L’expérience française : l’autre mondialisation

En France, une expérience est en cours et elle consiste, en faisant fuir les riches, à faire supporter la mondialisation aux plus pauvres...
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L’expérience française : l’autre mondialisation

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 18 avril 2016
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À force d’efforts particulièrement subtils et très finement calibrés, notre gouvernement a mis en place de courageuses politiques qui permettent enfin de tester certaines hypothèses. Grâce à ces efforts, on mène actuellement en France une expérience très intéressante sur la mondialisation. Celle-ci, commencée il y a déjà plusieurs décennies, a gagné en importance ces dernières années.

Et alors même que le président avait pourtant fait preuve d’un progressisme que d’aucuns pourraient qualifier de débridé en proposant puis en imposant le mariage homosexuel, voilà que sa majorité est parvenue à faire preuve d’un conservatisme quasi-puritain concernant la prostitution, montrant par là que la cohérence d’ensemble n’est absolument pas nécessaire pour gouverner un pays.

En d’autres termes, les députés sont enfin parvenus à pénaliser les clients du marché de la prostitution. L’expérience française, tournant déjà à plein régime, vient de passer une étape supplémentaire : petit à petit, le pays se vide de la prostitution officielle et la fait durablement passer dans le marché noir, augmentant tragiquement les risques et dangers de celles et ceux qui pratiquent ces professions. Plus à propos, cela entraîne aussi un exil massif des prostituées frontalières hors du pays.

Avouons que la manœuvre est particulièrement bien trouvée puisque, ce faisant, le fisc français – premier proxénète du pays – devra faire une croix sur toutes les transactions correspondantes. Il devra aussi abandonner tout espoir de se récupérer au travers de la TVA récoltée auparavant lorsque ces mêmes prostituées dépensaient leurs revenus sur le territoire. Cela en fera d’autant plus pour les Belges, les Espagnols et les Suisses qui se frottent les mains des idioties législatives françaises.

L’expérience française ne s’arrête pas là. Quand je vous disais qu’elle a récemment pris de la vitesse, c’est bel et bien le cas puisqu’on apprend que, pour l’année écoulée, le pays a vu partir pour d’autres cieux un nombre record de millionnaires : c’est ainsi qu’apparemment, et selon l’enquête de New World Wealth, 10.000 millionnaires ont quitté la France. Voilà qui, tout comme pour les prostituées, constitue un intéressant développement dans un pays qui fait, manifestement, absolument tout pour se séparer de celles et ceux qui créent de la richesse, font tourner des commerces, attirent des clients ou des consommateurs.

impots et taxes

Au passage, l’expérience française ne se contente pas de bombarder méticuleusement les uns et les autres de contraintes légales, d’interdictions ou de taxes. En plus de cogner sur les riches, les aptes et les travailleurs, l’expérience consiste aussi à rogner sur les services qui peuvent leur être rendus, notamment les régaliens comme la justice, la police et la sécurité. Il n’est pas étonnant d’apprendre dans ce contexte que si les millionnaires sont partis, c’est essentiellement pour échapper à la montée des tensions religieuses dans le pays. Étonnante marque de réussite d’un État pourtant laïc, vous ne trouvez pas ?

Mais l’expérience française va encore plus loin. C’est le petit côté « toujours plus » de ce peuple qui ne recule devant aucun dépassement, aucune exagération, aucune révolution surtout si elle est sanglante.

Pendant que les riches, les aptes et les travailleurs s’en vont, le pays est lentement vendu, par petits bouts, aux étrangers. Et là, on touche même au sublime lorsqu’on regarde ce qui se passe actuellement dans le domaine agricole puisque des Chinois ont récemment racheté pour 1700 hectares de terres agricoles : un fonds d’investissement, ciblant des exploitants très endettés, récupère ainsi 98% (et non 100%) de la société agricole créée ad hoc pour l’opération. Ce faisant, le rachat échappe à l’organisme d’État chargé de préempter à tout va pour éviter que ces terres ne tombent dans des mains sans l’imprimatur de l’intelligentsia officielle.

