Quelles sont les causes de la crise de 2008 ?

Est-ce la déréglementation financière qui a mené à la faillite du marché ? Pas du tout, et voilà pourquoi.

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Quelles sont les causes de la crise de 2008 ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 14 mars 2015
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Par Le Minarchiste.

Saving is for wimps! I have a plan for affordable housing credits woodleywonderworks (CC BY 2.0)
Saving is for wimps! I have a plan for affordable housing credits woodleywonderworks (CC BY 2.0)

 

Demandez aux gens quelle est selon eux la cause principale de la crise financière de 2008 et la plupart vous répondront que c’est la déréglementation des institutions financières qui a mené à une faillite du marché.

Quand vous leur demandez ensuite quelle réglementation au juste est en cause, ils vous répondent alors bêtement que c’est l’abolition en 1999 du Glass-Steagall Act, permettant aux banques de combiner leurs activités de marché des capitaux avec leurs activités bancaires au détail. La théorie veut que cette abolition permettait aux banques d’utiliser des dépôts bancaires de particuliers pour spéculer sur les marchés financiers.

Pourtant, l’examen des faits montre que c’est du vent.

La crise des S&L a eu lieu dans les années 1980 malgré l’existence de cette loi et bien avant qu’elle ne soit abolie en 1999, cause directe des réserves fractionnaires, d’une politique monétaire erratique et de règlementations stupides qui ont favorisé les S&L au détriment des banques conventionnelles.

Puis, il faut considérer Northern Rock, l’une des plus grosses faillites de la crise financière, pour laquelle Glass-Steagall n’aurait rien changé.

Ensuite, il ne faut pas oublier les poster child de la crise, Lehman Brothers et Bear Stern, qui n’auraient pas été sujets à Glass-Steagall non plus. D’ailleurs, un accès à des dépôts au détail aurait permis à ces firmes de survivre, comme ce fut le cas pour JP Morgan et Wells Fargo, dont les structures n’auraient pas été permises par Glass-Steagall, ce qui les aurait empêché d’acheter Bear Sterns et Wachovia, et donc aurait empiré la crise.

Finalement, sous un régime Glass-Steagall au Canada, nos banques canadiennes ne pourraient pas avoir leur structure actuelle…et pourtant elles sont sorties de la crise presque indemnes ! On pourrait presque conclure que Glass-Steagall aurait en fait empiré les choses aux États-Unis !

Expliquez-moi donc par quel mécanisme Glass-Steagall aurait changé quoi que ce soit à la crise ? Et en être une cause fondamentale sous-jacente ?

Crise de 2008 - René Le Honzec - Contrepoints303Quant aux autres règlementations, difficile de faire un lien avec la crise. Est-ce qu’on se réfère au « Alternative Mortgage Transactions Parity Act » de 1982 ? Cette loi permettait aux banques d’offrir des hypothèques à taux ajustables (ARM), lesquelles ont représenté 90 % des subprimes émises en 2006 et ont engendré des taux de perte de 40 % (comparativement à 5 % pour les hypothèques primes à taux fixe). Je ne crois pas que cette « dérèglementation » ait été en elle-même un catalyseur. Les banques se sont mises à octroyer des ARM subprimes parce que Fannie et Freddie allaient les acheter quand même au même prix ! C’était une manière de qualifier plus d’emprunteurs. Les banques n’auraient pas octroyé ces prêts si elles n’avaient pas eu d’acheteurs pour ceux-ci. En ce sens, les ARM ont été un accessoire permettant de satisfaire le gouvernement dans son désir d’augmenter l’accès à la propriété.

Il  y a également le « Commodity Futures Modernization Act of 2000 » qui a permis à AIG d’émettre des CDS sans capital sous-jacent. Encore une fois, ce comportement irresponsable a été un facteur aggravant mais pas une cause sous-jacente, loin de là.

 

La règlementation des banques a augmenté dans les années 1990 et 2000

Si l’on se concentre spécifiquement sur la Securities and Exchange Commission (SEC), l’agence au cœur de la réglementation de Wall Street, les dépenses budgétaires sous le mandat du président Bush ont augmenté, en termes réels, de plus de 76 %. L’agence comptait 2841 employés en équivalent temps plein en 2000, 3568 en 2008 ; soit une augmentation de 26 % en 8 ans. Le niveau d’effectifs de la SEC en 2008 est par exemple plus de huit fois celui de la Consumer Product Safety Commission, qui passe en revue des milliers de produits de consommation par an.

Une autre mesure de la réglementation est le nombre absolu de règles édictées par un ministère ou organisme. Le régulateur financier principal, le département du Trésor, a vu sa moyenne annuelle de nouvelles règles proposées passer d’environ 400 dans les années 1990 à plus de 500 dans les années 2000. Durant les années 1990 et 2000, la SEC a émis environ 74 règles par an.

 

Et le Community Reinvestment Act ?

Du côté de la droite, on pointe du doigt le Community Reinvestment Act (CRA) et le Housing and Community Development Act. Ces mesures gouvernementales ont incité les banques à octroyer des prêts qu’elles n’auraient normalement pas consentis. Cette distorsion a ajouté de l’huile sur le feu. Ceci dit, des études ont démontré que les hypothèques CRA ont performé en ligne ou même mieux que le reste du marché hypothécaire ; les pertes n’ont pas été plus élevées.

Quant aux GSEs (Fannie Mae et Freddie Mac), elles ont amplifié la crise, mais ne sont pas un facteur sous-jacent non plus. L’une des fautes du gouvernement ici a été de forcer Fannie et Freddie à acheter des MBS subprimes à hauteur de 56 % de leurs achats totaux (en 2004). Ces achats massifs ont fait baisser les écarts de crédit subprime, les rendant plus attrayants pour les banques. Pour atteindre leurs quotas, Fannie et Freddie ont même demandé aux banques de réduire leurs critères d’octroi de prêts en leur promettant d’acheter quand même ces MBS.

C’est pour cette raison que les subprimes sont passées de 6 % des nouvelles hypothèques au début de la décennie à plus de 20 % en 2006 et que la qualité de ces hypothèques a diminué. En effet, les taux de perte ont été quatre fois plus élevés que pour les hypothèques « prime ». L’intervention gouvernementale a donc engendré une distorsion favorisant l’essor démesuré du segment subprime. Cependant, les GSEs n’étaient pas les seuls acheteurs, loin de là, et leurs taux de pertes ont été nettement inférieurs à la moyenne. (voir ceci)

Ainsi, je ne crois pas que le CRA ou les GSE aient été une cause primaire de la bulle/crise. Il ne s’agit là que de facteurs aggravants.

 

Quelle est la cause ?

Le cœur du problème est la politique monétaire et la structure anticapitaliste du système bancaire. Entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2007, la masse monétaire (M2) a crû de 51,4 % soit de 6,1 % par année alors qu’au cours de cette période, la croissance moyenne du PIB réel n’a été que de 2,4 %. La Federal Reserve a orchestré une baisse massive des taux d’intérêt, qui a stimulé l’endettement et engendré d’énormes distorsions dans l’économie… et pas seulement dans le prix des maisons garantissant des hypothèques subprimes, mais bien dans presque tous les actifs, incluant l’immobilier commercial, la bourse, l’énergie, les métaux, etc.

C’est ce boum de crédit qui a engendré cette bulle, tout comme pratiquement toutes les bulles de l’histoire de l’humanité. C’est ça la cause sous-jacente. Et cette bulle n’était pas seulement immobilière, elle était généralisée, comme celle qui a implosé en 1929.

 

Conclusion

En somme, je pense que tout le monde perd son temps dans cette recherche obstinée d’une cause ou d’une autre de la crise, que ce soit le CRA, les GSE ou la déréglementation alors que la vraie cause est fort simple. C’est toujours la même rengaine ! Création de monnaie, expansion de l’endettement, implosion de la bulle et récession. Que cette dette soit utilisée pour spéculer sur les titres de compagnies ferroviaires, les actions de Yahoo, le pétrole ou des MBS subprime importe peu. La prochaine fois ce sera autre chose… et on voit déjà les signes avant-coureurs.

La solution est fort simple : laisser le marché déterminer le taux d’intérêt approprié. De cette manière, en situation d’augmentation de l’endettement, sans épargne subordonnée, et d’envol de la spéculation, la monnaie se ferait tout à coup plus rare et les taux d’intérêt augmenteraient, tuant la bulle dans l’œuf. Cela implique aussi qu’il n’y ait pas de « prêteur de dernier ressort » avec accès à la planche à billets. Malheureusement, Wall Street n’aimerait pas un tel système. Comment ferait-elle pour s’enrichir alors ? Et qui viendra la garder en affaires une fois que son bilan aura implosé ?

C’est pourquoi à entendre parler les banquiers centraux de tout acabit, le libre marché est bon pour tout le monde sauf pour les grandes banques. Pour eux, la règlementation est plus attrayante que le libre-marché, mais ce n’est pas le cas pour le quidam moyen…

 

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  • Un peu long sur l’analyse mais la conclusion fait sens : la distorsion entre taux d’intérêt et taux anticipé de profit qui crée la bulle.

    Par contre, la solution proposée me pose pas mal de problèmes :

    En quoi la volatilité des taux pourrait éviter une spéculation dans l’autre sens : une anticipation sur les taux à terme une fois la bulle détectée ?

    Pourquoi pénaliser toute l’économie pour résoudre le problème du a quelques spéculateurs ?

    Les taux ne sont qu’un reflet du volume réel de monnaie (quand celle ci n’est pas indexée sur une référence qui limite sa masse) en quoi cela empêcherait il la création monetaire ? Cela ne ferait il pas plutôt l’inverse ?

    Toujours dans l’hypothèse d’une masse non limitée : en quoi l’augmentation des taux ne se reporterait pas sur d’autre bulles déflationnistes celles la ? Plongeant dans le rouge des secteurs avec moins de profit, à d’autre stade de développement ?

    • « Pourquoi pénaliser toute l’économie pour résoudre le problème du a quelques spéculateurs ? » Parce que toute l’économie spécule et pas seulement quelques traders, en admettant que ce concept de « spéculation » ait le moindre sens intelligible. Quand tous réagissent aux stimulus artificiels de la BC, ne serait-ce que pour survivre à la concurrence, sont-ils responsables ou subissent-ils la situation ? N’est-ce pas plutôt la BC qui est responsable, alors qu’elle fait joujou avec notre avenir pour satisfaire les besoins de court terme de quelques politiciens en mal d’argent gratuit pour acheter des votes ?

      • Faut arrêter Cavaignac : les personnes qui ont emprunté (ou placé) en achetant des actions Yahoo en 2000 n’ont rien à voir avec les gens qui ont acheté une maison en 2008.

        La spéculation n’est financièrement pas différenciable de l’investissement : c’est l’intention, le projet qui est différent et cela, ce n’est pas de la finance du tout : que vous empruntiez pour monter une entreprise ou pour jouer au loto, c’est toujours un emprunt, financièrement il n’y a aucune différence.

        C’est pour cela qu’il faut arrêter d’essayer de régler des problèmes économiques et politiques par des parti pris monétaires.

        Et désolé, mais ce n’est pas en trouvant une astuce pour réguler les taux, que l’on va régler le problème du risque des investissements, et la régulation par la libre concurrence sur les taux, (ou par l’indexation, ou par la concurrence monétaire …) c’est de la régulation.

        Et il faut aussi arrêter de mettre les Etats en dehors du jeu : ce sont des acteurs économiques comme les autres.

        La seule chose qui peut marcher, c’est de responsabiliser à court terme ceux qui prennent des risques, afin de limiter les effets des bulles : qu’ils jouent avec leur argent, pas avec l’argent des autres. Cela vaut pour les Etats, pour les banques, pour les entreprises …

        Comme l’explique très bien l’article : la crise de 2008 vient du fait que l’on a essayé de régler par des artifices monétaires des problèmes économiques et politique (sociaux en l’occurrence) … inutile de chercher des coupables (Etats ou banques) : c’est la méthode qui est mauvaise et si des banques avaient monté le même mécanisme sans aucune intervention de l’Etat, cela aurait abouti au même désastre.

        • En fait, si, les gens qui ont emprunté pour acheter des actions Yahoo! en 2000 et ceux qui ont emprunté pour acheter une maison en 2008 sont exactement identiques, la démarche est strictement la même d’un point de vue économique.

          Dans les deux cas ils ont engagé leurs salaires et gains futurs dans le but d’acquérir quelque chose (dont ils pouvaient se passer, louer son logement n’a jamais tué personne et au contraire permet plus de mobilité géographique et donc un taux d’emploi et un niveau de salaire supérieur). Dans les deux cas ils l’ont fait parce qu’ils pensaient que cette chose (action ou maison) prendrait de la valeur dans l’avenir (gain en capital) et dégagerait des flux entre temps (dividendes dans un cas, loyers perçus ou utilité d’un logement dans l’autre).

          Dans les deux cas c’est bien de la spéculation, mais la spéculation est 1° le moteur du progrès (si on n’espère pas un avenir meilleur, on ne fait pas grand chose) et 2° une nécessité pour vivre (l’être vivant qui n’anticipe pas en partie ce que « après » sera finit le plus souvent en casse-croute d’autres êtres vivants, prédateurs ou charognards). La spéculation est également fondamentalement indistinguable de l’assurance… Ni financièrement, ni en termes d’intention, d’éthique ou autre.

