Économie suisse : poids réel des banques et de l’industrie

Notre voisin helvétique est-il vraiment ce banquier des montagnes oisif ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Économie suisse : poids réel des banques et de l’industrie

Publié le 23 janvier 2014
- A +

Par Kevan Saab.

En France, quand on évoque la vigueur de l’économie suisse, c’est pour immédiatement entendre maugréer un politicien ou un syndicaliste sur ce petit pays dont la richesse ne viendrait que d’un siphonnage méthodique de ses voisins par l’intermédiaire de ses banques et de sa fiscalité attractive.

Que nos amis helvètes se rassurent, il s’agit là d’un cas classique en politique française : on observe ailleurs la réussite d’un pays qui fait tout le contraire de ce que nous faisons, on en tire une explication socialo-compatible puis on referme le dossier sans plus attendre avant de se consacrer au prochain sujet de société qui défraie la chronique.

Ainsi, pour le Français moyen, les banques suisses nourrissent les fantasmes les plus fous. En fait, le secteur financier – banques et assurances comprises – représente environ 11,5 % du PIB, à comparer avec les États-Unis par exemple où le secteur pèse environ 8%, un chiffre un peu plus imposant, certes, mais très loin des 18,1% que représente le secteur industriel suisse à lui seul. Bref, avant d’être une place financière, la Suisse est une puissance industrielle.

Pour couper court aux idées reçues, analysons donc les données de production pour les appareils productifs de la France, de la Suisse, de l’Allemagne, du Japon et des États-Unis :

industrie

Que remarque-t-on ? Contrairement à l’appareil productif français qui s’est contenté de faire du sur place depuis 1995 – je vous laisse le soin d’imaginer le déficit d’investissement que cela représente – l’industrie suisse a progressé au pas de course devançant notamment l’Allemagne dont on louange pourtant à juste titre les capacités industrielles.

Bref, comme à l’accoutumée, les faits sont têtus, mais le politicien français l’est encore plus. Ainsi, pour lui le voisin helvétique restera à jamais ce banquier des montagnes oisif abritant dans ses coffres les fameux milliards manquant à l’appel chaque année pour équilibrer notre budget.

Voir les commentaires (12)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (12)
  • À rappeler: la balance commerciale de la Suisse avec l’Union Européenne est en faveur de l’UE à raison de 20.3 milliards de francs (16.5 Gigaeuro) soit 3.6% de son PIB.
    Cela est sur-compensé par le commerce avec les autres continents pour atteindre un surplus de 24 milliards de francs (19.5 Gigaeuro).
    L’Europe profite de la capacité de la Suisse à exporter dans le monde et ça, ça n’a rien à voir avec banques et finance.

  • Ce que certain appel siphonnage, c’est ce que d’autre appel de la réalocation de ressource. Et généralement ça va du moins productif vers le plus productif…..

  • L’indice de production suisse est effectivement impressionnant, cependant n’est-il pas surtout le fait de quelques multinationales (je vous laisse le soin de trouver leur nom, ce n’est pas très difficile) qui ont leur siège social en Suisse mais l’essentiel de leur activité dans le reste du monde?

    Par contre, en ce qui concerne le secteur financier, là oui tout est localisé en Suisse.

    • @Mano
      FAUX
      L’industrie suisse comprend des dizaines de milliers de PME, actives dans des secteurs à haute valeur ajoutée, à l’instar des microtechniques, de la chimie, des nanotechnologies, de la pharmacie, de la biotechnologie et de l’électronique. Quant aux multinationales industrielles d’origine suisse, elles sont également nombreuses au regard de la population et elles produisent en partie sur le sol suisse. Parmi ces multinationales, il y a lieu de citer: Nestlé, Novartis, Roche, ABB, Syngenta, Schindler, KABA, Oerlikon, Sulzer, Swatch Group, Richemont, Kudelski, Stadler Rail, Rieter, Bobst, Bucher industries, etc.

      • Il faut aussi ajouter que les grandes multinationales ont une très forte implantation de R&D en Suisse, liée aussi à la production car R&D séparée de production n’est pas valide dans les industries de processus (chimie, alimentaire) ou de biens d’investissement. Ce qui permet de maintenir la valeur dans le pays.

        • Faux en ce qui concerne Syngenta, pour laquelle la R&D en semences est pour l’essentiel localisée aux USA et…en France!

          • C’est vrai que les semences chez Syngenta proviennent d’acquisitions en dehors de la Suisse et de la recherche génétique aux USA (mais aussi en Suisse).
            Mais les semences chez Syngenta ne représentent que 22.5% du chiffre d’affaire total et une proportion encore moindre en R&D.

      • Je n’ai pas dit le contraire il me semble…

        Les « dizaines de milliers de PME » suisses ne pèsent pas grand chose face aux poids lourds que vous citez, pour lesquels j’ai l’impression que l’essentiel de leur activité est situé hors du territoire suisse (en tout cas pour Syngenta j’en ai la certitude)

        J’aimerais savoir quelle est la part exacte de la production réellement suisse dans l’indice de production.

