Baltimore : le succès d’un couvre-feu et l’amour robuste d’une mère

Après les émeutes d’hier, la ville de Baltimore semble s’apaiser, et la question affleure sur toutes les lèvres : quelle est la raison de l’explosion de violence ?

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Baltimore : le succès d’un couvre-feu et l’amour robuste d’une mère

Publié le 29 avril 2015
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Par Daniel Girard, depuis les États-Unis.

MD Guard stand alert after Baltimore Riots credits Maryland National Guard (CC BY-ND 2.0)
MD Guard stand alert after Baltimore Riots credits Maryland National Guard (CC BY-ND 2.0)

 

C’est dans un calme qui contrastait avec la fureur du lundi que le couvre-feu a été imposé aux résidents de Baltimore mardi soir. Seulement dix personnes ont été arrêtées. Lundi, on dénombrait 235 arrestations dont 34 mineurs. Dix-neuf immeubles ont été incendiés et 144 véhicules ont été détruits. Quinze policiers ont été blessés dont six sérieusement.

Mardi, la journée a surtout appartenu aux résidents de Baltimore qui ont voulu démontrer qu’ils n’avaient rien à voir avec les émeutes de lundi. Les bénévoles qui ont participé au nettoyage des rues ont été nombreux.

Mais celle qui s’est méritée l’essentiel des projecteurs s’appelle Toya Graham. Lundi, lorsqu’elle a reconnu son fils de 16 ans déguisé qui lançait des bouteilles à la police, elle s’est précipitée sur lui pour le ramener à la maison. La vidéo est devenue virale.

Toya Graham a dit que son sang n’a fait qu’un tour quand elle a reconnu son fils. « C’est mon seul garçon, a-t-elle dit – il a cinq sœurs, et je n’ai pas l’intention de le laisser devenir un Freddie Gray ».

Elle a bien raison, car beaucoup d’Afro-américains connaissent le même sort que Freddie Gray, et pas seulement aux mains de la police. Ils sont tués par d’autres Afro-américains dans des guerres de gangs. La mairesse Stephanie Rawlings-Blake en sait quelque chose : son cousin de 20 ans a péri par balles il y a deux ans.

À Ferguson, même si les deux tiers des résidents étaient noirs, seulement quatre des 54 officiers de police étaient noirs. Baltimore n’a pas ce problème de représentation. Les noirs sont 63% de la population et 40% des policiers. La mairesse est noire, le commissaire de police est noir… et pourtant, Baltimore a l’un des taux de criminalité les plus élevés aux États-Unis, ce qui la place dans la même ligue que Chicago…

Pendant ce temps, à Chicago…

Chicago ? Les noirs représentent un tiers de la population et le quart des policiers. En 2014, 400 résidents de Chicago ont péri par meurtre, dont 300 noirs. 300 morts c’est le triple du nombre de noirs tués par les policiers lors d’une seule année, de 2005 à 2012, soit une moyenne de 96 annuellement.

Les conséquences sociales de l’hécatombe des noirs sont tragiques : les prisons sont surpeuplées de noirs et 70% des enfants noirs sont élevés dans des familles monoparentales.

Les noirs ont raison d’exiger avec vigueur que des histoires à la Eric Garner, Walters Scott et Freddie Gray ne se reproduisent plus. Mais si la vie des noirs compte vraiment, il faudra aussi s’occuper des problèmes intra-communautaires liés à la drogue, car ce sont eux qui tuent le plus de noirs.

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  • L’histoire de cette mère qui fait la leçon à son fils et lui gueule dessus publiquement est géniale 😀

    Concernant les noirs je pense que la clé est l’éducation, c’est la clé de tout, il faut leur faire comprendre que leur avenir est là, que c’est le meilleur moyen pour eux de s’en sortir et améliorer leur niveau de vie.
    Une étude récente a montré que les diplômés noirs aux USA avaient certes un taux de chômage plus élevé que les diplômés blancs ou asiatiques mais que ce taux de chômage reste beaucoup plus bas que celui des autres noirs. Une population noire plus éduquée et riche permettrait aussi de faire disparaître peu à peu les préjugés des blancs et la criminalité en général.

    • Mais bien sûr ! Il faut que les noirs aillent à l’école et tout s’arrangera comme par magie ! Ils comprendront enfin que leurs ancêtres sont des WASP, et qu’il faut avoir foi en la Démocratie des sacro-saints Pères fondateurs, et que voter pour les politiciens est le devoir d’un bon citoyen ! Ils apprendront aussi à devenir des fonctionnaires ou à mendier des emplois à des patrons blancs qui, à de rares exceptions, feront toujours plus facilement confiance à des employés blancs. Ils apprendront ensuite à se plaindre que ces patrons blancs sont racistes et sexistes, à réclamer davantage de discrimination positive et de parité, au lieu que l’école leur apprenne à créer leurs propres business si personne ne veut les embaucher, et à s’opposer aux lois et réglementations qui empêchent la création de ces business. Ils apprendront que pirater des œuvres culturelles c’est mal mais qu’être un intellectuel subventionné c’est bien. Ils apprendront que vendre des armes dans le ghetto n’est pas un métier digne mais qu’être un politicien qui vend des avions de chasse à des dictatures étrangères c’est merveilleux, ça renfloue les caisses de la nation. Ils apprendront que vendre du cannabis dans le ghetto n’est pas un métier digne mais que vendre de l’alcool à un peuple de dépressifs en est un. Le cannabis à un côté trop « jamaïcain », ça fait pas assez civilisé. Bref, vivement que les noirs comprennent enfin que l’éducation publique est adoptée à leurs besoins ! Vivement qu’ils aspirent à des métiers dignes !

