Succès mitigé pour le sommet de la francophonie

L’élection comme secrétaire générale l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) de Michaëlle Jean en 2014 continue de faire polémique, ce qui n’a pas été sans répercussion lors du sommet de Antananarivo, à Madagascar, en novembre dernier.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Michaelle Jean credits Alex Abbou (licence creative commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Succès mitigé pour le sommet de la francophonie

Publié le 9 décembre 2016
- A +

Par Isidore Kwandja Ngembo.

Succès mitigé pour le sommet de la francophonie
Michaelle Jean credits Alex Abbou (licence creative commons)

La conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, communément appelée « sommet de la Francophonie », a eu lieu les 26 et 27 novembre derniers à Antananarivo, à Madagascar. Il s’agissait du premier sommet organisé sous l’égide de la nouvelle secrétaire générale l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean, élue il y a de cela deux ans exactement.

Ce sommet était une occasion idéale de mesurer le degré de confiance et d’unité de chefs d’État et de gouvernement autour de la secrétaire générale de l’OIF ainsi que leur adhésion à son projet novateur de la francophone économique.

Si l’organisation et le déroulement du sommet se sont passés sans trop d’encombres, plusieurs médias ont noté néanmoins une très faible participation de chefs d’État et de gouvernement, notamment africains, chez qui l’on compte le plus grand nombre de francophones.

Peu de représentants africains 

En effet, quand bien même ce sommet a connu une participation totale et remarquée du Canada, avec la présence de trois chefs de gouvernement et l’adhésion de la province de l’Ontario comme quatrième gouvernement membre observateur de l’OIF, il y a lieu de noter que, pour une organisation qui comptait alors 80 États et gouvernements membres, associés et observateurs, moins d’une vingtaine de dirigeants ont jugé important de faire le déplacement à Antananarivo pour assister à la cérémonie d’ouverture du sommet et entendre le discours inaugural de la secrétaire générale. Au nombre desquels, seulement une douzaine d’Africains.

Parmi les absences les plus remarquées, on a compté non seulement celles de chefs d’État qui étaient moins enthousiastes à l’idée de voir un non-Africain à la direction de l’OIF, mais aussi, et surtout celles de ceux qui furent des fervents soutiens indéfectibles à la candidature de Michaëlle Jean et qui la considéraient comme une descendante d’Afrique.

Du travail en perspective pour Michaëlle Jean

Ceci dit, l’absence de nombreux chefs d’État africains au premier sommet organisé par la nouvelle secrétaire générale de l’OIF peut être interprétée comme un message clair et sans aucune ambiguïté que, soit la connexion n’est toujours pas bien établie avec ceux-ci, soit que les remous suscités par son élection demeurent encore vifs. C’est ici qu’il faut rappeler à Mme Jean qu’elle a encore beaucoup du travail à faire, d’ici au prochain sommet qui sera électif, pour conquérir les cœurs et les esprits de ceux qui rechignent encore à admettre cette évidence. 

Il faut noter par ailleurs que le 16e sommet de l’OIF a été précédé par la publication du livre Francophonie : de Hanoï à Dakar, le pacte brisé au contenu tonitruant de Jean-Claude de l’Estrac, qui fut un adversaire farouche de Michaëlle Jean en 2014. Il serait naïf de croire qu’à quelques jours du premier sommet organisé par cette dernière, la sortie de ce livre soit une coïncidence fortuite de la part d’un homme qui a nourri des ambitions pour cette organisation.

Si Michaëlle Jean a l’intention de rempiler, elle devrait aller à la rencontre non seulement des chefs d’État et de gouvernement qui l’ont soutenu et choisi pour diriger l’OIF, mais aussi auprès de ceux qui ont voté contre sa candidature. Elle doit les écouter et leur « vendre » son projet de la francophonie économique, qui a été le thème principal de sa campagne. En faisant notamment valoir le bien-fondé de cette initiative et les progrès déjà accomplis dans sa mise en œuvre.

Ce n’est que de cette façon qu’il sera possible de recueillir davantage le soutien de nombreux États et gouvernements en faveur de l’action de Mme Jean à l’OIF, et ainsi de cicatriser les plaies, apparemment encore ouvertes laissées par ce scrutin historique qui a vu pour la première fois de l’histoire de la Francophonie une femme, non africaine, être élue à la tête de cette organisation.

 

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • « Si Michaëlle Jean a l’intention de rempiler, elle devrait aller à la rencontre non seulement des chefs d’État et de gouvernement qui l’ont soutenu et choisi pour diriger l’OIF »
    Tiens tiens, il me semblait avoir lu que Michaëlle Jean est une femme! Il vaudrait mieux accorder correctement les participes passés que de féminiser les noms propres.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Après l'annonce de la candidature du Tchadien Mahamat Abbas Tolli à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) le 9 février 2024, d'autres figures africaines de premier plan ont exprimé leur volonté de succéder au Dr Akinwumi Adesina à la tête de cette institution panafricaine. En plus de Mahamat Abbas Tolli, trois autres prétendants se sont manifestés : le Béninois Romuald Wadagni, qui fait figure de favoris, le Zambien Dr Samuel Munzele Maimbo et le Mauritanien Ousmane Kane.

Alors que le Comité directeur du Conseil d... Poursuivre la lecture

Si le Sahel est sorti de l’actualité française, l’extension des territoires contrôlés par les islamistes reste une menace pour l’Europe, comme le montre l’évolution de la situation depuis le retrait français entre fin 2022 et fin 2023.

 

Le Sahel est sorti de l’actualité française, d’une part parce que l’Ukraine et la situation intérieure préoccupent davantage nos concitoyens, d’autre part parce que l’armée française et une bonne partie des Français ou des binationaux en sont partis.

Si la France n’est plus concernée... Poursuivre la lecture

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont signé en septembre 2023 la Charte créant l’Alliance des États du Sahel (AES). Ces trois pays ont annoncé leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) le 28 janvier 2024.

Un article de Marc Raffinot, Économie du développement, Université Paris Dauphine – PSL et François Giovalucchi, Conseil Scientifique, Faculté des Sciences Sociales, Université Catholique de Madagascar (UCM).

Le général Tiani, chef de la junte nigérienne, a fait part le 11 février 20... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles