Évitez la déprime, évitez le socialisme

Un remède contre la déprime ambiante : restez stoïque !

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Évitez la déprime, évitez le socialisme

Publié le 6 janvier 2016
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Par Philippe P.

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Les deux semaines avant Noël ont vu se produire deux événements assez semblables. Deux personnes qui ne se connaissent pas ont souffert, chacune de leur côté, de symptômes semblables les ayant d’abord amené à désespérer du genre humain pour enfin sombrer dans un état dépressif.

Le premier est un solide gaillard que je connais bien. Un type extrêmement intelligent doté d’un grand sens de l’humour et un libéral pur jus. Voici qu’un jeudi, il m’appelle pour me dire qu’il ne se sentait pas très bien. A priori, bien que doté d’une grande sensibilité, le bonhomme est solide. Je me débrouille néanmoins pour déplacer un rendez-vous afin de le recevoir le jour même.

Le voilà qui arrive avec une mine de papier mâché et un peu désespéré. Comme je suis psy, il me parle de trucs que l’on est sensé dire à un psy. Pour ma part, je ne crois pas que cela soit vraiment responsable de son état. Il m’explique enfin qu’il a discuté très récemment avec un de ses clients. Ce dernier, un chef d’entreprise socialiste, s’inquiétait que Robert Ménard, maire de Béziers, veuille recruter quelques anciens policiers et gendarmes afin de créer une « garde biterroise ».

Comme de bien entendu, et avec les mots mille fois entendus, il voyait dans cette initiative le rappel des heures les plus sombres de notre histoire et n’était pas loin d’entendre les fameux bruits de bottes de sinistre mémoire. La reductio ad hitlerum était de sortie encore une fois, même s’il s’agissait de qualifier une dizaine de sexagénaires se baladant nuitamment dans un chef-lieu de canton de l’Hérault.

Mon cher patient plutôt sanguin, oubliant la retenue qui sied lorsque l’on est face à client, fut-il le roi des crétins, ne put s’empêcher de lui dire qu’en termes de recul des libertés et de fascisme rampant, il redoutait davantage notre gouvernement et ses lois liberticides adoptées dans le cadre de la lutte anti-terroriste, laquelle était un prétexte pour fliquer tous les citoyens comme le patriot act le fut aux États-Unis ou encore l’état d’urgence.

socialisme rené le honzecMais son client, pourtant chef d’entreprise, ne redoutait pas que l’État puisse l’espionner sans en référer à aucune instance. Lui ce qu’il craignait c’était manifestement que la garde biterroise ne soit le creuset de quelque infernal projet fasciste mondialiste qui fasse que dans quelques années, elle étende ses ramifications partout. Et que pour finir, où que l’on soit, un quidam dont le bras s’ornerait du brassard de ladite garde puisse avec l’accent chantant du Languedoc nous demander nos papiers.

Mon pauvre patient en était bouleversé surtout qu’il me disait que ce type n’était pas idiot, qu’il avait créé une société qui fonctionnait bien. Il ne pouvait pas comprendre qu’on puisse ainsi redouter des événements improbables alors que juste sous ses yeux, un gouvernement modifiait la constitution en privant le citoyen de ses droits. Je lui ai donc diagnostiqué une socialite aigüe, une infection que l’on contracte lorsque l’on fréquente trop de socialistes.

Je lui ai rappelé que même si j’étais persuadé que l’humanité était faite pour 80% de braves gens, il ne fallait pas oublier qu’il y avait aussi 80% de braves cons et qu’à force d’être immergé parmi eux, on pouvait légitimement se demander, parce que l’on pense différemment d’eux, si l’on n’était pas fou soi-même ! Et c’est d’autant plus vrai que l’on se trouve éloigné en termes de pensées de gens que l’on jugeait à priori intelligents.

Tenez, moi qui vous écris, en 1992, alors que je n’avais que vingt-cinq ans, j’ai eu le malheur de voter non au référendum de ratification du traité de Maastricht. Qu’est-ce que je ne me suis pas pris dans la figure ! Moi, j’étais très prosaïque dans ma démarche. Bien sûr, je ne m’étais pas tapé tout le traité, j’ai autre chose à foutre. J’en avais lu des bribes et des commentaires et puis j’avais écouté les politiciens. Et en maquignon, je m’étais dit que leur truc ne marcherait jamais. Je ne crois pas m’être trompé. À l’époque, j’ai eu le droit aux étiquettes de facho ou de réac ou encore à celle plus nuancée de passéiste. N’empêche que j’ai voté non même si dans mon milieu il était de bon ton de voter oui parce que l’Europe était une grande idée moderne qui allait nous apporter des lendemains qui chanteraient en créant les fameux États-Unis d’Europe. Globalement, j’avais été classé suite à mon vote dans le clan des gros cons qui ne comprendraient jamais rien à la marche du monde.

