Rome et la grande dépression

Nous devrions nous inquiéter du retour d’une éventuelle Grande Dépression. Celle qui suivit la chute de l’État providence romain est connue sous le nom d’«Age sombre » et dura plusieurs centaines d’années.

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Rome et la grande dépression

Publié le 5 octobre 2012
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Nous devrions nous inquiéter du retour d’une éventuelle Grande Dépression. Celle qui suivit la chute de l’État providence romain est connue sous le nom d’«Age sombre » et dura plusieurs centaines d’années.

Par Lawrence W. Reed.
Publié en collaboration avec l’Institut Coppet.

Les commentateurs ont soulevé quelques points communs intéressants entre la crise actuelle et la Grande Dépression des années 1930. Même si nous survivons aux folies dépensières de Washington, le Congrès et l’administration Obama pourraient nous conduire à la catastrophe s’ils augmentaient fortement les impôts ou les droits de douane, comme le Congrès le fit en 1930 et 1932. Mais d’autres parallèles devraient attirer notre attention.

Des sommes monumentales pour le sauvetage des banques. Des augmentations vertigineuses de la dette publique. Une concentration du pouvoir entre les mains du gouvernement central. D’incessantes revendications financières de la part des groupes d’intérêt. La rhétorique démagogique de la lutte des classes. Si ces éléments sont familiers à l’Américain du XXIe siècle, ils l’étaient tout autant au Romain de l’Antiquité, citoyen d’un État condamné à un destin funeste.

Durant les dernières années de la République Romaine, un voyou du nom de Clodius fut candidat au poste de tribun de la Plèbe. Il soudoya l’électorat en promettant de distribuer gratuitement des céréales (en vérité aux frais du contribuable), et gagna. Par la suite, les Romains adoptèrent l’idée qu’il était plus avantageux d’obtenir un revenu par des moyens politiques plutôt que par le travail. Cela a conduit l’économiste Howard E. Kershner à énoncer la loi qui porte son nom :

Quand un peuple autonome confère à son gouvernement le pouvoir de prendre aux uns pour donner aux autres, le processus de redistribution ne cesse qu’à partir du moment où le dernier contribuable est dépouillé de tous ses biens.

À Rome, les candidats au pouvoir dépensaient d’importantes sommes d’argent pour gagner les faveurs du public. Ils pillaient ensuite la population pour satisfaire les groupes d’intérêt qui les avaient fait élire. Après que la République eut été remplacée par la dictature, les Empereurs se succédèrent, et tous bâtirent leur puissance en accordant des subventions et en versant des allocations publiques. À l’époque de la naissance du Christ, presque un tiers de la ville de Rome recevait des aides publiques.

En réaction à une violente crise monétaire et financière en 33 après J.C., le gouvernement décida d’étendre largement l’accord de prêts à taux nul. Dans le sillage de cette crise, les dépenses gouvernementales montèrent en flèche.

En 91, le gouvernement décida d’intervenir dans le secteur agricole. L’Empereur Domitien ordonna la destruction de la moitié des vignobles provinciaux dans le but de restreindre la production de vin et d’en augmenter les prix.

Emboîtant le pas à Rome, de nombreuses villes de l’Empire s’endettèrent. À partir du règne d’Hadrien au début du IIe siècle, les villes en difficulté financière reçurent des aides de Rome et perdirent ainsi une portion considérable de leur indépendance politique.

Le gouvernement central prit également la responsabilité de fournir des loisirs à la population. Des jeux et des combats de gladiateurs étaient organisés pour distraire les masses. Les historiens contemporains estiment que l’équivalent de cent millions de dollars par an furent dépensés pour la tenue de ces jeux.

Sous le règne de l’empereur Antonin le Pieux (de 138 à 161), la bureaucratie romaine atteignit des proportions gigantesques. Selon l’historien Albert Trever, « l’implacable système fiscal, chargé d’organiser la spoliation et le travail forcé, finit par être administré par une armée de soldats bureaucrates. Partout, les bureaucrates à la solde des empereurs » s’employaient à écraser les fraudeurs fiscaux.

