en quantités certes infimes mais loin d’être nulles du précurseur de l’hormone qui stimule la production de la mélanine. Normalement cette hormone est produite par l’hypothalamus, une petite région du cerveau qui n’est jamais exposée directement au soleil. On vient pourtant de découvrir que la peau (voir le DOI) participe directement à la régulation de la production de mélanine en synthétisant elle-même le précurseur de l’hormone sous l’effet des ultra-violets. Cette hormone, un petit peptide, est bien connue et s’appelle la MSH, acronyme de Melanocyte Stimulating Hormone ou en français hormone stimulant les mélanocytes, ces cellules de la peau qui font que nous produisons la mélanine pour nous protéger justement des effets néfastes du soleil en provoquant un brunissement de la peau, ce fameux bronzage.

Il n’y a rien d’anormal à cela puisque le patrimoine génétique des cellules de la peau contient les mêmes informations que celles de l’hypothalamus. Or il se trouve que le gène qui code pour la MSH est un truc compliqué qui a la fâcheuse mission de coder simultanément pour un autre petit peptide aux fonctions complexes, la beta-endorphine, et deux autres hormones, l’ACTH (adrénocorticotrophine) qui régule la fonction des glandes surrénales et la beta-lipotropine qui intervient dans le métabolisme des lipides.

Pour résumer parce que ça commence à devenir compliqué, le produit d’un seul gène, le 2p23.3 pour être précis, code pour le POMC, ou Pro-Opio-Mélano-Cortine, qui est ultérieurement coupé en divers morceaux pour finalement aboutir à une série de petits peptides qui ont tous une fonction précise.

Donc, quand on se fait bronzer, notre peau produit l’hormone qui stimule les cellules de la peau qui produisent la mélanine mais, en même temps, il y a une production de beta-endorphine, nous allons y revenir. La MSH, pour l’anecdote stimule aussi l’appétit tout court mais aussi l’appétit sexuel, on est en plein Gainsbourg : Sea, Sex and Sun !

soleil

Mais revenons à cet autre produit du précurseur de tous ces petits petits peptides qui jouent des rôles variés, j’ai nommé la beta-endorphine.

Comme son nom l’indique presque, la beta-endorphine est littéralement une morphine produite par l’organisme d’où le préfixe endo signifiant interne. La beta-endorphine est une centaine de fois plus puissante que la morphine pour calmer la douleur et faire planer par la même occasion. Mais le mécanisme qui se situe dans le cerveau est régulé aussi précisément qu’une horloge suisse car point trop n’en faut !

Quand on se fait dorer sur une plage, sans nous en rendre compte nous produisons donc l’hormone qui va brunir la peau, la MSH, qui est également un excitant sexuel, mais aussi en quantité équivalente de la beta-endorphine qui va procurer une sensation de bien-être et calmer au moins temporairement les effets douloureux d’une trop longue exposition au soleil.

La nature a bien fait les choses mais en réalité pas tant que ça car il y a un revers, et de taille. Les rayons ultra-violets du soleil ont la fâcheuse tendance à endommager l’ADN des cellules de la peau et à favoriser l’apparition de mélanomes, la catégorie de cancer la plus mortelle qui soit, mais aussi, sous couvert de production de beta-endorphine, à créer comme pour l’usage de la morphine une sorte d’addiction au soleil. On a pris sa dose gratuite, on recommence et ainsi de suite, et c’est gratuit, c’est bien connu, le soleil fait partie des énergies renouvelables ! Pourquoi se priver de son shoot quotidien ? Il y a donc un réel effet pervers dans cette attitude à se faire bronzer coûte que coûte pendant les mois d’été. C’est dangereux et c’est comme une drogue dure et pas n’importe laquelle, la morphine.

Les travaux ont été réalisés avec des souris mais il n’y a absolument aucune raison que les choses se passent différemment pour les humains. Pour preuve, les souris dont le dos avait été rasé pour qu’elles prennent de bons coups de soleil avec une lampe à ultra-violet s’en remettaient très bien jusqu’à ce qu’on leur injecte un antagoniste de la morphine (et donc de la beta-endorphine) utilisé en urgence dans les cas d’overdose de morphine caractérisée, la naloxone. Les souris n’ont pas aimé du tout recevoir une autre dose d’ultra-violets parce que vraisemblablement elles n’avaient pas envie de souffrir mais aussi et surtout elles ne pouvaient plus s’administrer leur shoot de beta-endorphine auquel elles avaient fini par s’habituer !

