Par Ayse Yilmaz.
« Quand un arbre tombe, on l’entend ; quand la forêt pousse, pas un bruit. » (Proverbe sud-africain). Difficile d’apercevoir les prémices de l’émergence d’un territoire. L’Afrique aujourd’hui intrigue. Est-ce pour ce continent le début de l’émergence ?
« L’Afrique a cessé d’être à la remorque. Il est temps qu’on le remarque. »
Le défi de l’émergence africaine
L’Afrique est un continent riche en matières premières et a toujours attiré les pays développés pour ses ressources. Cependant, les instabilités politiques, la corruption et les manques d’infrastructures suscitent de l’incertitude parmi les investisseurs potentiels. L’Afrique n’est pas un territoire homogène, elle regroupe une  cinquantaine  de  pays différents, d’où la nécessité de connaître l’atout et le talon d’Achille de chacun. Ainsi il faut faire la distinction entre les pays qui ont opéré leur transition économique (Maurice, Afrique du Sud) et d’autres, où la situation est plus floue comme les Communautés Économiques régionales (EAC, UEMOA). L’hétérogénéité de son territoire (géographique, historique, démographique) conduira l’Afrique vers un modèle d’émergence original.
Le continent doit franchir plusieurs obstacles pour émerger, tels qu’une augmentation de ses investissements dans tous les domaines, la gestion de l’urbanisation et la densification des zones rurales. Il doit aussi parvenir à créer des emplois répondant à la demande des nouveaux jeunes et former tout ce capital humain.
En outre, le continent africain fait face à une forte évolution démographique : 50 millions d’habitants de plus par an. Il faut donc s’attendre à une hausse importante de la demande.
L’Afrique, un nouvel eldorado économique ?

L’Afrique a développé ses échanges avec d’autres pays que les ex-États coloniaux, tels que la Chine, l’Inde, le Brésil…
La Chine est ainsi le premier partenaire commercial de l’Afrique. Plusieurs milliards de dollars d’investissements y ont été accordés par les banques chinoises. On dénombre aujourd’hui plus d’un million de ressortissants chinois sur tout le continent.
La Turquie est également devenue un acteur important en Afrique. Il ne faut pas oublier qu’elle a une empreinte dans ce continent, par la présence passée de l’empire Ottoman en Afrique du Nord et subsaharienne. Ce pays parie sur l’éducation, un secteur d’avenir et organise la présence d’écoles turques ayant pour but de créer un nouvel espace turcophone en Afrique. De plus en plus d’étudiants africains vont également étudier dans les universités turques.
Et la place de la France en Afrique ?
Pendant que les échanges entre l’Afrique et le reste du monde quadruplent, les échanges avec la France ont seulement doublé. Cela ne signifie pas que les échanges entre la France et le continent africain sont en baisse, mais bien que l’Afrique a multiplié ses partenaires. Les entreprises françaises auront à s’implanter dans d’autres nouveaux pays d’Afrique en voie de développement.
La fin du XXe siècle a été marquée par un afro-pessimisme, aujourd’hui c’est le début de l’afro-optimisme. À l’image de la Chine, effacée, puis de nouveau prestigieuse, l’Afrique d’hier n’est plus l’Afrique d’aujourd’hui. Depuis quelques années, de nombreux jeunes africains estiment que leur avenir n’est pas forcément à l’étranger. L’Afrique fait aujourd’hui face à la promesse de l’emploi, porteuse de l’essor économique du continent.
- Afrique : l’émergence, Fondation Prospective et Innovation, Ginkgo éditeur, 2015, 103 pages.
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