La monnaie, un mythe fragile

La monnaie est un mythe, sa valeur est subjective.

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Argent - Pièces de monnaie - Euro (domaine public)

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La monnaie, un mythe fragile

Publié le 12 novembre 2015
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Par Simone Wapler

Argent - Pièces de monnaie - Euro (domaine public)
Argent – Pièces de monnaie – Euro (domaine public)

Je pense que nous sommes entrés dans une phase de hausse du dollar ; et ceci quels que soient les mouvements à venir de la Fed. Paradoxalement, cette hausse du dollar conduira à l’implosion du système monétaire et financier qui repose sur le dollar lui-même.

  • Dans un premier temps, la baisse des marchés et la hausse du dollar seront neutres (voire négatives) pour l’or et l’argent.
  • Juste après l’implosion, l’or et l’argent rejoindront leur sommet.
  • Puis un nouvel ordre monétaire, dont j’ignore tout, s’établira.

Bill Bonner ne dit pas autre chose lorsqu’il prévoit un scénario à la « Tokyo puis Buenos Aires », c’est-à-dire déflation puis inflation. David Stockman, Charles Gave, Pierre Leconte, Harry Dent ou Nassim Taleb se rangent également dans ce camp que Taleb résumait, en 2009, par « nous irons de la déflation à l’hyperinflation sans voir l’inflation ».

Pour justifier ces conclusions, il faut se pencher sur le concept de « monnaie ».

En réalité, la monnaie est un mythe ; sa valeur est donc subjective. L’inflation est un phénomène monétaire et l’hyperinflation un phénomène politique.

Un mythe est une croyance, une doxa, une convention sociale, par opposition à une réalité scientifique. La pomme tombe de l’arbre : c’est une réalité, une vérité. Même si des gens ne croient pas que la pomme tombe de l’arbre, elle tombera, peu importe les époques ou les lieux. En revanche, un mythe n’existe que parce que les gens y croient. Souvent, il y a confusion entre mythe et vérité, surtout lorsque le mythe est universel. La disparition d’un mythe est toujours choquante car les mythes cimentent les sociétés.

Le code d’Hammurabi (1776 avant J.C.) codifiait la justice d’une société babylonienne compartimentée en trois classes sociales : notable, homme du peuple, esclave. Le droit applicable à chacun était différent selon sa classe sociale. Le prologue historique du code assied le mythe qui fut partagé et accepté par toute la société babylonienne. Les gens croyaient à ces trois classes.

En 1776 de notre ère, la déclaration d’Indépendance aux États-Unis proclama qu’il n’y avait qu’une seule classe et que les droits fondamentaux étaient les mêmes pour tous.

« Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par leur Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. »

Les hommes ne sont « évidemment » pas créés égaux. Ce n’est pas une « vérité ». L’établissement de ce nouveau mythe rencontra donc une certaine opposition, notamment des États du sud de l’Amérique qui pratiquaient l’esclavage. Tout changement de mythe conduit à une rupture politique et sociale violente ; c’est la thèse que développe le professeur d’histoire Yuval Noah Harari dans Sapiens : une brève histoire de l’humanité, un best-seller mondial traduit en 30 langues.

Tout comme les classes sociales, la monnaie est un mythe qui cimente les sociétés basées sur l’échange et dans lesquelles nous vivons ; une remise en cause de la monnaie s’accompagnera logiquement d’un chaos certain.

Pensez aux assignats en France, à l’hyperinflation allemande ou hongroise… Le mythe de la monnaie est sa supposée valeur garantie par un État. L’hyperinflation marque l’écroulement du mythe : chacun réalise alors que sa monnaie n’a en réalité aucune valeur et que la parole de l’État était trompeuse.

Premier niveau : le mythe du cash

Supposons que vous me vendiez un kilo de cèpes et que je vous donne 20 euros — un billet de 20 euros. Vous avez travaillé une demi-journée à ramasser ces cèpes que je mangerai en une heure.

