Hollande en Afrique : une visite d’amitié et de travail ?

Les modalités de la tournée de François Hollande en Afrique intriguent sur place.

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Vue de Yaounde, capitale du Cameroun (Crédits Ludwig Tröller, licence CC-BY-NC 2.0), via Flickr.

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Hollande en Afrique : une visite d’amitié et de travail ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 juillet 2015
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Par Eric Essono Tsimi, depuis le Cameroun.

Vue de Yaounde, capitale du Cameroun (Crédits Ludwig Tröller, licence CC-BY-NC 2.0), via Flickr.
Vue de Yaounde, capitale du Cameroun (Crédits Ludwig Tröller, licence CC-BY-NC 2.0), via Flickr.

Lors de sa visite en Afrique, François Hollande a passé une nuit à Cotonou (Bénin), il a dormi également à Luanda (Angola), mais pour sa visite à Yaoundé (Cameroun), il a préféré passer sa nuit dans l’avion du retour à Paris. Du coup, Yaoundé en a eu des insomnies, comme une troisième épouse qu’un mari polygame snoberait : le régime de Paul Biya n’a rien pu faire pour retenir l’époux pressé.

C’est d’autant plus curieux que le 3 juillet est le début du week-end. Et samedi 4 juillet, il n’y avait aucune première dame qui attende le président français à l’Élysée, rien d’officiel prévu pour ce jour-là.

Le jeudi 16 avril 2015, Francois Hollande effectuait une visite d’État en Suisse. Le lundi 11 mai 2015, l’agenda officiel du président français indiquait : visite officielle en république de Cuba ; le 15 juin dernier, dans l’agenda officiel, il était noté visite de travail en Algérie…

Sa tournée africaine est qualifiée de « déplacement », au même titre que ses séjours récents à Brest ou en Martinique. Les « déplacements » ne sont sûrement pas des marques de mépris ou des subtilités protocolaires spécifiques aux anciennes colonies.

Seulement, le déplacement ne dit pas le degré de classification ; d’ailleurs, les officiels français parlent de visite de travail et d’amitié, une qualification hybride entre visite privée et visite de travail, toutes des visites au bas de l’échelle d’importance des déplacements.

En considérant que c’est le pays d’accueil qui détermine la nature des honneurs et l’ampleur de l’événement, pourquoi n’y a-t-il pas réciprocité ? Pourquoi y a-t-il cette asymétrie criante dans la présentation du voyage du président français ?

Peut-être une certaine envie de se passer de lourdes formalités. Mais si l’on met face à face d’un côté la sobriété française, et de l’autre côté le tintamarre qui précède son arrivée, on a une énième fois envie de pleurer sur la passion de nos dictateurs apaisés (ou nos démocrates mal élus) pour le folklore.

Le fait que le Président angolais, polygame notoire, préfère s’occuper de sa troisième épouse et première dame, plutôt que de courir accueillir son homologue français à sa descente d’avion prouve qu’il ne s’agit pas d’une tradition hospitalière africaine mais de servitude volontaire des Présidents de l’Afrique française, Thomas Boni Yayi et Paul Biya. Au Cameroun par exemple, la seule « séquence officielle » prévue le 3 juillet par l’Élysée durait 45 minutes à partir de 17h45 : n’est-ce pas trop peu pour une visite de travail, infinitésimal pour une visite d’amitié ?

Entre des dirigeants souvent francolâtres, une élite plutôt francophile, et un peuple de plus en plus francophobe, la Françafrique se porte toujours aussi bien.

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