Le protectionnisme est une philosophie de guerre

Le protectionnisme est une philosophie de guerre. Les guerres de notre époque sont le résultat inévitable d’une application de ces doctrines.

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Le protectionnisme est une philosophie de guerre

Publié le 28 avril 2023
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Le protectionnisme est une philosophie de guerre. Les guerres de notre époque ne sont pas en contradiction avec les doctrines populaires en fait d’économie ; elles sont, au contraire, le résultat inévitable d’une application logique de ces doctrines. Aussi longtemps que les peuples s’accrochent au dogme de Montaigne et croient qu’ils ne peuvent prospérer économiquement qu’aux dépens d’autres nations, la paix ne sera jamais qu’une période de préparation à la guerre suivante.

Par Ludwig von Mises. Extrait du chapitre 24 de L’action humaine.

Les conflits de notre époque

L’opinion populaire voit la source des conflits qui provoquent les guerres civiles et les guerres internationales de notre époque, dans la collision des intérêts « économiques » inhérente à l’économie de marché. La guerre civile est la rébellion des masses « exploitées » contre les classes « exploiteuses ». La guerre étrangère est la révolte des pays « non possédants » contre les pays qui se sont approprié une part injuste des ressources naturelles de la terre, et qui, avec une avidité insatiable, entendent rafler encore davantage de cette richesse destinée au bien de tous. Celui qui, devant de tels faits, parle d’harmonie des intérêts bien compris, est soit un débile mental, soit un infâme apologiste d’un ordre social manifestement injuste. Aucun homme intelligent et honnête ne devrait manquer de savoir qu’il existe actuellement d’insurmontables conflits d’intérêts matériels, qui ne peuvent être réglés que par le recours aux armes.

Il est certainement vrai que notre époque est pleine de conflits qui engendrent la guerre. Seulement, ces conflits ne découlent pas du fonctionnement d’une économie de marché non entravée. Admettons même que l’on puisse les qualifier de conflits économiques parce qu’ils se rapportent à ce domaine de la vie humaine que l’on appelle, dans le langage courant, les activités économiques. Mais c’est se tromper lourdement que de déduire de cette appellation que la source des conflits en question réside dans les situations qui s’établissent dans le cadre d’une société de marché. Ce n’est pas le capitalisme qui les produit, mais précisément les mesures anticapitalistes conçues pour mettre en échec le fonctionnement du capitalisme. Les conflits sont le résultat des diverses immixtions gouvernementales dans l’activité économique, des barrières au commerce et à la circulation des personnes, de la discrimination à l’encontre de la main-d’œuvre étrangère, des produits étrangers et du capital étranger.

Aucun de ces conflits ne se serait produit dans une économie de marché non entravée. Imaginez un monde où chacun serait libre de vivre et de travailler comme employeur ou employé, là où il voudrait et de la manière qu’il choisirait ; et demandez-vous quel conflit de pareille nature pourrait encore exister. Imaginez un monde où le principe de la propriété privée des moyens de production serait pleinement observé, dans lequel il n’y aurait aucune institution empêchant la mobilité du capital, de la main-d’œuvre et des marchandises, dans lequel les lois, les tribunaux, les fonctionnaires n’exerceraient de discrimination envers aucun individu ou groupe d’individus, qu’il s’agisse de nationaux ou d’étrangers. Imaginez un état de choses où les gouvernements ne s’occuperaient que de protéger la vie, la santé et la propriété des personnes contre les agressions violentes ou frauduleuses. Dans un tel monde, les frontières sont dessinées sur les cartes, mais elles n’empêchent personne de rechercher ce qui lui paraît devoir le rendre plus prospère. Nul individu n’est alors intéressé à l’expansion du territoire national, nul ne peut tirer un avantage d’un tel agrandissement. La conquête ne paie pas, et la guerre devient périmée.

