Isabelle Massare-Villain vient de recevoir pour son quatrième roman Peine Capitale le prix Maurice Bouvier 2015. Contrepoints a interrogé cet auteur au parcours peu conventionnel…

Contrepoints – Isabelle, félicitations pour votre victoire au prix Maurice Bouvier du roman policier. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce prix ?
Isabelle Massare – Maurice Bouvier, mythique directeur de la police judiciaire, a dirigé, entre autres, l’enquête sur l’attentat du petit Clamart contre le général de Gaulle et celle de la disparition de Ben Barka.
Créé en 2011 par Monsieur Jacques Nain, directeur de la maison d’édition Ed2A, commandant de police honoraire et ancien membre de la brigade anti gang, le prix est décerné chaque année en novembre. Deux raisons à cela. L’une est relative à la dernière affaire d’importance menée par Maurice Bouvier : la traque de Jacques Mesrine qui s’est achevée par la fusillade du 2 novembre 1979. L’autre, plus personnelle, est liée à la date d’anniversaire de mon éditeur.
Le prix Maurice Bouvier récompense ainsi chaque année un roman policier qui rend hommage aux personnels de la police judiciaire mais qui doit également refléter les méthodes ainsi que les réalités juridiques de la PJ.
C’est une grande chance pour un écrivain d’avoir l’assurance d’être lu par un jury composé de professionnels de la police. C’est la raison principale pour laquelle j’ai décidé d’envoyer mon manuscrit aux éditions Ed2A, sans penser un seul instant pouvoir en être la lauréate.
Que pouvez-vous nous révéler sur l’intrigue de votre roman lauréat, Peine Capitale ?
Peine Capitale est un roman policier. Vous comprendrez donc que je ne peux rien vous révéler de l’intrigue. Je peux simplement vous dire que cette enquête, dirigée par une femme commandant, se déroule à Paris et s’inspire partiellement d’une histoire vraie, ce qui, la lecture une fois terminée, risque de vous faire frissonner quelques instants supplémentaires ! Les premières critiques font également état d’un final haletant.
Votre parcours est original : école de commerce, publicité/communication, mère de famille. Comment avez-vous réussi cette reconversion ? Qu’est-ce qui vous a motivé à le faire ?
Un début de parcours assez classique : une école de commerce puis un troisième cycle de publicité pour ensuite travailler pendant une dizaine d’années dans la presse et l’organisation de salons professionnels. Ce métier me procurait beaucoup de satisfaction mais s’est assez vite révélé incompatible avec ma vie de famille. J’ai donc décidé de m’arrêter pour pouvoir m’occuper de mon fils. Mais les enfants grandissent vite et, à un moment, j’ai souhaité retrouver une activité. En vacances sur une plage de Méditerranée, j’attendais mon mari qui passait son diplôme de plongée et me suis dit qu’il serait intéressant d’imaginer un crime dans le milieu de la plongée sous-marine. Je suis partie acheter un cahier et un stylo et c’est comme cela que ma seconde vie « professionnelle » a débuté.
Mes trois premiers romans étaient des romans que je qualifierais de « régionaux », c’est-à -dire dont l’intrigue criminelle se situait dans une région bien précise (Cadavre aux olives en Provence, Un rendez-vous qui sent le sapin dans le Jura et La valse des corps-morts sur le bassin d’Arcachon).
Peine Capitale est différent. J’ai écrit le manuscrit dans l’optique de le proposer au prix Maurice Bouvier. Il fallait donc que l’enquête soit menée par une équipe de la brigade criminelle à Paris, ce qui m’a conduit à mener des recherches approfondies sur son fonctionnement pour ne pas commettre d’erreurs. Je n’ai pas eu beaucoup de mal à me documenter sur ce domaine précis car la Crim’ a fêté ses 100 ans en 2013 et de nombreux reportages ont célébré cet évènement. Sans compter le déménagement de tout le personnel du Quai des Orfèvres prévu en 2017 dans le 17ème arrondissement de Paris, qui a donné lieu à de nombreux articles dans la presse.
Quelles sont vos sources d’inspiration ? Comment procédez-vous pour vos recherches ?
Enfant, je ne lisais pas énormément. Les seuls livres que je dévorais étaient déjà des policiers : Agatha Christie, Charles Exbrayat, Maurice Leblanc, Gaston Leroux. À la télévision, j’étais une grande fan des « Brigades du Tigre » et de « Vidocq », le père de la police judiciaire.
Mes sources d’inspiration sont très variables. Par exemple, pour mon avant-dernier roman, je travaillais avec mon fils sur son exposé de physique qui traitait des éclipses solaires. J’ai tout de suite pensé qu’il serait original d’imaginer un criminel commettre son acte durant ces quelques secondes où le soleil disparait complètement derrière la lune.
Concernant l’intrigue de Peine Capitale, j’avoue avoir mis un peu de temps à retrouver l’inspiration. Puis un jour, j’étais dans le cabinet d’un médecin qui, en m’auscultant, m’a raconté une histoire qui s’était déroulée pendant son internat. Cette histoire m’a fait froid dans le dos et j’ai immédiatement compris que je tenais l’idée de départ.
Une fois la trame bien calée et les personnages installés, je réfléchis à la fin qui ne sera jamais plus modifiée par la suite. Puis, j’effectue des recherches, j’invente des histoires secondaires, des rebondissements.
Pour mes recherches, je lis beaucoup de romans policiers, je regarde la télévision et suis toujours à l’affût de faits divers. Bien entendu, internet me facilite énormément la vie mais il faut rester très vigilant et recouper les informations pour être certain de ne pas commettre d’erreurs (notamment sur les sujets de médecine légale).
Une fois le manuscrit rédigé, le plus dur commence : la relecture, traquer toutes les incohérences, les fautes, développer certaines scènes, en supprimer d’autres. C’est une grande satisfaction de mettre le point final à un roman.
Il ne reste plus qu’à attendre les remarques et les critiques des lecteurs (proches ou inconnus). Le moment le plus stressant…
- Isabelle Massare-Villain, Peine Capitale, éditions Auteurs d’aujourd’hui, novembre 2014, 182 pages.
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Entretien réalisé par Guillaume Kalfon pour Contrepoints.
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