Et les raisons de frauder le fisc étaient légions. Selon l’historien romain Suétone, dans la Vie des douze Césars, l’Empereur Néron aurait déclaré en se frottant les mains : « Imposons, imposons encore ! Dépouillons les tous !» Les impôts finirent par détruire d’abord les familles fortunées, puis ils détruisirent les classes moyennes et laborieuses. « Ce que les soldats et les barbares épargnaient, les empereurs le prenaient par l’impôt », selon l’historien W. G. Hardy.

À la fin du IIIe siècle, l’Empereur Aurélien érigea l’accès aux aides publiques en droit héréditaire. Aux bénéficiaires, il offrit, en complément du pain (plutôt que de leur donner du blé et les laisser faire leur propre pain), du porc, du sel et de l’huile d’olive.

Rome souffrit du mal qui afflige tous les États providence : l’inflation. Les pressions exercées sur le gouvernement, pour qu’il dépense et subventionne, se traduisirent en création monétaire. Les uns après les autres, les Empereurs diminuèrent la qualité des pièces romaines pour financer leurs dépenses. Autrefois composé d’argent pur, le denier, en l’an 300, n’était guère plus qu’un jeton dont la teneur en argent n’était que de cinq pourcents.

Les prix montèrent en flèche et l’épargne disparut. Les marchands étaient montrés du doigt alors que les gouvernements continuaient leurs folles dépenses. À cela s’ajouta le contrôle des prix, dont les effets néfastes ravageaient une économie privée affaiblie et déclinante. En 476, quand les Barbares rayèrent l’Empire de la carte, Rome avait commis un suicide moral et économique.

Nous devrions en effet nous inquiéter du retour d’une éventuelle Grande Dépression. Celle qui suivit la chute de l’État providence romain est connue sous le nom d’«Age sombre » et dura plusieurs centaines d’années.

—-
Source : Foundation For Economic Education – Traduction : Geoffroy Le Gentilhomme pour l’Institut Coppet.

Voir les commentaires (19)

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Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • « En réaction à une violente crise monétaire et financière en 33 après J.C., le gouvernement décida d’étendre largement l’accord de prêts à taux nul. »

    Au sujet de la crise de 33 après J.C :

    http://ronsardenprison.wordpress.com/2012/05/15/labct-peut-il-expliquer-la-crise-economique-de-33-apres-jc/

  • Pour ce qui concerne la redistribution de la richess, nous avons le choix entre l’Etat et les patrons. Après la crise que nous venons de subir, je préfère encore l’Etat!! La différence entre l’empire romain et aujourd’hui, c’est que les patrons de l’époque était bien plus humains que ceux d’aujourd’hui et n’hésitait pas à faire de l’evergetisme. Aujourd’hui, nos riches partent en Belgique. On ne récolte jamais que ce que l’on sème.

    • « Après la crise que nous venons de subir, je préfère encore l’Etat!! » Logique, c’est bien le seul à pouvoir distribuer des richesse qui n’existe pas encore ou qui n’existerons même jamais ! On ne peut pas en dire autant de ces radins de patrons qui préfèrent assurer la survie de leur entreprise et des ses emplois plutôt que de distribuer ses ressources au tout venant !

    • « la redistribution de la richess, nous avons le choix entre l’Etat et les patrons. Après la crise que nous venons de subir, je préfère encore l’Etat!! »

      La crise que nous subissons de plein fouet c’est l’état qui n’a justement plus de fric à (se) distribuer et pompe tellement tous azimuts depuis 38 ans que les moutons sont en train de crever.

      Ah ça, le patron risque pas de vous donner beaucoup, lui vous donne 3000 euro vous n’en touchez que 1500. ça lui coute une blinde et vous êtes mal payé. merci qui ?

      Vous êtes vraiment un zéro même en ce qui concerne les romains faut sacrément forcer avec des vérins hydraulique pour sortir des imbécilités pareilles.

    • « nous avons le choix entre l’État et les patrons » : Idée complétement stupide, à la formulation baroque.
      C’est quoi l’état ? Une collection de fonctionnaire cooptés et d’histrions vaguement choisis parmi ceux qui savent faire les promesses les plus incroyables pour être « élus ». Les grands maitre de la carte de rationnement, de la commission d’attribution du logement, etc.
      C’est qui les patrons ? c’est nous, les consommateurs, qui choisissons qui produira quoi pour nous, c’est nous, les producteurs, qui choisissons ce que nous offrons parmi les possibilité que nous avons.
      Vous avez raison, « On ne récolte jamais que ce que l’on sème. » Je suis juste effrayer de la bêtise que vous semez.