Dans les temps antérieurs à l’apparition du libéralisme et à l’évolution du capitalisme moderne, la plupart des gens consommaient seulement ce qui pouvait être produit à partir des matériaux bruts disponibles dans leurs environs. Le développement de la division internationale du travail a radicalement transformé cette situation. La nourriture et les matières premières importées de pays éloignés sont autant d’articles consommés en masse. Les pays européens les plus avancés ne pourraient se passer de ces importations qu’au prix d’un abaissement considérable de leur niveau de vie. Ils sont forcés de payer ce dont ils ont grand besoin — minerais, bois, pétrole, céréales, matières grasses, café, thé, cacao, fruits, laine, coton —par l’exportation d’objets manufacturés dont la plupart sont fabriqués à partir de matières premières importées. Leurs intérêts vitaux sont lésés par les politiques commerciales protectionnistes des pays qui produisent ces ressources primaires.

Il y a deux cents ans, les Suédois ou les Suisses n’étaient guère concernés par la façon efficace ou non dont tel pays non européen mettait en valeur ses ressources naturelles. Mais aujourd’hui, lorsqu’un pays étranger est économiquement arriéré, alors qu’il est doté de ressources naturelles abondantes, cela est contraire aux intérêts de tous les hommes dont le niveau de vie pourrait être relevé si, dans ce pays, de meilleures méthodes d’utilisation de sa richesse naturelle se trouvaient mises en œuvre. Le principe de la souveraineté illimitée de chaque nation, en un monde où les gouvernements s’immiscent dans la vie économique, est un défi à toutes les autres nations. Le conflit entre possédants et non-possédants est un conflit réel. Mais il ne se produit que dans un monde où chaque gouvernement indépendant est libre de porter atteinte aux intérêts de tous les peuples — y compris le sien — en privant les consommateurs des avantages que leur donnerait une meilleure façon d’exploiter les ressources de son pays. Ce n’est pas la souveraineté nationale en elle-même qui engendre la guerre, c’est la souveraineté de gouvernements qui ne sont pas entièrement acquis aux principes de l’économie de marché.

Le libéralisme n’a pas fondé et ne fonde pas ses espoirs sur l’abolition de la souveraineté des divers gouvernements nationaux, une aventure qui entraînerait des guerres interminables. Il vise à une reconnaissance générale de l’idée de liberté économique. Si tous les peuples deviennent libéraux et se rendent compte que la liberté économique sert leurs propres intérêts du mieux qu’il est possible, la souveraineté nationale ne provoquera plus de conflits et de guerres. Ce qui est nécessaire pour rendre la paix durable, ce ne sont ni des traités et conventions internationales, ni des tribunaux et organisations internationales comme la défunte Société des Nations ou sa suivante les Nations Unies. Si le principe de l’économie de marché est accepté universellement, de tels artifices sont inutiles ; et s’il n’est pas accepté, ils sont sans effet. La paix durable ne peut être le fruit que d’un changement dans les idéologies. Aussi longtemps que les peuples s’accrochent au dogme de Montaigne et croient qu’ils ne peuvent prospérer économiquement qu’aux dépens d’autres nations, la paix ne sera jamais qu’une période de préparation à la guerre suivante.

Le nationalisme économique est incompatible avec une paix durable. Pourtant le nationalisme économique est inévitable là où le gouvernement intervient dans la vie des affaires. Le protectionnisme est indispensable, là où il n’y a pas de commerce intérieur libre. Là où le gouvernement intervient dans la vie économique, la liberté du commerce même à court terme ferait échouer tous les efforts que représentent les diverses mesures d’intervention.

C’est une illusion de croire qu’une nation tolérerait longtemps les mesures d’autres nations qui léseraient les intérêts vitaux de ses propres citoyens. Supposons que les Nations Unies aient été fondées en l’an 1600 et que les tribus indiennes d’Amérique du Nord aient été admises comme membres de cette organisation. Alors la souveraineté des Indiens eut été reconnue comme inviolable. On leur aurait donné le droit d’interdire à tout étranger d’entrer sur leur territoire et d’exploiter ses riches ressources naturelles, qu’eux-mêmes ne savaient comment utiliser. Quelqu’un croit-il vraiment qu’une quelconque convention ou charte internationale aurait empêché les Européens d’envahir ces contrées ?

