« Libérons-nous ! », de Pascal Salin

Dans un court essai, Pascal Salin propose aux Français une invite à l’action libre et à la responsabilité respectueuse des autres.

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« Libérons-nous ! », de Pascal Salin

Publié le 20 avril 2014
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Par Francis Richard.

ob_f536af_liberons-nous-salinStéphane Hessel préconisait naguère aux autres de s’indigner, qui est le verbe de l’impuissance par excellence et qui va de pair avec revendiquer des « droits à » et tendre la main pour recevoir. Dans un court essai, Pascal Salin propose aux Français un autre impératif, qui est une invite à l’action libre et à la responsabilité respectueuse des autres, auxquelles il s’associe : « Libérons-nous! », et sans lesquelles il n’est pas de dignité humaine.

Se libérer de quoi ? De l’État, qui maintient les femmes et les hommes en esclavage, puisqu’il prend les décisions à leur place en matière de santé, d’éducation, de logement ou, même, de culture, alors qu’ils savent pourtant mieux que lui ce qui convient à leurs besoins. En intervenant dans le domaine de la santé, notamment en limitant la libre rémunération des médecins, l’État raréfie pour eux l’offre de soins médicaux. En intervenant dans le domaine de l’éducation, l’État leur enlève une responsabilité qu’ils ont pourtant exercée pour faire naître leurs enfants. En intervenant dans le domaine du logement pour limiter les loyers, l’État raréfie les logements disponibles pour eux et provoque l’augmentation de leurs loyers. Sans les prélèvements obligatoires, impôts, taxes, cotisations diverses et variées, qui donnent du pouvoir aux hommes de l’État, qui dépensent cet argent sans compter, ils jouiraient d’un pouvoir d’achat qu’ils ne peuvent même plus imaginer. Or tout cet argent qui leur est confisqué est le fruit de leurs efforts et ils devraient pouvoir en disposer eux-mêmes à leur guise.

Comme le rappelle Pascal Salin : « Les êtres humains sont des êtres sociaux, c’est-à-dire que leur vie nécessite l’existence de liens avec d’autres humains ; ce qui n’empêche pas chacun d’avoir sa personnalité. » La civilisation est faite de ces liens tissés entre eux sous forme d’accords aux multiples modalités, que l’on peut appeler contrats même s’ils ne sont pas écrits : « Le contrat met en relation deux personnes (ou deux ensembles de personnes, par exemple des entreprises) et si un contrat existe, c’est évidemment parce qu’il est satisfaisant pour les deux co-contractants. Si le contrat est librement décidé et signé, il rend impossible toute domination des uns par les autres : les contractants partagent la même liberté et la même dignité. »

Parmi ces contrats il en est un, le contrat de travail, sur lequel Pascal Salin rappelle quelques vérités oubliées : « Dans une société d’hommes et de femmes libres, chacun entre librement dans un contrat et en sort librement sans que l’un des deux partenaires puisse imposer sa volonté à l’autre. Si un salarié n’est pas satisfait de son employeur, il peut le quitter et en trouver un autre ; symétriquement, si un employeur n’est pas satisfait de son salarié, il devrait pouvoir en chercher un autre. » La société française n’est justement pas une société d’hommes et de femmes libres. En effet un des co-contractants, l’employeur, est présenté comme un exploiteur, dont il faut protéger l’autre co-contractant, l’employé, rompant ainsi la symétrie entre eux. Comment protéger l’employé contre son employeur ? En rendant son licenciement plus difficile. Seulement, « les employeurs potentiels hésitent davantage à embaucher des salariés s’ils savent qu’ils auront du mal à les licencier s’ils ne donnent pas satisfaction ou si les circonstances nécessitent une réduction des effectifs. » C’est pourquoi, « la vraie politique d’emploi ne consiste pas à rendre les licenciements difficiles, mais à supprimer les obstacles à l’emploi […], tous ces obstacles qui rendent difficile pour les salariés de trouver un emploi ou d’en retrouver un lorsqu’ils ont perdu celui qu’ils avaient. »

Comment retrouver la croissance et le faible chômage que la France a connus au cours des années 1950 à 1970 ? En tournant le dos à tout ce qui la paralyse depuis le début des années 1980. Comment ?