          Pour ce qui est des acteurs, je suis d’accord avec vous pour les Etats, ils n’ont pas mandat à « spéculer » avec l’argent des contribuables, leur tâches régaliennes sont suffisantes et n’impliquent qu’assez peu d’interventions monétaire, économiques ou financières, si on y pense bien. Par contre, il est assez évident si on réfléchit trois secondes que les banques et les compagnies d’assurances (entre autres) ont bien mandat pour « jouer avec l’argent des autres ». Si vous mettez votre pognon en banque, surtout sur des comptes « d’épargne » et que vous en attendez un taux supérieur à 0, c’est que vous acceptez qu’elle en fasse ce qui est son métier : le prêter sur des durées plus longues et des risques plus élevés en mutualisant pour ajuster (le risque résiduel étant supporté par 1° les actionnaires, puis 2° les prêteurs et finalement 3° les déposants… qui sont juste des prêteurs très séniors puisque à vue ou presque).

          Finalement, les banques n’auraient jamais « monté le même mécanisme » puisqu’elles s’en foutent de « booster l’économie », de « faire de ce pays un pays de propriétaires » ou autres fadaises… Elles n’ont normalement comme seul but que de faire du profit pour leurs actionnaires en prenant des risques que ces actionnaires jugent raisonnables avec l’argent des clients qui eux même jugent cela raisonnables (personne n’étant forcé à quoi que ce soit). Donc, laissées à elles mêmes, les banques ne font (en moyenne) pas de conneries. Celles qui déconnent disparaissent vite, clients et actionnaires les « punissant » en se barrant. C’est assez bien documenté, notamment historiquement avec les périodes de free banking.

          • Je ne crois pas une seule seconde a l’angélisme des États devant le système bancaire. Surtout si les États restent maîtres des monnaies (pas de l’émission mais de la souveraineté)

            Lorsqu’il y a échange décalé dans le temps il y a besoin de monnaie, mais uniquement pendant le temps que prend l’échange. La monnaie est absolument inutile avant et après.

            Tant que vous réfléchirez en terme de capital, vous serez dans une logique de confrontation.

            On ne se nourrit pas avec des billets de banque : seul compte le potentiel, l’estimation de réalisation, de service à rendre qu’ont les choses.

            La monnaie ne tire son potentiel que de l’échange futur. Les biens que de leur usage futur. Le ‘capital’ n’a aucun différenciant, c’est juste un élément dont le potentiel est déterminé moralement : il serait résistant au temps … comme la monnaie … Hors c’est absolument faux pour les deux.

            Toutes les discussions capitalistes-anticapitalistes reposent sur ce sophisme.

            • La monnaie va beaucoup plus loin que l’instrument d’échange. Elle a classiquement deux autres rôles importants : réserve de valeur et instrument de mesure. Ca serait bien dommage de s’en priver d’autant que l’extraordinaire enrichissement (dans tous les sens du terme) de l’humanité sur le 300 dernières années est essentiellement du à cela.

              Pour le reste, réfléchir en termes de capital est la seule façon de réfléchir autrement que dans le vent. Tant qu’on reconnait la liberté des agents et donc par suite leurs droits de propriété.

              La monnaie ne tire rien de l’échange futur, elle lui est orthogonale. Par contre elle mesure des choses qui sont liées à l’espérance d’échange futur. J’ai un peu l’impression que vous mélangez joyeusement les termes. Évidement les discussions « capitalistes-anticapitalistes » reposent sur des sophismes et du vent puisqu’en général elles opposent deux groupes d’idéologues ne comprenant rien à l’économie mais voulant quand même en parler.

              Ici on parle normalement d’économie de base, de trucs que même les plus archéo-marxiens,dans les universités les plus à gauche de France, admettent sans barguigner… Donc révisez un poil la terminologie économique, ce qu’est le capital, la monnaie, leurs rôles respectifs, la valeur et l’échange. Ça évitera les quiporquo.

              • @Franz : j’utilise la notion de capital dans son sens général (wikipedia : Le capital est une somme d’investissement utilisé pour en tirer un profit) et clairement, je réfute cette vision qui comme je l’ai dit n’a de sens que dans le temps et est également très fortement connotée moralement (le profit).

                Je pense que la seule vraie valeur de la monnaie est l’instrument de mesure, que la réserve de valeur et l’instrument d’échange sont liés et ne sont qu’éphémères : lorsque vous faites du troc, vous n’avez pas besoin de monnaie au sens instrument d’échange et réserve de valeur, mais vous avez toujours besoin de l’instrument de mesure.

                Donc que le volume de monnaie n’a aucune importance, tant que l’instrument de mesure est préservé : il a juste besoin d’être suffisant et abondant (juste : ni trop ni trop peu) pour satisfaire les besoins d’échange et de stockage. S’il ne l’est pas, alors cela impacte le coté instrument de mesure et il y a dépréciation de la monnaie : soit elle devient trop rare (déflation) ou trop abondante (inflation)

                Il en est de même pour le ‘capital’ : sa seule valeur est le potentiel d’usage que l’on peut en tirer, ce qui n’est pas limité au capital, mais général pour tout élément économique. En gros les choses tirent leur valeur de leur projection dans le futur, pas de leur provenance dans le passé, ni de l’aspect moral qu’on leur associe lié à leur origine ou à leur usage.

                De plus, je pense que ce n’est pas l’investissement qui crée la richesse, mais la capacité à transformer le potentiel en réalité, que cette capacité n’est pas automatique, mais comporte une forte composante de risque et que la liberté économique totale est le meilleur moyen pour réduire ou maitriser ce risque. La richesse n’étant pas basée sur la monnaie (qui n’a de sens que comme révérenciel de mesure) mais sur l’usage (effectif et potentiel ) que l’on a.

                En gros : que l’on est tout autant riche lorsque l’on mange un sandwiche caviar ou pâté cornichon : une fois mangé, c’est exactement la même chose, par contre avant d’avoir été mangé, ce n’est pas la même chose, parce que le sandwiche caviar a un potentiel d’échange différent.

                A partir de là : la notion de capital .. est un modèle rationaliste et moraliste qui est à des lieues de la réalité.

                • Mouiiiii, mais alors mouiiiiii….

                  La notion de profit « connotée moralement »? Le capital « n’a de sens que dans le temps » ? Et vous, vous ne vivez pas dans le temps ? Vous ne vivez pas uniquement de profit (la vie au sens biologique c’est le profit) ? Le capital c’est la croissance de la plante, de l’animal, c’est le territoire de chasse du lion, de la meute de loups. C’est la vie. Après si vous vous arrêtez à la moralisation des termes sauce NPA, tant pis pour vous, vous vous privez des bons termes pour désigner les bons concepts, et d’ailleurs ça se voit.

                  Si vous voulez violer les mots, et les concepts, libre à vous, mais vous « ajoutez au malheur du monde » et vous le ferez sans moi. Et par pitié, avant de revenir parler d’économie, essayez de lire un texte de base, une introduction, je ne sais pas moi… « Principles of microeconomics » de Frank et Bernanke est pas mal et facile à lire. Ça fait mal de vous lire, là, on vous sens tâtonner, hésiter, avec des concepts mal boutiqués que vous maniez à grand peine… il y a des idées, mais arrghhh on dirait un enfant d’un an et demi qui se met à la marche.