Bien des gisements les plus riches de diverses substances minérales sont situés dans des régions dont les habitants sont trop ignorants, trop inertes, ou trop bornés pour tirer avantage des richesses que la nature a mises à leur disposition. Si les gouvernements de ces pays empêchent les étrangers d’exploiter ces gisements, ou si leur façon de conduire les affaires publiques est si arbitraire qu’aucun investissement étranger ne soit en sécurité, un dommage grave est infligé à tous ces peuples étrangers dont le bien-être matériel pourrait être amélioré par une utilisation plus adéquate des gisements en question. Il n’importe pas que ces mesures gouvernementales soient la conséquence d’un retard culturel général, ou de l’adoption des idées maintenant à la mode, d’interventionnisme et de nationalisme économique. Le résultat est le même dans l’un et l’autre cas.

Il est vain de se boucher les yeux devant ces conflits et d’espérer qu’ils se résoudront d’eux-mêmes. Ce qui est nécessaire pour une paix durable comporte un changement d’idéologies. Ce qui engendre la guerre est la philosophie économique presque universellement adoptée par les gouvernements et les partis politiques. Selon cette façon de voir, il règne au sein d’une économie de marché sans entraves des conflits insurmontables entre les intérêts des diverses nations. La liberté du commerce nuit à la nation ; elle provoque son appauvrissement. Il est du devoir du gouvernement de prévenir les maux du libre-échange au moyen de barrières douanières. Nous pouvons, pour la clarté de la discussion, négliger le fait que le protectionnisme lèse aussi les intérêts de la nation qui y recourt. Mais il ne peut y avoir de doute que le protectionnisme tend à nuire aux intérêts des étrangers, et leur nuit en effet. C’est une illusion de croire que ceux qui sont lésés toléreront le protectionnisme des autres pays, s’ils pensent être assez forts pour balayer les obstacles par le recours aux armes. La philosophie protectionniste est une philosophie de guerre. Les guerres de notre époque ne sont pas en contradiction avec les doctrines populaires en fait d’économie ; elles sont, au contraire, le résultat inévitable d’une application logique de ces doctrines.

La Société des Nations n’a pas échoué du fait que son organisation aurait été trop faible. Elle a fait faillite parce qu’il lui manquait l’esprit du libéralisme authentique. C’était une entente entre des gouvernements animés par l’esprit du nationalisme économique et entièrement voués aux principes de la guerre économique. Pendant que les délégués se complaisaient à tenir des discours sur la bonne volonté entre peuples, les gouvernements qu’ils représentaient infligeaient des dommages abondants à toutes les autres nations. Les deux décennies pendant lesquelles la Société des Nations a fonctionné ont été marquées par la guerre économique la plus résolue menée par chaque nation contre toutes les autres. Le protectionnisme douanier des années antérieures à 1914 était modéré, en vérité, en comparaison de celui qui s’est développé dans les années vingt et trente — à savoir les embargos, le contrôle quantitatif du commerce, le contrôle des changes, la dévaluation monétaire, etc.

L’avenir probable des Nations Unies n’est pas meilleur, mais pire. Chaque nation considère les importations, spécialement celles de biens manufacturés, comme autant de désastres. C’est le but avoué de presque tous les pays que de refuser autant que possible aux marchandises étrangères l’accès de leur marché intérieur. Presque toutes les nations se battent contre le spectre d’une balance du commerce défavorable. Elles ne désirent pas coopérer ; elles veulent se protéger elles-mêmes contre les prétendus dangers de la coopération.

 

Article publié initialement le 24 septembre 2013.

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  • On peut compléter Hayek en paraphrasant Friedman : une nation cernée de pays protectionnistes a quand même intérêt à conserver une économie libre et ouverte car cela avantage son peuple, tandis que le protectionnisme détruit l’économie des pays qui le pratiquent et rend leurs populations « ignorantes, inertes et bornées ». Le protectionnisme implique toujours l’appauvrissement des peuples. Censés être « protégés », ces derniers sont en réalité affaiblis.

