L’inspiration religieuse de Margaret Thatcher

Margaret Thatcher était libérale mais aussi habitée par une profonde spiritualité, une foi biblique, qui l’a inspirée.

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L’inspiration religieuse de Margaret Thatcher

Publié le 27 avril 2013
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Margaret Thatcher était libérale mais aussi habitée par une profonde spiritualité, une foi biblique, qui l’a inspirée.

Par Samuele Furfari, depuis la Belgique.
Un article de l’Institut Turgot.

Les nombreuses évocations de la carrière de Margaret Thatcher mettent l’accent sur l’aspect économique, la guerre des Falklands, la grève des mineurs et son opposition à une certaine forme d’Europe, voire son féminisme.

Elle était connue pour être intensément libérale mais on ignore trop qu’elle était habitée par une profonde spiritualité, une foi biblique, sans doute la source d’inspiration d’un grand nombre de ses actions politiques.

À l’instar de presque tous les Premiers ministres britanniques, elle a affirmé sa croyance en Dieu ; tout au long de sa carrière, elle a constamment fait référence à l’importance du christianisme, tant dans un contexte social que personnel.

Cette foi lui vient de son père. À force de l’entendre répéter, nous savons tous qu’il était épicier et un éminent politicien local, mais qui sait que c’était un prédicateur méthodiste laïc populaire (ce qu’ici on appellerait un pasteur évangélique) ? Lors de son entrée en fonction comme Premier ministre, tandis qu’elle se tenait sur les marches du 10 Downing Street, elle s’est tournée vers les caméras et a déclaré : « Je dois presque tout à mon père. » Chrétien engagé, celui-ci, loin de s’enfermer dans sa sphère religieuse, s’est montré un homme « dans le monde » avec même un certain libéralisme doctrinal.

En droite ligne du protestantisme, le père et la fille avaient la conviction profonde que le but de la vie n’était pas le plaisir, mais le travail pour le bien commun. Enfant, Margaret Thatcher faisait partie des scouts méthodistes et fréquentait « l’école du dimanche » où les enfants apprennent les histoires bibliques pendant que les parents assistent au culte. Pendant ses études à Oxford, elle a participé aux études bibliques des étudiants, ce qui lui fait dire plus tard que « la religion était importante dans ma vie à Oxford« . Ceci explique aussi pourquoi sa carrière politique est jonchée de discours, d’interviews et de déclarations qui font référence à l’enseignement de Jésus et de l’Ancien Testament.

Cela ne signifie pas pour autant qu’elle mélangeait politique et religion. Son principe était précisément l’enseignement du Christ qui a dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Elle a d’ailleurs reproché aux Églises leur immixtion dans la politique, arguant qu’elles devaient plutôt se préoccuper de la rédemption spirituelle plutôt que de réformes sociales. Le rôle de l’Église est de prêcher l’Évangile du Christ et d’apporter réconfort et conseil aux hommes et femmes dans les diverses épreuves de la vie.

En véritable laïque et chrétienne, elle a su appliquer le principe fondamental du christianisme, hélas historiquement si peu suivi par les Églises. Dans son discours à l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse en 1988, elle déclare :

« Je repense aux discussions de mon enfance lorsque nous étions tous d’accord que si on tente de prendre les fruits du christianisme sans ses racines, ceux-ci se flétriront. »

Elle croyait que la force d’une personnalité provient de l’intérieur et qu’une religion doit toujours être enracinée dans l’intériorité spirituelle.

Son action politique se base sur la « parabole des talents« , qui enseigne que la volonté de Dieu pour l’humanité est d’être économiquement efficace, le Christ s’attendant à plus de la part du plus compétent, mais aussi à la mobilisation de celui qui peut moins, le devoir de l’individu étant de tirer le meilleur parti de ce que Dieu lui donne.

Margaret Thatcher a aussi fait sien l’avertissement de St-Paul aux Thessaloniciens (3:10) que « si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus« .

Elle était convaincue que la création de la richesse n’était pas mauvaise en soi, tandis que l’amour de l’argent était mauvais. Un article intitulé « César reparle » paru dans The Economist la fustige en spécifiant que, pendant 20 siècles, les dirigeants mondiaux ont utilisé la Bible pour justifier la guerre, la torture, la chasse aux sorcières, le marxisme, les impôts et l’abstinence pour passer maintenant en faveur du gain d’argent. Thatcher a évoqué le bon Samaritain en disant que « personne ne se souviendrait de lui s’il avait eu de bonnes intentions, mais la bourse vide« .

