L’accord passé mercredi dernier entre banques centrales et la Fed a de quoi surprendre.
Par Jacques Garello
Article publié en collaboration avec l’aleps
Les bourses ont été enthousiastes. Les défenseurs de l’euro sont rassurés. Les actions des banques ont bondi. Les banques centrales ont décidé de secourir les banques européennes en panne de liquidités, et notamment en panne de dollars.
Il faut dire que le montage a été bien conçu. Les pays malades de la dette souveraine, France en tête, ont fait pression sur la Banque Centrale Européenne pour qu’elle fournisse des euros à ceux qui en avaient besoin. La BCE a bien accepté de racheter quelques obligations émises par les États en difficulté, mais sous la pression des Allemands et de quelques autres elle s’est refusée de devenir le « prêteur en dernier ressort » : pas question de faire tourner la planche à billets pour éponger les dettes souveraines. Puisque la BCE n’acceptait pas de « faire preuve de solidarité » et s’abritait derrière ses statuts, on a créé le Fonds Européen de Stabilisation Financière (FESF), paradoxalement alimenté par des contributions d’États… endettés. L’affaire n’est pas allée très loin, le club des fauchés n’a réuni que quelques centaines de milliards vite absorbés et il s’en sort par une pirouette : il ne rembourse plus les dettes souveraines, il les garantit vis-à-vis d’éventuels investisseurs – absents à ce jour.
Heureusement on vient de sortir de l’impasse. Six banques centrales (États-Unis, Angleterre, Canada, Japon, Suisse et BCE) ont décidé d’organiser avec le concours de la Réserve Fédérale américaine une série d’accords d’échanges de devises. Ces opérations sont des « swaps » : la FED recevra des autres banques centrales leurs devises (livre sterling, dollar canadien, yen, franc suisse et euro) et leur versera sur-le-champ l’équivalent en dollars US. À terme, les banques étrangères remboursent la FED et récupèrent leurs devises moyennant un taux qui rémunère le service de liquidité rendu par les Américains. L’accord passé mercredi dernier prévoit que ce taux sera abaissé de 0,5 %, ce qui rend la liquidité dollar moins chère, et que le montant des avances est illimité. C’est dire que si nécessaire, la FED émettra encore davantage de billets verts, au point où elle en est elle peut encore brader sa monnaie. La BCE recevra donc des dollars qu’elle pourra prêter aux banques européennes à un taux inférieur à celui du marché des liquidités.
Dans l’affaire, on ignore trois choses : la quantité de dollars qui sera ainsi libérée, la réaction des banques européennes, et surtout la capacité desdites banques à rembourser avant 2013.
Mais le plus surprenant est ceci : il n’y aurait jamais eu de crise financière si les banques centrales en question, et surtout la FED, n’avaient pas pratiqué depuis dix ans une politique d’argent facile en abaissant artificiellement les taux et en gonflant exagérément la masse monétaire. Elles ont allumé l’incendie, maintenant elles veulent l’éteindre. Mais le problème est-il celui des liquidités en dollars ou celui des dettes souveraines ? Le feu est toujours à la maison Europe.
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