    Evidemment, pour prétendre bénéficier des avantages indéniables d’une économie ouverte, il faut également disposer d’une monnaie forte (stable) et maintenir un Etat minimal sans dettes. C’est en effet à ces conditions que l’exportation monétaire consécutive aux importations physiques reviendra s’investir dans l’économie ouverte, contribuant à y localiser les emplois et la prospérité, les exportations équilibrant les importations.

  • L’auteur est soit un hypocrite sauce attalienne, un colonisateur dans l’âme sauce Jules ferry (genre « éduquer les races inférieures ») ou un naïf de chez EELV…

    1 : l’auteur a oublié les fondamentaux des humains : nous ne sommes solidaires que de nos gênes, nous recherchons la domination ( pour l’or, les femmes, le pouvoir, etc…), et l’établir dans le temps par la lignée. Pas très libéral tout ça et très racialiste, mais il a toujours été ainsi : le pouvoir a une forte tendance à rester à la pogne.

    2 : La concurrence là dedans, c’est néfaste, du moins du point de vue de ceux qui tiennent les rênes (dixit un Rothschild, pas vraiment du pécore) et dont les intérêts convergent (rappel : le mariage a été institué pour ça : formaliser les alliances politiques et économiques entre de puissantes familles).
    Par contre, du point de vue d’un pouvoir sans frontières, la concurrence entre les gueux du monde entier est une très bonne chose : ça les affaiblit.

    Du point de vue du gueux que je suis :
    J’ai récupéré une part de l’affaire de casse auto de mon aïeul. Vous croyez vraiment que ça me fait plaisir d’être en concurrence, surtout avec les roms ou les turcs, qui usent de leur avantage clanique ? (et qui se moquent bien de votre théorie : eux ne roulent que pour eux mêmes). Heureusement que j’ai mon propre avantage clanique à faire jouer pour m’en sortir.

    3 : la guerre n’est une forme de concurrence parmi d’autres, la concurrence économique en est une autre. Les peuples se sont constitués pour répondre aux agressions de tout autre peuple ou groupe en augmentant le nombre et la cohérence, y compris les agressions économiques.
    La force de l’Europe venait notamment de la rivalité entre les peuples qui la constituent, et celles des élites qui les gouvernent.

    4 : les ressources, partagées pour le plus grand bonheur de tous. Vous détenez un avantage, et vous y renonceriez pour des gens qui ne sont pas de votre sang, qui ne vous donnent aucun avantage en contrepartie, ou qui sont des concurrents ? sérieusement ?
    Les ressources s’obtiennent et se défendent souvent par la guerre. Les vaincus sont spoliés.

    Ce que vous écrivez, vu notre monde et la manière dont ils ‘est construit, est plutôt naïf, voire carrément pernicieux, selon la position que vous occupez…

    -1
    • « L’auteur est… un naïf de chez EELV » : hmmm, remarquable saillie !

    • Von Mises, un attalien de chez EELV ?
      J’ai l’impression que vous ne savez pas de quoi vous parlez…

      • Effectivement, je ne savais pas qui était ce Von Mises. Il a effectivement un CV impressionnant.
        Remarque, ça ne signifie pas grand chose : nos ministres et notre dessert caramélisé national ont également de gros CV…

        Vu la prose affichée ici, je pensais que ce Von Mises était un genre de Cécile Duflot, le coté bisounours libéral en plus, ou un Jules Ferry dans l’âme (bisounours juste pour quelques uns, la spoliation pour tous les autres).

    • Je vous rejoins tout-à-fait quant à la mobilité des personnes: Je suis un fervent partisan des frontières, opposé au doit du sol comme au regroupement familial dans notre contexte actuel et à venir.

      Je n’y vois rien d’illibéral: Je serais incohérent dans ma défense de la propriété et de la liberté si je soutenais le contraire.

      Toutefois le protectionnisme est effectivement une erreur et une cause de guerres quand il résulte, comme c’est généralement le cas, de la confusion entre richesse et argent.
      http://bastiat.org/fr/maudit_argent.html

  • Très bon article.