Conclusion, sur la plage, au soleil, les dangers sont divers et cachés mais bien réels…

Référence : Gillian L. Fell, Kathleen C. Robinson, Jianren Mao, Clifford J. Woolf, David E. Fisher, « Skin β-Endorphin Mediates Addiction to UV Light », Cell, Volume 157, Issue 7, p1527–1534, 19 June 2014.

Cet article a été publié une première fois en 2014.


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  • Ahhhh merci pour ces précisions, je comprends mieux.
    Bon, y en a qui fume, qui se drogue, qui boivent, moi je bronze, un jour comme celui-ci faut en profiter …:)

    •  » moi je bronze  »

      vous bronzez … partout ?

      • @ i: je bronze partout? au bord d’une piscine, d’un lac, biotope, mer, océan, dans mon jardin. je continue de réfléchir…
        Je connais des personnes plus âgées qui se sont exposées beaucoup plus que moi et qui à 70 ans ont de très belle peau.
        Si Marie vous avez des soucis c’est parce que vous n’avez pas fait attention, vous le dites vous-même. Crème solaire, huile ou non, moi j’utilise mon bon sens. Je fais un peu attention, j’ai une peau mate alors je m’expose un peu chaque jour, jamais très longtemps ( je ne peux faire la poulette plus de 45 min sur le sable chaud 😉 ).
        Ensuite il faut aussi hydrater sa peau, avec des crèmes grasses.

  • Salut
    C’est l’été

    la recette de la poulette dorée :

    prendre une jolie poulette,
    huiler la poulette sur toutes ses faces,
    la poser sur sable chaud à soleil vif à très vif,
    humecter d’eau de mer de temps à autre,
    retourner tous les quarts d’heure,
    quand la poulette rosit, elle est cuite à point,
    retirer la poulette du sable,
    la poser sur un torchon légèrement pelucheux (mais pas trop),

    dernier conseil avant consommation :
    le meilleur, c’est le blanc !

    😉

  • haaaa, le soleil ! je lui est offert mon corp tout les étés pendant des années , sans faire attention , sans protection ….pour acquérir un jolie bronzage doré qui vous donne bonne mine …à ce jour , à 50 ans passé , je m’en mord les doigts ; une peau marquée , ridée , des taches brunes qui se sont installées ,et une peau qui ne supporte plus le soleil ; le soleil , c’est comme tout , il ne faut pas en abuser ;

  • Contrepoints (ISSN 2262-5526) est un pure player de l’information en ligne. Contrepoints couvre l’actualité, française, belge et internationale SOUS UN ANGLE LIBERAL.

  • chaque année, nous allons en vacances en italie sur l’adriatique. à partir de 16 heures, nous allons à la plage, au soleil. je construis des châteaux de sable avec mes enfants ou alors des barrages contre les vagues… on a toujours le t-shirt sur les épaules, les enfants ont en plus une casquette sur la tête. on ne se déshabille que quand on va dans l’eau. dès qu’on sort de l’eau, on se sèche et on se rhabille. on est les seuls sur toutes la plage à être habillés au soleil à 16 heures ou à 17 heures…
    une fois, vers 18 heures, on quitte la plage et machinalement, je compte mes enfants pour être sûr que je les ai tous avec moi « 1, 2, 3, 4… tiens où est le dernier ? où est le petit ? » je retourne avec mes enfants pour aller le chercher. il avait déjà été pris en charge par une italienne qui lui demandait où étaient ses parents. quand cette dame nous a vu revenir vers nos pas, elle a pas mis longtemps à comprendre que ce petit gamin qui était le seul de la plage à être habillé ne pouvait que faire partie de ce groupe de vacanciers qui arrivaient vers elle qui étaient eux aussi les seuls de la plage à être habillés. je n’ai pas eu besoin d’expliquer que je n’étais pas un pédophile qui ramassaient les enfants oubliés par leurs parent le soir sur la plage.

  • Mais ouais le soleil tue, faites gaffe!

  • Et attention aux agrumes et notamment aux jus d’agrumes. Ils sont photosensibilisants. Autrefois les oranges, c’était qu’en hiver, maintenant c’est toute l’année.
    Il y a des pays qui envisagent de mettre une mise en garde sur les jus d’orange ou de pamplemousse pour éviter que les gens ne s’exposent en en ayant bu.

