La nation, une fiction ? (par Mario Vargas Llosa, Prix Nobel de littérature)

L’affaiblissement et la dissolution des nations en de vastes et souples communautés politico-économiques placées sous le signe de la liberté sont bienvenus.

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Mario Vargas Llosa (Crédits Daniele Devoti, licence Creative Commons)

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La nation, une fiction ? (par Mario Vargas Llosa, Prix Nobel de littérature)

Publié le 24 novembre 2013
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Par Mario Vargas Llosa.

mario-vargas-llosaDepuis que je le connais, cela fait bien des années maintenant, l’historien chilien Claudio Véliz organise des congrès. Dans les années soixante il avait son bureau à Chatham House, près de celui d’Arnold Toynbee, et il faisait venir à Londres des idéologues économistes et des anthropologues latino-américains pour vérifier leur incapacité à s’entendre avec les pragmatiques Anglais. J’avais été invité à l’une de ces reproductions de la tour de Babel et je m’étais bien amusé.

Comme l’histoire à laquelle il se consacre, Claudio Véliz est devenu planétaire et il dirige maintenant La Conversazione, rassemblement transcontinental qui déplace des intellectuels à Oxford, Melbourne et Boston pour les faire dialoguer sur tous les sujet imaginables. Celui qui vient de se dérouler portait sur le nationalisme, thème devenu d’actualité au moment où, soudain, de vieilles nations ont commencé à se désintégrer et d’autres à se reconstruire ou à s’inventer, en Europe, Asie et Afrique, en un nouveau bouleversement de cette spectaculaire fin de millénaire.

L’exposé qu’il m’est donné de commenter est celui du professeur Roger Scruton, essayiste subtil, qui a trouvé pour défendre l’idée de nation des arguments plus consistants que ceux que l’on entend habituellement de la bouche de ses avocats. D’après le professeur Scruton, elle résulte d’un sentiment communautaire semblable — quoique beaucoup plus riche — à celui de tribu, cette fraternité de la première personne du pluriel, le « nous », qui incorpore les morts et ceux qui ne sont pas encore nés à la société des vivants comme membre de plein droit. Le langage, la religion et la terre qu’ils se partagent fondent le sentiment national. Mais l’écriture l’enrichit et l’« immortalise » quand, comme le latin, l’hébreu, l’arabe et l’anglais où fut traduit la Bible de King James I, elle sert des textes religieux représentatifs à travers lesquels les vivants dialoguent avec leurs ancêtres et leurs descendants. Une communauté cimentée de la sorte s’émancipe de l’histoire, acquiert une permanence métaphysique antérieure et plus profonde que la constitution de l’État, phénomène moderne qui — seulement dans des cas privilégiés, certes — va comme un gant à la nation.

Mais il y a encore plus de ciment pour solidifier cette structure, dans le cas de l’Europe. Ses nations ont hérité de la plus grande réussite de l’empire romain, un système de lois pour la résolution des conflits, universel et indépendant de l’arbitraire de ceux qui gouvernent. Cet héritage a été particulièrement fécond dans le cas britannique, où il a créé « une grande force gravitationnelle de juridictions territoriales » à l’abri de laquelle se résolvent les conflits, se légalisent les contrats, se fortifient les institutions et l’on vit une sécurité et une liberté qui établissent des liens solidaires intenses entre les composantes du « nous » national et un instinct d’appartenance aux autres, « eux ».

Je me doute bien que le professeur Roger Scruton se moque de ce que son délicat mécanisme conceptuel pour décrire ce qu’est une nation ne puisse s’appliquer qu’à l’une d’elles — la Grande-Bretagne — et que toutes les autres au monde soient des exceptions. Il est ce rara avis de notre époque : un conservateur intelligent et sans complexes. Je le lis toujours avec intérêt, et parfois avec admiration, quoique souvent ses essais — et la provocante revue qu’il dirige The Salisbury Review — me permettent d’éprouver la distance décrite par Hayek entre un conservateur et un libéral.