Pourquoi pouvez-vous acheter ensuite quelque chose avec votre billet de 20 euros ? Parce que la convention sociale veut que ce billet ait cours en zone euro et que, dans un territoire donné, il est reconnu comme tel. Si les gens ne croyaient pas à la valeur de ce bout de papier, ou de vos rondelles métalliques, il ne vaudrait rien. Mais comme le mythe est là, votre billet représente une créance au porteur (c’est vous) de 20 euros sur les gens qui partagent le mythe (les autres). Vous allez donc pouvoir échanger votre créance contre autre chose tant que les gens autour de vous y croient.

Si le mythe s’effondre, vous n’avez plus rien. Souvenez-vous, j’ai mangé vos cèpes et vous ne pouvez pas me les reprendre.

Deuxième niveau : le mythe du dépôt en banque

Compliquons notre affaire. Je vous paye vos cèpes par carte bancaire. Hop, plus de billets ou de pièces. Vous avez une ligne créditrice sur votre compte, qui est une créance sur votre banque. Votre banque vous doit 20 euros. Pour que votre créance soit négociable, il faut que les gens croient votre banque saine et solide et que le système financier avec toutes ses petites puces, lecteurs, codes de sécurité, tuyaux de télécommunication, etc. fonctionne.

Sinon ? Eh bien sinon, vous n’avez plus rien. Souvenez-vous que j’ai mangé vos cèpes. Pour que nous puissions échanger, il faut donc que la machine financière puisse tourner et que les gens y croient.

Pourquoi les banques centrales créent-elles autant d’argent sous forme de dettes dans le système financier et si peu sous forme d’espèces ? Pour que le crédit soit disponible en quantité illimitée dans l’industrie financière et ainsi faire croire que les anciens crédits valent vraiment quelque chose.

Imaginez qu’au lieu de faire des QE, une opération TWIST et des crédits à taux zéro à hauteur de 4 000 milliards de dollars, les États-Unis aient imprimé 4 000 milliards de dollars en billets pour les donner à ceux qui, par exemple, ne pouvaient payer leur crédit  hypothécaire. Le mythe en aurait pris un coup. Mr & Mrs Smith auraient regardé leurs propres billets de 10 $ en se demandant s’ils valaient vraiment quelque chose puisque d’autres pouvaient en avoir gratuitement.

Injecter de la monnaie au deuxième niveau (dans le système financier) et non au premier
(le cash) préserve le mythe.

Depuis 2008, politiques et financiers se sont enfermés dans un mensonge. Ils ont prétendu que le monde était en proie à une simple crise de liquidités (une fin de mois difficile) et non à une crise de solvabilité (banques et gouvernements ne pourront jamais payer leurs engagements). L’admettre aurait causé l’effondrement du système bancaire et donc de la monnaie puisqu’elle existe majoritairement sous cette forme.

Pour sauvegarder le mythe, il faut que les gens croient que toutes les dettes valent vraiment quelque chose.


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  • Franchement … l’article factuellement dit des vérités mais est-il encore indispensable d’écrire pour la énième fois que les monnaies sont des institutions, un support de confiance qui comme telle peut s’envoler ?
    Que le mot fiduciaire vient du latin pour dire confiance. Le billet de 20 euro n’est qu’un morceau de papier mais il porte effectivement la confiance que l’on a dans les institutions (paix, stabilité) et l’économie (efficacité) de la nation qui l’émet.

    Bien et maintenant que l’on a dit cela mille fois et alors ???

    • Et alors mon Signor, on achète de l’OR !

      Et puis aussi de l’argent et du plomb 🙂

      • Oui mais l’Or n’est qu’une réserve de valeur pas une monnaie, voulez vous revenir au Ducat d’or ?
        On promeut souvent l’innovation sur ce site mais en matière de monnaie il y a une forte envie de retour à la pièce sonnante et trébuchante, de bon aloi qui contiendrait par elle même sa valeur, amusant.

        • Mon point est en effet de sauver mon capital des griffes de « la bête » (qui a très faim).

