David Bowie avait prévu la chute de l’industrie musicale

Le chanteur avait vendu des « obligations Bowie » qui titrisaient ses futurs royalties.

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David Bowie - Aladdin Sane credits Piano ! piano ! (CC BY 2.0)

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David Bowie avait prévu la chute de l’industrie musicale

Publié le 24 août 2017
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Par Anthony L. Fisher.

Feu le grand David Bowie n’était pas qu’un androgyne « métamorphe et générateur de personnages ». Il était aussi une des rares stars du rock à avoir survécu aux ravages de l’addiction à la drogue et à avoir développé un instinct de survie suffisamment fort pour diversifier son portefeuille financier avant que l’industrie musicale n’explose.

En 1997, avec l’aide du banquier David Pullman, la création des « obligations Bowie » a permis au chanteur de vendre les droits des 25 albums qu’il a enregistrés avant 1990 pour une somme totale de 55 millions de dollars, les acheteurs de ces obligations (sécurisées par les futures recettes générées par le catalogue de Bowie) percevant 8 % d’intérêts. Moody’s avait alors attribué une note de A à ces obligations.

Comme noté dans un article de Reason rédigé par Gene Callahan et Greg Kaza en 2004 :

« Du point de vue de David Bowie, sa structure financière était trop dépendante des caprices de sa popularité. En vendant une partie de ses droits à d’autres, Bowie a été en mesure de diversifier ses investissements (nous supposons qu’il n’a pas dépensé la totalité des 55 millions de dollars dans une énorme virée shopping avec sa femme top-modèle Iman). Il a réduit son exposition à un changement des goûts musicaux du public qui l’aurait rendu pauvre. Dans le même temps, les investisseurs qui n’avaient aucune part dans les ventes de Ziggy Stardust auparavant ont pu se diversifier dans ce domaine et obtenir un taux d’intérêt convenable. »

En 2002, le Thin White Duke de jadis avait dit au New York Times :

« L’absolue transformation de tout ce que nous connaissions de la musique s’opérera au cours des 10 prochaines années, et rien ne pourra l’arrêter. Je ne vois aucune raison à prétendre que cela ne va pas arriver. Je suis tout à fait confiant dans l’idée que le copyright, par exemple, n’existera plus dans 10 ans, et que les droits d’auteur et la propriété intellectuelle vont suivre le même chemin.
La musique elle-même va devenir comme l’eau courante et l’électricité. En conséquence, il faut profiter de ces quelques dernières années parce que tout cela disparaitra à jamais. Vous devriez vous préparer à faire beaucoup de tournées parce que cela sera vraiment l’unique opportunité qu’il restera. C’est terriblement excitant. D’un autre côté, ce n’est pas important que vous pensiez que cela soit excitant ou pas ; c’est ce qui va arriver. »

Bien que l’idée des obligations Bowie ait été copiée par des artistes comme James Brown, Joan Jett, les Isleys Brothers et le gestionnaire de Marvin Gaye, leur valeur n’a pas été construite pour durer. Peter Campbell du Financial Times écrit sur la chute de la musique comme produit :

« La percée du service de musique en peer-to-peer Napster a infligé un camouflet à la législation sur le copyright, ce qui a fait craindre aux artistes et à l’industrie pour leur futur économique – le tout ayant eu pour conséquence d’amener les obligations Bowie à un niveau historiquement bas. »

En 2004, la vente de CD physiques ayant étant cannibalisée par le téléchargement illégal et la popularité grandissante des services de musique en ligne, Moody’s a abaissé la note des obligations Bowie à BBB+, soit un cran au-dessus de celle des obligations pourries.

L’agence de notation a justifié cette baisse par « un revenu généré par ces actifs plus faible qu’attendu et causé par les faibles ventes de la musique enregistrée » à ce moment-là.

Dans l’esprit de ce jour, durant lequel des fans de musique du monde entier ont envahi les réseaux sociaux pour partager gratuitement leurs chansons préférées de David Bowie (qui étaient autrefois uniquement disponibles sous la forme de produits physiques coûteux), regardez la vidéo ci-dessous dans laquelle Bowie chante « L’homme Qui a Vendu le Monde », bien avant qu’il vende les contrats à terme de son passé.

Traduction Contrepoints

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Cet article a été publié une première fois en 2016.

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  • Ses chansons etaient dans ma tete hier toute la journee. Sad to see him go so soon.