Sa thèse me semble un beau sophisme, une création intellectuelle attirante qui, comme il en va des fictions, vole en éclats à l’épreuve de la réalité. Je n’ai rien contre les fictions, je consacre ma vie à en écrire et je suis convaincu que l’existence serait sans elles intolérable au commun des mortels. Mais des fictions, il en est de bénignes et de malignes ; il y a celles qui enrichissent l’expérience humaine et celles qui l’appauvrissent et sont source de violence. Par le sang qu’elle a fait couler au long de l’histoire, par la façon dont elle a l’incommunicabilité entre peuples et cultures, par les alibis qu’elle a offerts à l’autoritarisme, au totalitarisme, au colonialisme, au génocide religieux et ethnique, la nation me semble un exemple clair d’affabulation maligne.

Une nation est une fiction politique imposée à une réalité socio-géographique presque toujours par la force, au bénéfice d’une minorité politique, et maintenue à travers un système uniformisateur qui, d’une main douce ou d’une poigne dure, impose l’homogénéité au prix de la disparition d’une hétérogénéité préexistante, installe des barrières, des obstacles souvent infranchissables au développement d’une diversité religieuse, culturelle ou ethnique en son sein. Beaucoup se scandalisent aujourd’hui des opérations de nettoyage racial et religieux des Serbes contre les Bosniaques dans feu la Yougoslavie, mais en vérité l’histoire de toutes les nations est pleine de ces sauvageries que l’histoire patriotique — autre fiction — se charge ensuite de dissimuler. Cela est arrivé non seulement en Nouvelle-Guinée et au Pérou — deux nations que Scruton mentionne avec scepticisme —, mais aussi dans les plus anciennes et respectables « communautés imaginaires », comme les appelle Benedict Anderson, celles qui par leur longévité et leur puissance semblent être nées avec la spontanéité et le naturel d’un arbre ou d’une tempête.

Aucune nation ne surgit naturellement. La cohérence et la fraternité que d’aucunes arborent dissimulent aussi, sous les embelissantes fictions — littéraires, historiques, artistiques — qui fondent leur identité, des réalités saisissantes. En elles aussi furent démolies impitoyablement ces « contradictions et différences » — croyances, races, coutumes, langues, et pas toujours des minorités — que la nation, comme le Caligula de Camus, a besoin d’éliminer pour se sentir sûre, sans risque de fragmentation. Cette multitude de nations africaines et américaines, mais pas seulement elles, extravagantes démarcations imposées par les empires coloniaux, a une origine aussi arbitraire et artificielle que la Jordanie, pays inventé par Winston Churchill « un samedi après-midi, au printemps », selon sa célèbre boutade [1].

La différence réside en ce que les vieilles nations semblent plus sérieuses, nécessaires et réalistes que les nouvelles, parce que, comme les religions, outre une abondante littérature, elles semblent validées par les mers de sang qu’elles ont répandues et fait répandre. Mais c’est un mirage. À l’encontre des données sur lesquelles Roger Scruton appuie ses conclusions, l’extraordinaire , en vérité, c’est qu’en dépit des terribles efforts déployés par les anciennes nations pour créer ce dénominateur commun — le « nous » protecteur et isolationniste —, nous voyons chaque jour se manifester d’irrésistibles forces centrifuges pour défier partout ce mythe. Cela arrive en France, en Espagne, sans parler de l’Italie, et même en Grande-Bretagne. Et bien entendu aux États-Unis où le développement du multiculturalisme effraie pareillement des conservateurs comme Alain Bloom et des progressistes tels qu’Arthur Schlesinger, qui voient dans cette floraison de cultures diverses — africaine, hispanique, autochtone, américaine — une sérieuse menace contre la « nationalité » (à juste titre). À de rares exceptions près, les sociétés modernes exhibent une croissante mixture de « eux » et de « nous » de nature très diverse — raciale, religieuse, linguistique, régionale, idéologique — qui réduit et parfois annihile le dénominateur commun géographique et historique — « la terre et les morts », selon Charles Maurras — sur lequel repose, depuis le siècle des Lumières, l’idée de nation.

