Les 5 présidents africains les plus inefficaces

Présentation annuelle de l’index de bonne gouvernance d’Imani Ghana pour la mesure des performances des présidents démocratiquement élus.

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Le président Nigérian Goodluck Jonathan lors d'une visite en Afrique du Sud (Crédits GovernmentZA, licence Creative Commons)

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Les 5 présidents africains les plus inefficaces

Publié le 18 août 2014
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1. Goodluck Jonathan – Nigeria (30%)

Le président Nigérian Goodluck Jonathan lors d'une visite en Afrique du Sud (Crédits GovernmentZA, licence Creative Commons)Le gouvernement nigérian sous l’égide de Goodluck Jonathan affiche la plus mauvaise performance de l’index de bonne gouvernance depuis son introduction avec un score de 30%.

L’avenir de la population encore très jeune demeure incertain. Les crimes économiques prennent une direction irréversible et les institutions légales (EFCC et CIPC) créées pour y faire face ont été marginalisées dans leur fonction et sont pratiquement inexistantes, donnant donc libre cours aux hommes politiques tels que les gouverneurs et les ministres pour ravir des fonds publics mis à leur disposition.

Le développement des infrastructures de base telles que les routes et l’électricité sont à la traîne. En conséquence, le secteur industriel est paralysé, obligeant grand nombre d’usines à fermer et de nombreux magasins à fermer.

L’état d’insécurité dans le pays est permanent. Des explosions (de bombe) y sont régulières et des enlèvements de la part de la secte islamique, Boko Haram sont à l’ordre du jour – le plus inattendu étant l’enlèvement de plus de 200 écolières il y a quelques mois à Chibock, situé dans l’Etat de Borno au Nord du pays. Une question qui affaiblit beaucoup Goodluck Jonathan, incapable d’être à la hauteur des attentes de son peuple.

2. Uhuru Kenyatta – Kenya (35%)

Le président kenyan Uhuru Kenyatta en 2013 (Crédits Abayomi Azikiwe, licence Creative Commons)Le bilan kényan de la démocratie est particulièrement négatif et pathétique, ses dirigeants politiques ayant favorisé la poursuite de leurs intérêts personnels au détriment du développement du pays. La gouvernance de M. Kenyatta au Kenya affiche un score de 35%. Une performance peu encourageante.

Pendant presque deux décennies, le pays a été plongé dans des conflits parfois hors de contrôle, par des dirigeants politiques comme Mwai Kibaki, Raila Odinga, William Wruto et Uhuru Kenyatta, crises au cours desquelles plusieurs centaines de milliers de personnes ont perdu la vie et une grande fraction de la population a été déplacée.

L’insécurité fait toujours actualité dans le pays. Aujourd’hui, Uhuru Kenyatta et William Ruto sont respectivement président et vice-président ; et avec beaucoup de regret, on doit reconnaitre qu’ils ne sont pas à la hauteur des attentes du peuple. Sous l’administration de M. Kenyatta, la population se sent de plus en plus incertaine de l’avenir ; l’insécurité, le tribalisme, la corruption, les lourdeurs administratives sont des moteurs paralysant l’économie kényane.

3.  John Mahama – Ghana (35%)

John Dramani Mahama, président du Ghana (Crédits World Economic Forum, licence Creative Commons)La présidence ghanéenne de John Mahatma se caractérise par une multiplication des difficultés traversées par la population et le désespoir que cette dernière affiche dans l’économie, avec un score de 35%. Certes, M. Mahama dirige un pays considéré comme le hub économique de l’Afrique de l’Ouest, admiré comme le « vrai modèle » de la démocratie africaine et dont l’économie a toutes ces années été jugée dynamique. Mais les points négatifs ne manquent pas : augmentation constante du prix des produits pétroliers, mauvaise gestion des fonds publics, corruption manifeste, incompétence et inexpérience des ministres à fournir des solutions aux problèmes de base du pays et mettre en œuvre des politiques dans l’intérêt de la population sont parmi quelques-uns des défis auxquels doit fait face le gouvernement sous son leadership.

Certaines écoles publiques manquent de matériels adéquats (craies, livres pédagogiques…), les programmes d’alimentation scolaire sont en dette, le pays subit des coupures électriques quasi quotidiennes, le chômage (des jeunes) est à la hausse… En dépit de toutes ces difficultés, M. Mahama a récemment sollicité un prêt de 156 millions de dollars auprès de la Banque mondiale dont une grande partie sera consacrée à la distribution de serviettes hygiéniques aux écolières – une nouvelle initiative entreprise par le président en vue d’aider les parents n’étant pas en mesure de les acheter pour leurs filles… Les manifestations, les grèves et les protestations populaires font partie intégrante du bilan qu’il laissera à la fin de son mandat.

4. Jacob Zuma – Afrique du Sud (40%)

Zuma attends a Tombstone UnveilingL’administration Zuma a titubé d’un scandale à l’autre au fil des années et l’économie sud-africaine rencontre des difficultés à rebondir malgré les promesses incessantes du président. Cet environnement fait que l’administration Zuma n’enregistre que 40% du score maximum possible de l’indice.