Comme la séance était finie, j’ai proposé à mon patient de venir déjeuner en notre compagnie, ce qu’il a accepté. Et comme le déjeuner s’était bien passé, il a repoussé un rendez-vous pour faire un peu de caffing en notre compagnie. Je lui ai donc offert un sas de décontamination. En quelques heures, il allait mieux. Non que l’on ait eu des débats volant sur les cimes mais qu’on lui ai offert un moment de liberté.

La semaine précédant Noël, le scénario se répète et cette fois-ci c’est une patiente qui arrive déprimée alors qu’habituellement elle va plutôt bien. Elle vit dans une commune gérée par l’UMP (oui je sais que ça s’appelle Les Républicains maintenant) et se trouvait catastrophée par la gabegie de fonds publics organisée par son maire à grands renforts d’événements et des colis offerts aux habitants. Elle n’en pouvait plus d’entendre les gens dire « ah c’est bien la nouvelle mairie est dynamique » alors que tout ceci n’est pas offert mais simplement payé avec leurs impôts.

Par exemple, elle m’expliquait que le père d’un de ses amis, bénéficiant pourtant d’une excellente retraite d’ingénieur était allé chercher le colis des vieux à la mairie, sous prétexte qu’il y avait droit, pour découvrir des chocolats bas de gamme et une confiture trop sucrée. Elle se demandait comment ce type pourtant nanti d’un fort beau diplôme et donc a priori intelligent pouvait ainsi parler de ses droits alors que ceux-ci consistaient en fait à récupérer une maigre fraction de l’impôt qu’il avait payé de force sous forme d’un colis médiocre que même LIDL n’oserait plus proposer en rayon.

Elle se désolait donc de la bêtise ambiante et se demandait comment faire pour parvenir à vivre au milieu de tant de médiocrité. Totalement isolée au sein d’un échantillon d’électeurs lobotomisés qui confondent les maigres droits qu’on leur concède avec ce que devrait être la liberté, la pauvrette était au trente-sixième dessous. Bien sûr, nous avons parlé de tout cela et du malheur que représentait la lucidité dans un monde bâti sur des fictions. Ne nous y trompons pas, le socialisme est aussi de droite.

Et puis comme c’était mon dernier rendez-vous de la matinée, je lui ai proposé la même recette ; déjeuner et caffing. Ce qu’elle a accepté de bon cÅ“ur. Elle a passé un bon moment et on a bien rigolé. Après cette immersion de quelques heures, elle allait nettement mieux.

Je ne reprocherai évidemment pas leur passage à vide à ces deux patients. Je crois que si je suis épargné, c’est parce que je fréquente bien peu de gens dits normaux. J’en croise régulièrement bien sûr parce que je vis parmi eux. Je leur parle un peu, je leur réponds, j’échange quelques banalités mais je reste toujours sous le radar.

Je m’abstiens pas exemple de dire à mon voisin que je mettrais bien le feu à sa BMW X5 que je trouve laide et vulgaire et exemplaire de cette droite cupide que je vomis. Dans le même temps, j’évite de dire au socialiste du coin qui bave sur cette même BMW X5 qu’il n’a qu’à se sortir les doigts du cul pour s’en offrir une et que le vol via les impôts n’est pas la solution. Sinon l’URSS aurait marché. Or là-bas, même pour une Lada merdique il fallait patienter des années. Socialistes de droite cupides et socialistes de gauche jaloux me font gerber mais je les supporte parce que moi j’ai mes séances de caffing hebdomadaires.

C’est vrai que le sport, fut-ce de poser son cul en terrasse en buvant du café, en fumant des clopes et en bavardant avec des gens de bonne compagnie, fait du bien ! Bon et puis j’ai lu les stoïciens et j’essaie de pratiquer.

Le matin, dès qu’on s’éveille, il faut se prémunir pour la journée en se disant : « Je pourrai bien rencontrer aujourd’hui un fâcheux, un ingrat, un insolent, un fripon, un traître, qui nuit à l’intérêt commun ; mais si tous ces gens-là sont affligés de tant de vices, c’est par simple ignorance de ce que c’est que le bien et le mal. » Quant à moi, considérant la nature du bien qui se confond avec le beau et celle du mal qui se confond avec le laid ; considérant en même temps que celui qui se met en faute à mon égard se trouve, par le décret de la nature, être de ma famille, non pas qu’il vienne d’un même sang et d’une même souche, mais parce qu’il participe aussi bien que moi à l’intelligence et à l’héritage divin, je me dis deux choses : d’abord que nul d’entre ces gens ne peut me faire le moindre tort, puisque aucun ne peut me faire tomber dans le mal et le laid ; et en second lieu, que je ne puis éprouver ni de la colère ai de la haine contre un membre de la famille à laquelle j’appartiens moi-même. Nous sommes tous faits pour concourir à une œuvre commune, comme dans notre corps y concourent les pieds, les mains, les yeux, les rangées de nos dents en liant et en bas de la mâchoire. Agir les uns contre les autres est donc certainement manquer à l’ordre naturel. Or, c’est agir en ennemi que de se laisser aller à son dépit et à son aversion contre un de ses semblables.

Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, Livre II, pensée 1

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