Abstention : l’important, c’est de participer ?

Pourquoi s’obstiner à s’abstenir ?

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Abstention : l’important, c’est de participer ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 3 mai 2017
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Par Baptiste Créteur.

Rien n’est joué pour dimanche prochain. Le scrutin, encore incertain, déchaîne les passions, et les votants prosélytes affirment qu’il est plus que jamais important de se mobiliser. Voter, c’est faire son devoir de citoyen et prendre en mains le destin de notre pays.

Certains seraient morts pour le droit de vote. Ce sacrifice suffirait à faire du vote un devoir – s’abstenir, c’est presque souiller leur mémoire. Ce droit pour lequel ils se sont battus, quand on ne l’exerce pas, il s’use. Peu importe pour qui tant qu’on vote : dimanche prochain, l’important, c’est de participer.

En se rendant dans l’isoloir comme on allait hier se confesser, en refermant l’enveloppe sur un bulletin pré-imprimé et en la plaçant solennellement dans l’urne, on fait son devoir de citoyen. Un acte si important, accompli avec tellement de fierté, qu’il faudrait presque offrir un pin’s commémoratif à la sortie des bureaux de vote.

“A voté !”

Mais l’accessoire à la mode de l’apéro du 7 mai risque fort de finir bien vite sur les étals des braderies, alors que s’érodera inéluctablement la popularité du vainqueur comme celle de ses prédécesseurs avant lui. Certains vont jusqu’à proposer des amendes pour les abstentionnistes ; vu le bilan des présidentielles, ce sont plutôt les votants qu’il faudrait sanctionner.

À tout le moins, qu’ils cessent de donner des leçons de morale à ceux qui préfèrent les weekends de trois jours aux soirées électorales, ou dont les convictions sont à l’étroit dans l’enveloppe ou dans l’urne. Savoir que l’on sera gouverné par le gagnant d’une sorte de concours de beauté est une chose ; être obligé de contribuer à son élection en est une autre.

L’élection ne se jouera pas à une voix

Voter ne fait même pas grande différence. L’élection ne se jouera pas à une voix, et son résultat s’imposera aux votants comme aux abstentionnistes. Ceux qui ont voté pour le gagnant ou le perdant ont accepté la règle, mais eux n’ont même pas pris la peine de donner leur avis. La règle du jeu est écrite, qu’on l’accepte ou non. Et, sans voter, comment peut-on espérer changer les choses ?

D’autant plus que plane sur la France un danger inédit. Ne pas voter dimanche, c’est faire un choix inacceptable : celui du ni-ni, celui du FN. Ce n’est pas une caricature, mais un éditorial du Monde, pour qui quand Jean-Luc Mélenchon ne donne pas de consigne de vote, il se refuse à donner une consigne de vote. Donc il ne s’exprime pas contre le FN. En quelque sorte, il soutient donc le FN.

Deux candidats ou deux camps ?

Pour certains, il y a deux candidats : Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Mais pour beaucoup, il y a deux camps : le FN, et ceux qui veulent lui faire barrage. Ne pas voter contre Marine Le Pen, c’est prendre le risque de la voir à l’Élysée. Au nom de l’idéal démocratique, il faut voter ; au nom de l’idéal républicain, il faut voter Macron.

Pourquoi alors s’obstiner à s’abstenir ? Tout le monde sait qu’il suffit d’accomplir régulièrement son devoir de citoyen pour que tout aille mieux. Si tous les Français se déplaçaient ce dimanche, ils renoueraient bien vite avec la prospérité. Il faut donc coûte que coûte faire rentrer sur le droit chemin les sceptiques et les nuancés, aider ceux qui n’y parviennent pas d’eux-mêmes à réduire leur pensée à un choix binaire, et faire comprendre aux rebelles que pour changer le système il faut voter pour un candidat anti-système (donc n’importe quel candidat).

Dans le doute, mieux vaut s’abstenir ; mais la politique n’est pas le lieu du doute. Mieux vaut donc voter, qu’importe pour qui, qu’importe le résultat ; faire son devoir de citoyen quand et comme on l’exige, remiser sa conscience individuelle au placard, et aller voter.

 

Voir les commentaires (8)

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  • Au jeu du bonneteau tous les joueurs sont dupés,libre à vous de participer .
    La forte participation du premier tour à été assuré grâce au danger Mélenchon vendu par les médias…Lepen ne fait plus peur à personne,les pêcheurs seront majoritaire !

    • @ reactitude

      Il y a des pays où le vote est obligatoire (souvent “sur papier”, les résistants étant peu inquiétés).

      Avec un vote blanc, vous faites “votre devoir” et exprimez quelque chose difficilement interprétable!
      L’abstention est d’interprétation encore plus risquée.

      Dans les 2 cas, c’est voter pour la majorité: c’est mathématique et injuste car pas vraiment neutre.

      Ce qui serait plus drôle, ce serait d’attribuer les sièges (ou la rémunération ou le budget …) par le nombre de voix obtenues, pas par le pourcentage de votes exprimés.

      Cela pourrait alors mesurer un indice de confiance, très instructif pour les politiciens, individuellement et globalement, et très “concernant” pour les électeurs qui ne pourront être “neutres”, les blancs et abstentions ne favorisant plus automatiquement la majorité.

      Cela concernerait aussi ces politiciens “intouchables” autrement que par un scrutin tous les 5 ans.

      Les individus compteraient plus et les partis, moins!

      Oui, ça augmenterait les risques mais aussi le “piquant” des élections! Et les électeurs continueraient à suivre “leur” député(e) de plus près que maintenant!

      Je n’ai aucune illusion: ça ne fera pas! Dommage pour l’économie publique, le sérieux du travail politique et la surveillance des politiciens!

  • En l’occurrence je ne vais pas jouer à pile je gagne, face tu perds.

  • La peste ou le cholera ?
    Non merci ! Je n’aurai pas participé à cette mascarade et voté pour la destruction de mon pays, quel que soit le gagnant.
    Et pourtant j’ai toujours partagé cette conviction du vote “le moins pire” à défaut du meilleur…
    J’espère encore que les Français se réveilleront enfin pour les législatives, mais je reste très pessimiste… Nous sommes en marche, oui, mais au bord du gouffre …

    • Que ce soit dit une fois pour toutes:
      ne pas voter, c’est voter pour la majorité!
      C’est arithmétique: Hypothèse
      10 électeurs, 2 candidats,
      Résultats possibles
      10 = 2 blancs/nuls + 3 abstentions + 5 votes

      5 = 3 + 2 = 4 + 1 = 5 + 0
      La majorité décide pour vous, ce que vous “cautionnez”! cqfd

  • Avoir le droit de voter, c’est aussi avoir le droit de ne pas voter.
    c’est aussi ça être libéral

  • S’abstenir, c’est … participer 🙂

  • ” Rentrer dans le droit chemin ”
    Pardonnez moi , mais je ne vois aucun droit chemin , que des sentiers glissants …

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