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« Freudo-libéralisme », les liens entre libéralisme et psychanalyse en question.

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#Freudo-libéralisme

Publié le 23 octobre 2015
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Par Delphine Granier.

#FreudolibéralismeAssimilée à une force « progressive » et « rationaliste », la psychanalyse a longtemps été considérée comme un concept de gauche. À l’inverse, trop souvent considéré comme une idéologie de droite, le libéralisme est rarement vu comme ce qu’il est, une philosophie à part entière n’étant ni de droite, ni de gauche. Pourtant, selon l’auteur, « la simultanéité du développement de la psychanalyse et de la pensée libérale viennoise n’est peut-être pas le fruit du hasard ».

Né à Vienne en 1850, Freud est le contemporain des grands économistes libéraux autrichiens Ludwig Von Mises, Friedrich Hayek et Karl Popper. Ayant traduit plusieurs essais de John Stuart Mill (1806-1873) pendant son service militaire, Freud fut indéniablement marqué par les écrits libéraux du XIXème siècle. Le libéralisme social de Mill, reposant sur une conception libérale de l’individu et une vision idéale et utopiste de l’avenir de l’homme, a su imprégner le jeune Freud. À propos de Mill, il écrivit qu’ « il fut peut-être, en ce siècle, l’homme qui sut le mieux se libérer des préjugés courants ».

Le développement de la psychanalyse a, par ailleurs, été favorisé dans le contexte politique et culturel des démocraties libérales. Les pays les plus libéraux, comme les États-Unis et l’Angleterre, ont largement contribué au développement de la psychanalyse. En France, c’est essentiellement la gauche qui s’est appropriée le champ de la psychanalyse ce qui explique, encore aujourd’hui, l’ancrage à gauche de la discipline freudienne.

« Freudo-libéralisme » et « freudo-marxisme », divergences et convergences

Les notions de propriété de soi et de responsabilité individuelle sont au cœur de la psychanalyse et de la pensée libérale. L’idée d’un individu souverain et propriétaire de soi existe depuis Locke et est au cœur du processus de la psychanalyse. L’autonomie est la pierre angulaire du libéralisme, tout comme elle est essentielle d’un point de vue psychanalytique. Pour la psychanalyste Françoise Dolto, l’éducation des enfants, par exemple, doit se résumer ainsi : « Laissez votre enfant libre, mais soyez libre aussi. Empêchez votre enfant de vous gêner dans votre propre activité, mais ne le gênez pas dans la sienne ». De même, alors que le libéralisme défend le principe de responsabilité de l’individu, la psychanalyse, en permettant à l’individu de comprendre pourquoi la raison de ses décisions et ses actes, maximise sa responsabilité.

Certains parallèles peuvent aussi être établis avec le marxisme – le caractère révolutionnaire, la volonté de libérer l’homme, l’idéal de justice sociale, la méfiance à l’égard des religions… – mais le philosophe Louis Althusser rappelle une divergence essentielle : la perception de l’individu. Freud s’intéresse avant tout aux effets de l’inconscient en œuvre dans l’individu et sur l’individu. Il exprima d’ailleurs son très fort scepticisme à l’égard des soviets, et réciproquement. Le « freudo-marxisme » s’est avéré une « voie sans issue ».

Dans le monde d’aujourd’hui où le progrès des NBIC et l’émergence du transhumanisme remettent en question le rôle et la place de l’homme tels qu’on les appréhendait jusqu’à présent, « l’inconscient – notre histoire personnelle, celle de nos grands-parents, de nos parents, de notre enfance, de nos désirs, etc. – restera la propriété ultime de chacun », ou alors… « une nouvelle forme de totalitarisme aura vu le jour ».

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  • Je ne vois pas bien où l’article veut en venir. Oui, Freud et Von Mises étaient autrichiens. Hitler aussi. Et alors? Oui on peut être libéral et croire en la psychanalyse, la scientologie ou pratiquer l’urinothérapie. Et alors?

    • L’article veut en venir au fait que la possibilité d’un mariage entre libéralisme et psychanalyse est loin d’être une évidence pour beaucoup de monde étant donné que la psychanalyse est instinctivement associée à la gauche, au marxisme, etc

      • Ah OK. Mais je ne saisis pas bien la notion de mariage entre libéralisme et psychanalyse, étant donné qu’il s’agit de deux champs tout à fait différents. Le soucis par ailleurs n’étant pas que la psychanalyse soit associée à la gauche, mais plutôt qu’elle le soit aux pseudo-sciences et à l’escroquerie à vaste échelle (d’où peut-être l’association spontanée avec le marxisme).

  • Il y a encore des gens qui croient à la psychanalyse ? Dans un musée ? Comment le réalisme du libéralisme peut il être associé au mysticisme de la psychanalyse ?

    • « Comment le réalisme du libéralisme peut il être associé au mysticisme de la psychanalyse ? »

      Il y a bien des gens qui parviennent à associer libéralisme et conservatisme… Bizarrement il semble que le mysticisme du conservatisme vous pose moins de problème. Mais peut-être que je me trompe.

  • J’allais faire la même remarque que Drake. Ce sont deux champs complètement différents. L’un renvoie au souhait d’une organisation sociale particulière, en l’occurrence l’absence d’organisation imposée par les uns aux autres, cela relève de la philosophie politique. L’autre relève de théories relatives au fonctionnement psychique de l’individu, théories qui ont une assise nulle scientifiquement parlant.

    Citez-moi un article ces 20 dernières années validant la théorie freudienne dans une revue scientifique canonique en psychologie (je ne parle pas des revues psychanalytiques, je parle des revues avec peer-review sérieux et impact facteur de plus de 2 ou 3). J’ai peine à comprendre qu’on parle de mariage entre les deux au prétexte que certains dans un champs croyaient aussi aux préceptes de l’autre ou vice-versa.

    A ce compte-là on peut aussi essayer de rattacher le théisme au libéralisme, puisque la plupart des libéraux jusqu’au milieu du 19ème siècle étaient croyants (comme à peu près tout le monde), et que certains croyants aujourd’hui sont libéraux.

    Et alors? Il y a aussi des libéraux portent la barbe et une chemise à carreau rouge. Ce n’est pas pour cela qu’un rapprochement entre le libéralisme et la coupe des arbres au Canada ou le sirop d’érable fasse sens.

    • Vous êtes libertarien ? Tendance Ayn Rand ? Alors je vous incite à lire le psychiatre Thomas Szaz qui faisait partie de la « bande » d’A. Rand au début des années 60. Je le cite dans mon bouquin et vous verrez comme il compare sa pratique de la psychanalyse à une réforme individuelle libérale ! La psychanalyse est-elle une science ? Popper avait déjà traité le point il y a fort longtemps et je le cite aussi dans mon essai. Pour ma part, je considère que cela constitue une approche thérapeutique (aujourd’hui multiforme) individuelle sur le marché des soins (en libre concurrence avec d’autres) et un système d’interprétation qui a été disruptif il y a plus de 100 ans et qui l’est encore. Je vous suggère de lire des écrits de psychiatres / psychanalystes : ils sont bien placés je pense, compte tenu de votre exigence, pour faire le lien entre les sciences duresque vous semblez respecter et le recours à cette « science de la pratique ». Citons par ex Daniel Widlöcher (cf : http://www.carnetpsy.com/article.php?id=902&PHPSESSID=gafjuplmpith1hur66b30p28s3) :  » on peut parler là d’une science de la pratique. C’est une forme de science contemporaine comme les sciences de l’économie, celles de la politique, celles de l’éducation qui sont des sciences issues des pratiques… ». Bonnes lectures.

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