En complément à cette responsabilité personnelle dans l’économie de la société, Thatcher croyait dur comme fer que la création de richesses allait de pair avec le service envers les autres et envers Dieu à travers la philanthropie – l’amour du prochain – car, ajoute-t-elle, « nous sommes tous membres les uns des autres« , reprenant ainsi la doctrine chrétienne de l’Église en tant que Corps du Christ. Dans la lutte contre la pauvreté, ce service à autrui est le devoir de l’individu et non de l’État dont l’intervention devrait rester minimale. Donner à l’instar du Christ, car pour Thatcher la crucifixion était « l’acte suprême d’un choix » puisque « personne n’a ôté la vie de Jésus, il a choisi de la donner« .

On a beaucoup critiqué son manque de solidarité mais ce n’est pas lui rendre justice. Thatcher croyait en la justice sociale mais celle induite par la responsabilité personnelle et non déléguée à l’État. Citant de nouveau l’Évangile, elle rappelle que lorsque Jésus dit à ses disciples « Vous avez toujours les pauvres avec vous« , elle précise qu’il s’agit d’un extrait de l’Ancien Testament (Deutéronome 15:11) : « C’est pourquoi je te donne ce commandement : Tu ouvriras ta main à ton frère, au pauvre et à l’indigent dans ton pays. »

Non, la dame de fer n’avait pas un cœur de fer. Puisqu’elle croyait que pour redonner du cœur à nos villes, nous devons redonner espoir à la population, que notre société a grandement besoin d’altruisme, elle était convaincue que l’enseignement chrétien avait sa place dans les programmes scolaires car :

« Nous sommes une nation dont les idéaux sont fondés sur la Bible et il est tout à fait impossible de comprendre notre histoire ou la littérature sans saisir ce fait, et très concrètement il faut veiller à ce que les enfants en classe reçoivent une formation adéquate de la tradition judéo-chrétienne qui a forgé nos lois, nos mœurs et nos institutions. Comment pouvons-nous donner un sens à Shakespeare, sans une telle connaissance fondamentale ? »

Au moment où l’enseignement de la religion chrétienne est remis en cause en Belgique, il est bon de se rappeler que si les idées de Thatcher défendant l’engagement personnel, la liberté et l’altruisme – idées qui ont reformé le Royaume-Uni et l’Europe – sont si populaires dans le monde, c’est parce qu’elle a été instruite selon la tradition judéo-chrétienne.

La dame de fer était très ferme dans ses convictions sur Dieu et la morale. C’est pourquoi elle était intransigeante en suivant le principe du Christ « que votre oui soit oui et que votre non soit non« . Pour elle, l’enseignement de la foi était la pierre angulaire et immuable dans la fondation d’un état libre. Nos politiciens seraient bien inspirés de suivre l’exemple de cette grande dame.


Sur le web.

Samuel Furfari est Maître de conférences à l’ULB, Président de l’Association des églises protestantes évangéliques de Belgique. L’auteur s’exprime à titre privé.

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  • Je ne suis on ne peut plus d’accord avec vous ! Je professe également pour ma part que libéralisme et christianisme peuvent travailler en symbiose, dans le respect de la laïcité.

    Je vous invite à lire ces modestes articles :

    http://www.contrepoints.org/2012/11/25/105639-jesus-le-liberal
    http://www.contrepoints.org/2013/04/26/122762-libre-oui-faire-ce-que-je-veux-non
    http://www.contrepoints.org/2013/04/09/120974-hommage-a-lady-maggie-la-seule-politique-liberale-coherente

  • Excellent sujet.

    Personne, en tous cas en France, ne mentionne la foi de Margaret Thatcher, qui est pourtant indispensable à la compréhension de sa vie et de son action. Ce fait est pourtant amplement documenté dans les différentes biographies qui lui ont été consacrées — et dans celle qu’elle a écrite elle-même.

    Evidemment, les principes chrétiens de Margaret Thatcher contredisent directement le portrait caricatural et mensonger qu’en dressent les anti-libéraux. Ils vont directement à l’encontre de la fameuse citation tronquée et sortie de son contexte, « There’s no such thing as society », qu’on lui attribue pour lui faire dire exactement le contraire de ce que signifiait la déclaration où figuraient ces mots.

  • Sa première déclaration en tant que premier ministre, sur le perron du 10, Downing Street fut une prière attribuée à Saint François d’Assise :

    « Where there is discord, may we bring harmony. Where there is error, may we bring truth. Where there is doubt, may we bring faith. And where there is despair, may we bring hope. »

    Elle ajoute, dans son autobiographie : « The forces of error, doubt and despair were so firmly entrenched in British society, as the ‘winter of discontent’ had just powerfully illustrated, that overcoming them would not be possible with some measure of discord. »

    Des phrases parfaitement adaptées à la situation de la France aujourd’hui.

  • Margaret Thatcher et Vincent Peillon sont donc d’accord sur un point: : La déchristianisation menace le libéralisme.

    Ne prenons pas ce postulat à la légère…

    Un grand merci à Samuel Furfari, mais quel dommage d’émailler un tel article de concessions au gauchisme, comme si la neutralité pouvait remplacer l’objectivité:

    – « Cela ne signifie pas pour autant qu’elle mélangeait politique et religion. »
    On ne peut pas distinguer politique et religion. On peut distinguer politique et christianisme, parce que celui-ci est ainsi fait. Avec l’islam, par exemple, c’est le contraire.
    Il n’y a qu’une seule règle avec les religions: Ce sont elles qui définissent les règles (tiens, encore une preuve que le socialisme en est une).

    – « En véritable laïque et chrétienne, elle a su appliquer le principe fondamental du christianisme, hélas historiquement si peu suivi par les Églises. »
    Sous-entendu: Ça n’a pas marché.
    Mais l’Histoire montre le contraire ! L’enseignement chrétien a bel et bien libéralisé.
    Trop imparfaitement et trop lentement ?
    Mais qui a fait mieux ?
    Cette critique relève à la fois du relativisme (s’interdire de voir qu’une religion fonctionne mieux que les autres) et de l’idéalisme (on rejettera la meilleure solution réelle au prétexte qu’elle est inférieure à une solution idéale, mais irréaliste).

    La laïcité n’est que chrétienne: Même quand les socialistes l’évoquent, c’est en direction du seul christianisme, pour l’exclure de tout débat public.
    Eux-mêmes ne se l’appliquent pas, puisqu’ils s’érigent en autorité morale (donc spirituelle) sans refuser le pouvoir régalien (bien au contraire).

    • « On rejettera la meilleure solution réelle au prétexte qu’elle est inférieure à une solution idéale, mais irréaliste. »

      Et c’est, hélas, ce que font certains libéraux français, au nom d’une pureté doctrinale qui est, d’après moi, étrangère au principe même du libéralisme.

  • L’assèchement de l’économie réelle qui a abouti à l’actuelle crise majeure est un long processus de dégradation et de captation des ressources qui a commencé sous l’ère THATCHER – REAGAN.
    Extrait du livre  » la face cachée du mondialisme  » pages 121 et 149

    À la fin des années 1970, sous l’influence de Margaret THATCHER et de Ronald REAGAN membre du Bohemian’s club, la double puissance anglo-américaine, instrumentalisée par le CFR, opère une dérégulation de la finance mondiale. Elle procède en élaguant tout obstacle à la financiarisation de l’économie, favorisant la sophistication de la finance et l’extension des produits dérivés 1. Le moyen assuré de transférer la fraction de richesse détenue par les plus pauvres en faveur des 2 % d’individus les plus riches. Dès lors, le volet de la planification visant à créer les conditions d’une crise économique majeure était actionné. Voir en 3e partie le sous-titre – l’évolution du milieu bancaire, la fin des Bancausorus.
    1983 – Une nouvelle crise économique incite les décideurs mondiaux à créer l’ERT consolidant ainsi la politique libérale commune de THATCHER et de REAGAN. Elle incluait le transfert de la fraction de richesse des plus pauvres en direction des 2 % de gens les plus riches. L’objectif consistait à minorer le rôle de l’État, à favoriser la privatisation des services publics et à imposer une politique d’austérité budgétaire :voir cette vidéo animée par une noble doyenne du Parlement anglais qui présente la vraie figure de la Dame de fer et les conséquences ravageuses de sa politique sur le peuple anglais.
    http://www.dailymotion.com/video/xz2y01_glenda-jackson-les-mots-qu-il-faut-pour-le-dire_news?start=3#.UX0vPrU57K1
    L’European Round Table (ERT) est un lobby fondé par Étienne DAVIGNON membre éminent de la présidence du Bilderberg.

    • Ah ! Tiens ! Un petit peu de propagande marxiste sur Contrepoints. Ces derniers doivent vraiment avoir peur des libéraux pour venir cracher leur venin sur ce site. 🙂 Mais peut-être c’est il trompé d’adresse, contrepoint.org (sans -s) étant un site d’extrême gauche….

    • « Elle incluait le transfert de la fraction de richesse des plus pauvres en direction des 2 % de gens les plus riches. »

      Attendez, attendez… Vous êtes donc en train de nous expliquer qu’avant, les pauvres étaient riches ? Mais alors, on a bien fait de leur retirer leur richesse, n’est-ce pas ? C’est bien ça, la « redistribution » et la « justice sociale » ? Vous ne voudriez tout de même pas que des gens conservent leurs richesses ?

  • reste que l’action de margaret thatcher n’a pas été religieuse, mais economique et politique, remettre l’etat a sa place, et qu’un athée comme clemenceau, aurait aussi bien pu faire le travail de la mème facon.
    comme l’engagé guignol le dit au sergent hartman dans la celèbre scène du film  » full metal jacket  » : ce n’est pas parcequ’on ne croit pas en dieu, qu’on est forcément communiste.

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