                  • Je comprend, ca m’a été aussi très difficile de passer d’une vision rétroviseur à une vision projective, parce que toute l’économie, le commerce etc… ‘européen’ est basée sur la constatation objective.

                    J’essaye d’expliquer en mélangeant les deux, ce qui n’est pas évident du tout.

                    Ce que je peux vous assurer, c’est qu’aucune multinationale US ne gère son business en terme de capital (asset), mais uniquement en termes de forecast/potential/risk, alors qu’en Europe on en est resté au bilan actif/passif.

                    • Effectivement, dit comme ça je suis tout à fait d’accord avec vous.
                      Le caveat étant que la valeur du capital est 100% faite des anticipations, et certainement pas de valeur comptable/historique.

                      Le capital étant employé au sens économique/financier, par opposition à « ce qui est à l’actif du bilan » qui est une écriture comptable et en aucun cas un prix, moins encore une valeur.

                      Le problème n’est pas tant US/Europe, mais bien « micro-économie-finance versus compta-politique-administration ». Le fait est que nos « élites » politiques et réglementaires ne connaissent pas l’économie (sinon vaguement une soupe macro d’inspiration keynésienne) mais croient s’y connaitre, parce qu’ils ont étudié -vite fait- la comptabilité/comptabilité nationale)

                    • @Franz : OK, maintenant qu’on est sur la même ligne 🙂 lisez l’article de wikipedia sur le profit et vous allez vite comprendre ce que j’entend par ‘moral’ :

                      Le profit désigne couramment la «différence entre les dépenses occasionnées par la production ou la vente de biens et services et les recettes obtenues par l’entreprise qui les produit ou les livre sur le marché . Tandis que salaire et intérêt sont des revenus contractuels et forfaitaires, le profit est un revenu résiduel

                      Ce qui pose de facto la question de la propriété (et donc de la légitimité) du profit : entre la production (la valeur-travail) et la vente.

                      La notion de forecast/potential/risk ne pose aucune question de légitimité : tout le monde, y compris l’employé salarié voit son potentiel associé et développé dans l’aventure et le partage des risques est également légitime.

                    • Honnêtement, je ne vois toujours pas là ou vous voyez un problème moral.
                      Quand les salariés pourront avoir un salaire négatif s’il y a des pertes il pourront avoir un droit sur le profit. Ils seront actionnaires-salariés. Mais l’espérance de la valeur future de ce droit n’est pas nulle : ils devront payer pour être embauchés.
                      Sinon, ils ont un contrat et ont droit à ce que le contrat leur donne. S’ils veulent plus il peuvent demander plus et voir ce qu’on leur répond.

                      Ce pseudo débat « capital travail » est un exemple des rideaux de fumée que les socialistes déploient visant à réformer la réalité car elle ne colle pas à leurs théories. En vain.

                      Le centre du débat est sur la liberté (autre face de la propriété). Si la spoliation du travail par le capital telle qu’inventée par Marx (et continuée ici) existait, les gens étant libres de ne pas travailler et étant libres de s’associer et de créer des entreprises, cette même spoliation disparaitrait aussitôt. Il y aurait des entreprises où on spolierait, mais un peu moins que dans les autres. Ces entreprises attireraient immédiatement les meilleurs employés et feraient malgré tout plus de profit (mais mieux partagé). Ce qui conduirait d’autres entreprises à proposer un partage encore plus favorable au travail pour s’attirer le meilleur travailleurs. Et ainsi de suite, jusqu’à disparition totale de cette aberration. Certes, on dira que « les capitalistes ne le feront pas pour se protéger ». Sauf qu’ils sont avides de profit et prêts à sacrifier l’ensemble de la profession, les femmes, les enfants et les chatons mignons pour un peu de pognon. Donc ils le feront. Et même sans ça, tout un chacun peut-être un capitaliste : entre l’épargne sur votre salaire (malgré la spoliation, toussa) et les prêts, avec un poil de mutualisation coop’ style en plus, fonder une entreprise est facile. Yakafoka. Ou pas. Donc chialer que les méchants riches nous donnent pas ce qu’ils devraient est plus simple et justifie en fait qu’ils ne donnent pas plus.

                      Par contre, si on n’est pas libres (genre monopoles légaux, statuts, etc.) là c’est pas bon et le profit est moralement discutable (donc les entreprises publiques monopoleuses, les professions réglementées etc. là oui, le profit pose problème)

                    • Le problème moral vient qu’il est impossible de reconnaître l’origine exacte des profits et que la constatation de ceux ci se fait à posteriori : donc confrontation.

                      Si le salaire des salariés était déterminé en fonction de son potentiel et des risques (et évalué en fonction des résultats) il n’y aurait aucune discussion.

                      Il y a très peu voir pas de discussion dans les multinationales US qui fonctionnent ainsi …

          • Et « Finalement, les banques n’auraient jamais « monté le même mécanisme » puisqu’elles s’en foutent de « booster l’économie », de « faire de ce pays un pays de propriétaires » ou autres fadaises…  »

            Vous avez une vision très zéro neurones des banques : même les plus petites ont une stratégie économique : elles ont absolument besoin de se caler sur les demandes de leurs clients pour se différencier : ce n’est pas l’état qui veut faire des propriétaires, ce sont les clients des banques qui veulent devenir propriétaires …

            L’Etat n’est qu’une mafia qui organise les désirs des gens.

            • Pas d’accord du tout.

              Personne n’a de « stratégie économique » dans le sens de « vouloir créer un dynamisme » ou « former une économie de propriétaires » ou … Sauf les politiciens, bien sûr, ainsi que les média.

              Pour le reste, les gens ne veulent pas vraiment devenir propriétaire, ce sont les incitations et l’environnement légal qui créent cela. Il n’y a guère il y avait moins de 15% de propriétaires en Suisse. La France était remplie de jeunes locataires, et seuls les vieux étaient propriétaires. La logique économique le veut, d’ailleurs : il est plus simple d’être locataire quand on est jeune, d’épargner puis d’investir dans l’achat d’un bien immobilier quand la retraite se profile. Et hors contexte légal/réglementaire particulier, le cout net réel du logement en tant que locataire et propriétaire est grosso le même (sous contrainte d’arbitrage).

              L’État hélas est bien une mafia, mais il va bien plus loin que d’organiser les désirs, il les crée ou les supprime à coup d’incitations et de taxes (enfin, pas les désirs « rêves », mais les désirs « réalités » solvables). Les grands délire sur l’homosexualité, l’écologie etc. en sont une illustration flagrante : cela n’intéresse pas 2% de la population et encore, mais c’est devenu un point central de la vie des gens…

              • 90% des gens vont chez le coiffeur pour se faire couper les cheveux, chose qui est totalement inutile, mais perpétuel (les cheveux repoussent). Je peux vous assurer que les entreprises comme L’Oréal, Schwarzkopf, dépensent des fortunes pour créer ce dynamisme.