        • Si l’or, tiré à l’époque du roi Cresus du fleuve Pactole en Lydie, fut choisi comme monnaie par tous les peuples ayant atteint le niveau de la métallurgie, les autres en restant aux coquillages, c’est que c’est un métal qui a toutes les qualités:
          – il est beau
          – il se travaille facilement
          – on peut l’étirer ou l’aplatir jusqu’à obtenir des feuilles de quelques microns d’épaisseur permettant de couvrir en les embellissant de vastes surfaces
          – la science moderne lui a trouvé depuis d’autres utilités, dans l’espace notamment

          L’argent, autre métal précieux mais moins pratique, a servi de première monnaie d’appoint de la pièce d’or.
          Le système monétaire dans la plupart des civilisations évoluées était basé sur l’or, avec également l’argent en dessous, et pour la menue monnaie, le bronze (cuive-étain) et le cuivre.

          L’or garantissait toutes les monnaies à commencer par le dollar monnaie d’échange international dont la convertibilité en or était garantie par traité (Bretton Woods) à raison de 30$ l’once – elle en vaut 1088,46 aujourd’hui.
          La fin de Bretton Woods, la non-convertibilité, date de 1971, les américains firent alors marcher la planche à billet pour financer leurs guerres et la course à l’espace et autres menues dépenses.

          Depuis, nous échangeons des ligatures de sapèques contre des colliers de coquillage ou des bulbes de tulipe.

          • Intéressant rappelle historique mais et alors ?
            Nous ne sommes ni aux temps de Crésus ni aux temps de Nixon, la question est quel pourrait être la place de la monnaie or dans l’économie électronique qui se profile ?
            Je suis bien persuadé de l’intérêt de l’or pour la stabilité mais cela ne veut pas dire que l’or est compatible avec le 21eme siècle.

            • Un bug électronique majeur ou une destruction provoquée (bombe à impulsions électromagnétique IEM) et c’est toute l »économie d’un pays qui s’évapore dans le néant.
              Votre monnaie électronique (bitcoins ?) je n’y crois pas parce que tout le monde, les individus et les pays, veulent être surs que leur argent vaut ce qu’il vaut et que cela durera un certain temps, comme le refroidissement du fut du canon.
              D’où également la recherche faite par les BRICs d’une autre monnaie internationale que le dollar dont tout le monde sait qu’il n’est que du papier ne reposant sur rien de concret mais qui sert l’hégémonie américaine.

              Si l’or vous donne des boutons, par quoi de concret et de tangible le remplacer ? quel métal stocker que tout le monde accepterait ?

              • Pas nécessairement le Bitcoins, aujourd’hui l’Euro est principalement échangé via l’électronique (utilisation de la carte bancaire avec ou sans NFS, virement), de plus les comptes courants sont des chiffres dans des datacenters.

                Vous n’y croyez pas ? sortez dans un supermarché et regardez, la réalité ne sera pas différente selon que vous ne croyez ou pas.
                Il y a effectivement une envie de « certitude » au sujet de la monnaie, mais il y a aussi parallèlement une demande de « liquidité », de « facilité » de la monnaie; ce que permet la technologie.

                Votre incise sur la monnaie internationale montre que vous mélangez tout, le dollars est toujours la monnaie internationale, il n’y a pas aujourd’hui de remplaçant sur les starting-bloc.
                Ni monnaie d’un autre pays comme le Yuan qui n’est pas encore libéralisé et qui poserait le même problème que le dollars (notre monnaie, votre problème)
                Ni panier de monnaie.
                Ni étalon Or.

                L’or ne me donne pas de bouton j’aimerais en avoir plus, mais ce n’est pas une monnaie apte à ce substituer à la monnaie fiduciaire. Vous pouvez le stocker dans votre cave si voulez car si vous le mettez en banque rien n’indique que vous puissiez le récupérer après votre bombe IEM)

                • « L’or ne me donne pas de bouton j’aimerais en avoir plus, mais ce n’est pas une monnaie apte à ce substituer à la monnaie fiduciaire. »

