« Une vie sans fin », de Frédéric Beigbeder

Le dernier roman de Frédéric Beigbeder pose la question de la finitude de l’homme.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

« Une vie sans fin », de Frédéric Beigbeder

Publié le 12 février 2018
- A +

Par Francis Richard.

Le héros s’appelle Frédéric Beigbeder, comme l’auteur. Les personnages qu’il rencontre apparaissent sous leurs vrais noms.. Il a seulement changé les noms de ses proches pour ne pas les embarrasser.

C’est pourtant un roman. Mais ce n’est pas un roman de science-fiction, même si le narrateur fait quelques incursions dans l’avenir et qu’il mène une enquête scientifique sur celui de l’Homo Sapiens dont il pressent la fin.

BeigbederLe narrateur ne veut pas mourir. Il ne déteste pas la mort, il déteste sa mort. À défaut de vie éternelle posthume, en laquelle il ne croit pas, il souhaite sinon l’immortalité sur Terre, du moins d’y prolonger sa vie le plus possible.

De son état il est « animateur de disputes audiovisuelles et réalisateur de films satiriques ». Comme il vient d’être viré par sa chaîne de télé, il a tout son temps pour dresser un état de la science en matière de post-humanité.

C’est là que le roman devient reportage. Pour les besoins de la cause romanesque, à ce reportage se greffe cependant une histoire personnelle qui ressemble à celle de l’auteur, à quelques détails près, non négligeables.

Ayant dépassé la cinquantaine, la mort n’étant dès lors plus une abstraction pour lui, sa quête d’immortalité lui fait effectuer un tour du monde en famille pour connaître « toutes les procédures à accomplir pour [s’]éterniser ici-bas » :

  • lasérisation du sang
  • congélation de cellules
  • séquençage de génomes
  • ingestion de nicotinamide adénine dinucléotide
  • reprogrammation de cellules en cellules souches
  • transfusion de sang frais, etc.

En famille, car il emmène avec lui, à peu près partout, sa jeune femme, biologiste suisse, et leur bébé, sa fille d’un premier lit, collégienne parisienne, et même le robot japonais qu’il a offert à cette dernière pour lui tenir compagnie…

Lui seul est convaincu qu’une vie sans fin, c’est merveilleux. Sa femme trouve qu’à ce moment-là elle est sans but. « Si tu enlèves la mort, y a plus d’enjeu. Plus de suspense. » Mais il poursuit sa quête folle, tout en en mesurant le prix :

Le problème de la vie éternelle, c’est qu’elle a besoin de cambrioler le corps d’autrui…

Ce roman qui commence à Genève (qui « contient le mot « gène » dans son nom : bienvenue dans le pays qui a toujours voulu contrôler l’humanité »), se termine imprévisiblement, par une ironie de son destin, au Pays Basque qu’il aime :

Dans ce pays il pleut souvent, ce qui confère à chaque rayon de soleil l’allure d’un miracle…

Voir les commentaires (0)

Laisser un commentaire

Créer un compte

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Sept conseils de lecture pour découvrir et approfondir l'économie autrichienne. 

 

1) Big Players and The Economic Theory of Expectations, de Roger Koppl (2002)

J’ai terminé récemment la lecture de cet ouvrage, que je conseille ardemment à tout un chacun.

Méthodologiquement, Koppl part de deux fondements qu'il qualifie de misésiens, inspirés de Friedrich Hayek et Alfred Schultz. Il construit par la suite une théorie des anticipations cognitives (subjectives) et a-cognitives (objectives), plus ou moins fiables ... Poursuivre la lecture

Le zéro et l’infini, d’Arthur Koestler

Ce roman, inspiré des grands procès de Moscou et des purges staliniennes, est devenu une véritable référence mondiale au XXe siècle, et pour cause. Il est parfaitement évocateur de l'univers oppressant du système soviétique et de l'esprit du communisme pour lequel, comme l'indique si justement le titre, l'individu ne représente rien (zéro) face à la collectivité, à l'opposé du monde libre où, pour les humanistes tout au moins, il a une valeur infinie, qui ne vaut d'être sacrifiée au bien-être hypothétiqu... Poursuivre la lecture

Le cimetière des livres oubliés, une tétralogie de Carlos Ruiz Zafón

Lorsque je me suis lancé dans cette lecture, j'ai aussitôt été captivé. A n'en plus lâcher ce roman. Attiré à la fois par le titre de ce qui allait devenir une tétralogie, mais aussi par celui de chacun des volumes, en particulier le premier « L’ombre du vent », à la fois plaisant, poétique, laissant place au songe et presque obsédant, qui n’a jamais quitté mon esprit. Les couvertures de l’édition initiale aussi sont belles.

Le livre est bien écrit, sous le véritable ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles