Par Frédéric Mas.
Connaissez-vous Taklamakan ? En ouïgour, cela signifie le désert « où on entre mais d’où on ne revient pas ». Situé dans la province chinoise du Xinjiang, coincé entre le Kazakhstan, l’Inde ou encore le Tibet ce désert de 220 000 kilomètres carrés a pendant des siècles suscité la convoitise, notamment à cause de ses villes étapes dans la route de la soie, mais plus généralement au sein de l’histoire longue de la Chine impériale. Aujourd’hui, la région est devenue un nouvel Eldorado, mais pour ses richesses en gaz, pétrole et même uranium.
Un lieu paradoxal
Les traces d’un passé millénaire, des paysages désertiques côtoyant des villes ouvrières et des cités fantômes : pour rendre compte de la beauté mais aussi de l’étrangeté de ce pays gigantesque à la fois perdu, hors du temps et désormais essentiel pour comprendre les enjeux politiques internationaux politiques contemporains, il fallait à la fois raconter son histoire et témoigner par l’image. C’est désormais chose faite grâce au très beau livre de Dominique Laugé et Laurent Gayard. Sous forme d’une excursion commentée et illustrée par des photos saisissantes, les deux auteurs ont traversé le désert et se sont intéressés à la fois à l’histoire longue de Taklamakan et à sa vie présente. En ressort un livre à la fois esthétiquement magnifique, jonglant entre les photos couleurs et en noir et blanc, entre les déserts, l’histoire ancienne et la Chine post-maoïste d’aujourd’hui, et un vrai travail de recherche historique et de sociologue du quotidien sur cette partie de la Chine inconnue en Europe.
En plus d’être un bel objet, Taklamakan vous offrira donc une analyse sérieuse sur le fond et simple d’accès sur la forme pour vous familiariser avec cette partie du monde où désormais, l’avenir de l’Humanité est en train de se jouer.
- Taklamakan, Dominique Laugé, Laurent Gayard, Johan et Levi Editors, juin 2016, 215 pages.
220.000m2 ? C’est la surface de ma ferme en Australie… Sur Wiki ils disent plutot 337.000km2…
petite correction à faire : “mètres carrés” -> “kilomètres carrés”