                  C’est ce que l’on avait compris dès le haut moyen âge, que les pièces d’or et d’argent servant de viatique aux pèlerins se rendant par de longs itinéraires en Terre Sainte (le mot « croisade » n’était pas utilisé à l’époque) étaient peu pratiques, avec des risques de perte ou de vol (brigandage).
                  L’Ordre du Temple, qui disposait de 10.000 commanderies en Europe et au Proche-orient et dont la mission était de protéger et de soigner les pèlerins inventa alors le dépôt et la lettre de change au XII° siècle, tirant également un bénéfice des taux de change des monnaies comme n’importe quel changeur de l’époque.
                  Deux siècles plus tard, les italiens inventèrent la comptabilité « à l’italienne » et également « la banca », le banc où s’asseyait le prêteur.
                  La « banca » marqua l’apparition des grands banquiers européens tels les Medicis qui avaient des comptoirs partout, ou encore Jacob Fugger « le Riche », le banquier de Charles Quint.

                  La monnaie papier n’est ni plus ni moins qu’une lettre de change garantie par une banque émettrice et que le porteur peut changer à tout moment sa valeur nominale contre sa contrepartie en or auprès du comptable du trésor, ce que précisait une des deux mentions figurant sur nos billets de banque de la III° et IV° république, libellés en francs et dans nos monnaies coloniales, l’autre rappelant que le contrefacteur était puni des travaux forcés.
                  La réserve en or de la Banque Centrale garantissait donc la valeur réelle de la monnaie qu’elle mettait en circulation.

                  • Absolument, tout à fait mais vous parlez au passé.
                    Le papier monnaie n’est plus échangeable pour de l’or tandis que l’étalon Or international n’a plus cours.

                    Peut être est ce déplorable mais c’est ainsi, on peut acheter de l’or pour protéger son épargne mais ce n’est plus une monnaie.

                    La monnaie qui est devenue papier puis aujourd’hui informations électronique s’éloigne du matériel… permet l’émergence d’acteur comme Amazon ou Uber, c’est un choix.

        • Si cela se trouve, l’or pourra redevenir une monnaie le temps que la confiance revienne après la fin des tripatouillages de monnaie.

          • « Si celà se trouve » le problème est que l’on ne peut avoir l’or comme monnaie utilisée au jour le jour et avoir la civilisation de consommation moderne.
            Au contraire il y a un biais moderne vers la dématérialisation de la monnaie qui n’est pas portée uniquement par les états mais aussi les sociétés technologiques (fintech) qui attaquent les « vieilles banques », les sociétés de ventes qui sont intéressée par la facilité de paiement qui désinhibe l’acheteur et puis bien sûr les acheteurs eux même qui sont feignant…

            Alors monnaie Or qui rassure ou Amazon à tous les étages c’est un choix.

            • J’ai parlé d’une période intérimaire. Il va de soit qu’à moyen terme, cela ne sera pas le cas.
              Mais en cas de guerre, ou de troubles sérieux, c’est quand même mieux que les reichsmarks qui nécessitent une brouette.

              • En cas de trouble grave c’est la monaie en plomb qui aura de la valeur (celle qu’on met dans un calibre12).

              • Pour ce qui est des Reichmark et de l’hyperinflation du début des année 30 en Allemagne il ne faut pas faire de retournement de causalité ce n’est pas la guerre ou les troubles sérieux qui ont entrainé les brouettes de marks mais en partie c’est brouettes qui ont amené Hitler et la guerre.
                De plus ce n’est pas le recours à l’or qui a servi à juguler l’hyperinflation (peut être des spécialistes auront des lumières sur la méthodes).

                • A la fin de la guerre le mark ne valait plus rien, plus d’état. C’est à cela que je pensais. D’ailleurs en période de guerre, la monnaie perd aussi de sa valeur : il faut bien payer l’effort de guerre, l’état en imprimant plus pour payer l’armement.

                  Quant à l’or, ceux qui en ont pendant ces périodes ont de la chance. Il n’y a pas que l’or. Il est aussi possible d’avoir de l’argent sous une forme ou une autre. Des bijoux, et la liste n’est pas restrictive.

