À Davos, l’élite soutient la société sans cash

Davos est la grand-messe du capitalisme de copinage : chacune de nos transactions enrichira nécessairement l’un de ces acteurs.

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À Davos, l’élite soutient la société sans cash

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 31 janvier 2016
- A +

Par Simone Wapler

Crossroads Foundation ... Davos(CC BY 2.0)
Crossroads Foundation … Davos(CC BY 2.0)

 

Davos est la grand-messe du capitalisme de copinage et non la grande kermesse de l’ultralibéralisme comme on l’entend souvent. À ce forum économique mondial se rencontrent lobbyistes, industriels, financiers, hauts fonctionnaires et politiciens. C’est là que bien souvent notre vie quotidienne se décide à notre insu. C’est là que se montrent – quoique partiellement et bien maquillés pour leur numéro de claquette sous les projecteurs – les serviteurs de l’État de l’ombre, ce que mes collègues américains appellent le Deep State (un jeu de mots hélas intraduisible). C’est à Davos que ces technocrates débattent des grands problèmes, imposent leurs grandes solutions, financées avec notre argent.

Le thème de 2016 était La quatrième révolution industrielle, rien de moins. Selon le fondateur de cette kermesse, Klaus Schwab, cette révolution digitale « brouille les lignes entre les sphères physiques, numériques et biologiques ». À Davos, on n’hésite pas à tricoter les sphères et les droites !
Le discours d’ouverture nous rappelle que :

  • la première révolution était à la vapeur et a permis de mécaniser la production,
  • la deuxième était à l’électricité et a permis la production de masse,
  • la troisième à l’électronique et a débouché sur les automatisations,
  • la quatrième est digitale.

 

Un gros sujet débattu à Davos fut la monnaie digitale liée à l’avancement de la société sans cash. De Bill Gates (Microsoft), à Blythe Masters (ex. JP Morgan, maintenant Blockchain) en passant par Michel Sapin (ministre de l’Économie), Christine Lagarde (FMI) ou William White (OCDE) tous sont favorables à la société sans cash. Qui sera le roi ?  « Qui sera le roi de ce monde sans cash ? » s’interrogeait le site officiel de Davos.

« La révolution sans cash est en marche. Les gouvernements, les entreprises, les startups et les consommateurs peuvent avoir des motivations différentes pour détrôner le cash mais le résultat final sera probablement le même.
Mais avec la mondialisation ou gros équivaut traditionnellement beau, ce sont les plus petits acteurs — startups, petites entreprises et consommateurs — qui vont en définitive façonner le nouvel ordre mondial. Et pour ceux qui aiment l’innovation et les idées nouvelles ce ne peut être qu’une bonne chose ».

Voilà un très bel exercice de désinformation. Ceux qui veulent maintenir le cash sont rétrogrades (arriérés). Une société sans cash profite aux petits qui la façonneront selon leurs désirs. Visiblement, le gratin de Davos n’a jamais entendu parler des difficultés des petits dès qu’ils ont voulu mettre en place une monnaie digitale. Immédiatement, ils sont accusés de couvrir des activités criminelles, terroristes ou de blanchiment.

Il serait plus juste de dire que la société sans cash est évidemment une bonne chose pour les invités de Davos.

Une telle société permet de transformer chacun en pantin docile des gouvernements, des banques centrales et des banques commerciales et de quelques grandes entreprises du numérique.
Voici un magnifique exercice de capitalisme de copinage : chacune de nos transactions enrichira nécessairement l’un de ces acteurs, point de passage obligé. Pas de révolte possible, sinon, en un clic on vous piquera votre fric.

De toute façon, il faudra en passer par là. C’est le jubilé, dont parle William White de l’OCDE à ce même Davos de 2016, ou le big reset de l’économie mondiale déjà évoqué par Christine Lagarde au Davos de 2014. Il devient nécessaire d’effacer les mauvaises dettes publiques et privées par la force puisque les banques centrales n’arrivent pas à créer d’inflation. À la prochaine crise, il faudra taper directement dans les dépôts bancaires, comme le stipule la Directive de résolution bancaire. Ça tombe bien, avec la société sans cash, il n’y aura pas de fuite possible devant ce super-impôt décrété par l’État de l’ombre.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit.

Voir les commentaires (9)

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  • [[ C’est là que bien souvent notre vie quotidienne se décide, à notre insu. ]]
    Hum ! Hum ! A vous lire Mme S.W., confirmons là la thèse d’un Big Brother ? Revoici gravée sur tablettes (cette fois électroniques) la théorie d’un grand complot mondial ! Faut-il y voir la main du diable ?

    Etant de ces « particuliers » que vous prétendez défendre mieux que quiconque, un particulier généralement bien informé et observateur attentif du monde qui nous entoure – dans et largement hors l’hexagonale – j’ose opter ici contre certaines vues que vous pourfendez telle la pire des perfidies.

    Oui, ce qui se débat à Davos se réfléchit depuis belle lurette. S’y réfléchit publiquement au milieu d’une nuée de journalistes, sinon en de nombreux apartés de dirigeants et d’élus. Réfléchir le pour, le contre, le comment et d’inévitables incidences qu’il vaut mieux appréhender par l’anticipation, non peut-être ?
    Ça se débat de longue date, suffit de lire des médias pas trop abscons, d’observer diverses problématiques débattues parmi nos entreprises et/ou les institutions. Tous les milieux socio-économiques s’interrogent sur cette tendance lourde : celle de la « dématérialisation », en nombre de domaines, en ce compris les monnaies.
    Plutôt que se transmettre via le papier de douteuses valises diplomatiques entre Rogue States, de ses dissimuler dans nos comptabilités publiques mal comprises, de se passer en bakchichs sous la table ou « se protéger « sous le matelas,… dans un horizon lointain ces échanges pourraient – en partie – se passer en digital/numérique, assurant une traçabilité des transactions, comme elles se pratiquent déjà à l’échelle planétaire depuis des décennies ?