La Grande-Bretagne est-elle un cas à part ? En vérité, cette société cohérente, compacte, intégrée, née de la mer, du climat, du droit coutumier, de la religion réformée, de l’individualisme et de la liberté qu’évoquent si joliment les écrits de Roger Scruton, exista-t-elle jamais ? Depuis trente ans, j’y vais fréquemment et je passe de longues périodes dans ce pays — que j’admire entre tous —, je l’observe et l’étudie avec une dévotion qui ne cesse jamais. Mais ce que voit Scruton, cette patrie d’Albion métaphysique, je ne l’ai jamais vue. Et assurément beaucoup moins maintenant que durant cet hiver 1962 quand, sitôt franchi le Channel et grimpé dans le train de Douvres, on me mit entre les mains une tasse de thé avec une biscotte qui ébranlèrent ma tenace incrédulité face aux psychologies nationales.

La Grande-Bretagne c’est, aujourd’hui, l’Autrichien Popper et le Letton Isaiah Berlin, et les fondamentalistes islamiques qui, à Brighton, brûlent Les versets sataniques et veulent tuer Salman Rushdie. Et c’est aussi le Pakistanais Rushdie et l’Indien de Trinidad V.S. Naipaul, le plus britannique des écrivains britanniques, pas seulement pour l’élégance de son anglais, mais surtout parce qu’aucun de ses collègues ne l’égale dans ces traditionnelles vertus littéraires anglaises : l’ironie, la moquerie, le doux scepticisme. Pouvons-nous prendre au sérieux un « nous » qui relie Roger Scruton, proposant pour l’Europe de ressusciter l’empire austro-hongrois, au leader des mineurs Arthur Scargill, qui voudrait établir la République soviétique de Grande-Bretagne, et à ces supporters barbares, ivrognes et peinturlurés, que j’ai dû affronter en allant voir jouer le Chelsea Football Club ? Je crains fort de trouver plus consistant, en dépit de ses ancêtres celtes et normands et des miens — mélange atroce d’Estrémègnes, de Catalans et d’Incas — le « nous » qui nous rapproche de lui et moi, les deux seuls écrivains au monde qui admirons Margaret Thatcher et méprisons Fidel Castro.

Le nationalisme est une forme d’inculture qui imprègne toutes les cultures et coexiste dans toutes les idéologies, un recours versatile au service des politiciens de tout poil. Au XIXe siècle le socialisme sembla près d’en finir, la théorie de la lutte des classes, la révolution et l’internationalisme prolétarien permettant de dissoudre les frontières et d’établir la société universelle. C’est l’inverse qui se produisit. Staline, Mao, renforcèrent l’idée nationale jusqu’au chauvinisme et, après la banqueroute communiste, c’est au nom du nationalisme que justifient maintenant leur existence des régimes comme celui de Corée du Nord, du Viêt-nam et de Cuba. Ils allèguent que les systèmes rigides de censure et d’isolement ont pour but de préserver la culture nationale menacée par « eux ».

