L’entrepreneur, le bureaucrate et le chômeur – Une fable de Serge Schweitzer

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L’entrepreneur, le bureaucrate et le chômeur – Une fable de Serge Schweitzer

Publié le 3 octobre 2013
- A +

En conclusion de la conférence du 21 septembre organisée par Contrepoints sur les mouvements en révolte, le Professeur Serge Schweitzer a livré une fable de son invention. La voici pour nos lecteurs.


La scène se déroule à la sortie d’un Pôle Emploi à 16h, à la fermeture des locaux ouverts les jours pairs pour les chômeurs de longue durée et les jours impairs, sauf les premiers lundi du mois, pour les femmes enceintes de plus de six mois et moins de sept.

Un chômeur, un jour par hasard, croisa un économiste
Qui réfléchissait, rare opportunité en l’occurrence
Aux causes du chômage d’une contrée touristique
Que par commodité on nommera la France.

Notre homme sans emploi d’un air sarcastique
Ingénument posa question à l’économiste :
« Pourquoi dans ce pays qui fut premier sur terre
Le travail est si rare et dans telle misère ? »

Notre homme désigna pêle-mêle une série de maux
Et parmi eux mit en cause les créateurs d’emplois
Du moins et mot à mot ici on citera
Les entrepreneurs dont telle est la tâche ici bas

Se demandant pourquoi en beau pays de France
En ce domaine ces derniers sont si peu incités
Alors qu’au Canada, Allemagne, Nouvelle-Zélande
Constataient que le chômage n’avait droit de cité.

L’économiste fanfaron, fort de ses faux concepts
Aligna mille raisons le tout en volapük
Mais ses explications étaient si ineptes
Qu’apparut au chômeur raisonnement caduc.

L’économiste furieux parla de la relance
Et imagina même que les délocalisations
Étaient l’une des causes en doux pays de France
Du chômage qu’à 10% depuis 40 ans traînons.

Désemparé, l’économiste, de mèche avec le bureaucrate
Dit à notre pauvre homme qui cherchait à apprendre
Que les entrepreneurs étaient vraiment inaptes
Et cause ultime du mal qu’il cherchait à comprendre.

Un honnête homme passant par là interrogé aussi
Portait un gros volume logé en sa besace.
Notre chômeur s’accorda un ultime sursis
Pour comprendre enfin les raisons de base

Du malheur qui accablait sa pauvre existence
Et l’interrogea sur cet étrange livre
Ne pouvant présumer avec quelle aisance
L’homme de bon sens montrerait une législation ivre

De décrets, règlements, textes fous et abscons
Qui rendent absurde le quotidien de l’entrepreneur
Et découragent ce dernier de toute incitation
À passer de ce statut à celui d’employeur.

Le chômeur découvrit le Code du Travail
Et compris tout à coup la raison réelle
Qui fait que l’embaucheur ne veut signer un bail
Qui le lie pieds et poings de façon éternelle.

Notre chômeur, percevant enfin tout la vérité
Demanda mille preuves, chose bien naturelle
Et en ce domaine la chose fut aisée.
Il ouvrit et lu ces pages immortelles

Qui expliquent bien mieux que tous les faux savants
La cause de cette terrible plaie ouverte
Pudiquement nommé variable d’ajustement
Qui ronge notre France qui fut jadis si verte.

En devoir tout de go de s’exécuter
Notre homme ouvrit cette étrange bible
Et lu alors verset après verset
Écœuré des extraits de paragraphes horribles

Qui expliquent ne méritant aucun commentaire
Les motifs pour lesquels notre pays se traîne
Dans des difficultés dont se gausse le bureaucrate
Sûr de son emploi et le soir de son âtre.

Mais de l’avenir que les aristocrates se méfient
Car un jour le Tiers-État qui créé toute richesse
De leurs titres et prébendes feront fi
Redonnant à la liberté ses titres de noblesse.

Passons à cette lecture et plus d’homélie
Demanda le chômeur au vrai économiste.
Ce dernier alors, avant qu’on ne le prie
Fit lecture des lignes à jamais honnies

Qui démontrent qu’au pays de ce cher Descartes
Il est temps désormais de rabattre les cartes
Retirez-vous bureaucrates de tous les pays
Place aux entrepreneurs, que chacun s’enrichit !


Lire aussi : Les révoltes : pour les malchanceux qui ont raté la conférence

Voir les commentaires (3)

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  • Joli, peut être qu’on lira ça avec Jean de la Fontaine plus tard dans les écoles.

    On peut rêver, c’est pas encore taxé.

  • L’entrepreneur français est une race à part, qui force le respect.
    A tel point que chacun – Bercy, les Syndicats, les salariés) se pressent pour partager ses gains, mais s’absentent soudain quand il faut partager les pertes …

    Parce qu’un entrepreneur qui gagne de l’argent ne le doit qu’à la merveilleuse société qui l’entoure, mais que s’il en perd, il est seul « nul et coupable » …

    Cette conviction pourrait le porter à la résignation, voire à l’indolence et à la paresse intellectuelle, et c’est là qu’!interviennent les réglementations : un genre de super Quizz, de milliers de pages, et qui changent tout le temps, avec même (cerise sur le gateau) des effets rétroactifs ! Ca maintient le tonus cérébral.

    Et sil malgré tout il arrive à faire survivre son entreprise, par une inginérie fiscale tout à fait légale, on estime qu’il n’est pas « moral » !!!

    Chaque jour, la France multiplie les spectacles gratuits : dans les tribunes, des fonctionnaires, des politiques, des syndicats, et le bon peuple ; dans l’arène, l’entrepreneur, tout nu, qui doit courir en évitant des mines, les dragons, les fosses masquées aux fonds tapissés de pieux . Et sur le côté, quelques bookmakers prennent les paris : combien de temps avant qu’il n’explose !l’ Etat file plumer sa veuve et ses orphelins de droits de succession …

    Et quand son corps pantelant est jeté dans la fosse,

  • Sans taxes point besoin d’économistes.
    et
    Sans chômeurs point besoin de travail.

    Donc pour sauvez les économistes du chômage, on voit ou ça nous mène.

  • Les commentaires sont fermés.

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