Un garçon qui court, de Mélanie Richoz

Frédéric est demeuré Un garçon qui court. Cette course qu’il mène dans l’existence lui permet toutefois de garder l’équilibre. Et le lecteur retrouve le rythme d’une course de fond dans le style de Mélanie Richoz.

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Un garçon qui court, de Mélanie Richoz

Publié le 27 août 2016
- A +

Par Francis Richard.

un garcon qui court melanie richozL’écriture n’est pas une confession, non, ni une plainte, ni une accusation, ni une provocation, ni un pardon, ni une vengeance, surtout pas une thérapie, mais l’élaboration pudique d’une pensée qui donne accès à la connaissance.

De soi et des autres,

pour construire

avec et pour eux,

à partir de ce qui a été vécu et de ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes.

Frédéric Boisseau a écrit ces lignes. Elles sont extraites d’une longue lettre qu’il adresse le 27 décembre à une personne dont le lecteur ne sait pas grand chose pendant une grande partie du livre, sinon qu’elle a habité un temps la maison familiale, qu’elle a des dons, notamment de prédictions et de soins, qu’elle donnait nombre de consultations, qu’aujourd’hui elle est sous le coup d’une condamnation.

Écris. Écris-toi

Les consultations dont elle faisait bénéficier Frédéric, elle ne les lui facturait pas. C’est elle qui lui avait donné ce conseil avisé : Écris. Écris-moi. Tu dois. Il n’a jamais su s’il devait lui écrire ou s’il devait écrire tout court. Alors il a fait les deux. Il lui a écrit des lettres en France où elle était partie et il a écrit des ébauches de textes qui sont devenues des romans. Le neuvième, Utilitaires, doit paraître en septembre.

Frédéric a maintenant quarante ans. Il vit toujours chez sa mère (a-t-il coupé le cordon ombilical ?), mais il a pourtant une amie, Lucile, avec laquelle il ne veut pas emménager, pour le moment: J’aime trop Lucile pour la perdre ; ce qu’elle croit être un manque d’amour est en réalité un débordement. Qui ne se voit pas, que je tais, que je contiens. La proximité étouffe le désir. Asexue les amants, même les plus aimants.

Frédéric a un frère Blaise, le fils prodige. Frédéric tient plutôt de son père, qui n’a pas eu d’autre solution que de fuir : après avoir divorcé, il a disparu sans laisser de traces, sans donner d’adresse ; et encore, il n’a jamais su que sa femme le trompait avec son frère à lui, un secret que Frédéric a toujours su garder et qui aurait empoisonné toute son existence sans cette personne qui l’a fait grandir et lui a répété d’écrire.

Pour échapper à sa mère

Jeune, pour échapper à sa mère, qui le considère comme un prolongement d’elle-même, Frédéric essaie de préserver son intimité par la fuite dans la lecture et la course à pied : Je crois d’ailleurs que si je lis et cours encore aujourd’hui, c’est toujours pour semer ma mère, pour lui échapper dans un ailleurs où elle n’a pas d’emprise. Pour protéger ma sphère privée qu’elle continue à essayer de violer.

Frédéric est donc demeuré Un garçon qui court. Cette course qu’il mène dans l’existence lui permet toutefois de garder l’équilibre. Et le lecteur retrouve le rythme d’une course de fond dans le style de Mélanie Richoz. Les phrases, souvent courtes, sans fioritures inutiles, sont musculeuses et denses. Le lecteur en ressort, par bonheur, comme Frédéric de son marathon couru en juillet, morcelé physiquement mais entier mentalement.

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  • je ne connais pas l’auteur de ce livre depuis les Etats Unis , mais je viens de lire certains de ses textes,c’est tres beau.. merci de partager le livre. Je viens de l’acheter. Les phrases, souvent courtes mais jolies..

  • Les commentaires sont fermés.

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