Ces prétextes recouvrent une vérité. Toutes les nations — pauvres ou riches, attardées ou modernes — sont aujourd’hui moins stables et homogènes qu’autrefois. Il y a un processus d’internationalisation de la vie qui, plus ou moins rapidement chez les unes, lentement chez les autres, sape ces frontières dressées et préservées au prix de tant de cadavres. Ce n’est pas le socialisme qui contrarie ainsi le monde. C’est le capitalisme. Un système pratique — pas une idéologie — pour produire et distribuer la richesse auquel, au moment de son développement, les frontières s’opposèrent en faisant obstacle à la croissance des marchés, entreprises et capitaux. Alors, sans le crier sur les toits ni s’en flatter, sans dissimuler sous des majuscules son propos — l’obtention de bénéfices — le système capitaliste, au moyen de la mondialisation de la production, du commerce et de la propriété, a superposé aux nations d’autres coordonnées et marques, ces liens et intérêts entre individus et sociétés, qui, dans la pratique, dénaturent chaque jour davantage l’idée nationale. En créant des marchés mondiaux, des entreprises supranationales, en disséminant l’actionnariat et la propriété dans des sociétés ramifiées aux quatre coins du monde, ce système a privé les nations, dans le domaine économique, d’une grande part des prérogatives qui fondaient leur souveraineté. Cela, qui a déjà eu un effet extraordinaire dans le champ culturel, commence à en avoir, aussi, dans le politique, où les pas faits ici et là vers la formation de vastes ensembles supranationaux, comme la Communauté européenne et le Traité de libre commerce en Amérique, auraient été inconcevable autrement.

Ce processus doit être le bienvenu. L’affaiblissement et la dissolution des nations en de vastes et souples communautés politico-économiques placées sous le signe de la liberté ne contribueront pas seulement au développement et au bien-être de la planète, en diminuant le risque de conflits belliqueux et en ouvrant des perspectives inédites pour le commerce et l’industrie ; il permettra, en outre, la diversification et le surgissement de cultures authentiques, celles qui naissent et croissent d’une nécessité d’expression d’un groupe humain homogène, même si elles ne servent pas une volonté de domination politique. Paradoxalement, seule la mondialisation peut garantir le droit à l’existence de ces petites cultures que traditionnellement la nation a balayées pour pouvoir consolider le mythe de son intangibilité.

De Cambridge, Massachusetts, novembre 1992.

  1.  En français dans le texte.
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  • Si le type est prix Nobel, alors tout est dit…

    Le dernier chapitre contient à lui seul tant d’incongruité, que je vais passer la main, débattre avec qui en fait ?

    • Sauf que son texte date de 1992 et qu’il n’a reçu le prix Nobel qu’en 2010.

    • « Le dernier chapitre contient à lui seul tant d’incongruité »
      Laquelle ?

      • @Louis :
        « il permettra, en outre, la diversification et le surgissement de cultures authentiques, celles qui naissent et croissent d’une nécessité d’expression d’un groupe humain homogène, même si elles ne servent pas une volonté de domination politique. Paradoxalement, seule la mondialisation peut garantir le droit à l’existence de ces petites cultures que traditionnellement la nation a balayées pour pouvoir consolider le mythe de son intangibilité. »

        – diversification de cultures authentiques tout en parlant de groupe d’humain homogène –> pirouette et cacahouète
        – existences de petites cultures dans le « marshmallow » géant « seule la mondialisation » –> assertions gratuites (sans m’étendre car c’est tellement vide de sens), et insulte faite aux « petites cultures » ainsi éternellement remisées au placard, certaines petites cultures sont justement devenues majeures par la puissance de leur état assumé.

        J’arrête, car ce qui nous divise c’est qu’étant libéral (encore une fois de façon génétique, de plusieurs générations, et non pas après avoir lu l’école autrichienne comme le petit livre rouge), je n’ai aucun problème à affirmer mon appartenance à une culture et un état, sans ne rien revendiquer d’autre et en étant totalement ouvert au monde.

        Votre globalisation, en résumé et en schématisant c’est quoi ? c’est se balader en inde ou dans n’importe quelle ville du monde et voir une boutique Prada, Gucci, Armani, un Mc Do, etc…

        Global c’est mon crédo, mais cela rime avec local.

        Lorsque nous aurons atteint le point espéré par ce grand penseur qu’est Mario Vargas Llosa, le même que celui visé par nos chers amis écologistes ou socialistes, vous me trouverez face à vous, armes à la main, si je suis encore de ce monde.

        Allez demander à un Breton de s’abandonner au monde, ou un Occitan, ou un méditerranéen comme je le suis, et surtout, juste pour rire, traitez les de « petites cultures ».