  • « La musique elle-même va devenir comme l’eau courante et l’électricité.» Les musiciens (auteurs, chanteurs, compositeurs, instrumentistes) ne se nourrissent pas, ne se logent pas, ne se déplacent pas, ne se chauffent pas en hiver, n’ont d’ailleurs ni eau ni électricité à payer, ne paient ni taxes ni impôts, n’ont pas d’enfants à nourrir et c’est bien connu, «vivent de l’air du temps». Pour couronner le tout, ils sont spoliés sans vergogne par les téléchargements illégaux. Quel beau métier…

    Il leur faudra «faire beaucoup de tournées» comme il est dit dans l’article, qui laisse entendre que ce sera leur seule source de revenus ou presque. Quel beau métier, vraiment. Il reste aussi la mendicité du métro ou de la rue devant des passants qui les entendent sans les écouter. Il est vrai qu’ils font partie des «plaisirs du Prince» n’est-ce pas? J’aimerais bien voir des médecins, des avocats, des ingénieurs passer le chapeau.

    Un beau métier vous dis-je … C’est une évolution ou un progrès? Hummm… Je pencherais plutôt pour une régression…

    • @Polémos
      « Il leur faudra «faire beaucoup de tournées» (…) »

      Mince alors tu veux dire qu’ils ne seront pas mieux payé que des musiciens, des choristes, le mec du son, de l’éclairage, etc … ?

      Et donc que tous ces gens ne peuvent pas vivre de ça ?

      On m’aurait menti ?

      • La grande majorité des «têtes d’affiche», fussent-elles mieux payées que les musiciens, les choristes, le mec du son, etc, va se ramasser «en tournée», donc dans une compétition effrénée pour avoir «l’oreille» (et l’oseille!) du public. L’offre de musique va devenir en surabondance (elle l’est déjà), et le «produit» deviendra banalisé, voire dévalorisé. Avant de se «produire» devant un public, il faut bien composer, répéter, enregistrer, diffuser, promouvoir. La musique n’est pas «gratuite», même si on peut la télécharger illégalement «sans frais». Il faut payer pour la faire, ne fût-ce que pour acheter un instrument, en faire l’apprentissage (payant), et évidemment manger et vivre pendant tout ce temps. En tout cas, je me pose de sérieuses questions sur ce qu’il adviendra du métier de musicien, tel que nous le connaissons aujourd’hui. Musicien : un métier de luxe?

        • Peut-etre juste la fin de l’âge d’or pour une petite partie de ce monde.

          Un musicien s’il ne touche pas de droit ne vit que par son cachet rien ne change pour lui

          • Vrai, mais qu’en est-il du compositeur? Comment va-t-il se payer pour avoir composé? Qui va payer pour la musique qu’il a composé, SA sa propriété? S’il n’y a plus de droit de propriété pour la musique, comment peut-elle être vendue? Si le support de la musique a perdu sa matérialité, aussi bien se mettre à la peinture (si on a le talent!); au moins, il y a un tableau à la clef qui peut être cédé moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.

            • @Polémos

              Une fuite en avant … dans la discussion, maintenant tu parles des droits d’auteurs d’un compositeurs.

              Si tu n’arrives pas à soutenir un point à la fois, la discussion, c’est que tu ne cherches pas la discussion. Tu veux juste martelé un message haineux et rétrograde.

              En ce qui concerne le temps passé du compositeur à composer, il est a rapproché au temps passé à s’entrainer du musicien. Tu oublies par la même occasion le compositeur qui n’arrive pas à percer, à moins que tu veuilles en faire un fonctionnaire et obliger les gens à écouter ses compositions pour justifier sa rémunération ?

            • Il n’y a pas de propriété intellectuelle ! c’est au mieux un non sens sémantique.
              Heureusement internet est apparu et nous le rappelle.

              • +1
                Il n’existe pas de propriété intellectuelle car seuls les biens matériels ne peuvent pas être dupliqués.
                Ainsi la propriété a un sens.
                Sur un bien qui peut être dupliqué a l’infini (algorithme, mélodie, etc ), la propriété n’a pas de sens car elle devient une interdiction concernant autrui.

                • Les compositeurs classiques ne se privaient pas d »’emprunter » des thèmes et des mélodies à leurs contemporains et prédécesseurs.

  • Ils auront toujours de quoi vivre…Mais il faudra qu’ils se rapprochent de leur public…Qui jugera en connaissance de leur musique et pas sur des critères de scénographies grandioses, de millions de décibels et de commentaires crétins de la presse people…
    En fait il reviendront à l’age de la vrai musique, celle de passionnés, dans des tournées qui leurs feront prendre conscience de leur public, de ses attentes….Et ils oublieront peut étre de faire de la politique et redeviendront des citoyens normaux…
    Bien sur peu y arriveront, ce qui nous fera sortir du gloubi-glouba actuel, ou comme par exemple, des types vous vendent du jazz, alors que ce n’est que du bruit….Au mieux la caricature d’un pet de mammouth….

  • Personne ne parle des maison de disc (Label discographique) qui ont empoché le max de pognon durant l’âge d’or de la musique? Certains artistes se sont fait carrément tondre par leur maison de disque. Ce sont eux qu’on voit le plus chialer contre le téléchargement illégal. J’ai pas entendu beaucoup d’artistes se plaindre publiquement.