        Par ailleurs les sources de l’auteur de l’article proviennent de sites officiels suisses, on imagine assez bien que leur intérêt est d’enjoliver la présentation au profit de la Suisse, non?

        Cela dit je n’ai rien contre la Suisse, c’est un pays qui prend soin de son environnement;)

        • Mano: « Par ailleurs les sources de l’auteur de l’article proviennent de sites officiels suisses, on imagine assez bien que leur intérêt est d’enjoliver la présentation au profit de la Suisse, non? »

          Vous confondez avec certaines république bananière collectiviste ou la politique est un show permanent. 🙂
          Actuellement en suisse il n’y a aucun enjeux sur ses chiffres et les offices très « libérale » (comparativement, le status de la fonction publique ayant été supprimé depuis 2009 par votation à 67%) font bien leurs boulots.

          Mais même en France des offices comme la cour des comptes font un boulot correcte, c’est à la présentation (ou non présentation) que ça merde. Comme dans cette blague Russe:

          C’est donc Brejnev et Nixon qui font une course à vélo, et c’est Nixon qui gagne.
          La Pravda titre en gros le lendemain : « Notre camarade Brejnev brillant deuxième, Nixon avant-dernier. »

        • @mano
          Les instituts de statistique n’ont pas l’habitude de connaitre le résultat avant d’avoir les données. Cela vaut dans tous les pays civilisés. Ils utilisent d’ailleurs les mêmes méthodes qui permettent des comparaisons entre pays ou régions.
          On peut ne pas être satisfait des résultats, on peut souhaiter connaître d’autres indices, mais prétendre qu’ils sont bidouillés tient de la fantasmagorie complotiste. On a besoin de données fiables pour poser des diagnostics et chercher des améliorations, pas pour regarder dans le rétroviseur et se congratuler.

          Bien sûr les multinationales domiciliées en Suisse font plus de 98% de leurs affaires dans le reste du monde, le contraire serait étonnant au vu des 8 millions d’habitant de ce pays (1.15% du monde).
          Mais la part de R&D et production locale y reste très importante, voire déterminante dans certains cas (horlogerie). C’est l’un des facteurs essentiels du succès actuel de ce pays.
          Voir aussi: http://blog.mr-int.ch/?p=1002&lang=fr

        • @Mano

          Selon les statistiques, les PME représentent 98% du tissu industriel suisse et 50% des salariés, toutes catégories confondues. La plupart de ces PME produisent principalement en Suisse. C’est d’ailleurs pour cette raison que la Suisse a un grand besoin de main d’oeuvre frontalière.

          S’agissant des multinationales industrielles suisses, il est clair que pour les plus grandes, la majeure partie de la production est faite à l’étranger. Toutefois, leurs centres de R&D les plus importants sont souvent situés en Suisse. Par ailleurs, des multinationales étrangères disposent également d’unités de production ou de R&D importantes en Suisse, comme par exemple Google dont la filiale sise à Zurich constitue son principal centre de R&D hors des USA. Autre exemple de MEDTRONIC qui dispose d’une importante unité de production dans le canton de Vaud.

          Avec la mondialisation, il est difficile de savoir si tel ou tel produit en entièrement fabriqué dans tel ou tel pays. Regardez Apple, qui fabrique ses Iphones en Asie, ou même Renault ou Peugeot dont une part importante de la production est faite à l’étranger.

          Cordialement

          A.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Les milieux financiers découvrent tardivement les faiblesses du modèle chinois, pourtant perceptibles depuis une décennie. C’était prévisible pour tout observateur de la démographie, des mécanismes de développement et du communisme.

On peut penser notamment aux dettes souscrites en contrepartie de faux actifs, par exemple pour la construction de logements, alors qu’il y a de moins en moins de jeunes pour les occuper ou d’infrastructures redondantes, faisant momentanément la joie des bâtisseurs. Je me doutais bien que ces dettes sortira... Poursuivre la lecture

Le service des douanes vient de faire connaître le résultat de notre commerce extérieur pour 2023 : à nouveau un solde négatif important de 99,6 milliards d’euros. Certes, c’est mieux que l’année précédente où le déficit avait été supérieur à cause de l’envolée des prix de l’énergie causée par la guerre en Ukraine, mais le solde est négatif, une fois de plus.

La balance du commerce extérieur français est donc régulièrement déficitaire depuis 2005, c'est-à-dire depuis maintenant une vingtaine d’années. Ce solde négatif a plutôt tendance... Poursuivre la lecture

Le FMI a publié ses prévisions pour l’année 2024 : 2,9 % pour la croissance mondiale, et 1,2 % pour la zone euro, avec un net recul de l’inflation.

« So far, so good ! »  a commenté, non sans humour, Alfred Kammer, le directeur du Programme Europe de l’organisme international. C’est en effet un peu mieux que ce que l’on pouvait craindre, sachant que la plupart des économies européennes sont fortement affectées par la guerre en Ukraine.

En France, nos dirigeants n’ont pas devant eux une page blanche, loin s’en faut. Des niveaux r... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles