Selon la presse, François Hollande veut « sortir l’Europe de sa langueur ». On se demande dans quel dimension il vit pour proférer pareil propos. L’Europe n’a jamais été aussi active. Entre l’aide au pays en difficultés, et la réforme bancaire, elle n’a jamais évolué aussi rapidement.
Par Vladimir Vodarevski.
Ce que veut Hollande, c’est que l’Union européenne emprunte pour donner de l’argent à ses membres. C’est toujours l’idée d’une relance par l’endettement financée par l’Europe que veut le socialiste. Il se place ainsi dans la continuité de l’utilisation que font les politiciens français de l’Europe.
Quand il s’agit de voter un référendum, l’Europe est parée de tous les atouts. Ceux qui votent contre sont des europhobes. Car l’Europe doit permettre à la France d’imposer sa politique à tout le continent. Par contre, quand la France connaît des difficultés économiques, c’est la faute à l’Europe. Celle-ci libéralise les services, et tire les salaires vers le bas, où elle maintient un euro trop fort et pénalise les exportations françaises.
Aujourd’hui, Hollande refuse toute réforme en France et attend le salut de l’Europe. Pourtant, croire qu’un emprunt européen relancera par miracle l’économie est une totale absurdité.
En effet, pour emprunter, l’Union européenne a deux solutions. Soit les États membres garantissent les emprunts. Ce qui fait que les emprunts dépendent de leur capacité à rembourser, finalement. C’est déjà ce qui existe aujourd’hui pour l’aide aux pays en difficultés. Et ne change rien pour la France.
Soit l’Union européenne instaure un nouvel impôt, sur les citoyens, les entreprises ou les nations, pour rembourser l’emprunt. Ce qui signifie des prélèvements supplémentaires sur la France. Et donc plus d’austérité. D’autant que la France est la deuxième économie de la zone euro. Elle supporterait une part importante d’un emprunt européen.
De plus, le taux d’intérêt d’un emprunt européen ne serait pas forcément très bas. Il dépendrait de la situation de l’Union dans son ensemble. Le taux pourrait dépendre du maillon le plus faible. Un problème en Espagne et le taux augmenterait. Finalement, la France devrait, indirectement, payer un taux plus élevé que pour ses propres emprunts.
Hollande considère sans doute que c’est l’Allemagne qui paiera. Mais l’Allemagne n’a pas une situation budgétaire si saine. Son endettement est important, du même ordre que celui de la France. D’autre part, l’Allemagne n’est pas assez grande pour financer l’Europe à elle seule. La France est la deuxième économie de la zone euro, l’Italie la troisième. L’Allemagne n’est pas à ce point puissante pour financer ces pays.
François Hollande propose donc un emprunt européen sans se soucier des modalités qu’il pourrait prendre. Dans la droite ligne de l’attitude des politiciens français vis-à-vis de l’Europe. Et se défausse sur l’Europe des problèmes de la France : si la France va mal, c’est la faute à l’Europe qui ne veut pas l’aider !
Et pourtant, la France a beaucoup profité de l’Union. Son agriculture s’est construite avec l’Europe. L’euro a maintenu des taux d’intérêt très bas pour les entreprises et les particuliers. L’euro a permis à la France d’emprunter à des taux très bas, et continue de lui permettre d’emprunter à des taux très bas. L’euro permet le déficit budgétaire, et la politique de relance que mène le pays. En effet, les établissements financiers de la zone euro ont des obligations d’investir en euro, et dans des titres d’État. La France, dans une Europe en crise, est un des pays les moins mal en point. Elle a une économie diversifiée. Son marché obligataire est large. Donc des capitaux affluent pour financer la France. Ils affluent d’autant plus que les difficultés d’autres pays réduisent le choix des gérants de fonds.
Malheureusement, la France n’a pas utilisé les facilités que lui offre l’Europe pour chercher à améliorer son économie. Elle en a profité pour ne rien faire. Et elle accuse l’Europe qui l’aide de l’obliger à des efforts, alors que l’Europe soulage les efforts que la France devrait faire sans elle. Ce faisant, elle crédibilise les extrémistes qui accusent eux aussi l’Europe.