                L’Etat n’a pas le monopole de l’organisation des désirs des gens, même si il cherche à l’avoir ou à le régenter.

                • 90% des gens se coupaient les cheveux avant même que l’oréal existe, il est des besoins sociaux qui existent en dehors de tous contexte économiques. 100% des gens portes des chaussures ou en porterait si ils pouvaient en acheter. 100% des mahory sont tatoués et à ma connaissance aucune multinationale n’a créés ce « dynamisme ».
                  L’état se moque bien des désirs des gens tout ce qui lui importe c’est l’exercice du pouvoir et les avantages qu’il procure. de fait l’état se préoccupe surtout du fait que les gens est un « désir d’état », une dépendance vis à vis de lui. Après ça, nos gouvernant se moquent de savoir si nous sommes accro au fromage de brebis ou au port de chaussette rouges.
                  Il est vrai que les entreprises d’une part suive de prés la mode et les désirs et essais toujours d’anticiper ou de créer de nouveau besoins. ça tombe bien c’est exactement ce que les gens attendent des entreprises : leur fournir des services et leur proposer de nouveaux produits. personne n’est duper dans la relation client fournisseur alors que la relation gouvernant/gouverné est une gigantesque partie de poker menteur.

          • ph11…

            J’aime le titre de Contrepoints « nivellement par le haut ». Quand je lis tous vos commentaires laissés ici, je pense à « nivellement par le bas ». L’inconvénient dans les commentaires de Contrepoints, c’est qu’il n’y a aucun contrôle de la qualité.

            Moi, je n’aurai jamais laissé passer des commentaires de quelqu’un avec un QI à 2 chiffres (et quand je dis 2 chiffres, je suis généreux avec vous). Effectivement, comment pourrais-je vous oublier, au vu du niveau exécrable de ce que vous écrivez ?

            Quand je dézingue ici même les libertariens, ce qu’on m’a d’ailleurs reproché par moment, je pensais de façon générale aux gens comme vous, i.e., ceux qui font des commentaires qui veulent rien dire et qui n’ont jamais rien appris de l’économie mais qui ne s’empêchent pas pour autant de jouer les fier-à-bras. Le genre de personne que je ne peux pas sentir, quoi.

            Franchement, si vous n’avez rien à apporter à la discussion, passez votre chemin. Enfin, si vous vous souciez de la qualité des commentaires de Contrepoints bien sûr.

        • Stéphane Boulots, il me semble que vous n’avez pas tout compris de mon commentaire laissé ici. J’avais dit que l’expansion monétaire est à l’origine des crises.

          D’un autre côté, il est vrai que toutes les crises sont uniques (e.g., historiquement, on voit généralement des bulles immobilières, boursières, technologiques, e.g., chemins de fers, dot-com). Je ne l’ai pas dit, mais il l’ABCT n’est pas censé expliquer où les bulles se forment et éclatent, car il ne dit pas où exactement va la monnaie. Par contre les facteurs comme les régulations/dérégulations et innovations peuvent commander là où ira la monnaie. Mais l’ABCT dit que sans expansion monétaire, pas de crise ni spéculation boursière prolongée.

          Sans expansion monétaire, les montages financiers ne peuvent pas générer des bulles. On peut toujours parler de l’opacité financière, qu’on dit souvent être responsable de la crise des subprimes. Qu’à cause du fait que les agences de notations ne sont pas fiables (conflits d’intérêts) alors les banques ont pu continuer leurs petites manigances. C’est le même problème souligné concernant Enron. Mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte que ce sont les réglementations qui sont responsables de la faillite des agences de notations qui auraient pu (et dû) réguler tout le marché. Mais comme je l’ai dit, ça change rien au fait que sans expansion monétaire, la hausse (relative) de demande de crédit conduit à une hausse des taux d’intérêts, ce qui arrêtera alors la formation des bulles.

          • @M.H.

            Ok, alors nous sommes entièrement d’accord : je dis également que le volume monétaire doit rester stable(au delta près des effets de variations relativement infimes apportés par la croissance et l’inflation/déflation).

            C’est pour cela que je vois pas en quoi un marché concurrentiel de crédits pourrait régler des problèmes qui comme vous le dites sont largement exogènes (réglementation, montages etc…) : la seule solution étant de supprimer ces problèmes exogènes, en responsabilisant les bricoleurs de tout poil qui jouent avec l’argent des autres (les Etats en premier)

          • Ok sur le 1er paragraphe (quoi que je suis partisan de la théorie du Free Banking, qui fait l’hypothèse que l’optimalité serait de laisser le volume monétaire fluctuer en fonction de la demande de monnaie*), mais concernant le 2ème, je ne suis pas sûr de savoir ce que vous entendez par marché concurrentiel de crédits. Si vous faites référence à l’émission de monnaie, dont les banques centrales ont le monopole, je pense que ça pourrait quand même atténuer (un petit peu) les malheurs. Par exemple, la théorie Diamond-Dybvig prédisait que les paniques bancaires (pas « crise » mais « panique ») sont le fait d’asymétries d’informations, inhérentes au libre marché. Je pense que ceci est faux, car aujourd’hui, les banques centrales ont le monopole d’émission, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de concurrence de monnaie bancaire. Selgin dans son livre Theory of Free Banking (1988) et dans une interview disait que si concurrence de monnaie il y avait, alors dès qu’une banque (A) connaît des problèmes de solvabilité, le marché financier « attaquerait » directement la monnaie émise par cette banque (A) tandis que la valeur de la monnaie émise par les autres banques (B, C, D, E, etc.) reste intacte. Grâce au fait que les gens voient distinctement que la valeur de la monnaie de banque A diminue, mais pas celles émises des autres banques, ils ont la certitude qu’elles sont financièrement saines, il se produit donc ce qu’on appelle un « flight to quality » où les agents économiques retirent leurs économies de la banque A pour les mettre dans des banques plus solides (B, C, D, E, etc.). Si, en revanche, il n’y a pas de concurrence, alors il n’y a qu’un seul type de monnaie émise, celle de la banque centrale. Dans ce cas, si la faillite d’une très grande firme entraîne la faillite d’une banque, les gens ne savent pas si d’autres banques ont été touchées (asymétrie d’information), donc tout le monde va avoir tendance à retirer tout son argent, provoquant ainsi une panique bancaire, et mettre les banques (mêmes solides) en mauvaise situation.

            Evidemment, je ne dis pas que c’est à l’origine des crises, mais en cas d’absence de concurrence dans l’émission monétaire, les chocs et cycles économiques vont avoir des effets beaucoup plus graves sur tout le système bancaire, à cause justement des effets de paniques décrits par Diamond & Dybvig.

            Je dis ça car c’est important. Beaucoup de gens n’arrêtent pas de dire que les asymétries d’informations sont des illustrations de défaillances du marché. Je viens de montrer un exemple de réglementation qui engendre des asymétries d’information.