En Afrique du Sud comme dans de nombreux pays africains, le système juridique est manipulé pour favoriser et protéger les détenteurs du pouvoir politique ou de leurs proches.

La corruption règne aux plus hauts échelons, y compris très certainement chez Jacob Zuma. Compte tenu des difficultés qui contraignent le système éducatif, il est incapable de fournir les services les plus élémentaires. Des grèves ouvrières, le népotisme, le clientélisme et le tribalisme sont des sujets d’actualité quotidienne.  La nomination récente par Jacob Zuma de sa fille âgée de 25 ans à la tête d’un portefeuille ministériel souligne à juste titre le bien fondé des accusations qui le visent. Cette nomination a été ouvertement critiquée par certains membres de son propre gouvernement, du fait de l’inexpérience et l’incapacité de sa fille à assumer les responsabilités d’un tel poste.

5. Alassane Ouattara – Côte d’Ivoire (40%)

Le président ivoirien Alassane Ouattara (Crédits CSIS, licence Creative Commons)M. Ouattara est assis sur un «trône de sang », c’est ainsi que l’ont baptisé certaines figures de la classe politique ivoirienne. Il ne pouvait pas assumer la présidence sans  le soutien apporté par les puissances occidentales, en particulier la France. Les forces militaires françaises ainsi que celles des Nations Unies ont collaboré pour renverser Laurent Gbagbo, l’ancien président de la Côte d’Ivoire, accusé d’être un dictateur ; il avait refusé de reconnaître sa défaite suite aux élections présidentielles de novembre 2010.

Après son accession à la présidence, M. Ouattara était censé influencer positivement le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire pour qu’y règne un climat de paix et de sécurité, mais l’expérience montre le contraire. Il utilise la justice du vainqueur pour protéger ses alliés et loyalistes qui ont été impliqués dans les combats de la période post électorale.

Compte tenu des faiblesses que présente le système éducatif, et de la hausse du taux de pauvreté, nombreux sont les jeunes qui abandonnent l’école pour le gangstérisme et le banditisme. Le plus grand producteur mondial de cacao a des défis d’infrastructure de base ; et les conditions de vie des agriculteurs demeurent très fragiles.

Définition :

L’Index de Bonne Gouvernance d’Isidore (IBGI) emploie toute une gamme d’indicateurs nationaux et d’enquêtes sur les principales thématiques de gouvernance pour la mesure de la performance des présidents des pays dits démocratiques.

Un score entre 70 et 100% signifie une bonne performance. En moyenne, un score oscillant  de 50 à 60% signifie une performance généralement acceptable. En revanche, un score en dessous de 50% signifie une mauvaise performance.

Pour plus d’informations sur le classement : www.imanifrancophone.org/fr-dossier-special-classement-ibg-2014

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  • à qd le même classement pour l’europe ainsi que pour le monde ??? j’ai mon idée sur le président le plus inefficace….je crois qu’hollande bat largement tous les records

  • Aucun racisme dans mes écrits mais depuis que les blancs laissent le pouvoir à la caste noire an afsud , on voit bien que ce pays se paupérise voire se zimbabwise … lamentable échec , pauvre afrique incapable de se prendre en main ..

    • bonjour enjoy,difficile d’exprimer clairement son avis sur les situations pourtant avérées de ces pays ,ce sans être immédiatement taxés de racisme ou d’affreux colonisateur .
      Lorsque l’on a vécu quelque peu dans ces pays , comme résidents ,comme coopérants ,comme navigants fréquemment en escales ,comment faire comprendre sa déception ,eu égard à l’attachement que vous éprouviez alors en comparaison avec ce qu’une poignée de dictateurs au petit-pied ont fait de ces pays naguère riants et colorés .Oh ,bien sûr ,les noirs du port ou de la rue étaient plus mal lotis que les blancs des beaux quartiers de Durban ,East London ou Port Elisabeth .Nous autres français de passage étions sans doute naïfs de croire que la fin de l’apartheid allait amener une sorte de bien être ,d’amélioration voir un jour d’égalité …hélas hélas Vous me direz , les Maghrébins aussi ont crus que le départ des français arrangerait tout ….eh non !

      • Vous savez, en France, il y a longtemps qu’on a pas ete colonise, et pourtant… Avoir un mauvais president et un appareil politique dysfonctionnel c’est a la portee de tout le monde.

    • Un des meilleurs pays africains est le Botswana, c’est un peu la Suisse de l’Afrique, démocratie (certes imparfaite), faible corruption, commun law, liberté économique élevée (bien plus que la France), libertés fondamentales très respectées, économie prospère, le seul point négatif est la forte proportion d’individus atteints du VIH.

      Dommage que d’autres pays africains ne s’en inspirent pas.

  • heureusement que hollande n est pas africain ,car lui aussi serait premier !!!