                  • Oui oui je suis d’accord encore une fois, vous vous placé dans le cadre du « tout va péter et on va tous mourir » alors que je me place dans un cadre plus « pépere » quotidien.
                    Dans votre cas l’or est un bon réceptacle de valeur en dernier ressort, dans le mien il ne peut plus être le média des échange du 21eme siècle.
                    Après c’est un paris sur l’avenir, apocalypse ou pas ?

  • les seules valeurs que je reconnais sont la terre et la pierre ;

    • Et encore même la terre et la pierre, les gouvernements pourront toujours tenter de s’en approprier, ce n’est pas compliqué, taxes en tout genre, expropriation..

  • Je trouve parfois vos commentaires très « fin du monde » ou théories du complot. Mais je dois avouer que je suis d’accord avec vous sur ce point.
    En effet les milliards injectés ne peuvent que créer en retour de l’hyperinflation, quand on regarde toutes les crises (hormis celle de 29 et encore il y a eu la guerre derrière), elles se sont terminées par de l’hyperinflation.
    En effet les dettes gonflent, jusqu’à devenir insoutenable, et la seule solution si on veut éviter le défaut est de dévaluer la monnaie.
    Pour l’instant cela ne prend pas, mais il ne s’agit que d’une question de temps.
    Il suffit de se mettre à la place de quelqu’un qui reçoit une énorme somme d’argent.
    Aujourd’hui, avec le peu de confiance que l’on peut avoir envers les banques, les gouvernements, il est légitime de se dire que l’on ne va pas tout laisser à la banque, et plutôt investir dans des terres, de L’Or, bref du tangible.
    Nos gouvernements, nos elites dirigeantes qui sont censées établir un système monetaire inébranlable, nous ont déjà prouvé qu’ils n’étaient déjà pas capable de gérer un pays puisque endetté sur des générations et des générations.
    Donc pourquoi ces elites seraient elles meilleurs pour la création d’un système monetaire stable et sur ??

    Donc la seule question est de savoir, encore combien de temps cette illusion va t’elle durer ?

    • « Donc la seule question est de savoir, encore combien de temps cette illusion va t’elle durer  »
      Non, « quand » ou « combien de temps », ce n’est pas une question.
      Si la monnaie ne vaut plus rien un jour quelconque, même inconnu, même très loin dans le futur, alors elle ne vaut rien la veille (pourquoi accepter un billet qui ne vaut plus rien le lendemain ? ) , ni le mois précédent, ni l’année d’avant, ni le siècle d’avant etc. et finalement elle ne vaut plus rien dès aujourd’hui.
      Donc si vous croyez que la valeur de la monnaie va s’effondrer un jour, alors il faut dès aujourd’hui la traiter comme si elle ne valait rien du tout, dès maintenant.
      Et donc, ce n’est pas une question « au futur », c’est une question au présent : accordez vous la moindre valeur, aujourd’hui, à la monnaie ? Si non, j’accepte tous vos billets et je veux bien un virement de votre part en provenance de vos compte bancaires 😉

      C’est peut-être là, la clé de la solidité de « l’illusion » (sic) : en supposant que vous pensez que la monnaie ne vaut rien , votre intérêt est d’acheter un maximum de choses de réelle valeur contre cette monnaie sans valeur. Ce qui a pour conséquence
      1) d’invalider par les actes votre croyance (chaque achat est la preuve concrète que la monnaie a de la valeur)
      2) de vous pousser à vous procurer un maximum de monnaie, en vous endettant si nécessaire, ce qui fait de vous un demandeur de monnaie, ce qui accroit la valeur de la monnaie.
      Ainsi la croyance en l’effondrement « un jour inconnu » de la valeur de la monnaie est auto-contradictoire, elle donne de la valeur à la monnaie

    • du tangible.