            * par demande de monnaie, ce n’est pas dans le sens keynésien, mais plutôt comme Selgin l’entend, i.e., si la vitesse de rotation de monnaie diminue, l’effet est le même qu’une hausse d’épargne (i.e., les gens consomment moins) et dans ce cas les banques auront tendance à augmenter le crédit en fonction de la hausse de demande de monnaie. Ce n’est pas un problème selon Selgin, puisque comme les autrichiens le disent, l’expansion monétaire est dangereuse uniquement parce que les individus n’ont pas le désir de consommer moins. Le débat qui reste en suspens est de savoir qui a raison, des 100% full reserve bankers comme vous, ou des fractional reserve free bankers comme moi. Personnellement, je pense que les deux systèmes marcheraient tout aussi bien, mais je pense que dans un marché libre, il est impossible d’avoir le 100% full reserve. Je pense que l’histoire l’a montré. Dès que les gouvernements avaient laissé les banques opérer comme elles voulaient (e.g., Ecosse), elles on toujours pratiqué la fractional reserve banking.

            • « l’expansion monétaire est dangereuse uniquement parce que les individus n’ont pas le désir de consommer moins »

              Correction -> « uniquement quand les individus »

            • Je vous entend et cela a un sens, mais je pense que « le marché financier « attaquerait » directement la monnaie émise par cette banque (A) tandis que la valeur de la monnaie émise par les autres banques (B, C, D, E, etc.) reste intacte. » est un leurre : la première chose qui me viendrait à l’idée dans cet environnement et si j’étais gestionnaire d’actif dans la banque A, serait de me couvrir en monnaie B,C,D,E pour couvrir mes risques … d’où effet domino (à moins de cloisonner hermétiquement et légalement les monnaies, ce qui serait clairement une véritable usine à gaz)

              Comme dit sur mon post plus haut en réponse à Franz (et c’est mon argument sur le paragraphe #1) la seule véritable valeur de la monnaie est d’être un instrument de mesure. D’où ma position de défendre une vision purement monétariste et avec le moins de monnaies possible, afin d’augmenter les responsabilisation des acteurs économiques (dont les Etats)

            • « je ne dis pas que c’est à l’origine des crises » : vous devriez ! Les crises systémiques sont intimement liées au défaut de concurrence monétaire qui encourage les comportements irresponsables et sanctionne les comportements vertueux. Ce qui est vrai pour la monnaie l’est également pour n’importe quel bien, la monnaie étant un bien comme un autre. Tout monopole a en effet pour objet de déresponsabiliser ses bénéficiaires en transférant la charge de la responsabilité à ses victimes. A cet égard, l’exemple du QE scandaleux de SuperMariole est édifiant. Nous devrons en supporter les conséquences néfastes pendant longtemps.

            • Stéphane Boulots: si la monnaie banque A subit une décôte (discount) sur le marché financier, alors il est logique de penser que les autres banques vont demander des « primes de risque ».

              Cavaignac: je dis que c’est non, et que vous vous trompez. Ce n’est pas le monopole monétaire lui même qui est à l’origine de l’expansion de crédit, car ça voudrait dire que sans monopole, il ne pourrait jamais y avoir de sur-expansion, ce qui est indéniablement faux. Ce qui engendre le risque de mauvaise monnaie qui chasse la bonne, c’est le cours légal, qui est à la source même du « Gresham’s law ». J’en ai parlé en long et en large ici. Je le dis, ça n’a rien à voir avec le monopole d’émission.

              • Je ne comprends pas votre remarque alors je suppose que nous parlons de la même chose. La concurrence monétaire signifie que nul n’est contraint d’utiliser une monnaie en particulier s’il ne le souhaite pas. Comment parvenir à imposer un monopole d’émission sans cours légal ? On se le demande. A la rigueur, il est possible d’imaginer un système de concurrence monétaire combiné à un cours légal pour plusieurs monnaies autorisées, mais cela revient à fabriquer un nouveau monopole par effet d’accumulation. Le principe de la concurrence, c’est qu’une nouvelle monnaie d’usage libre peut apparaître ou disparaître à tout instant, ce qui est parfaitement incompatible avec un cours légal.

                Enfin, l’hypertrophie monétaire n’a d’intérêt que s’il y a des victimes pour en assumer les pertes à la place des bénéficiaires. Rares seront les banquiers se suicidant en imprimant à gogo s’ils ne trouvent pas de pigeons à voler.

                • @Cavaignac : vous imaginez vraiment Apple, Boeing ou Renault se prendre la tête avec des brouzoufs du crédit municipal de Corrèze ?

                  On en revient au cours légal d’une façon où d’une autre : ce qui importe est la monnaie en tant qu’unité de valeur et la multiplication des monnaies ne change absolument rien au problème : l’unité de valeur est une norme, et qu’elle soit implémentée de façon monopolistique ou qu’elle soit la résultante d’un marché libre des monnaies ne change absolument rien.

              • @M.H. vous avez raison, mais ce n’est qu’une solution à postériori et qui finit par des primes de risques dans tout les sens : les banques très nombreuses étant forcément petites, donc inflation des primes de risques, couvertures croisées, etc … bref une usine à gaz qui n’empêche pas l’effet domino.

                • Pas forcément.
                  Les primes de risque n’ont pas à s’empiler, les échanges à être superposés. Le marché permet au contraire la mise en relation directe de deux petits à bas cout. Pensez eBay, Amazon market place, AliExpress etc. cela vous permet, particulier d’un coin du monde de faire du business avec un gus qui a monté une boite avec deux potes en Chine ou au Texas.
                  Par ailleurs les fameux « produits dérivés » tant décriés également dans les médias comme « cause et amplificateurs de la crise » permettent au contraire de gérer ces risques et cette mise en communication entre prêteurs et emprunteurs en réduisant au maximum le risque systémique (s’ils sont utilisés de façon « naturelle et libre » et non à cause d’une réglementation ou d’une autre… là ils peuvent au contraire servir de véhicules de transmission des défauts). et donc de ne pas avoir d’effet domino.

                  Encore une fois, faisons confiance à l’esprit de lucre, à l’avidité des actionnaires et des salariés, ainsi qu’a leur aversion pour le risque ! C’est quand on essaye de faire le bien des autres pour les autres, mais sans jamais risquer la conséquence directe que les conneries arrivent : politiciens et autres disant aux banques, aux investisseurs, aux gens en général, ce qui est bon pour eux, leur interdisant ce qui est « mauvais pour eux » etc. et cela avec un règle unique pour tous les cas, éminemment différents, bien sûr.

                  • Vous avez raison : la mise en relation directe fait complétement sens … mais dans ce cas, on ne parle plus monnaie au sens unité de valeur, mais de technologie qui prend en charge l’échange et le stockage.

                    Le problème est la gestion de multiples monnaies ayant des taux de changes fluctuants les unes envers les autres, et des effets que cela implique.

                    Pour revenir à mon exemple donné à Cavaignac : vous imaginez vraiment Apple, Boeing ou Renault se prendre la tête avec des brouzoufs du crédit municipal de Corrèze ?