L’Europe est une grande idée. Elle a permis la paix. Là est son plus grand apport. Auparavant, une crise comme celle d’aujourd’hui entraînait une guerre. Ce sont les leçons des guerres qui ont conduit à l’Europe. Malheureusement, les politiciens ne respectent rien. Ils sont prêts à gâcher une belle idée à leur intérêt personnel.
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Sur le Web
Réformer l’europe plutot que réformer la france, ce dernier point paraissant impossible. Voila qui ressemble a du désespoir.
Notre classe politique est minable, tout simplement. C’est une « mafia officielle » où le copinage règne en maître.
D’accord sur toute la ligne sauf l’épilogue. L’Europe institutionnelle est l’avatar civil de la guerre froide, comme l’Otan est son avatar militaire. L’Union s’est faite en paix et pas l’inverse, et je doute que les leçons aient été apprises à voir comment fut traitée la désintégration yougoslave.
Les nations européennes ont bâti patiemment un marché efficace pour reconstruire le champ de ruines sur capitaux américains. L’Europe est née de la guerre civile qu’elle a perdue et croire qu’elle soit un ferment de paix biaiserait son approche polémologique des menaces qui l’entourent. Le syndrome Oui-oui des Eurocrates est assez flippant.
@ catoneo: D’accord avec vous. Comment était l’Europe à a fin de la guerre ? Ravagée. Puis l’Allemagne a été occupée, coupée en deux et pas très menaçante. La guerre froide faisait comme disait Mitterrand que « les pacifistes étaient à l’ouest tandis que les missiles étaient à l’est » A l’ouest, on était content d’avoir la protection de l’Otan et ses fusées persching tandis qu’à l’est, les SS20 visaient Paris, Londres et Bonn. Tout ça est très résumé mais c’est un peu agaçant d’entendre cette UE se parer des plumes du paon et de faire comme si la guerre froide n’avait jamais eu lieu.
L’éclatement de la Yougoslavie a été en effet une honte.
L’Europe c’est la paix… encore un beau cliché. La paix en Europe suite à la guerre mondiale est due à l’équilibre de la terreur et l’assurance de destruction mutuelle entre l’est et l’ouest, et non à l’administration de la commission… De plus croire que les échanges économiques amènent la paix est aussi illusoire. La France est l’Allemagne étaient deux grands partenaires commerciaux avant guerre.
L’EUSS va s’éfondrer comel’ex union soviétique en son temps …Nous en voyons les premieres minifestation…Ou quand l’euro glasnost conduit à l’éfondrment complet du système!Mais rassurez-vous une alternative dans la droite ligne des principes du libéralisme et respecteuse des sentiments nationaux existe: il s’agit de l’AELE!Sauf si nous avons entre-temps sombré dans la démagogie ou pire l’extremeisme ( je l’espère de tout coeur).
L’idée de taxer n’est pas nouvelle
Mais quelle qu’elle soit ne solutionnera pas les finances en berne de l’UE.
De leur côté, les populations crient à l’injustice à l’annonce de nouveaux plans de sauvetage à coups de dizaines de milliards d’euros uniquement pour soutenir des gouvernements incompétents, eux-mêmes soutiens du milieu bancaire cupide. Ils annoncent qu’ils n’ont d’autre alternative que d’imposer des restrictions drastiques à leurs peuples afin d’éviter la faillite du système social à travers lui la faillite de l’État lui-même. Tous les pays européens essaieront, tour à tour, de trouver un secours financier auprès d’une Union européenne très affaiblie en passe d’être rapidement déstabilisée. Mais en vain, car dès 2012, les hauts dirigeants de l’UE, à défaut d’aide par l’emprunt sur les marchés financiers, n’auront d’autre solution à leur proposer qu’un projet de taxe sur les transactions financières.
Le projet porte sur la résurgence d’une vieille idée de 1972, dite taxe Tobin, initialement prévue pour couvrir le monde entier. L’objectif est de limiter la spéculation et surtout de renflouer les caisses vides de l’UE. Si cette taxe était appliquée en Europe, elle ne rapporterait en 2013 tout au plus que 50 milliards € par an, à répartir entre les 17 pays de la zone euro. Le risque annoncé, c’est qu’il se produise un effet de lobbying. Une fuite vers l’Asie et les États-Unis de capitaux, de fonds spéculatifs et d’organismes bancaires, notamment britanniques, placés à la croisée des flux financiers mondiaux.