    Auquel je rajouterais que le protectionnisme est une philosophie de la médiocrité qui ne profite qu’aux politiques et aux entrepreneurs paresseux pour qui avoir une clientèle réservée est un droit. Bien entendu au final on à une inertie qui entraine un nivellement vers le bas avec un dépérissement des entreprises « bénéficiant » de ces privilèges (PSA est un cas d’école) et bien entendu des drames sociaux qui vont avec.

  • « Si les gouvernements de ces pays empêchent les étrangers d’exploiter ces gisements, ou si leur façon de conduire les affaires publiques est si arbitraire qu’aucun investissement étranger ne soit en sécurité, un dommage grave est infligé à tous ces peuples étrangers dont le bien-être matériel pourrait être amélioré par une utilisation plus adéquate des gisements en question. »

    Un homme qui garde sa terre pour faire une jolie pelouse au lieu de laisser des creve la faim faire pousser des patates, c’est la civilisation. X hommes qui font la même chose pour des raisons culturelles, c’est une nuisance pour l’humanité toute entière.

    La bonne blague.

    • Je pense que vous avez mal compris le propos de Von Mises.
      Dans votre exemple, les crève-faim régleront probablement leur relation avec le propriétaire terrien par un conflit, car dans le cas contraire ils mourront de faim. Et c’est exactement ce qui signifie le texte de Von Mises : le protectionnisme crée des tensions et ces tensions se résolvent par des conflits armés ou non.

      • Le proprio fera sans doute tout pour défendre sa terre.
        La terre, c’est non seulement la nourriture et les ressources (donc d’avantages économiques), mais aussi le lieu construit, et où souvent reposent les ancêtres…

        @Philippe$
        La concurrence devient néfaste dès que votre situation est assurée.

        • En effet, le propriétaire risque de tout faire pour le défendre, d’où une situation qui se détériore. Encore une fois, Von Mises a raison.
          Et il est clair que la concurrence n’est pas une bonne chose pour celui qui veut détenir seul le marché, mais cela reste une bonne chose pour la société. C’est bien la raison pour laquelle le libéralisme ne se résume pas à l’individualisme.

      • L’exemple que j’ai évoqué ne relève absolument pas du protectionnisme, mais bien du libre usage de la propriété individuelle. Si on admet que certains usages de la propriété individuelle sont générateurs de conflits, d’un côté on rapproche le propos libéral de la réalité, mais de l’autre côté il faut prendre en compte de manière cohérente ce fait, ce qui n’est pas le cas ici.

        Dans la bouche des libéraux, privatiser une ressource revient presque à « l’universaliser », à en faire jouir le monde entier. C’est une aberration. Une ressource privée profite en premier lieu à son propriétaire, point. Le reste est tout ce qu’il a de plus optionnel.

        • En premier lieu, oui. Mais c’est oublié totalement l’usage qu’est fait de cette ressource. Dans votre logique, vous ne prenez absolument pas en compte les produits manufacturés, résultants de la ressource, qui ne profitent pas en premier lieu au propriétaire de la ressource.

          • Allez dire cela aux 6 millions de congolais massacrés pour le seul motif d’avoir construits leurs villages sur des terres regorgeant de minerais…
            La seule chose qu’il y ont gagné, c’est subir le joug des seigneurs de guerre à la solde des états voisins ou d’entreprises privées.

            Certes, ils sont incapables d’exploiter ces minerais (hou les vilains !).
            Dans la logique de l’auteur, ils devraient partir et aller crever dans les bidonvilles de Kinshasa, plutôt que rester paysans et de vivre de ce produit leurs terres…
            Historiquement, le sort des paysans pauvres envoyés dans les villes n’est guère enviable.

            Heureusement, d’autres sauvegardent la morale de l’auteur, en recourant à la bonne vieille méthode pour résoudre le problème du « partage libéral » des ressources : expulsions à grands coups de latte.

