Par Baptiste Créteur.
Pôle Emploi démontre chaque mois son incapacité à inverser la courbe du chômage. Il y a sans doute de bons conseillers attentionnés, mais certains sont plus blagueurs que consciencieux.
Et c’est l’institution dans son ensemble qui manque de sérieux, selon Le Figaro :
Pôle emploi ne donne pas le bon exemple, en accompagnant insuffisamment ses propres salariés en contrat aidé. L’établissement public vient d’être condamné à verser 23.373 euros à une ancienne salariée, qui y avait multiplié ce type de contrat pendant quatre ans, sans accompagnement ni formation suffisante, ont tranché les prud’hommes.
Ce que les prud’hommes reprochent à Pôle Emploi, c’est d’avoir, pendant les 4 ans où elle y a travaillé en contrat aidé, demandé à une salariée d’occuper plusieurs postes sans réellement l’accompagner et la former. Après avoir ensuite travaillé 6 mois au Trésor Public, la salariée se retrouve au chômage peu avant l’âge théorique de la retraite. Difficile, à 59 ans, de se faire embaucher. Quoi de plus naturel, pour les prud’hommes, que de lui donner raison face à la froide bureaucratie qui, en plus, n’a pas su lui trouver de nouvel emploi aidé ou formation rémunérée ?
Après tout, elle est au chômage à un âge où on songe plutôt à la retraite qu’à un nouvel emploi. Et un senior a d’autant plus de mal à trouver un emploi que sa formation n’a en général, pour les dernières années de sa carrière, pas été très prise au sérieux. Y compris par lui.
Mais après une période de durée inconnue où les contribuables finançaient ses indemnités, un établissement public financé par le contribuable l’a embauchée via un mécanisme supporté par le contribuable. Elle a ensuite occupé un autre poste temporaire financé par le contribuable et, ironiquement, dédié à la collecte de leurs impôts. Et ses indemnités sont aujourd’hui financées par le contribuable. Elle a sollicité un tribunal financé par le contribuable, qui a tranché en sa faveur et condamne Pôle Emploi à une amende que de toutes façons le contribuable paie. Ainsi que les frais juridiques des deux parties, bien entendu.
Et c’est à ce moment là que le journaliste normalement constitué se demande si la brave dame, les prud’hommes et Pôle Emploi ne sont pas tout simplement en train de cramer du pognon, qui aurait pu être mieux utilisé ailleurs. Mais le journaliste normalement constitué s’en fout, puisqu’il jouit d’une confortable niche fiscale ; si on crame du pognon, ce n’est pas le sien qui part en premier, et on en crame aussi dans les rotatives du journal pour lequel il travaille via de menues subventions.
Et donc, personne ne semble voir que la ruine des Français alimente les paniers percés de la redistribution et du collectivisme quelle qu’en soit la taille.
Cet enjeu, on ne le voit pas, nulle trace dans l’article du contribuable qui finance tout dans l’histoire, même l’article. Pas plus qu’on n’évoque la formation tout au long de la vie et l’emploi des seniors, ou la lutte contre le chômage.
On donne en revanche la parole à un professeur d’économie sociale, c’est-à-dire d’économie comme on la conçoit dans les universités et les administrations mais pas dans la vie réelle, qui amène le climax de l’article : Pôle Emploi fait un usage abusif des contrats à durée déterminée au lieu d’employer des CDI comme-il-se-doit-en-économie-sociale.
Ce qui donne l’occasion au journaliste de manquer un autre enjeu, où les économies de réduction d’effectifs dans les administrations sont dépensées en contrats temporaires et en primes pour les fonctionnaires, et où les contrats temporaires sont requalifiés en contrats à durée indéterminée. Car ces chiffres mentent autant que les contrats aidés divers et variés qui maquillent le chômage au lieu de l’affronter et le traiter.
Nous avons donc en arrière-plan des montagnes de pognon qui crament. En personnage principal, une jeune senior qui ne s’en sort pas et échoue dans le paradis socialiste français de chômage en contrats aidés, pour ironiquement finir sa carrière chez Pôle Emploi. Pour nous raconter l’histoire, la fine fleur du journalisme subventionné, faisant appel aux analystes les plus pertinents de l’odeur du pognon qui crame. Le tout à vos frais. Et le mauvais film continue.
La France est une version du Titanic où on se focalise sur la banquise qui fond et le glaçon qui flotte. Un fait divers retraçant l’incendie géant d’une montagne de pognon où les pompiers n’interviennent pas par manque de moyens.
Le spectacle continuera tant qu’on laissera des clowns dresser et diriger des lions, jouer les funambules au tribunal et faire les acrobates devant les caméras pendant que leurs complices partent avec la caisse. Combien de temps, encore, avant la fin du numéro ?
Épouvantable, rien d’autre à dire.
En 2012, il y avait au moins 53% des français qui s’en foutaient vu qu’ils avaient déjà la tête dans le sable!
Comment voudriez-vous qu’ils soient épouvantés par la situation aujourd’hui!
Ca va vraiment être chaud quand les premiers tiers-provisionnels vont tomber dans les boites aux lettres.