    • « Après la crise que nous venons de subir, je préfère encore l’Etat! »
      Syndrome de Stockholm. Classique, cela se soigne.
      « l’empire romain et aujourd’hui, c’est que les patrons de l’époque était bien plus humains que ceux d’aujourd’hui »
      Mais oui bien sûr. Il valait mieux être ouvrier à l’époque que maintenant. Ils étaient aux 25h/semaine, avaient 18 semaines de congés par an et leur espérance de vie dépassait le siècle. C’est connu.

    • Heu les patrons romains plus humains….
      Les esclaves ça ne vous dit rien…

  • Pff ! Encore un tissu de mensonges pour faire peur aux gens. Déplorable !

    • @NPA

      Quel tissu de mensonges?

      • Nous ne vivons tout de même pas une réptition de l’Empire romain liée à l’Etat providence, mais à la dérégulation éhontée de l’économie de ces trente dernières années. Arrêtez donc d’enfumer des gens avec des thèses simplistes et sottes !

        • @ NPA

          Relax, mec. On va pas te bouffer.
          Tu as des arguments en faveur de ce que tu dis? …………..

        • « dérégulation éhontée de l’économie de ces trente dernières années »

          Vous avez le sens de l’humour … car c’est de l’humour, n’est-ce pas?

          Non, je demande parce que quand on se renseigne un tout petit peu, c’est à une multiplication de règlementation qu’on a assisté des 30 dernières années donc j’ai du mal à vous suivre.

        • « mais à la dérégulation éhontée de l’économie de ces trente dernières années. »

          Celle-là est amusante déjà quand on voit l’inflation ubuesque des codes de loi depuis 30 ans et la mainmise de plus en plus grande des états sur l’économie mais surtout quand avec deux grammes de réalisme on s’aperçoit que la crise actuelle c’est juste le retour de bâton de 38 ans d’endettements clientélistes.

          Sinon l’économie irait parfaitement bien. D’ailleurs les fondamentaux des pays d’Europe peu endetté crèvent les plafonds. (Si ce n’est que leurs clients et partenaire sont des drogués à la dette et bientôt insolvable)

          • Puisqu’on nous ramène à l’antiquité, j’aimerais bien que des libéraux décrivent le fonctionnement d’une cité libérale avec détails et objectivité, à la façon de Platon, en remplaçant la sagesse par la cupidité.

          •  » à la façon de Platon, en remplaçant la sagesse par la cupidité. »

            Mais bien sur, « c’était mieux avant, l’homme de maintenant est incroyablement cupide…tout fous le camp ma brave dame »

            Quand on distord le réel et qu’on a zéro en culture faut pas s’attendre à mieux avec le passé.

        • C’est vrai qu’avec 56 % du PIB dépensés par l’Etat, on est dans la dérégulation de l’économie.

  • Ah, rançon du succès pour Contrepoints : le site commence à être lu et commenté par la masse voir des colleurs de posts de « partis officiels » (eg NPA, JN Tribolo, Citoyen) !

    • Bonjour djejevmax,

      Comme à un orphelin né sous x, toujours à la recherche de sa famille biologique, auriez-vous l’amabilité de me révéler ma famille politique ?

  • « Nous devrions en effet nous inquiéter du retour d’une éventuelle Grande Dépression. Celle qui suivit la chute de l’État providence romain est connue sous le nom d’«Age sombre » et dura plusieurs centaines d’années. »

    Attention à ne pas oublier l’importance de la fin de la sécurité du commerce en Méditerranée à partir du 7 ème siècle, due à l’expansion islamique qui mit fin au « lac romain ».

    La civilisation classique était centrée sur la Méditerranée, qui était un lieu d’échanges extrêmement important d’un point de vue économique. On sait aujourd’hui que la conquête de la rive sud de la Méditerranée par les guerriers musulmans et le harcèlement incessant des pirates musulman a brutalement mis fin à ce commerce méditerranéen, mettant fin pour des siècles à ce qui avait fait la prospérité du monde antique.

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