  • on a définitivement peur de tout

  • Les recherches sur le sujet considèrent que l’apparition de cancer du au soleil est complètement inconséquent par rapport au bénéfices de la production de vitamine D.
    Je n’ai pas l’url sous la main mais une des études contient un superbe graph, trop parfait même de l’apparition de certaines maladies selon la latitude (qui seraient donc en lien avec une déficience de vitamine D, entre autre la sclérose en plaque) la courbe forme une superbe cloche inversée,
    à noter pour nos amis de couleur , qu’ils subissent bien plus cette effet que nous, et doivent donc rester au soleil plus longtemps que nous !

  • Donc , restons a l »ombre avec un pastis bien frais ,surtout pas de jus d’agrumes ,des lunettes de soleil ,meme pas besoin de celles qui deshabillent ,et refaite vous une sante a la plage , repos ,repos ,et recharger vos accus pour une torride soiree avec madame…a 14h c’est bien aussi.
    Nota : un rosé bien frais chez francis , c’est bien aussi ,ces coussins sont moilleux et le service impeccable…

  • Une fois de plus on présente l’exposition au soleil comme un risque. Si l’article parle aussi de ses bienfaits, l’emphase est mise sur les dangers.

    Alors une bonne fois pour toute: les humains ont besoin de lumière du soleil quotidienne. Notre mode de vie moderne nous fait souvent rester immobile en intérieur la plus grande partie de notre temps, engendrant des carences. Le soleil est BON pour la santé nom d’une pipe, il est même indispensable à notre bien-être, mais à chaque été on a le droit à ce discours anxiogène prenant pour exemple ceux qui ont les plus mauvaises pratiques qui soient!

    Evidemment, si on se base sur le comportement des vacanciers qui vont se faire griller la couenne sur la plage avec d’illusoires crèmes de protection, généralement aux heures où le soleil est au plus fort de son rayonnement, c’est l’exemple-type de ce qu’il ne faut pas faire!

    • Crèmes de protections qui filtrent justement les UV dont nous avons besoin pour produire de la vit D, aucun interet du coup.

    • Et habiter aux latitudes qui correspondent à notre patrimoine génétique : un irlandais ou un norvégien (de souche) en Provence voient leurs chances de cancer augmenter, un provençal en Norvège n’aura pas assez (sauf à se mettre à poil tout l’été au soleil) d’exposition pour avoir un niveau de vitamine D satisfaisant.

      L’immigration est peut-être une chance… mais un vrai danger pour l’immigré (on l’a d’ailleurs vu avec le COVID où les immigrés à la peau sombre -adaptés à plus d’UV- ont souffert davantage que les autres).

  • Depuis que ma copine, adepte du farniente, a été victime d’un mélanome à 44 ans, je trouve le soleil nettement moins sympa…

  • Le gouvernement va donc condamner le soleil a écrire la mention « provoque l’accoutumance » sur les photons.

  • Les dessins de molécules (7-déshydrocholestérol et cholécalciferol) font hurler le chimiste que je suis…

    • Faut pas hurler pour si peu. L’isomérisation thermique de la prévitamine D3 est passée sous silence, et il manque la stéréochimie, mais on a échappé aux carbones à 5 pattes.

  • Les crèmes solaires sont un poison pour la peau et pour l’environnement.
    Quand je vois des enfants sur la plage avec caquette, combinaison, lunettes de soleil et badigeonnage de crème je suis horrifié.
    Le soleil n’est pas un ennemi, tout est dans la dose, autant se faire rôtir toute la journée est totalement absurde, autant s’en protéger à l’excès est plus dangereux encore.
    Le soleil provoque des carcinomes souvent bénins mais pas le mélanome. Il y a plus de cancers agressifs en Suisse ou les pays nordiques que les bagnos d’Italie.
    Une bonne crème au souci après une exposition et c’est tout !
    Pitié ne faites pas bouffer ces crèmes solaires à notre faune aquatique déjà suffisamment pollué.

    • Le carcinome n’est pas bénin, c’est un cancer, une tumeur maligne.
      Et la seule solution c’est la chirurgie.
      Je suis bien placé pour vous en parler, j’en suis à mon 7ème carcinome basocellulaire (ça récidive toujours), qui attaque en priorité le visage : nez, oreilles, front…
      Ensuite, il faut vous trouver le meilleur chirurgien esthétique de votre région pour vous opérer, car les dermatologues n’ont pas le niveau.

  • Les commentaires sont fermés.

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