    Tout ce raisonnement pour nous interroger : Que cacherait-on (de plus) au cas de dématérialisation, puisque hors les petits particuliers… toutes les méga-transactions se trouvent déjà dématérialisées ?

    • Les espèces donnent à leur détenteur le pouvoir légal intrinsèque – phénomène largement ignoré de la classe populaire – de sortir du système de crédit bancaire sous contrôle de l’Etat. Cad qu’elles permettent légalement au privé de ne pas laisser comptabiliser la valeur de son épargne dans les statistiques fantaisistes de Monsieur Sapin. Le lien qui est fait avec la fraude fiscal comme activité visant à « échapper au système » est donc un lien dérivant de la définition légale du cash elle-même. La frontière entre légalité et illégalité est parfaitement coulante… et politisée. Au cas par cas on jugera différemment.

      M Sapin est un bon interprête de la symphonie trotskyste… Il arriverait bien à nous faire oublier que la musique de la suppression du Cash à été écrite il y a presque 100 ans par ses collègues Joseph Staline à gauche et Silvio Gesell du côté Nazi.

      Prétendre faire de la fraude, la motivation première de la suppression du cash c’est comme de vouloir supprimer au citoyen allemand le droit de b… sans license pour éviter des viols à Cologne (…eh mais ? Pourquoi pas, en voilà une nouvelle idée socialiste ! On parie ? Brave new world.).

    • « hors les petits particuliers… »

      C’est vrai, ce serait tellement mieux sans eux.
      Sauf que, qui resterait-il alors à piller?

  • J’ai beaucoup de mal à imaginer un monde totalement dépourvu de cash: les gens veulent toujours un moment ou un autre des espèces sonnantes et trébuchantes. Et ce sera encore plus vrai si on commence à se servir directement sur leur compte, comme c’est déjà acté avec le bail-in.

    J’ajoute que les technologies à base de blockchain risquent aussi de beaucoup bouleverser la finance mondiale avec la quasi disparition des intermédiaires financiers. On peut aussi imaginer le déclin des banques centrales, puisque mises en concurrence par d’autres émetteurs de monnaie.

    Vous me direz qu’il suffira de réguler leur utilisation: c’est techniquement impossible.

    • Tout à fait d’accord. Il est inutile de se battre pour les espèces, la technologie apporte des solutions infiniment plus efficaces avec, par exemple, le bitcoin. Il est temps de passer au XXIième siècle !

  • Deep state, ça c’est toujours très bien traduit par « Etat profond » dans la littérature. Les élites qui se réunissent à Davos c’est du même acabits que Hollande & Co. Leur gros problème est le même que nos élites du gouvernement, ils y a de moins en moins de places où pantoufler. Les grosses boites les ont gentiment poussés dehors, celle qui ne l’ont pas fait, c’est le middle management qui s’est cassé et on glisse doucement mais sûrement vers la catastrophe. Imaginez Titanic, les élites sur le pont et ils viennent de réaliser que les soutiers ont ouvert la coque et mettent leurs propres canots à la mer, sans eux ^_^
    Plus fondamentalement, l’avenir est en train de s’écrire sans eux, celui qui sait travailler sera toujours riches cela n’est pas leur cas. On aura besoin d’eux, mais pour ce qu’ils sont réellement, nos humbles serviteurs dont on attend un service bon marché et ça… c’est un choc dont ils ont encore du mal à ce remettre.
    Pour ce qui est de la monnaie, ce qui fonde une monnaie c’est la confiance, on aura de l’inflation quand il y aura une alternative et que tout le monde fuira le système actuel. Tenter de faire disparaître le cash n’est pas une alternative mais une dictature douce et la route vers la famine. Ce que tout le monde a compris intuitivement, c’est qu’avec le bitcoin on peut se passer de l’état car le mécanisme garantit de par sa conception une protection contre la fraude, reste à trouver comment résoudre le seconde problème qui est de se passer de la banque centrale, c’est à dire avoir un mécanisme qui régule son émission en fonction du besoin ET de l’anticipation de risque (le plus difficile à priori), c’est ce qui manque actuellement au mécanisme du bicoin pour être une monnaie universel, auto-régulée et donc sans besoin d’intervention des politiciens. Avec ça on a un protocole de payement qui peut devenir un standard tout aussi transparent que le protocole IP qui supporte « internet ».

  • DAVOS est, en fait, un club de privilégiés qui, au fur et à mesure de leur ascension, ont perdus le sens des réalités de ce bas monde. On constate que, parvenus à une altitude stratosphérique, nos grands dirigeants politiques et économiques, se découvrent des atomes crochus…
    On constate notamment que nos élites politiques françaises « hors sol » ont abondamment contribué à des divagations intellectuelles stériles qui ne peuvent qu’être préjudiciables au devenir de l’humanité.

  • Abolir la monnaie. Le rêve marxiste par excellence…

  • le ‘physique’ doit disparaitre c’est l’évolution normale de la monnaie , qui regrette les louis d’or, de toute façon , il n’y a pas assez d’or pour alimenter l’économie mondiale !

  • Les commentaires sont fermés.

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