      Bien entendu pas les obligation d’état, mais des obligations d’entreprises convertibles ou pas en attendant que les actions baissent. De l’immobilier coté si possible avec des immeubles hors de France pour lisser les risques. Acheter soi même de la terre ou de l’immobilier ne me paraît pas si évident. De la forêt, si on aime le long terme et que l’on a des moyens financiers et que l’on a déjà tout le reste, mais il faut s’en occuper, l’assurer car cela peut brûler et cela ne rapporte pas toujours…

  • +1 Montaudran.
    Non, la monnaie n’est pas un « mythe » : Il y a bien quelques imbéciles qui y « croient », mais la plupart des gens savent bien qu’un billet n’est qu’un bout de papier sans valeur tandis qu’un compte bancaire n’est qu’une ligne d’écriture dans un fichier informatique, et que tout le monde le sait bien.
    Un mythe c’est autre chose, c’est comme vous le rappelez une chose tellement évidente qu’on est incapable d’imaginer qu’elle n’est pas réelle.
    La monnaie n’est pas la vêture de l’empereur nu du conte, celle où l’évidence qu’il est à poil s’impose au moment où un enfant s’exclame « mais le roi est nu », provoquant le chaos.
    Là, le roi est nu, c’est notoire et admis de tous, et quand un enfant s’exclame « mais le roi est nu », il ne se passe rien pour la procession, personne n’est gêné, et quelqu’un se penche vers enfant et lui explique que oui, le roi est à poil, on le sait, c’est pas grave c’est la règle du jeu social que de faire semblant, en attendant garçon soit poli et admire (ou critique ! ) ses habits virtuels, ce sera mieux pour tout le monde toi compris.

    Ce que vous dites de la monnaie, on peut dire la même chose de la loi, de l’État lui-même et de ses institutions comme l’armée.

    En attendant il n’est de l’intérêt de personne de se comporter comme si le « mythe » allait exploser du jour au lendemain, il faut sacrément tirer sur la corde pour qu’elle casse, et ce n’est pas prêt d’arriver. Même , et surtout, parce que si la corde casse ça fait effectivement des dégâts terribles (hyperinflation).

    • Il y a une peur non étayée de l’hyper-inflation alors qu’actuellement il apparait qu’il y a des forces économiques déflationnistes énormes.
      Des bulles oui, mais pas d’hyper-inflation. La différence c’est que dans l’inflation tous les prix explosent dont le prix nominal du travail (salaires) or on en voit rien de tel.
      Ceci dit des bulles qui explosent c’est déjà bien délétère, j’imagine que si le système bancaire chinois part en sucette ce sera dur (doux euphémisme).

      • la déflation c’est la monnaie qui prend de la valeur, un euro qui vaut plus demain qu’il ne vaut aujourd’hui … où voyez vous donc des « forces économiques déflationnistes énormes » ???

        « dans l’inflation tous les prix explosent ». Non , pas forcément « tous ». L’inflation n’efface pas les variations relatives des prix des biens, elle a même tendance à les exacerber et il est fréquent qu’une classe de biens voit ses prix exploser (ceux qui sont « sous la gouttière », le lieu d’injection de la monnaie en excédent) pendant que d’autres stagnent le temps que l’onde de choc inflationniste les atteigne (voire sont complétement à l’abri de la hausse des prix à cause de la concurrence mondiale). C’est exactement ce qu’on voit : les prix de l’immobilier et de la bourse explosent, ceux de la main d’œuvre et des biens mondialisé stagnent.

        • L’échange ce faisait sur la crainte de l’hyper-inflation et j’ai juste parlé d’inflation. C’est bien en hyper-inflation que tous les prix explosent, cela a plus de sens ainsi.
          Et il y a de forte force déflationniste justement parce que malgré les QE américain, européen, japonais et des actions étatiques chinoises il n’y pas un poil d’inflation.
          LEs prix des action et de l’immobilier explosent ? cela se discutent mais en tous cas je ne vois pas de passerelle entre ces augmentation et une forte inflation de tous les autres actifs. Mais il faut être humble avec l’avenir et l’économie, on verra bien.

      • Il y a une peur non étayée de tout : du terrorisme, de l’hyperinflation, du réchauffement climatique, de la pollution des aliments, des virus H5N1, de l’invasion de hordes de migrants, de l’insécurité, des avions, etc…

        Nous vivons une époque millénariste : les gens semblent ne pas en avoir eu assez avec les massacres du XX° siècle.