  • La musique c’est comme la littérature, le ciné, la BD, les arts plastiques, etc. Pour dix têtes d’affiches qui font carrière, dix mille galèrent, derrière il y en a encore un bon million qui donne dans le bénévolat plus ou moins forcé. Ce système élitiste, organisé par une poignée d’individus, nous a fait passer à coup sûr à côté de talents inestimables voués à rester inconnus. Perso je pouvais me passer de Sheila, Johnny, Christophe Mae, Benabar, Madonna, Lady Gaga, Amy Winehouse, Bernard Lavilliers et Maxime le Fox-Terrier qui nous ressortent le même disque depuis trente ans. D’ailleurs je m’en passe. Et je n’irai pas pleurer sur la disparition programmée de l’industrie musicale. Au contraire, je me réjouis de pouvoir découvrir d’illustres inconnus sur SoundCloud, Hearthis, etc, de lire des auteurs non publiés, de visionner des courts-métrages jamais sortis en salle, etc. Créés par des gens sans réseau, sans nom qui a déjà servi, non supervisés par les commerciaux des multinationales de l’entertainment.

    • Moi c’est l’industrie du cinéma subventionnée a gogo et donneuse de leçon qui me laisse curieuse pour l’avenir.

      • L’Industrie du cinéma est morte. On a droit qu’à du recyclage de recyclage (King Kong: Skull Island, sérieux?). C’est devenu une usine à pognon. Aucun risque n’est pris.

        • @Mathrix : C’est aussi vrai pour la musique. Des années qu’on nous bassine de reprises de reprises de reprises de standards de Montand, Ferrat, Ferré, Piaf (bientôt on remontera jusqu’à Fréhel… ah oui c’est déjà fait!), de remix de remix de remix qui d’ailleurs se téléchargent plus qu’ils ne se vendent. Comme pour le ciné, se pose la question du public. Qui mérite d’être posée. Un film d’auteur requiert un minimum de culture et d’attention. Son public n’est pas celui du blockbuster saturé d’effets spéciaux. Une composition sophistiquée, une plage travaillée dépassant les trois minutes réglementaires, une chanson de qualité, bien écrite, qui veut dire quelque chose, cela se situe à des années-lumière de la culture du .mp3. Il en existe cependant, là aussi il faut gratter, et pas du côté des Majors.

          • Il y a moyen de faire entre les deux. Par exemple, j’ai bien aimé Arrival de Denis Villeneuve sortie l’an passé.

            Sinon, voir ma vie à l’écran, ça ne me fait pas bander. J’aime bien voir un film qui va me permettre de décrocher de mon quotidien.

            • Film d’auteur ne veut pas forcément dire cinéma réaliste. Allez donc visionner sur YT les courts et moyens métrages de ce marginal de la Nouvelle Vague qu’est Luc Moullet. De son temps, on parlait de cinéma d’art et d’essai, de culture underground. Aujourd’hui, on compare ses films à certains OVNIs du cinéma belge. Allez voir aussi, pour vous faire une idée de là où nous en sommes, les courts-métrages pondus par des élèves d’écoles de cinéma. On y cherchera en vain l’originalité, l’absurde, le réel transcendé par une subjectivité, une singularité non pas travaillée, mais « au naturel ». Notre cinéma occidental balance depuis des lustres entre intrigues bourgeoises, films dits engagés, blockbusters gonflés à la testostérone et grosses comédies populaires farcies de clichés et de comique de répétition. Mais bon, pour faire du cinéma comme en faisaient Herzog, Fassbinder, Fellini, Boisset, il fallait des acteurs d’une certaine trempe, et on n’a plus que des figures interchangeables, et en face, dans le fauteuil, un public élevé à une autre école que la téléréalité. Les temps ont changé, la nostalgie est comme un bon whisky, elle se savoure à petites doses, il s’agit de vivre son siècle, d’aller chercher son pied au-delà de ce qu’on veut nous survendre.

      • D’accord avec vous. Des subventions à ne plus savoir les chiffrer pour complaire à un petit entre-soi surpayé à produire du nanard inexportable. Quand les frères Coen racontent l’Amérique profonde, c’est de l’oeuvre, leur dérision c’est de l’oeuvre, et ça touche un immense public qui va s’identifier aux personnages des frères Coen. Je doute que les Tuche concernent d’autre public que celui du prime-time de TF1. Bien sûr il n’y a pas que ça, mais c’est la moraline véhiculée par le cinéma français depuis une dizaine d’années qui devient vraiment harassante, elle est bien dans l’air du temps, infantilisante, primaire, une idéologie prémâchée, un dégueulis de bons sentiments… Notre exception culturelle ?

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