Les deux Donald Trump
Il y aurait un Donald Trump grandiloquent et un Donald Trump analytique. Il faut que le deuxième se lève.
Par Daniel Girard

Selon Ben Carson, qui s’est retiré de la course à l’investiture républicaine, il y a deux Donald Trump. Celui, public, grandiloquent, provocateur, qui attaque ses adversaires au vitriol sur les plateaux de télévision. Et celui, privé, cérébral, qui écoute plus qu’il ne parle et est très analytique.
L’ex-neurochirurgien connaît les deux Donald Trump. Comme adversaire, le milliardaire l’a traité de menteur pathologique. Mais le 11 mars, Ben Carson a longuement discuté de santé et d’éducation avec le milliardaire, pour ensuite l’endosser. Les insultes ? Nous avons choisi d’enterrer la hache de guerre, a dit l’ex-neurochirurgien.
Ben Carson endorses Trump calling him “actually a very intelligent man who cares deeply about America” https://t.co/uV7w517iRm
— The New York Times (@nytimes) 11 mars 2016
Donald Trump est-il analytique ? Ceux qui ont écouté le débat en Floride ont pu constater que oui. Au cours des derniers jours, l’establishment républicain a soumis le milliardaire a un feu nourri de critiques. On a souligné son comportement outrancier non présidentiel qui le rendait inapte à diriger le pays et à représenter l’Amérique. L’establishment comptait mettre en relief ce portrait pour défaire Donald Trump. Lors du débat du 10 mars, bien conscient de son talon d’Achille c’est le Donald Trump cérébral qui était à l’oeuvre. Il n’a pas attaqué ses adversaires, a répondu aux questions sur le fond et il a multiplié les appels à l’unité. Ce changement de discours a été remarqué par les analystes.
« When and why did an alien gain control of Donald Trump’s body? » A recap of last night’s GOP debate. https://t.co/V15tb9CJ4p via @nytopinion — The New York Times (@nytimes) 11 mars 2016
Here’s how Trump’s language about unity changed in last night’s #GOPDebate https://t.co/Nk7YQAhvt4 pic.twitter.com/0yXWnUoX0B
— Bloomberg Business (@business) 11 mars 2016
Donald Trump compte déjà plus du tiers des 1237 délégués requis pour remporter l’investiture républicaine et il y en aura 365 en jeu mardi prochain, dont 99 dans l’État de la Floride, où une défaite assénerait le coup de grâce à Marco Rubio.
.@SteveKornacki breaks down next Tuesday’s set of primaries https://t.co/95xHgvDU4W pic.twitter.com/t7r58G7GUS — Morning Joe (@Morning_Joe) 11 mars 2016
Marco Rubio concentrera tous ses efforts sur sa lutte en Floride. Selon RealClearPolitics qui publie toujours une moyenne des sondages, Donald Trump devance le sénateur de la Floride par 39.9 points contre 25.2 dans l’État. Désireux de la récolte de Donald Trump mardi, Marco Rubio a recommandé à ses partisans de voter pour John Kasich plutôt que lui, mardi, en Ohio.
Rubio tells Ohio supporters to vote for Kasich: https://t.co/dYxXjCKN8i pic.twitter.com/8cLPLx8CN3
— The Hill (@thehill) 11 mars 2016
La lutte ne pourrait être plus serrée en Ohio, alors que Donald Trump est en tête avec 34.5 points contre 32 pour John Kasich. En Ohio, comme dans bien des États, plusieurs partisans de Donald Trump disent en avoir soupé de la rectitude politique et de l’indifférence de l’establishment. Trent Schuler, qui est le propriétaire d’une boulangerie à Springfield, n’hésite pas à afficher ses couleurs dans la vitrine de son commerce.
Cette boulangerie en Ohio, avertit les clients qu’elle est politiquement incorrecte : on y souhaite Joyeux Noël ! pic.twitter.com/ViYsSqOTbM — Daniel Girard (@DanielGGirard) 11 mars 2016
Le sénateur Ted Cruz est le candidat le plus susceptible de résister à la poussée de Donald Trump. Mais les propos du Texan ciblant les partisans du milliardaire n’aident pas sa cause. Le 10 mars, en entrevue, Ted Cruz a dit que les gens qui choisissent Donald Trump sont des électeurs peu informés et peu engagés qui, quand ils se penchent sur les programmes des candidats, finissent par l’appuyer, lui. Ces propos de Ted Cruz ont enflammé les réseaux sociaux.
I am really angry with Cruz for calling me a low information voter. I have been deeply involved in politics longer than he has been alive!
— Jason’s Grandpa (@JasonsGrandpa) 10 mars 2016
pic.twitter.com/whZXq0kJd8 — Katherine Byrd (@peaceandjoy101) 30 décembre 2015
En fait, plus la candidature de Donald Trump est dénoncée, plus l’appui pour le milliardaire se renforce. Vendredi soir, à Chicago, des échauffourées entre des opposants et des partisans du milliardaire ont incité Donald Trump a annuler sa présentation.
Chaos erupts after Trump rally in Chicago is postponed. AC360 begins now. Watch live: https://t.co/7NIoJaibIf pic.twitter.com/UW6aBZuixz
— Anderson Cooper 360° (@AC360) 12 mars 2016
Le sénateur Ted Cruz a rapidement blâmé Donald Trump pour la violence.
WATCH: Ted Cruz Blames Donald Trump for Chicago Chaos https://t.co/nMsBOvl9Dn — America’s Party (@Americas_Party) 12 mars 2016
Mais ce reproche lancé par le Texan au milliardaire pourrait encore se retourner contre lui. Les partisans de Donald Trump estiment que l’annulation de ce rassemblement pourrait se traduire par encore plus de votes pour le milliardaire.
So now Ted Cruz is blaming trump for the riots in Chicago? Trump is right about Cruz, he Will say anything to be elected!
— Jim_Weber (@Jim_Weber) 12 mars 2016
Wonder how many new folks R voting 4 TRUMP after violence in Chicago tonight _TRUMP is right_we need 2 take back USA https://t.co/8iq48KzIGW — Yorkie Mom (@YorkieMom4Trump) 12 mars 2016
Donald Trump dit avoir décidé d’annuler sa présentation pour éviter que l’événement ne dégénère dans la violence. Il a dit, en soupirant, « on ne peut plus faire de grand rassemblement dans une grande ville sans risque de violence potentielle. Mais qu’arrive-t-il donc à la liberté d’expression ? »
Trump on postponed rally: « What ever happened to freedom of speech? » https://t.co/jzKV0dR45d pic.twitter.com/jtPzsU8JH2
— The Hill (@thehill) 12 mars 2016
S’il semble de plus en plus clair que le milliardaire va remporter l’investiture républicaine, il faut espérer que Ben Carson a raison quand il dit que l’on verra davantage le Donald Trump analytique que le Donald Trump grandiloquent et provocateur. Essentiel. Car les nerfs de beaucoup d’Américains sont à fleur de peau.