Abolition de la prostitution

Le regard de René Le Honzec

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Abolition de la prostitution

Publié le 7 décembre 2011
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Droite et gauche ont voté mardi à l’Assemblée, dans un rare consensus, en faveur d’une résolution réaffirmant « la position abolitionniste » de la France en matière de prostitution. Les clients des prostituées vont-ils être sanctionnés ? Il faudra attendre le vote d’une loi. Sans doute pas avant la présidentielle…

 

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  • Encore une liberté qui saute! Je ne vois pas en quoi un rapport sexuel tarifé entre deux adultes consentants dérange qui que ce soit au point que ce qui veuile interdire ce rapport. Que l’on combatte le proxénétisme maffieux, que l’on protège les mineurs, que l’on offre à le ou la prostitué(e) la possibilité de faire autre chose à tout moment si il ou elle en a envie, oui. Mais que l’on pénalise le ou la prostitué(e) et son client sans aucune autre forme de procés est une atteinte directe à leur liberté d’agir comme ils l’entendent alors qu’ils ne dérangent personne. C’est quoi la prochaine étape?

    • « Que l’on combatte le proxénétisme maffieux, que l’on protège les mineurs »,

      Vous posez une bonne question, mais c’est très difficile de combattre le seul proxénétisme maffieux sans combattre toute la filière prostitution. Les maffieux auront toujours des prix inférieurs aux indépendants, ce qui leur permet de prospérer toujours davantage que les indépendants. Et le proxénétisme maffieux est très compliqué et couteux à combattre, c’est pratiquement aussi désespéré que la guerre contre la drogue, voire davantage.

       » que l’on offre à le ou la prostitué(e) la possibilité de faire autre chose à tout moment si il ou elle en a envie »

      Les prostitués « indépendants » établis, non esclaves donc, vous répondraient qu’au bout d’un moment décider de faire autre chose que se prostituer est aussi compliqué que ne l’est, pour un boulanger, de décider de faire autre chose que du pain. Quand vous avez 20 ans d’une pratique professionnelle derrière vous, et un équilibre économique qui va avec, changer de métier est aussi difficile, que vous soyez prostitué ou comptable.

      Rappelons aussi dans aucune civilisation au monde les humains ne considèrent l’activité sexuelle comme une prestation « comme une autre » (sinon toutes les personnes qui s’expriment sur ce formum accepteraient sans ciller de vivre avec une femme ou un homme qui, du lundi au vendredi, aurait des rapports sexuels avec d’autres que lui. Or je pense que cet état d’esprit est marginal).

      Ce regard sur l’activité sexuelle fait aussi de la prostitution une activité professionnelle plus difficile à « arrêter » que d’autres : Celui ou celle qui décide de vivre avec un ancien prostitué se pose inévitablement la question « a t il vraiment arrêté » ou « et s’il recommençait » ?

      • Le proxénétisme mafieux est trop dur à combattre ? Pas de problème ! Combattons la prostitution librement consentie !

        Ça ne servira à rien (bah oui : on vous a déjà dit que le proxénétisme mafieux était trop dur à combattre : non, mais, vous suivez ?), mais au moins, on ne pourra pas dire qu’on n’a rien fait ! Ah !

        Et puis, tant qu’on y est, fermons les usines (les légales, hein – les ateliers clandestins, pareil, trop dur à combattre). Et oui : rendez-vous compte ! Un gamin qui n’a produit que des Nike de contrefaçon dans son atelier du XIIIème depuis ses 5 ans n’arrivera jamais à faire quoi que ce soit d’autre de sa vie. ‘faut bien faire que’qu’ chose, hein ? C’t’ina’missib’ !

  • On est en plein délire. J’entendais la semaine dernière qu’un homme qui avait divorcé de sa femme avait été condamné à lui verser 10K€ pour ne pas l’avoir honoré pendant 10 ans (véridique). Avec « l’abolition » de la prostiution, on veut sanctionner des hommes qui ont des rapports tarifés. Bientôt, on interdira la levrette!

  • Quelle différence entre offrir un service à la sueur de ses bras, et offrir un service à la sueur des ses fesses, à volonté égale de participer à l’offre ? Aucune, à moins d’avoir de sérieux problèmes quant à ses rapports avec le bas-ventre.