        Chaque fois que Mario Vargas Llosa s’exprime, il emprunte justement à ma culture ce guignol.

        • Si vous ne voulez pas de Macdo ou de restaurant indiens en France et bien… n’y allez pas, et pour le reste gardez vos armes pour vous défendre contre de vrai agressions.

          • Arn0, mais avant de réagir lisez, c’est la moindre des choses, vous dites n’importe quoi.
            Qui vous parle de restaurants indiens en France ? je vous parle de voyager et du plaisir de découvrir une culture ou elle est attendu et non pas un disney land local.

            Et puis pour qui me prenez vous, me jaugeriez vous à l’aune de vos propres faiblesses et incompréhensions ?

            Allez en Italie et vous y verrez les mêmes boutiques (hôtels, restaurants, loueurs, la liste est sans fin) qu’à Paris, Londres, New York, etc…
            Cette uniformité est un désastre, c’est une perte d’identité dont certains (Mario Vargas Llosa, au cas d’espèce) voudraient nous faire croire qu’elle est garante de » la diversification et le surgissement de cultures authentiques ».

            Le schéma est clair, il s’agit de gommer les identités locales et de les remplacer par un processus d’intégration global duquel va surgir « diversification et cultures authentiques » (sic) !!!
            Si vous posez clairement la question aux gens, vous verrez que ce schéma de société aura les plus grandes difficultés à s’imposer, et pour cause…

            Si ça ce n’est pas incongru, que vous faut-il ?

          •  » je vous parle de voyager et du plaisir de découvrir une culture ou elle est attendu et non pas un disney land local. »

            La mondialisation n’implique pas une uniformisation des cultures. Ca, c’est la réthorique des écolos. Par contre, elle implique une diffusion facilitée des cultures, celon les lois du marché.

            « Le schéma est clair, il s’agit de gommer les identités locales et de les remplacer par un processus d’intégration global »

            Ce n’est pas ce dont parle Llosa.

          • « Allez en Italie et vous y verrez les mêmes boutiques (hôtels, restaurants, loueurs, la liste est sans fin) qu’à Paris, Londres, New York, etc… »

            Si ces boutiques sont là c’est qu’elle satisfont la demande de leur consommateurs. L’avis réels des gens s’exprime à travers leurs choix de consommation, et apparemment ils veulent les « mêmes boutiques » partout.

            Vous pouvez le regretter, vous pouvez éviter ce genre de boutique*, vous pouvez appeler à leur boycott… Mais vous ne pouvez pas nier qu’il s’agit de quelque chose de parfaitement volontaire. En conséquence appeler aux armes (ou simplement à l’intervention publique) est absolument condamnable.

            *à titre personnel je ne les fréquente pas plus que cela d’ailleurs, mais être libéral c’est aussi tolérer que la société n’aille pas toujours dans le sens que l’on voudrait.

          • @Arn0 ; « Si ces boutiques sont là c’est qu’elle satisfont la demande de leur consommateurs. L’avis réels des gens s’exprime à travers leurs choix de consommation, et apparemment ils veulent les « mêmes boutiques » partout. »
            –> Votre monde est tellement idéalisé que vous finissez par croire à ce que vous dites et surtout à ce que l’on vous dit, votre innocence en regardant le monde est touchante, elle est même honorable et sans ironie de ma part, qu’il serait agréable de résider dans votre monde !
            Las, votre remarque ci-dessus est tout simplement énorme.

            @Moi : « La mondialisation n’implique pas une uniformisation des cultures. Ca, c’est la rhétorique des écolos. Par contre, elle implique une diffusion facilitée des cultures, selon les lois du marché.
            –> Et bien vous voyez, on y vient…
            Ce que vous reprochez à juste titre aux écologistes, que je dénonce depuis l’origine de ce mouvement en me faisant tailler des croupières, vous refusez d’admettre que ce schéma est le même pour le commerce, en fait pour tout ce qui a une visée globale, du moins dans ce monde ci, nous parlons bien de la planète terre n’est ce pas ?

            C’est un libéral bien avant ce jus de cerveau de Lorgas qui vous parle, vous n’avez pas idée, oui mais justement en parlant d’idées, ce sont les miennes… pas celles de tous ces foutraques.

            Notez messieurs, que finalement, nous parlons entre libéraux, et je préfère vous lire, votre avis m’est plus précieux, que celui de tous ces pseudos spécialistes et brasseurs de vent.

          • Et bien oui, figurez-vous que quand il n’y a pas de frontières les gens peuvent se mélanger et échanger. Pourquoi vouloir que chacun reste dans son coin et que les cultures ne se confrontent pas? Il ne s’agit pas d’uniformisation, mais de la culture retombé entre les mains de l’individu, partagée avec ceux qui lui sont proche, d’une manière ou d’une autre. Pas en fonction de cette fiction commode qu’est la nation.

            Le libéralisme c’est l’échange, dans ce domaine comme dans les autres.

          • Ce que je reproche aux écologistes, comme à tous les socialistes d’ailleurs, est de ne pas respecter la libre association. Je ne vois pas le rapport avec ce de quoi on parle.

          • @ Patronus :

            L’accusation d’idéalisation me fait doucement rigoler quand elle provient d’une personne qui sacrifie les choix concrets de la population au nom d’un concept aussi abstrait et chimérique que la Nation.

        • « – diversification de cultures authentiques tout en parlant de groupe d’humain homogène –> pirouette et cacahouète »

          On parle vraisemblablement d’humain possédant des intérêts communs. Je ne comprend pas comment cela à put vous échaper.

          « – existences de petites cultures dans le « marshmallow » géant « seule la mondialisation » –> assertions gratuites (sans m’étendre car c’est tellement vide de sens), et insulte faite aux « petites cultures » ainsi éternellement remisées au placard, certaines petites cultures sont justement devenues majeures par la puissance de leur état assumé. »

          La encore, même genre d’erreur que plus haut. On parle de petites cultures en nombre de représentants, pas en qualités. Je commence à croire que vous faites exprès de travestir les propos de l’auteur pour pouvoir le dénigrer. Ce n’est ni très honnête ni très courtois de votre part.

          « J’arrête, car ce qui nous divise c’est qu’étant libéral (encore une fois de façon génétique, de plusieurs générations, et non pas après avoir lu l’école autrichienne comme le petit livre rouge) »

          Magnifique. Ca me fait penser aux corse depuis la nuit des temps contre les émigrés de 5 siècle (qui ne sont bien entendu pas des corses.
          Votre acendance fait plus de vous un libéral que ces parvenus qui ont osé le découvrir suite à un cheminement personnel? Ca va les chevilles?

          « Votre globalisation, en résumé et en schématisant c’est quoi ? c’est se balader en inde ou dans n’importe quelle ville du monde et voir une boutique Prada, Gucci, Armani, un Mc Do, etc… »

          Procès d’intentions. La globalisation c’est que tout le monde peut s’installer ou il veut et y vivre et bosser et vendre ses services à la terre entière s’il en a l’envie et les capacités. C’est tout. Si il y’a une demande pour des McDo en Inde, qu’il y’est des McDo en Inde. S’il y’a une demande pour du local, qu’il y’est du local.
          Je ne vois pas ou vous voulez en venir en opposant les deux. A moins que vous souhaitiez qu’on impose le local ou que McDo ne s’implante pas en Inde. Ce qui ferait de vous un étrange libéral. Un libéral-socialiste, une première.

          « Lorsque nous aurons atteint le point espéré par ce grand penseur qu’est Mario Vargas Llosa, le même que celui visé par nos chers amis écologistes ou socialistes »

          Je suis intérressé par le raisonnement qui vous permêt de conclure à ça. Visiblement on à pas lu le même texte.