                    Au maximum, les multinationales se positionneraient sur quoi ? 1 à 10 monnaies (comme par hasard, les mêmes, histoire de simplifier leurs échanges, et une dizaine afin de limiter les risques, pas plus pour éviter les fluctuations imprévisibles de taux de change) … effet domino, couverture croisées, empilement des primes de risque, connivences, etc… garantis.

                    Il y a même très fort à parier qu’elles se limiteraient à 1 si elles avaient le choix …

                  • Stéphane Boulots: « Le problème est la gestion de multiples monnaies ayant des taux de changes fluctuants les unes envers les autres, et des effets que cela implique. … Il y a même très fort à parier qu’elles se limiteraient à 1 si elles avaient le choix … »

                    Là, je ne suis pas d’accord. Si vous jetez un oeil à cet extrait de Good Money (Selgin 2008), vous allez comprendre. Le texte est long, mais j’ai surligné les passages les plus importants. Donc, ça devrait pas être trop long à lire. Voici ce qui est, je pense, mon passage préféré :

                    Why did the private sector turn out such nice coins? It did so, first of all, because nice coins were good publicity. At a time when there was no national press and when advertisements still consisted of mere notices, tokens “were one of the few media where persuasive – even aggressive – advertising could flourish” (Mathias 1962, 36). Although every token was good for some sort of publicity, the treatment of tokens as advertising platforms is most obvious in some tokens issued by retailers. […]

                    But private coin issuers had a second, still more practical reason for commissioning coins of the highest possible quality. Such coins were harder to counterfeit, or to counterfeit convincingly. Their issuers were therefore better able to spot fakes and thus avoid redeeming them.

                    Comme vous pouvez le voir, la multiplicité des monnaies rendait plus difficile la contrefaçon, tout simplement parce que la qualité de la monnaie les rend difficiles à contrefaire. C’est la magie de la concurrence. Cerise sur le gâteau, à l’époque, grâce au fait notamment de ces merveilles de pièces qu’on produisait, il existait ce qu’on appelait un marché des collectionneurs. Parfois, ces collectionneurs étaient embauchés pour… détecter les contrefaçons ! Incroyable non ?

                    Et devinez quoi… l’entreprise publique nommée « Royal Mint » à cette époque en Angleterre était souvent victime de contrefaçons. La raison ? La pauvre qualité de ses pièces, bien sûr. Je soupçonne que vous comprenez; c’est la conséquence inévitable quand une entreprise n’est pas aiguisée par le profit et la pression de la concurrence. Elle se fait éjecter du marché, ou doit se faire subventionner pour continuer à subsister.

                    Si le sujet vous passionne, achetez le bouquin (je le possède chez moi). Il est excellent à lire, bien que certains vocabulaires soient très techniques et spécifiques, ce qui fait que j’ai eu des difficultés à lire certains passages.

                    • @MH : Je comprend la logique entre différenciation d’un coté et standardisation de l’autre, mais la logique d’une multi nationale est assez éloignée de cela : leur organisation financière fonctionne comme une pyramide dont le sommet serait les actions et la base les transactions unitaires de vente.

                      La base fonctionne en monnaie disparate : les multinationales ont à gérer des multitudes de monnaies nationales, mais dès que l’on monte dans la pyramide (et le plus vite possible), la traduction est faite dans la monnaie dans laquelle les stocks sont émises.

                      Ce qui veut dire que l’unité de compte interne est unique, et cela pour des raisons de simplification (il ne faut pas oublier que ce sont des humains qui ont à gérer des milliards de transactions agrégées), mais également de réduction des risques (fluctuations de changes) et parce qu’en fin de compte, il faudra bien n’utiliser qu’une seule monnaie quand on arrivera au niveau stock (haut de bilan)… qui quelque part est l’instrument de mesure ultime.

                      Il est un autre facteur : comme je l’ai dit dans un autre commentaire, la gestion se fait en regardant ‘en avant’ : c’est à dire en évaluant les performances en terme de ‘forecast’, ‘potential’ et ‘risk’, et le risque est un facteur énorme de décision, d’où les efforts pour réduire ceux-ci, le change en étant un très important. Comme ce n’est pas le métier d’une multinationale de faire de la finance et de la gestion de risque sur les marché des changes … ils préfèrent simplifier à ce niveau de business et laisser les professionnels bancaires s’amuser avec cela : toute multinationale cherchant en permanence à se concentrer sur son cœur de métier.

                      Comme les transactions entre multinationales ne se passent pas en bas ni en haut de la pyramide, mais au milieu, on retrouve également l’unicité de la monnaie, à ce niveau de business. Pour ce qui est des transaction avec les acteurs locaux, les particuliers etc… la monnaie locale est utilisée, et il est assez probable que vous ayez raison : à se niveau, les monnaies libres peuvent avoir leur place.

                      Mais ce n’est qu’un mirage : en réalité, la grande majorité du business se fait en monnaie de référence et l’influence des monnaies locales restera toujours extrêmement limitées, car elles seront assujetties à un cours ‘de référence’ qui est assez assimilable au cours légal.

                      J’espère que cela fait sens ! Ceci dit, les choses peuvent se transformer rapidement, mais la mise en place d’une référence monétaire unique (le dollar, puis le couple Euro – Dollar) a vraiment été un facteur d’expansion pour ses boites.

              • Cavaignac, je vous recommande de lire cet extrait de The Ethics of Money Production.

                Voici les deux passages à retenir :

                Notice that monopoly coinage per se cannot entail inflation on any quantitatively significant level. This is most certainly so in the case of sound coins. But even in the case of debased coins, inflation is likely to be very limited. The reason is that monopoly privileges “merely” outlaw alternative monies or money certificates. They cut down the menu from which money users may choose, but they do not prevent them from evaluating the monopoly monies as they see fit. In the case of debased coins, this means that monopoly laws leave the people at liberty to distinguish between old coins (which contain more fine metal) and the new debased coins.

                […]

                Suppose for example that both gold and silver are legal tender in Prussia, at a fiat exchange rate of 1/20. Suppose further that the market rate is 1/15. This means that people who owe 20 ounces of silver may discharge their obligation by paying only 1 ounce of gold, even though they thereby pay 33 percent less than they would have had to pay on the free market. Prussians will therefore stop making any further contracts that stipulate silver payments to protect themselves from the possibility of being paid in gold; rather they will begin to stipulate gold payments right away in all further contracts. And another mechanism operates to the same effect. People will sell their silver to the residents of other countries, say England, where the Prussian fiat exchange rate is not enforced and where they can therefore get more gold for their silver. The bottom-line is that silver vanishes from circulation in Prussia; and only gold continues to be used in domestic payments. The overvalued money (here: gold) drives the undervalued money (here: silver) out of the market. This phenomenon is called “Gresham’s Law.”