    Enfin, la ficelle est bien connue : faute d’être capable d’efficacité quant aux problèmes économiques, on fait appel à l’uniformité morale, dans l’espoir que les veaux se diront que, même s’ils n’arrivent pas à se sortir de l’ornière, au moins, ils sont tout lisses, tout propres et peuvent prétendre à l’approbation du groupe…

    … la bestialité fasciste et la lutte contre les libertés ont ainsi encore, hélas, de beaux jours devant elles.

    C’est d’autant plus dommage que, si ces hégémonistes étaient un peu moins étroits, tout le monde pourrait prendre beaucoup de plaisir, à leur carrer leurs « projets de société » dans le fondement.

    • « Quelle différence entre offrir un service à la sueur de ses bras, et offrir un service à la sueur des ses fesses, à volonté égale de participer à l’offre ? Aucune, à moins d’avoir de sérieux problèmes quant à ses rapports avec le bas-ventre. »

      Si la personne qui vit avec vous et qui gagnait jusqu’à présent son salaire à la sueur de ses bras, décide suite à un licenciement de dorénavant gagner son salarie à la sueur de ses fesses, restez vous avec lui/Elle, ou le/la quittez-vous ?

      Pas si simple.

      • Mais la c’est une question d’ordre privée, c’est votre morale qui prime, l’état n’a pas à s’en méler.
        Si la personne avec qui je vis décide de travailler dans le lobbying, contribue à de la recherche biaisé pour Greenpeace ou service des impôts j’ai le même problème.
        C’est que cette personne n’a pas les mêmes convictions morales que moi, c’est pas pour cela que je demande une interdiction.
        C’est mon mode de vie avec mes choix personnels.

        • Le choix de préférer que votre conjoint vous soit sexuellement fidèle peut être considéré comme un « choix personnel »…

          Mais ce « choix personnel » est si répandu qu’il a pour effet tangible de marginaliser les prostitué(e)s.

          Dit plus simplement, Whynot pourra vraiment dire que la prostitution est un métier comme un autre quand une proportion significative de l’opinion considèrera comme ordinaire que sa femme ou son mari, a des rapports sexuels tarifés toute la journée avec d’autres personnes que son conjoint.

          Tant que l’écrasante majorité des citoyens voit la prostitution de son conjoint d’un mauvais oeil, ce sera, dans les faits, un métier à part.

          • Entre un métier à part et un métier que l’on essaye d’abolir il y a tout de même une sacrée différence.
            Le fait qu’un métier soit à part est très subjectif, les métiers saisonniers sont a part, le monde de la restauration est un monde à part, tout dépend des critères que vous examinez, cela ne justifie pas une quelconque position abolitionniste.
            La prostitution est aussi à part à cause du cadre légal, cela n’est pas reconnu comme une profession, le racolage est interdit, les bordels aussi ainsi que le proxénétisme hôtelier.

          • Le fait qu’un métier soit à part est très subjectif, les métiers saisonniers sont a part, le monde de la restauration est un monde à part »

            Vous touchez au coeur de la question. Meme dans les pays qui ont le plus légalisé cette pratique, ou qui la tolèrent le plus, se prostituer vous exclut aux yeux de l’immense majorité des gens. On peut toujours dire que pris un à un, ces gens ont une vision subjective… mais l’effet objectif de toutes ces subjectivités sur le prostitué est qu’il est isolé quoi qu’il arrive.

            Déjà vous-même, vous sépareriez vous de l’homme / la femme qui vit avec vous si elle décidait de se prostituer ? Pourriez vous vivre au quotidien avec une femme / un homme qui a des rapports sexuels toute la journée avec un(e) autre que vous ?

          • (A whynot)
            Merci de votre réponse. Il est possible que dans un pays peuplé de libertin(e)s, davantage de maris ou femmes n’auraient aucune objection à ce que leur conjoint gagne sa vie en vendant des services sexuels. Dans ce cas, il est très probable que l’esclavage sexuel serait à la fois plus facile à réprimer, et moins intéressant pour la pègre, car le prix de la clandestinité remonterait.

