Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec
Incapables de dire non. Nos politiciens sont incapables de faire des choix. Entre subventionner à coups de millions des multinationales comme IBM ou Pratt & Whitney, créer un programme de garderies mur-à-mur ou entretenir nos routes, leur choix est simple : on fait les trois! Le dernier attendra un peu plus tard, c’est tout.
Jusqu’au jour où des poutres de ciment nous tombent sur la tête.
Arrêtons de schtroumpfer
À Montréal, on taxe les parcomètres, les stationnements, l’essence, l’immatriculation… Mais les automobilistes ne voient aucune différence. Où va l’argent? Bonne question. Une bonne partie finit dans la nébuleuse du « transport en commun », et sert surtout à renflouer la très austère Société de transport de Montréal (STM).
Aujourd’hui Québec n’a plus un sou, et devra emprunter encore sur les marchés pour financer les réparations « imprévues » du réseau routier et des ponts. Le maire de Montréal pourrait aider. S’il trouvait le courage d’affronter les lobbys — syndicaux et patronaux —, et de réduire la bureaucratie qui étouffe sa ville. Mais non. Gérald Tremblay préfère la voie facile des taxes. D’ailleurs que suggère-t-il ces derniers jours? D’autres taxes sur l’essence, des péages un peu partout… Toujours ce mot : taxe. À l’écouter, le maire semble parler un dérivé du langage des Schtroumpfs. Au lieu des mots « schtroumpf » et « schtroumpfer », c’est « taxe » et « taxer » qui forment la moitié de son vocabulaire.
Mais ça suffit les taxes. Cette fois, nous devons payer la facture en faisant des choix — à tous les paliers de gouvernement. En priorisant. En apprenant à dire « non ». Je sais, ce sera quelque chose de nouveau, de bizarre.
Le schtroumpf taxeur trouve que les fonds alloués à l’entretien routier sont insuffisants? Parfait. On les augmente. Mais en exigeant plus d’efficacité, et seulement si on coupe ailleurs.
Nous taxer davantage ne fera qu’encourager l’irresponsabilité des politiciens. Et ils ont fait assez de dommages comme ça.
Tous responsables
Ces derniers ont négligé pendant des années le maintien des routes et des ponts. Ils ont préféré, avec l’argent, acheter des votes. En créant toutes sortes de programmes, et en subventionnant tout ce qui bouge. Aujourd’hui, on doit tout retaper en même temps. Et nous sommes fauchés.
Soulignons que tous les paliers de gouvernements sont à blâmer. De 1998 à 2008, le fédéral a récolté trois fois plus de dollars en taxes sur l’essence que ce qu’il a dépensé en infrastructures, selon une étude de la Fédération canadienne des contribuables.
À Québec, on a délibérément réduit les investissements en infrastructures de transport entre les années 1970 et la fin des années 1990, notaient récemment Robert Gagné et Alexandre Haarman, de HEC Montréal. Entretenir des structures de béton n’est pas assez spectaculaire pour gagner des votes. Aucun ruban à couper, ni de mains à serrer pour une photo.
Le prochain ministre s’en occupera…
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Article originellement publié sous le titre « Incapable de dire non », reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
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