Medisave, le modèle singapourien

Le succès de Singapour est d’avoir séparé les fonctions d’assurance et de solidarité

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Medisave, le modèle singapourien

Publié le 13 décembre 2010
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Le succès de Singapour est d’avoir séparé les fonctions d’assurance et de solidarité. Les décisions ont été transférées des assureurs ou des fonctionnaires vers les patients et les médecins.

Singapour, cité-État d’environ 5 millions d’habitants, brille par les performances de son système de santé. Les dépenses y sont modérées (3,5 % du PIB contre 11,4 % en Suisse) tandis que l’espérance de vie y est parmi les plus élevées de la planète (78 à 83 ans selon le sexe, contre 79 à 84 en Suisse et 75 à 80 aux États-Unis). La densité médicale y est faible, mais le pays ne connait pas de pénurie de soins : il accueille chaque année 400 000 patients étrangers, venus d’Asie ou d’Océanie. Le portrait laisse rêveur.

Le compte épargne santé est introduit en 1984. Des projets d’assurance santé nationale sont alors étudiés, puis rejetés sur la base d’expériences étrangères : trop peu d’incitations des prestataires de soins à être efficaces, trop grande déresponsabilisation des patients. Depuis le système est structuré autour des 3M.

Medifund et Medishield sont deux mécanismes d’assurance sociale, le premier garantissant un accès aux soins aux patients qui ne peuvent payer leurs traitements (10 % environ), le second couvrant les maladies très graves ou rares dont les coûts dépassent ce qu’un individu peut payer seul. Outre cela, un compte épargne santé, Medisave, est au cœur du système.

Chaque individu doit épargner chaque mois une somme représentant 6 à 8 % de son salaire. Les versements sont capitalisés et rapportent un intérêt annuel. Les comptes Medisave peuvent être utilisés pour s’acquitter des dépenses hospitalières, des frais chirurgicaux ou des consultations généralistes d’un patient ou de sa famille proche. Certaines limites sont placées à l’usage des fonds : pour payer les honoraires d’un médecin, le compte individuel ne peut être utilisé au-delà d’un certain seuil, correspondant généralement aux prix pratiqués dans les hôpitaux publics. Les patients demeurent libres d’accéder à des hôpitaux ou des cliniques privées, dont les tarifs sont dérégulés et qui peuvent exiger des paiements complémentaires.

Qu’ils passent par les systèmes publics (20 % des soins primaires, 80 % des soins hospitaliers) ou privés, les patients participent largement aux frais engagés. Il en est de même pour les médicaments. Dès lors, la sur-consommation est évitée et les comportements responsables encouragés. Il y a par exemple très peu d’obésité à Singapour. Tout est également fait pour renforcer les incitations à offrir des soins de qualité et bon marché. Depuis 2002, les soins publics sont scindés en deux réseaux qui se font concurrence et dont les performances sont publiques.

Le succès de Singapour est d’avoir séparé les fonctions d’assurance et de solidarité. Les décisions ont été transférées des assureurs ou des fonctionnaires vers les patients et les médecins. Cependant, le pays doit aussi faire face aux coûts croissants liés au vieillissement de sa population. En septembre, les cotisations santé augmenteront de 0,5 %. Malgré cela, elles demeureront largement inférieures à celles qui prévalent en Suisse, en France, ou ailleurs en Europe. Et le bon rapport qualité-prix offert par le compte Médisave s’accompagne d’un autre avantage : l’épargne abondante qui y est accumulée sert à financer l’économie. Rien de tel dans un système national d’assurance santé.

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