            Mais, qu’on le déplore ou qu’on s’en félicite (je laisse chacun à sa morale personnelle), le mode de vie libertin reste (il semble, car il y a finalement peu d’enquêtes) assez marginal : un stock de quelques centaines de milliers de personnes, dont la plupart cesseraient cette activité au bout de 6 ou 7 ans.

            Surtout le monde libertin et le monde de la prostitution sont eux mêmes bien distincts(en tout cas au gros de la prostitution, à savoir celle « d’abattage »). Les clients des prostitué(e)s ne sont pas forcément des libertins.

            En 2009, la sofres a calculé que 79% des femmes et 74% des hommes estiment que pour qu’un couple dure, il faut que chacun des partenaires soit complètement fidèle. Ca fait un cinquième ou un vingtième qui pensent que la fidélité n’est pas complètement importante, mais sur ceux là, combien accepteraient que leur conjoint décide de se tourner vers la prostitution ? La question mériterait d’être posée. A mon avis, pas beaucoup.

            Qu’on s’en félicite ou qu’on s’en afflige, la prostitution n’est pas considérée comme un métier comme un autre. Ce qui fait qu’une personne pratiquant la prostitution reste, dans les faits, très isolée par rapport au gros de la population. Cet isolement est un des grands facteurs qui facilite l’esclavage sexuel.

            et c

          • @dolores : donc, pour dire que vous faites quelque chose (de parfaitement futile, mais passons) pour les 80% d’exploités, vous êtes prête à persécuter les 20% qui font cela parfaitement volontairement, et pour qui, justement, ça va plutôt bien ?

            Votre fin justifie donc les moyens… hum, dites-moi, n’est-ce pas ce que les criminels (au hasard, par exemple, les proxos) usent comme fondement de leurs actions ?

            Rien ne vous choque, dans cet utilitarisme (outre, j’insiste, quand même, son inutilité, justement, puisque ça ne changera rien quant à la criminalité et l’exploitation, si c’est tout ce que vous avez à proposer pour lutter contre eux, si on peut décemment appeler ceci lutter contre eux) ?

          • J’ai beau relire mes messages précédents, je ne crois pas avoir pris parti pour ou contre l’abolitionnisme, ni même jugé de l’efficacité de telle ou telle politique (repressive ou permissive) contre l’esclavage sexuel. J’invite juste à réfléchir sur le fait que c’est un sujet sur lequel il faut être modeste et jamais définitif.

            Comme je l’ai dit, les politique répressives (abolition de la prostitution) comme permissives (légalisation) n’ont pas l’air à elles seules d’avoir un quelconque effet. Seuls des moyens financiers considérables d’enforcement (politique d’éducation ont permis à la Suède, abolitionniste, de faire reculer de manière mesurable l’esclavage sexuel. Et encore, c’est juste parti dans les pays voisins.

            Vous pourriez très bien plaider en faveur d’un changement massif de regard sur les services sexuels qui permettrait à la pratique « volontaire » du travail sexuel de marginaliser voire faire disparaitre la pratique contrainte. Mais c’est assez titanesque comme ambition. Comme je vous le dis, je ne pense pas qu’il y ait encore beaucoup d’autres personnes que vous sur ce forum à pouvoir envisager vivre une vie de couple avec un conjoint qui se prostituerait. Ca ne veut nullement dire que ca ne peut pas évoluer, mais c’est du travail de très longue haleine sur plusieurs siècles.

            Quand à savoir si pour libérer 8 esclaves il est légitime ou non de demander à 2 personnes libres de changer de travail, je n’ai pas honnêtement pas d’opinion, mais si on pose la question aux 8 esclaves, ils en ont certainement une.

          • @ dolores : tout comme pour les drogues (par exemple), je pense qu’il s’agit de bien différencier deux problèmes bien distincts :

            1°) La prostitution en elle-même et les problèmes éventuels inhérents liés à l’exercice de cette activité.

            2°) La législation ayant trait à cette activité.

            Si tu préfères, posons-nous la question : la prohibition, tant des drogues que de la prostitution résout-elle (et en quoi ?) le 1°) ? D’autre part, la prohibition ne crée-t’elle pas plus de problèmes qu’elle n’en résout ?