Les autorités sont, bien évidemment, plus qu’irritées mais, même en serrant les mâchoires, en fermant leurs petits poings et en se roulant par terre, elles ne peuvent rien y changer. Quant au côté positif du rachat, il est bien évidemment totalement occulté par les larmes amères qu’elles déversent dans l’article à grands barils humides : horreur, les terres rachetées ne créeront pas de nouvelles installations ! Abomination, « aucune implication sur les territoires n’est possible à cette échelle », quoi que cela puisse signifier en vrai français ! Désespoir, la production est destinée à l’exportation et ne sera donc pas utilisée localement, ce qui est übermal, pas du tout écolo et forcément une honte.

Pas question d’évoquer le fait que cela sauve un agriculteur de la faillite. La création d’emplois induits ? Rien à foutre puisque notre patrimoine est racheté par ces méchants étrangers ! Évoquer le rôle de la Politique Agricole Commune dans cet échec ? Vous n’y pensez pas ! Quant au rôle (très douteux) des SAFER dans l’engrenage triste qui aboutit à cette situation, il serait bien sûr contre-productif – pour les SAFER – de les évoquer.

Bref.

L’expérience française continue donc, sans frein, cette expérience si particulière qui consiste à contre-carrer partout, tout le temps et pour tous la création de richesse, d’emplois et d’opportunités, cette expérience qui revient à sur-protéger ceux qui sont déjà installés et acoquinés avec le pouvoir, ceux qui ont déjà un job, ceux qui ont déjà des privilèges et des passe-droits, des avantages ou des facilités, et qui, par conséquence, fait fuir ceux qui n’en sont pas, cette expérience si terriblement française continue donc.

Seulement voilà : de tout temps, la meilleure protection d’un pays n’a jamais été dans ses frontières, pas plus qu’elle n’a été dans le pouvoir coercitif de quelques douaniers ni dans quelques taxes idiotes qui appauvrissent le consommateur (Bastiat l’a démontré, maintes et maintes fois : le protectionnisme et la taxation des produits à l’importation revient à appauvrir le pays qui instaure la taxe). Non.

La meilleure protection d’un pays réside bel et bien dans la capacité de sa population à produire directement de la richesse, avec le moins d’entraves possibles. Un peuple riche n’a pas besoin de ces protections de pauvres et de faibles, qui appauvrissent et affaiblissent.

Les gouvernements et politiciens qui se succèdent au pouvoir en France ont choisi, encore et encore, d’accumuler des boulets, des entraves et des contraintes sur les Français pour s’assurer qu’ils soient bien tous égaux avant de s’assurer qu’ils soient surtout suffisamment libres pour produire des richesses.

Au final, s’ils sont de moins en moins inégaux, ils sont aussi de plus en plus pauvres. Et dans ce cadre, sauf à tourner le pays en goulag à ciel ouvert, toutes les barrières protectionnistes du monde ne suffiront pas à arrêter la fuite des riches hors de nos frontières, ni à stopper l’arrivée des investisseurs étrangers qui pourront racheter à bas prix les ressources, produits et richesses du pays que plus personne ne sera à même d’exploiter, ou suffisamment riche pour le faire.

Quant aux Français, ils se plaignent du rachat par ces Chinois de terres agricoles françaises ; ils se plaignent du rachat par certains Qataris de monuments, hôtels, magasins ou clubs de foot ; bref, ils se plaignent d’une mondialisation qui ne leur rapporte pas ce qu’ils souhaitent. Eh bien plutôt que s’en prendre à ceux qui, finalement, sont encore prêts à donner de l’argent pour nos richesses, ils devraient se demander où sont passés ces Français qui auraient pu en faire autant et ont laissé tombé l’affaire. Ils pourraient chercher à savoir pourquoi ils ont abandonné, ils ont laissé tomber.