      • Alors vous vous êtes complètement à l’Ouest, et n’avez en plus rien compris.
        Heureusement que certains noirs ne pensent pas comme vous sinon ils resteraient dans la misère.

      • Votre solution au problème, c’est quoi ?

        • Dans le billet précédent avant hier sur le même sujet Commando fustigeait les lois contre les drogues qui entravent l’activité économique des minorités et faussent la concurrence..

  • Pas très d’accord avec la conclusion.
    Ca n’est pas « l’hécatombe de noirs » qui remplit les prisons de noirs et donne des familles monoparentales aux enfants noirs. C’est une conception différente de la société dans les quartiers noirs et dans les autres quartiers, une conception basée sur les gangs et les trafics au lieu de l’ascenseur social de l’effort et de l’entreprise honnête, et trop souvent malgré tout efficace dans les faits. C’est une conception qui conduit à reprocher à la loi de s’opposer à l’élévation de l’individu, puisque cette élévation se fait de manière malhonnête, et décourage les bonnes volontés qui voudraient rouvrir l’ascenseur social en s’assurant que tous y ont bien accès.

    Enfin, ça n’est certainement pas en se battant que les noirs éviteront de nouvelles bavures. C’est en montrant qu’ils croient que la coopération est un meilleur chemin que la lutte. Un policier tire pour conjurer sa peur, même quand il tire dans le dos. Même s’il y en dix fois moins que de malfrats, il y a encore énormément de policiers tués, c’est d’abord ce chiffre là que les noirs doivent s’attacher à réduire, pragmatiquement, parce que c’est de lui que dépend celui des bavures.

    • Battre n’était pas au sens physique mais cela aurait pu être mieux formulé, vous avez raison. J’ai donc changé pour  »exiger avec vigueur » qui doit se faire dans des manifestations pacifiques.

      • Les familles monopatentales résultent de la mort du père ou de son emprisonnement pour des crimes liés à la drogue. C’est un phénonène qui est bel et bien lié à l’hécatonbe des Noirs, qui est un problène réel.

        • Je suppose que comme ailleurs, la monoparentalité a bien d’autres causes, mais si cela était vrai, vous laisseriez entendre qu’il vaut mieux être élevé par un couple dont le père devrait être en prison que par une mère seule, ce qui me paraît demander des preuves expérimentales.

  • La police aux USA a la réputation d’être extrêmement violente notamment en raison du mauvais recrutement de policiers trop jeunes , peu qualifiés, mal formés et instables psychologiquement.Auquel il faut ajouter la militarisation croissante de la police et les lois draconiennes appliquées aux USA notamment pour les crimes n’impliquant pas l’usage réel de la violence ( 3% de la population Américaine est soit en prison soit en liberté surveillée) .A milles lieux des USA tels que les pères fondateurs ont crées ce pays…Sans compter le phénomène d' »criminalisation » et de sur fédéralisation du maintien de la paix civile…

    • L’incarcération de masse a permis la baisse spectaculaire de la délinquance aus USA depuis le début des années 90. On ne peut pas à la fois vouloir des lois laxiste et la sécurité.

      • avec 100 % de détenus je suis sur qu’on peut arriver à une criminalité 0 (hors des prisons)

      • « On peut juger du degré d’une civilisation en entrant dans ses prisons »
        Dostoïevski

        • C’est bien pour ça que notre gouvernement souhaite que plus personne n’y entre.

        • en même temps,Dostoïevski a été déporté dans un bagne de Sibérie pendant quatre ans, on peut comprendre qu’il soit pas un grand fan de la prison.
          c’est sûr que protéger les criminels au lieu des victimes est un signe de civilisation. on voit le résultat de la politique laxiste en europe: cela n’a mené qu’à plus de criminalité et à une déviance généralisé envers la justice. quand on voit comment on traite les criminels et puis comment on traite les victimes, on comprend qu’il n’y a quelque chose qui ne va pas en France. marrant, tous les gauchistes favorable au laxisme vivent dans des beaux quartiers et ne prennent jamais le métro. en gros, ils ne subissent pas l’insécurité pas étonnant qu’ils la nient
          la première mission de l’état est d’assurer la sécurité. il faudrait arrêter de payer ses impôts à un état incapable de remplir cette mission

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