            Les réponses à ces deux questions me paraissant pour le moins évidentes, j’opte franchement pour la levée de la prohibition. Ce qui, au final, répond au sujet de cet article.

            Le débat sur la prostitution, ses mécanismes et ses causes est un débat majeur, c’est évident, et de fait, j’accuse là aussi nettement en grande partie la prohibition des drogues d’être une cause majeure de la prostitution actuelle : en effet, si le gramme de machin-truc (héroïne, cocaïne, etc…) ne coûtait pas 50 euros, certain(e)s drogué(e)s ne seraient pas contraints de se prostituer pour se payer leur dose quotidienne.

          • @Dolores : donc, pour _tenter_ de libérer 8 esclaves, vous êtes prête à persécuter deux autres personnes qui n’ont rien demandé à quiconque.

            Et si ça échoue? Vous vous retrouvez avec deux persécutés de plus, et pas un de moins; 10 oppressés au lieu de 8. Bien. Bien-bien…

            Ça ne pue pas du tout, comme méthode…

          • Encore une fois (mais vous ne lisez sans doute pas mes messages), je n’ai à aucun moment dit que l’abolitionnisme était une garantie de succès dans la lutte contre l’esclavage sexuel.

            C’est vous qui interprétez mes paroles en disant que : « pour les 80% d’exploités » je suis « prête à persécuter les 20% qui font cela parfaitement volontairement, et pour qui, justement, ça va plutôt bien ? ». Je n’ai jamais posé la question en ces termes: j’ai juste reformulé la question que vous posiez, ce qui ne veut pas dire que je la trouve pertinente ou que je la fait mienne. Perso, je ne me la pose pas, et donc je n’ai pas la réponse.

            La lutte contre l’esclavage sexuel ne se résume pas au choix entre abolition ou légalisation de la prostitution, c’est bien plus compliqué que ca. Il n’y a pas de « cheap trick » qui permette de l’éradiquer, sinon ça se saurait. La plupart des acteurs sérieux sur ce terrain disent la meme chose : les seules politiques qui ont un peu marché mélangent l’éducation sexuelle, l’action policière en passant par l’action associative et une bonne vingtaine d’autres dimensions, avec pas mal d’argent à la clef.

            Si vous vouliez résumer ce que je souhaite en intervenant ici : c’est de remettre de la complexité dans une réflexion qui est trop souvent simplifiée à outrance.

  • Une fois de plus une attitude lâche de nos politiciens qui, plutôt que d’affronter un problème potentiel, préfèrent s’en débarrasser en l’interdisant. On est pas sortis de l’auberge avec des connards pareils.

  • L’Etat ne décidément plus comment se financer! C’est autant d’argent qui repart vers les pays de L’Est… La France, une société carcérale, ouais!

  • Perso, j’y suis jamais allé,je ne peux pas jugé. De toute façon pour les frontalier, il y a l’Espagne, la belgique, Etc..
    http://goo.gl/2tS6Y

  • Consolez-vous les gars, on peut aussi avoir des rapports sexuels avec une femme sans payer, je vous assure que c’est possible. Essayez pour voir.

    • Et donc cette raillerie dans quel but ? Je rappelle juste que le taux de viols a explosé en Suède depuis la mise en place de la politique de criminalisation des clients. Ca doit vous plaire, Alexandre, le viol : c’est un rapport sexuel avec une femme où il n’y a pas besoin de payer…

    • Sans payer du tout ? Moins souvent que vous ne semblez le prétendre :

      – la monogamie coûte cher à celui qui la pratique (lourds tributs avant et pendant, évaporation du patrimoine, après, si l’on n’a pas fait de contrat, sans compter les pensions alimentaires… on peut sans doute grapiller un peu en magouillant avec la niche que constituent les parts fiscales, mais j’ai comme un doute sur la pertinence globale de l’affaire ; sans même parler de la qualité du service, de ce que j’ai pû observer)

      – le butinage demande aussi un budget (à moins d’avoir une pépinière dans une cave capitonée, il faut sortir, pour butiner : offrir des verres et cie ; là non plus, courtiser n’est pas gratuit… c’est bien possiblement moins cher que la monogamie, mais gratuit ? Non)