  • et quid de la gouvernance de Robert Gabriel Mugabe ?
    Quand on voit l’Etat dans lequel a sombré le Zimbabwe on peut légitimement se poser la question.

    • Le classement concerne les chefs d’état démocratiquement élus.

    • Ah bon le Zimbabwe sombre ? On doit pas avoir les mêmes critères d’appréciation…
      En fait vous êtes ignorants des réalités, une photographie même si elle est juste ne constitue pas toute la complexité de la réalité.
      Au fait les pays occidentaux étant tous en récession, avec une hyper classe politique engluée dans la corruption jusqu’au coup, incapable de solutionner les problèmes de l’heure à tous les niveaux (y a qu’à voir les jeunes européens qui fuient en masse leurs pays et que les médias se gardent bien d’en faire état), d’après vous leurs dirigeants seraient à quelle place ?

      • c’est vous qui êtes ignorant et de mauvaise foi. regardez un peu la situation économique avant que mugabe arrive au pouvoir. le zimbabwé est devenu l’un des pays les plus pauvres. malgré qu’elle possède bcp de terres agricoles, il y a la famine. regardez un peu le niveau de corruption entre les pays européens et le zimbabwé (ainsi que les autres pays d’afrique).il y a pas photo. pour ce qui est de l’émigration, on pourrait dire la meme chose du zimbabwé. votre logique est d’ailleurs complétement absurde. les jeunes européens ne fuient pas en afrique. ils fuient principalement dans d’autres pays d’europe comme le royaume uni ou aux usa ou e australie,…..

  • Vous en oubliez un mais un vrai celui-là…..notre François national qui dans son af-fric est quand même une belle espèce d’inefficacité.

  • le notre est pire que tout les cinq réunis .

  • J’ai rien contre Imani Ghana mais ils ont une tendance à raconter n’importe quoi qui devient angoissante à la longue. Comment faire un tel classement sans Mugabé? Le général Al Sissi ou Kabila?

    • Al-Sissi a fait dégager les frères muzz.Il mérite donc une statue digne de Ramsès II.

    • Présentation annuelle de l’index de bonne gouvernance d’Imani Ghana pour la mesure des performances des présidents démocratiquement élus.

      • Mais ils ont été élus. Et si vous prenez Kenyata et Ouatara, je vois pas bien la différence avec Al Sissi par exemple.

  • Le lien ne marche.
    Quant à cet index de bonne gouvernance…

    Je comprends les points 1, 2 et 4. Mais le 3 et 5 ? Les autres dirigeants sont-ils si bons qu’on puisse faire reproche à ces 2 là des problèmes endémiques à tous les pays africains ?

    Une statistique corrompue ?

  • Bonjour tout le monde !
    Nous avons eus des complaintes de la part de nos [IMANI] lecteurs concernant le tout dernier classement IBGI que nous venons de publier il y a quelques jours. Tout d’abord nous aimerons présenter nos excuses les plus sincères sur la non-fonctionnalité du lien vers notre site web sur les détails du présent rapport…Nous veillons a ce qu’il marche..
    Nous aimerons pour toutefois faire la lumière sur certaines des critères et la méthodologie du classement ici :
    – Au départ, selon les critères, le classement a pris en compte seulement vingt pays africains dits démocratiques. Il fallait éventuellement éliminer 1o de ces pays…
    – Les enquêtes nationales et les indicateurs locaux que nous avons employés en collaboration des organisations locales…ont choisi d’éliminer cinq des 10 pays restants…
    – Des pays comme la Libye, Le Soudan, le Soudan du Sud, le Zimbabwe, le Togo, le Burkina Faso…n’ont pas des présidents démocratiquement élus selon les critères et les enquêtes que nous avons employés.
    – Un président fera peut-être mieux en bonne gouvernance, mais sa (mauvaise) performance en ce qui concerne la sécurité du peuple, la corruption…serait un blocage pour le niveau élevé de son score total.
    – La performance des institutions sous sa direction y compte également..

    Pour plus d’éclairage, vous pouvez contacter le responsable du classement à l’adresse suivante isidorekpotufe@yahoo.com

    Merci pour votre compréhension..

    • Bonjour, j’aimerai savoir ce qui distingue l’élection de Ouatara de celle de Paul Bia?

      • Bonjour M. Cedric,
        Nous vous remercions pour votre question et désolé pour le retard pris pour répondre cde message. Paul Bia faisait partie intégrale de ce présent classement et avait été éliminé lors de la méthodologie-enquêtes nationales. Les « feedbacks » que nous avons recueillis depuis des sources locales montrent que la crise post électorale en Cote d’Ivoire n’est pas bien gérée. Cet état de fait risque de dégénérer en crises….Bref Selon les « models » La gestion des affaires en relation avec la présidentielle 2010-2011 en CI est insatisfaisante…On aura beaucoup a dire…Mais compte tenu du temps nous ne pourrons pas…Merci en tout cas pour votre diplomatie…..

  • Hollande échappe de justesse à ce top 5 juste à cause qu’il n’est pas Africain

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