    • Le risque ne vient probablement pas directement de l’intérieur. Surtout du comportement d’autres pays : USA + Chine. Comme ils sont très grands, cela pèsera lourd. Cela sera-t-il suffisant ? Pas facile à expliciter.

      A part cela, plus de liberté monétaire ne saurait nuire et nous éviterais ce genre d’éventuel futur problème.

  • Si l’on a foi en cette théorie, et j’aurais plutôt tendance à en être, le bon coup à faire aujourd’hui est d’emprunter un maximum en profitant des taux ridicules du moment. Lorsque l’hyperinflation arrivera, on pourra déboucher le champagne 🙂

    • Exact, et c’est là que ça devient rigolo :
      En effet ce comportement a pour conséquence
      1) de faire de vous un demandeur de monnaie, ce qui accroit la valeur de la monnaie.
      2) d’invalider votre croyance par vos actes : chaque achat est la preuve concrète que la monnaie a de la valeur
      Ainsi la croyance en l’effondrement de la valeur de la monnaie est auto-contradictoire, elle donne de la valeur à la monnaie…

  • Fondamentalement, il n’y a rien de mal à émettre une monnaie-confiance. Rien n’empêche un groupe d’épargnants de placer des objets de valeur dans un coffre (or, grain, titres de propriété, etc..) et d’imprimer des billets pour y réclamer le contenu. Rien n’empêche ces épargnants de prendre un risque sur le contenu de leur coffre en émettant des billets supplémentaires (fractionnement). Pour autant que quiconque puisse émettre sa propre monnaie-confiance, pour autant qu’il trouve quelqu’un qui daigne l’accepter en paiement, en toute conscience des risques que comporte ce billet. Dans un tel système, certaines monnaies finissent naturellement par occuper beaucoup de place, mais tout le monde demeure libre de prendre (ou pas) le risque qu’il désire.

    Le problème avec le système actuel et sa soit-disant « monnaie-confiance », c’est quand elle est « de cours légal », une manière détournée de dire « à usage forcé », tout en portant une espèce de prétention de libre marché.

    À l’intérieur d’une zone monétaire, tous les échanges (qui ne sont pas au noir / illégaux) doivent être réalisés en utilisant la monnaie forcée. Quand on se transpose sur les marchés internationaux, les échanges sont contraints (via les accords prétendument de « libre-échange ») à la monnaie de réserve, soit le USD. On a donc un système monétaire qui prétend être libre, tout en étant de facto structuré en matriochka vers une machine de planification centralisée.

    Dans cette optique, toutes les analyses économiques par rapport aux dettes, aux marchés, au PIB, etc… ne sont que de vulgaires pirouettes intellectuelles, qui au mieux sont politiquement instrumentalisées pour manipuler des populations dogmatiques et grégaires. Parce qu’au fond, celui qui peut systématiquement péter la gueule à tout le monde sur la planète peut s’endetter à l’infini et ne jamais rembourser.

    Et c’est exactement ce qu’on observe: tous les pays ayant des banques centrales construites avec des réserves en USD contribuent à « forcer » la demande dans les autres pays pour maintenir la valeur. L’interventionnisme d’État au niveau international visera à corrompre / intimider / subvertir les gouvernements étrangers pour qu’ils acceptent d’échanger leurs ressources sur la base de la monnaie de réserve.

    Et c’est pour cette raison que le monde est constamment en guerre, ce qui ralentit la création de richesse tout en canalisant celle-ci vers un petit nombre d’élite, tout en maintenant la très vaste majorité au niveau le plus bas possible.

  • On ne rappellera jamais trop l’immortel pamphlet de Frédéric Bastiat « Maudit argent ! »
    http://bastiat.org/fr/maudit_argent.html

    Tout y est dit, ou presque.