      – reste encore le libertinage, mais là encore, ce n’est pas forcément gratuit (frais d’organisation, pour les soirées, par exemple) ; sans compter qu’avec la vivacité de l’hégémonisme moral, c’est sans doute un prochain combat des fascistes à la petite semaine (cf l’affaire DSK, par exemple : autant l’homme politique m’écœure, autant ce qu’il fait de son postérieur, tout autant que de son antérieur, ne me regarde aucunement, ni davantage que les hordes de bêleurs ; et pourtant, ça ne les a pas empêché de creuser des basse-fosses de lapidation)

      Oh, j’entends bien certains s’indigner que pareils raisonnements sont abjects, en ce que j’assimilerais toutes les femmes à des putes. Je préfère songer que j’assimile des putes à des femmes, comme les autres (je me limite aux femmes, rapports à mes préférences ; que les hommes prostitués n’y voient aucune condamnation de leur activité) – tout au plus exerçant leur sexualité dans une démarche libérale, plutôt que via une concurrence faussée, saupoudrée de frais cachés (ah!)… à bon entendeur.

      • Si c’est le reflet de votre expérience personnelle, je suis vraiment navré qu’il vous en ait coûté autant de coucher avec des femmes. Cela dit, votre rapport aux femmes n’engage que vous.

    •  » on peut aussi avoir des rapports sexuels avec une femme sans payer, je vous assure que c’est possible. Essayez pour voir. »

      Ohhh….

    • Gratuit, c’est impossible : il faut déjà payer de sa personne.

  • L’homosexualité est-elle plus morale? Pourquoi ne pas l’interdire en passant?

  • Que vous ayez une position abolitionniste ou permissive, la question de la prostitution ne se tranche jamais en un thread de forum.

    D’un point de vue sociétal, la plupart des bords politiques se rassemblent autour d’un objectif : la lutte contre le travail sexuel forcé.

    En France, l’estimation est : 20% de prostitué(s) on va dire « volontaires », et 80% d’esclaves sexuels sous contrainte (la contrainte peut prendre des formes très diverses : ca va de la contrainte pure avec menace de mort, au chantage à la dose de drogue, ou la cinquantenaire chinoise victime d’une filière de passeurs maqués avec des proxénètes et des marchands de sommeil, qui menacent de la renvoyer en Chine si elle cesse de payer son loyer par des passes.

    Il semble bien que les stratégies de légalisation de la prostitution ne permettent pas fondamentalement de réduire cette proportion de travail contraint : les bordels ayant pignon sur rue peuvent recevoir des controles, genre des services de santé publique, et dans ces bordels là, il peut y avoir une proportion élevée de personnes se prostituant « par choix ». Mais comme la pression légale se relâche, les proxénètes clandestins se multiplient et prospèrent, et l’esclavage sexuel (à bon marché) progresse (soit sur place, soit dans les pays voisins, le pays « légalisateur » servant de plateforme de « recrutement » à ciel ouvert, les esclaves étant ensuite dispatchés dans d’autres pays).

    Les spécialistes du sujet savent bien que la prostitution perdurera quoi qu’il arrive, mais ils souhaitent limiter au maximum l’esclavage sexuel. Pénaliser le client est une solution comme une autre : si vous êtes client d’une prostituée ou d’un prostitué en France, il y a 8 chances sur 10 qu’il ou elle soit un esclave. C’est ce genre de message que les séances « d’éducation du client » que préconisent les abolitionnistes veulent transmettre aux clients, et ils disent que ça fonctionne.

    Il faut être honnête : là ou il y a prostitution, il y a toujours esclavage. Ca tient au jeu des prix des prestations : les prestations des esclaves sexuel sont toujours vendues moins cher que celles des prostitués indépendants. Les esclaves raflent donc le gros du marché, quoi qu’il arrive, et les bénéfices permettent de financer la défense des territoires de racolage par des gros bras armés, ce qui permet de limiter la concurrence venue des travailleurs sexuels « indépendants ». Meme quand la prostitution est légale, la prostitution « au noir », basée sur l’esclavage, prospère, car elle offre des prix moins chers elle est une activité très simple à dissimuler aux autorités.