  • En permettant à l’innovation de jouer son rôle dans la création de richesses, c’est-à-dire en ne décourageant pas l’entrepreneur-innovateur : « Pour qu’un entrepreneur mette en œuvre une innovation et accepte de prendre en charge les risques correspondants, il faut qu’il puisse espérer une rémunération satisfaisante dans le cas où ses projets réussissent. » Autrement dit, en ne confisquant pas totalement, ou presque, son profit s’il en dégage un, et en permettant la constitution d’épargne pour la financer.
  • En renonçant à croire que « l’économie [est] une vaste machine dont un gouvernement pourrait manipuler les leviers à sa guise » : « [L’activité économique] est le résultat d’une quantité innombrable de décisions – grandes ou petites – prises par un grand nombre d’individus qui exercent leur raison pour s’adapter au mieux à leur environnement et pour améliorer leur sort. La croissance est donc le résultat non intentionnel, et largement imprévisible, de toutes ces décisions humaines, en particulier celles qui sont prises par les entrepreneurs-innovateurs. » Autrement dit, en réduisant massivement et rapidement prélèvements obligatoires et réglementations (telles que le salaire minimum, qui conduit à ne pas embaucher du tout des employés à la productivité trop faible, et qui donc « n’est rien d’autre qu’une machine à exclure »).
  • En réduisant rapidement et profondément la fiscalité qui détruit emploi et production : « Le recours à l’impôt pour financer des dépenses publiques conduit à une double destruction de richesses par rapport à ce qui se passerait si l’on avait plutôt recours au contrat libre et à la liberté d’entreprendre. En effet, ceux qui paient l’impôt sont incités à faire moins d’efforts – de travail, d’innovation, d’épargne ou d’investissement. Mais, par ailleurs, ceux qui bénéficient des largesses étatiques sont aussi moins incités à faire des efforts puisqu’ils peuvent obtenir gratuitement – ou presque gratuitement – ce qu’ils désirent et qu’ils ne pourraient normalement obtenir que par le travail et l’effort. » Autrement dit, en ne démotivant pas, par la confiscation de leurs richesses matérielles, ceux qui pourraient exercer librement leurs talents, et en ne portant pas atteinte par là même à leurs objectifs immatériels (de nature spirituelle, artistique, affective ou purement intellectuelle).

Pour vaincre le chômage on n’a pas tout essayé, comme le prétendent hommes politiques de droite ou de gauche, qui voudraient que l’on aille plus loin dans l’interventionnisme étatique, les réglementations et les dépenses publiques : « On n’a pas essayé la seule recette qui conduirait au succès, celle qui consiste à dire aux hommes de l’État: « libérez-nous! Libérez-nous de vos réglementations étouffantes! Libérez-nous de vos impôts écrasants! Laissez-nous faire et vous verrez ce que nous sommes capables de faire ». »

Pascal Salin, Libérons-nous !, Les Belles Lettres, 2014, 80 pages.


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  • serait il pensable et utile d’avoir, au lieu du smic baissé que tous les politiques rejettent, un contrat « CDI augmenté » avec salaire plus élevé ( p ex 10 % ) mais qui donne le droit à l’employeur à licencier en 3 mois sans justification ?

    • « Dans une société d’hommes et de femmes libres, chacun entre librement dans un contrat et en sort librement sans que l’un des deux partenaires puisse imposer sa volonté à l’autre. Si un salarié n’est pas satisfait de son employeur, il peut le quitter et en trouver un autre ; symétriquement, si un employeur n’est pas satisfait de son salarié, il devrait pouvoir en chercher un autre. »

      Pas la peine de nous monter des usines à gaz avec des cas spécifiques et avec tous les effets de bord qui vont avec

      • mais dans un société d’hommes libres..pas de contrats, juste la parole, car à qui se plaindre si le contrat n’est pas respecté…
        il faut donc un cadre une autorité qui veille au respect des contrats..un état quoi…

        • Tout à fait d’accord. Un état qui vérifie l’exécution du contrat si l’un des contractants se sent lésé, pas un état qui tente d’orienter le comportement des individus en imposant des contrats types non issus d’un accord libre.

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