  • La valeur de la monnaie vient de ses contreparties. La circulation de l’Euro comme de la plupart des grandes monnaies aujourd’hui est faite en contrepartie de création de dettes et la valeur de l’Euro est basée sur la certitude que les dettes seront bien remboursées.
    D’un côté les dettes publiques et privées dans la zone Euro étant supérieures au double de la monnaie en circulation, on devine qu’il ne sera pas possible de tout rembourser et pour cela l’Euro ne devrait pas avoir une grande valeur. Mais d’un autre côté, le patrimoine moyen, gagé ou non est bien supérieur à la dette. La valeur de l’Euro est donc bien basée sur l’idée que le patrimoine des états, des entreprises et des particulier pourra être confisqué lorsqu’il ne pourront plus rembourser leurs dettes.

    Le mécanisme de circulation monétaire par la dette est particulièrement pervers parce qu’il crée une mécanique ou les dettes ne peuvent qu’augmenter et la faillite de (presque) tous en est la conséquence inéluctable. Rembourser les dettes revient à supprimer la circulation monétaire qui pourtant est nécessaire à toute activité économique. A l’époque de l’étalon Or, une partie de la monnaie pouvait avoir une circulation permanente et il suffisait de creuser un peu pour pouvoir augmenter la monnaie en circulation.
    La fin de l’étalon Or et l’avènement de la monnaie scripturale ont complètement changé la donne.
    Le problème ne vient ni de l’abandon de l’or ni de la monnaie scripturale mais du fait qu’il n’est resté que la dette comme moyen de circulation monétaire. Or le cycle de la création de richesse est un cycle long, souvent supérieur à 10 ans, qui est incompatible avec le cycle de remboursement des dettes. Le financement de la création de richesse n’est plus compétitif avec d’autres moyens de s’enrichir plus proches de la prédation. Il y a maintenant beaucoup trop d’argent sur des marchés dont la valeur s’est envolée par rapport à la réalité économique des valeurs échangées. La prochaine crise financière est maintenant imminente.
    La seule solution passe par la redéfinition de la circulation monétaire. Il faut se rapprocher de la réalité des cycles économiques pour financer en capitaux longs les projets de création de richesses. Pour ces projets, la contrepartie ne peut pas être cet objet virtuel qui est la dette, mais directement des parts sur le projet.
    Le seul problème est que ceux qui peuvent modifier le système n’y ont pas intérêt.

  • La monnaie est une question de confiance, ce n’est pas nouveau.

    D’ailleurs, tous les systèmes, quels qu’ils soient, marchent sur le mode de la confiance : quand les conquistadores sont arrivés en Amérique, ils étaient attirés par l’or, un métal que possédaient massivement certaines sociétés amérindiennes (comme les Incas) qui n’y accordaient pourtant pas la même valeur que les Européens. Il se trouve que la mondialisation a effacé bon nombre de ces différences, tous les Etats basant leurs échanges sur de la monnaie et non plus sur des coquillages ou des matières premières comme il a pu se faire dans certaines sociétés extra-occidentales. Mais la monnaie sans la confiance – ce que vous appelez le « mythe », terme toutefois excessif selon moi – n’est plus la monnaie, c’est de la monnaie de singe.

    Or la planche à billets – vulgairement parlant – a ressurgit sous sa forme « domestiquée » du QE, pratiqué par toutes les grandes puissances aujourd’hui. C’est un potentiel danger à long terme, car rien n’est plus efficace pour détruire la confiance accordée à une monnaie que la planche à billets. Quand le système monétaire était indexé sur l’étalon-or, ce type de problème risquait beaucoup moins d’advenir, car la monnaie reposait sur une base concrète qu’on ne pouvait manipuler comme on voulait. Un retour à l’étalon-or, même souhaitable, serait impossible actuellement, vu les transactions en jeu. La chose la plus intelligente qu’on puisse faire est donc de garantir la « valeur » de la monnaie en maintenant un taux d’inflation modéré (1,5 à 2%). Et pour ceci, il faut qu’il y ait création de richesses et stabilité monétaire, ce qui est loin d’être assuré aujourd’hui…

  • L’excellent économiste Jean-Pierre CHEVALLIER qui publie régulièrement sur ce site, n’est pas de votre avis et l’explique de manière très claire.
    Selon ses études, l’argent est sain aux USA, pourri en Euroland.
    Je vous encourage à le lire.

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