    Maintenant, les trafics sont largement internationaux, donc on peut penser qu’au lieu d’être orienté(e)s vers la France, les esclaves sexuels seront orientés dans d’autres pays. Il n’y a pas vraiment de panacée dans ce domaine. L’idée des abolitionnistes est de lancer une dynamique mondiale d’abolition, seul l’avenir dira s’ils ont raison.

    (J’ai vu une remarque sur le viol en Suède dans ce thread. Les viols en suède ont progressé, mais mettre ça sur le dos de leur criminalisation de la prostitution me parait assez hatif. Les viols progressent depuis bien avant le vote de cette loi. Il y a en particulier des aspects comptables ( a titre d’exemple, La suède a considéré comme viol le rapport non consenti entre époux dès 1965, contre 1990 en France). Des délits considérés comme simple harcelement sexuel sont considérés en Suède comme des viols. (

    • Le problème c’est que là on assiste non pas à « la lutte contre le travail sexuel forcé. » mais purement et simplement à la lutte contre le travail sexuel. Ce serait étrange si pour lutter contre le travail au noir on interdise le travail, le soi-disant remède ne fera au contraire que durcir les condition de la prostitution illégale.

      Je ne comprends pas ce qui vous permet de dire « que les stratégies de légalisation de la prostitution ne permettent pas fondamentalement de réduire cette proportion de travail contraint ».

      De même « là ou il y a prostitution, il y a toujours esclavage » est une affirmation assez forte, vous la justifiez par le fait que l’esclave permet des prestations moins onéreuses mais c’est identique pour le travail en général, pourtant il n’y a pas 80% des employés en france ne sont pas des esclaves.

      Si les prestations basées sur l’esclavage sont moins onéreuses c’est aussi parce que le coût de l’illégalité est très faible. Peu d’amendes, peu de peines de prison, un réseau simple, stable, en gros la justice ne les embête pas trop.

      Toujours est-il qu’avec des justifications comme ça on peut tout interdire…

      • Je ne comprends pas ce qui vous permet de dire « que les stratégies de légalisation de la prostitution ne permettent pas fondamentalement de réduire cette proportion de travail contraint »

        Vous avez raison, il faut développer. C’est globalement l’observation faite par les divers gouvernements et les assos de terrain des divers pays.

        Il y a deux raisons qui expliquent pourquoi, dans les faits, l’activité sexuelle tarifée est majoritaiement colonisée par les trafiquants d’esclaves :

        – D’abord c’est probablement un des travaux les moins qualifiés au monde, en tout cas pour la prostitution dite d’abattage (la prostitution dite de luxe est très marginale dans cet ensemble)
        – ensuite c’est un travail qui, même quand il est « légal », est très mal vu par la majorité des gens (en premier lieu par la plupart des prostitués eux mêmes). Les prostitué(e)s travaillent dans la discrétion, ne parlent pas de leur travail à leurs proches ou famille (quand ils ont un entourage) : leur sujétion et leur isolement s’autoentretient. La clandestinité est donc très peu couteuse à organiser.

        En raisonnant par l’absurde : si cuisiner dans un restaurant était encore plus mal vu que de se prostituer, et si cela demandait moins de compétences techniques que de se prostituer, alors ce ne serait pas 25% de cuisiniers sans papier au noir qu’on aurait dans les restaus parisiens, mais 80%, et ils seraient probablement tous sous la coupe de maffieux.

        Ca explique peut etre, anecdotiquement, la réputation de grande stupidité et de grande brutalité qui marque les proxénètes au sein de la pègre. Pour être « mac », il n’y a pas besoin de beaucoup de compétences pour progresser, seule compte la force brute, pour conquérir tel ou tel territoire, etc… la gestion même du « service » est très simple, et les esclaves organisent eux mêmes leur isolement. Par comparaison, les autres activités maffieuses demandent beaucoup plus de doigté.

  • Oui, une petite raillerie en passant, pour ceux qui présentent les prostitué(e)s comme des chefs d’entreprise, pour rire de leur immense hypocrisie. Je préfère en rire.
    Blague à part, je ne suis pas favorable à cette proposition de loi, non parce qu’elle serait fasciste ou sexiste ou pour je ne sais quelle autre raison farfelue, mais parce qu’elle est incantatoire et relève de la pensée magique.