Décidément, on mène en France une expérience très intéressante, même si, déjà tentée dans d’autres pays, son résultat est globalement assez connu.

forcément, ça va bien marcher
—-
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  • on ne va pas pleurer sur l’état si celui ci devient de plus en plus insignifiant et finira sans doute par se suicider . après tout le monde entier nous tend les bras et on a aucune raison de s’attacher a une culture française qui n’existe plus que dans les livres d’histoires

  • un peuple riche a moins besoin de l’état pour s’en sortir ….et ça , les politiques et le ps en particulier ne peuvent l’admettre ; et pourtant , nous n’avons pas besoin de l’état pour vivre , c’est lui qui a besoin de nous , de notre labeur et surtout de nos revenus pour continuer à s’empiffrer ;

    • Les politiques (tous, PS, LR ou FN) ont bien compris, au contraire, qu’un peuple riche n’aurait pas besoin d’eux. Une fois qu’on a compris ça, tout se met en place. Avec un peuple maintenu sous perfusion de bon sang d’Etat pompé a une partie de la population qui ne saura pas se révolter, cette histoire a encore un bel avenir devant elle. Nous, nettement moins.

  • Très bien ! Parfait !
    La liberté de s enrichir, ça suffit …

  • Certes, l’état en fait beaucoup trop (l’article de Challenges semble décrire l’effroi du passage d’un kolkhoze au sovkhoze).
    Mais l’idée d’un passage de criquets ne me plait pas non plus.

    Dans aucun pays souverain même libéral, il n’est laissé à quiconque l’initiative d’agir comme bon lui semble. Même dans les colonies, les colons récoltaient sans brader l’avenir.

    Hors là, quid ? La destruction créatrice, c’est bien en théorie…

  • Ça commence à ressembler de plus en plus à Atlas Shrugged…

  • Aucun espoir. L’occupant interieur est installe, tel un tique, avec une legion ou deux de verrues. Vivement 1789

    • Je suis d’accord avec vos propos, en revanche le mot tique (parasite) est féminin : une tique
      De plus en France, la tique est devenu plus grosse que le chien, ce qui n’augure pas des lendemains qui chantent.

  • Je ne crois plus en une amélioration en France. Il y a des exemples édifiants dans le passé récent ayant conduit des peuples à la ruine avec leurs consentement. Prenez l’exemple du Venezuela. Avant la révolution fin des années 50 début des années 60 le Bolivar était considéré comme une des monnaies les plus stable et les plus forte. c’était un pays ou il faisait bon vivre. Après 60 ans de Socialisme et fachisme que constate t’on ? un pays ruiné malgré ses ressources pétrolières, des pénuries à n’en plus finir et une inflation digne de la république de Weimar. Que se passe t’il la bas ? rien les gens courbent l’échine et attendent des jours meilleurs. La France n’est pas au niveau de dégradation du Venezuela , donc nous allons continuer notre petit bonhomme de chemin vers la ruine générale. Bon il y a une différence c’est que le Venezuela est riche de son pétrole et nous ?

  • Nous sommes un Goulag à ciel ouvert ! Quel défaitisme.

  • Merci ! Article essentiel sur l’attitude française face à la mondialisation.
    Le petit confort idéologique de la gauche contre le profit, contre les actionnaires, contre les multinationales, contre les fonds de pension, contre le capital, contre les riches + une fiscalité punitive, une redistribution forcenée, une réglementation inflexible du travail, une sanctuarisation des bénéfices sociaux…. dans un monde grand ouvert et concurrentiel où chaque décision politique conditionne notre position compétitive est à l’origine de notre déclin programmé. Grand sourire de nos voisins, de nos concurrents chinois ou américains qui attendent tranquillement à l’encan de racheter à bon compte nos terres, nos prostituées….et nos belles du CAC 40, derniers vestiges de notre histoire passée.

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