Il est facile de dire « imposons les riches » – ou selon la formule consacrée des politiciens « les plus aisés devraient payer la part qui leur revient ». Mais les riches ne vont pas attendre passivement qu’on prélève leur impôt. Ils prennent des initiatives afin de minimiser leur assiette d’imposition.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume-Uni
Rappelons-nous ces trois chiffres la prochaine fois que l’on entend affirmer que les « coupes budgétaires » sont « trop importantes ».
1- Selon les chiffres de l’OCDE, la Grande-Bretagne est l’un des rares pays où les dépenses d’État représentent plus de 50% du PIB.
2- Le taux d’imposition sous le présent gouvernement sera plus élevé, en pourcentage, que sous aucun des gouvernements précédents (chapeau bas à John Redwood, ancien député, président de la commission des affaires économiques du parti conservateur).
3- Une étude faite par le cabinet de consultant KPMG montre que, parmi les 86% des pays les plus riches au monde, la Grande-Bretagne se place au 83ème rang des pays aux taux les plus élevés des prélèvements aux particuliers.
On peut corriger rapidement le premier et le second point. La coalition du gouvernement actuel a hérité d’un déficit gargantuesque ; une des raisons principales de l’augmentation des dépenses du gouvernement provient du remboursement des taux d’intérêts de la dette contractée sous le gouvernement de Gordon Brown.
Pour ce qui est du troisième point, c’est autre chose. Il devient de plus en plus clair que les 50 pourcent de taux d’imposition des revenus les plus élevés, loin d’apporter les ressources additionnelles qu’on en attend, réduit en réalité les revenus du Ministère du Budget, ce qui aggrave le déficit. Il est facile de dire « imposons les riches » – ou selon la formule consacrée des politiciens « les plus aisés devraient payer la part qui leur revient ». Mais les riches ne vont pas attendre passivement qu’on prélève leur impôt. Ils prennent des initiatives afin de minimiser leur assiette d’imposition : ils reportent leur déclaration de revenu le plus tardivement possible, en détournent un maximum dans des fonds de retraite, s’abritent sous d’autres systèmes d’imposition, mettent à disposition leurs ressources aux membres de leur famille. La plupart des méthodes pour échapper à l’imposition induit un coût initial. Avec un taux d’imposition des revenus les plus élevés à 40%, chercher une alternative ne devrait plus être intéressant : avec un taux d’imposition à 50%, ça le devient très certainement. Les mesures les plus radicales pour échapper à l’imposition sont naturellement la retraite anticipée et l’émigration – qui toutes deux ont leurs émules en conséquence directe des changements fiscaux récents.
Il est certainement impopulaire de le dire, mais quelqu’un se doit de le faire. Nous ne voulons pas que les entrepreneurs riches s’envolent vers des contrées aux juridictions fiscales plus attrayantes. Je préférerais que leurs impôts gonflent notre Budget national plutôt que le budget de Singapour ou de la Suisse.
Que les 50% du taux d’imposition des revenus les plus élevés rapportent peu n’est pas le problème principal: même Vince Cable, le secrétaire d’État aux entreprises, à l’innovation et aux compétences du gouvernement de David Cameron l’admet. Non, le vrai problème, c’est qu’un grand nombre de taxes qui normalement auraient dû être recouvrées ne sont tout simplement pas payées. Le temps dévoué à échapper à l’imposition devrait être employé à la création de richesse. Dès lors, l´économie croît à petite vitesse, synonyme d’un déclin général des revenus du gouvernement. Additionnons tous ces facteurs, et rajoutons y les effets d’augmentation de la TVA, l’impôt sur les sociétés, la sécurité sociale et il en résulterait, selon l’Institut Adam Smith, un déficit du ministère du Budget pour la décennie à venir oscillant entre £350 et £640 milliards. Pour donner une idée de ce que ça représente, gardons en mémoire que « les réductions budgétaires» actuelles se chiffrent autour de £12 milliards – une somme qui a été plus que compensée par d’autres hausses fiscales.
L’impôt se justifie seulement comme moyen d’augmenter les revenus de l’État. Quand il produit l’effet inverse, le maintenir est moralement, intellectuellement et économiquement indéfendable.
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Sur le web.
C’est le même principe que n’importe quelle entreprise. A moins d’être en situation de monopole, pour gagner plus d’argent il faut baisser ses prix. Or précisément, l’Etat n’est en situation de monopole que vis-à-vis des gens qui n’ont pas les moyens de choisir, ce qui inclut relativement peu de riches.
N’importe quel petit commerçant peut comprendre ça, mais malheureusement la représentation nationale comprend essentiellement des gens dont l’idée de l’économie est de répéter ce que dit l’économiste officiel qui paraît le plus sympathique.
Excellente illustration de la loi de Bitur-Camember. Au lieu d’aller dans la production de richesses, une partie des ressources finit dans les poches d’avocats fiscalistes.
Trop d’impôts tue l’impôt.
En réalité les taux d’imposition effectifs pour les plus aisés sont de 30-35% selon une étude de thomas piketty en france.
D’ailleurs le bouclier fiscal de sarkozy n’a eu aucun effet: plus de retours et plus de départs.
Donc avant de baisser les impots, il faudrait égaliser la taxation revenu/capital et supprimer la multitude de niches fiscales utilisées par les avocats fiscalistes pour que au moins chacun paie une part égale de sa richesse.
Piketty. Hu hu.
http://www.contrepoints.org/2011/06/16/30364-comment-thomas-piketty-a-manipule-ses-chiffres
Ok merci. Mais un rapport de la court des comptes pointent les memes inégalités que le rapport piketty:
http://www.ccomptes.fr/fr/CPO/documents/divers/Rapport_conseil_prelevements_obligatoires_prelevements_obligatoires_sur_les_menages_11052011.pdf
En page 350 en bas.
Je copie colle la conclusion ca sera plus simple
Le taux moyen d’imposition des ménages (en incluant les prestations et la fiscalité indirecte en aval) croît rapidement pour atteindre 40 % pour un niveau de vie net annuel de 20 000 €, puis est stable à ce niveau jusqu’à 50 000 € de niveau de vie net. Il n’a pas pu être mesuré au-delà, mais est probablement dégressif au sommet de la distribution puisque les contributions sociales non contributives sont proportionnelles, que la fiscalité indirecte est dégressive, et qu’au sommet de cette distribution, l’IR le devient également
« Il n’a pas pu être mesuré au-delà, mais est probablement dégressif »
Supposition et non affirmation. En plus, sans la moindre preuve.
En effet. Cependant affirmer l’inverse comme le fait l’article est encore plus contestable.
D’ailleurs Les hypothèses contributions sociales non contributives proportionnelles, fiscalité indirecte et IR dégressive sont elles fausses?
Une chose est sur tout cela gagnerait à être plus transparent.
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