                Autrement dit, le monopole d’émission n’attaque pas le choix individuel. Avec le cours légal, on incite (ou force) l’individu à faire le choix de la mauvaise monnaie car c’est le choix le moins coûteux.

  • Dans les années 70 Nixon aux US (et l’Europe qui bien sûr a suivi) a destandardisé le dollar de l’or (en gros avant on ne pouvait pas créer plus d’argent qu’il n’y avait de réserve d’or, permettant ainsi une monnaie stable). Conséquence, l’état, dès qu’il en a besoin (pour se rendre plus important /légitime et/ou par opportunisme court_termiste électoraliste), crée de l’argent (Fiat money en anglais) sorti de nulle part (un faux monnayeur légal) et le diffuse dans l’économie. Cette création monétaire a plusieurs conséquences lourdes qui expliquent les dérives du système financier. Trois exemples :
    1) Toutes les Crises financières depuis 1929 ont toujours été précédées d’une politique de relance étatique par création monétaire directe(depuis la déstandardisation sur l’or) ou indirecte. cette offre monétaire fictivement augmentée envoie de faux signals aux investisseurs qui croient à tort qu’il est propice d’investir. Une offre se crée sans la demande qui va avec. Des bulles se créent et quand la demande ne suit pas, ces bulles éclatent et la crise se diffuse.
    2) En créant cet argent, l’état créé une offre inadéquate de monnaie et fausse le marché, les prix augmentent (inflation) et la monnaie perd de sa valeur. Du coup, un travailleur, par exemple, qui économise toute sa vie, s’il ne fait rien voit ses économies perdent en valeur chaque année, il va donc le placer dans les marchés financiers , chose qu’il n’aurait jamais pris le risque si l’état laissait la monnaie tranquille .
    3)Quand l’état créé cet argent, ou va t il en premier, les banques. Fortes de cette priorité elles achètent en premier à bon prix dans l’économie réelle et augmentent les prix pour nous les prochains acheteurs. Et Bien sûr elles spéculent et sont plus irresponsables avec un argent qui ne leur appartient pas. Le plus gros scandale, une loi bancaire de l’état appelé réserves fractionnaires : pour faire très simple, pour un million donné à une banque (par un état ou par un particulier) , celle ci peut en créer dix millions, en simplement quelques clics . Comme disait Ronald Reagan, l’état n’est pas la solution, il est le problème. Ce n’est ni le marché libre ou le capitalisme qu’il faut blâmer.
    Le système financier a son utilité mais l’état l’a perverti et rendu plus important que le marché libre ne l’aurai fait.

  • Non à la politique de déréglementation sauvage » on a vu ce que ça donne: les crises financières, des profits énormes pour les banques… MAIS ATTENDEZ, il n’y a pas eu de déréglementation dans la finance, le nombre de réglementations n’a pas cessé d’augmenter. Alors la finance livrée à la loi sauvage du marché alors qu’il y a plus de 45 000 réglementations pour la finance, une banque centrale qui manipule la monnaie et un gouvernement qui renfloue les banques avec l’argent du contribuable, ça a un nom: MYTHE
    http://mercatus.org/publication/did-deregulation-cause-financial-crisis-examining-common-justification-dodd-frank

  • La réglementation bancaire n’est que le cache sex du mariage incestueux entre l’état et les banques. Ce mariage, consommée lors de la création des banques centrales fait que tous le secteur bancaire n’est de fait qu’un administration périphérique de l’état un peu à la manière de la médecine française. Tout comme la médecine en France est soumise à la réglementation de l’état, elle bénéficie également de sa protection : concurrence inexistante, subventions ouverte ou déguisé, monopole, status permettant à la fois la sécurité de l’emploie tout en combinant la possibilité d’enrichissement considérable.
    Bien sur l’état y trouve sont compte, les banques servant idéalement de pompe à fric en détournant l’argent de l’épargne vers les caisse de l’état.
    les dindons de la farce, nous les connaissons bien : les contribuables qui devront éponger des dégâts inévitables d’une telle complicité : bulles, crack, dépressions, pertes de liberté, confiscation…

  • Bush a fait le maximum pour ses sans dents : leur offrir à tous une maison quelle que soient la race et la confession et.. leurs revenus. Les Banques et assurances sont entrées dans la brèche et ont acheté les crédits et les ont manipulé pour en détruire l’essence.
    Il en reste que 43.5% de ces sans dents sont encore propriétaires alors qu’ils n’auraient jamais pu l’être de toute leur vie. Merci la droite libérale…

    • dommage pour vous mais ce n’est pas Bush le coupable mais Clinton qui voulait que les noirs puissent avoir des maisons. Il a fait cela pour se faire réelire. en plus, Bush n’est pas libéral, c’est un néoconservateur favorable à l’état providence. les nécons croient que le peuple a besoin d’une élite pour les diriger

      •  » dommage pour vous mais ce n’est pas Bush le coupable mais Clinton qui voulait que les noirs puissent avoir des maisons  »

        Clinton et…Carter.

        D.J

    • S’il en reste 43.5 %, ce qui est énorme, pourquoi accusez-vous la « droite » libérale ❓

    • Bush, droite, libérale. 3 termes qui ne vont vraiment pas ensemble!

  • Je suis bien d’accord sur l’analyse de baisses de taux d’intérêt avec l’accroissement de la masse monétaire source de bulles spéculative. On pourrait dire que ces baisses de taux sont aussi un facteur aggravant additionnés à celle des lois Community ré-investissment act.

    Dans les facteurs aggravants de la crise de 2008 il faut rajouter la hausses des prix des matières premières comme le pétrole et les hausses des taxes foncières qui ont plombé les ménages surtout les plus fragiles qui avaient fait ces emprunts garantis par Fannie Mae et Freddy Mac.

    La crise de 2008 n’est pas excès de déréglementations mais le contraire additionné d’un politique de la FED sur des taux trop bas et trop longtemps source d’accroissement de la mase monétaire et d’une bulle qui a gonflé un peu trop.

    D.J

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L'influent économiste Olivier Blanchard (ancien économiste principal au FMI) avait prévu, un peu imprudemment, que les taux d’intérêt (réels) allaient rester faibles et inférieurs aux taux de croissance réels pour les 20 prochaines années, et cela pour tous les pays (cf. PIIE, Reexamining the economic costs of debt, O. Blanchard, Nov. 2019). Donc inutile de procéder à un ajustement, la dette publique allait décliner par enchantement.

Pour M. Blanchard, les taux étaient sur une tendance séculaire à la baisse depuis le XIVe siècle… Dans ... Poursuivre la lecture

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Bonne nouvelle pour les partisans du bipartisme : malgré le contexte politique hyperchargé, un nombre sans cesse croissant de personnes de part et d'autre du spectre politique s'accordent sur un point ! Malheureusement, il s'agit d'une notion qui, mal comprise, pourrait saper les politiques et les institutions qui constituent le fondement même du monde moderne.

Ce point d'accord, c'est l'idée que le capitalisme, la mondialisation et le libre-marché ont échoué.

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