      • En fait, les peuples avec ces ressources non exploitées n’ont pas les mêmes objectifs ou envies que ceux qui souhaitent exploiter ces mêmes ressources. C’est tout le problème en fait.
        Dans l’histoire, ceux qui ont cherché à prendre les ressources de ceux qui ne les utilisaient pas étaient généralement plus avancé au niveau militaire (en plus de la culture peut être).
        J’ai quand même l’impression qu’il y a un brin de naïveté dans l’article et qu’il ne prend clairement pas le paramètre « humain » (au sens humanité et non pas « tout le monde il est gentil »).

    • Les crève-la-faim préfèrent piller la propriété de celui qui étale sa réussite par une belle pelouse, et accessoirement décapiter à la machette les membres de sa famille qui seraient trop vieux pour être violés, que se casser le dos à cultiver des patates.

  • Tout est question de niveau, on parle de protectionnisme, mais une taxe sur le pétrole est similaire à du protectionnisme, sauf que l’on ne produit pas de produit équivalent.

    Donc ce genre de généralisation semble surtout limité à un manque de raisonnement. On peut amener du protectionnisme jusqu’à une limite saine ou aller dans la dissuasion d’importation ce qui devient malsain.

    Tout est donc question de niveau, de savoir ne pas dépasser la limite de préférence pour l’un ou l’autre fournisseur. On peut donc réduire une différence économique sans pour autant l’inverser.

  • @ TUBIFEX
     » …Allez dire cela aux 6 millions de congolais massacrés pour le seul motif d’avoir construits leurs villages sur des terres regorgeant de minerais…La seule chose qu’il y ont gagné, c’est subir le joug des seigneurs de guerre à la solde des états voisins ou d’entreprises privées. »

    Le libéralisme est une philosophie du droit, dans laquelle la plus petite des minorités, l’individu, est défendu dans ses droits, notamment le droit de propriété.
    Dans votre exemple des paysans congolais, s’il était dans un état de droit, avec une constitution libérale, ils trouveraient dans la justice congolaise la possibilité de conserver leurs terrains.

    Le problème, une fois encore, provient des hommes de l’état.

    • libex

      Le droit ? quelle blague, Le congo est un état défaillant, et en guerre. En guerre, il n’y a que le droit du plus fort.
      Vu le tas de pognon sur lequel ils sont assis, la vie de ces congolais ne vaut rien.

      Et même dans des états de droit, genre France par exemple, vous souvenez vous des affaires des barrages sous Mitterrand ? ceux qui s’y opposaient avaient le droit à une indemnité minable en comparaison des terres et des maisons qu’on leur prenait, soit des coups de matraque.

      Quand on parle de droit, il faut comprendre qu’il n’est que l’expression de ceux qui l’ont rédigé…
      Une entreprise privée qui interdit à ses concurrents des produits par le droit qu’elle a elle même fait écrire, ça existe, et c’est légal. Est-ce pour autant libéral ?

      • Bien sûr, le droit. Et la justice aussi.

        John Quincy Adams, sixième président des états-unis :
        « Quel DROIT un chasseur a-t-il sur une forêt de mille kilomètres de long, dans laquelle il s’est aventuré par hasard pour y chercher des proies ? »

        John Marshall (1755-1835), président de la cour suprême des états-unis :
        « La découverte de l’Amérique par les européens a donné à ces derniers le DROIT exclusif de mettre fin, par le biais d’achats de terres ou de conquête, au titre d’occupants qu’avaient les indiens. »

        Enfin, Théodore Roosevelt, vingt-sixième président des états-unis :
        « Le colon et le pionnier avaient fondamentalement la JUSTICE de leur côté : ce grand continent ne pouvait pas rester simplement à l’état de réserve de chasse pour d’ignobles sauvages. »

        Nul doute que si ces ignobles sauvages avaient eu la bonne idée de se doter d’un Etat de droit muni d’une solide constitution libérale (of course), ils n’auraient pas bêtement étés massacrés.

  • Passablement irénique. Car certains hommes, quelles que soient leurs conditions d’existence, ont besoin d’un ennemi pour vivre. Le malheur de l’Humanité vient de ce que ces hommes-là sont souvent aux commandes.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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