  • Même pour la prostitution et le proxénétisme, l’Etat n’aime pas la concurrence.

  • Tiens, un petit sondage, car je sens que la question fait mouche.

    Si votre femme / mari / concubin(e) vous dit : « chéri(e), je songe à changer de métier et me consacrer dorénavant à la prostitution. J’ai fait mon premier jour d’essai aujourd’hui, et ca s’est plutot bien passé. J’ai l’impression d’être fait(e) pour ça ».

    Vous le (la) quittez ou non ?

    • Je m’auto-répond. J’ai posé la question en anglais sur yahoo answers, et pour l’instant j’ai 6 « oui, je la quitte » contre 1 « non, je reste ».

      A suivre : http://answers.yahoo.com/question/index?qid=20111209021647AAH9lmA

    • Mouche à quoi? Mouche à merde ?

      Qu’est-ce que ça peut bien foutre, ce que ferait la majorité ? Tenez : reposer la même question, en changeant prostitution par trader, ou flic, ou collecteur des impôts, qu’on rigole.

      • « Chérie, j’ai commencé aujourd’hui mon nouveau job d’huissier. Passionnant. J’ai fait virer un putain de locataire ce matin. Un enfoiré d’artiste qui payait plus son loyer depuis 9 mois. Le mec y veut pas se chercher un vrai boulot. Et la proprio, Mme Michu, qui n’a que 1100 euros de retraite, n’en pouvait plus. Au passage, je vais me ramasser une joli prime de Noël en plus de la commission. Tu m’aimes toujours ? »

  • « Qu’est-ce que ça peut bien foutre, ce que ferait la majorité ? »

    Ca peut « foutre » que la prostitution est mal vue de la quasi totalité des gens.

    En conséquence, les prostitué(e)s sont isolés, vivent en marge de la vie sociale, et sont des proies faciles naturelles pour les esclavagistes.

    Donc oui, c’est important comme information.

    • Dolores, J’ai une question à vous poser… Est ce que vous savez de quoi vous parlez?
      Vous croyez vraiment que les prostituées vivent en marge de la société, sans vie sociale ? C’est vrai pour les filles forcées, mais sur ce point, je crois que tout le monde est sur la même longueur d’onde. Les libéraux ont coutume de parler du principe de non-agression, personne ne peut s’attaquer à la propriété ou liberté d’autrui.

      Mais permettez moi de vous dire que vos 80% de filles forcées pour 20% de non forcées, c’est de la pure foutaise!
      Premièrement, c’est simple, les escortes sont presque toutes indépendantes en France! Essayez de contacter une fille, et C’EST ELLE qui vous répondra. Les filles accueillent CHEZ ELLES pour la plupart; donc c’est très difficile pour un maquereau de contrôler ses clients et ses revenus. Une fille fait maximum 6-7 passes dans la journée, mais avec une moyenne dans les alentours de 2-3. Vous croyez qu’avec tout ce temps libre et tout ce fric elles s’enterrent dans leur apart’ en attendant que le dealer vient déposer le 10 grammes de coke? Les prostituées contrairement à ce que vous prétendez sont comme tout le monde, elles ont une vie sociale. Je parle en connaissance de cause.

      Deuxièmement, ce n’est pas parce qu’une fille travaille dans une organisation (à prendre au sens large) qu’elle est nécessairement exploitée. Au contraire, elle est protégée, nourrie, et les clients ne se rendent pas chez elle, ce qui est très bien pour sa sécurité: allez à la frontière belge et vous verrez même des filles françaises dans les bars, c’est dire!
      Il est tout à fait normal qu’elle rétribue une partie de son revenu si les deux partis ( fille + gérante ) sont en accord.

  • « permettez moi de vous dire que vos 80% de filles forcées pour 20% de non forcées, c’est de la pure foutaise! »

    Cette « foutaise » vient du rapport de la mission parlementaire Bousquet d’avril dernier : 8 prostituées sur 10 exerçant en France sont étrangères et sous l’emprise de réseaux.

    http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3334.asp

    Vous y trouverez un focus sur le cas particulier de l’escorting.

    Bonne lecture.

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