          « Allez demander à un Breton de s’abandonner au monde, ou un Occitan, ou un méditerranéen comme je le suis, et surtout, juste pour rire, traitez les de « petites cultures ». »

          Pour les petites cultures, déjà répondu plus haut. Pour le reste, peu importe que des breton, occitans ou méditérranéens souhaitent s’ouvrir au monde. Après tout, rien ne les y oblige, et surtout pas Llosa.
          J’ai la tenace impréssion que vous prenez vos contradicteurs pour des imbéciles. Arrêtez, c’est insultant. Et peu digne.

        • « dans n’importe quelle ville du monde et voir une boutique Prada, Gucci, Armani, un Mc Do, etc… »

          Alain de Benoist, sors de ce corps !

  •  » à l’abri de laquelle se révolvent les conflits » SE RESOLVENT peut être ?

    « Une nation est une fiction politique (…) qui impose des obstacles souvent infranchissables au développement d’une diversité religieuse »

    C’est plutôt la religion qui impose toujours des obstacles infranchissables au brassage des populations, à la diversité des cultures, etc… Exemple, l’Irlande du nord, l’ex Yougoslavie, l’Algérie coloniale française, etc.

    Rien ne distingue un Irlandais d’un autre Irlandais en dehors de la religion catholique ou protestante.

    Dans un même pays, tel l’ex Yousgoslavie, on avait des chrétiens orthodoxes, des catholiques et des musulmans qui n’ont finalement pas réussi à vivre ensemble.

    Un siècle et demi de présence française en Algérie. La population aurait dû s’amalgamer, se mélanger entre français et autochtones, mais la religion a bien été une barrière entre les musulmans , les juifs et les chrétiens.

    Les entités nationales doivent persister, ne serait-ce que pour garder une grande diversité de systêmes politiques. C’est quoi la chance statistique d’avoir un systême politique mondial satisfaisant si on ne peut plus le comparer avec un autre ?

    • Je ne pense pas que Mr Vargas Llosa plaide pour un système politique mondial, d’ailleur il ne le prétend nul part dans son texte. S’opposer à la nation ne veut pas dire militer pour un gouvernement global, il y’a là un sacré pas que vous semblez vien pressé de franchir.

      Contrairement à ce que racconte certains ici, sa thèse est loin d’être idiote. La nation est bien souvent une fiction commode qui suppose une uniformisation de la société qui est loin d’être libérale. Elle ne peut de plus se définir que par rapport à d’autre nations, et constitut de ce fait une frontière, un obstacle au marché et aux mouvements de populations. Il s’agit d’un concept dangereux qui se substitut à des organisations sociales volontaires et fournit bien souvent une justifcation à l’autorité de l’état.

      Par ailleurs, il suffit de remarquer la montée des régionalismes pour se rendre compte que la nation est un concept qui ne repose pas sur grand chose.

      « il permettra, en outre, la diversification et le surgissement de cultures authentiques, celles qui naissent et croissent d’une nécessité d’expression d’un groupe humain homogène, même si elles ne servent pas une volonté de domination politique. Paradoxalement, seule la mondialisation peut garantir le droit à l’existence de ces petites cultures que traditionnellement la nation a balayées pour pouvoir consolider le mythe de son intangibilité. »

      A lire en ayant à l’ésprit la destruction des régionalismes au 19ème siècle, par exemple.

      « Un siècle et demi de présence française en Algérie. La population aurait dû s’amalgamer, se mélanger entre français et autochtones, mais la religion a bien été une barrière entre les musulmans , les juifs et les chrétiens. »

      Mauvais exemple. Les juifs ne se marient traditionnelement qu’entre eux pour morifs religieux, ce qui est loin d’être la norme dans tous les peuples, et les Français ne se mélaient pas aux Arabes parce que cela ne se faisait pas.

      Les grecs se sont intégrés

      @ Patronus:

      Vargas Llosa ne mérite certainement pas que vous dénigriez l’intégralité de son oeuvre comme vous le faites, qui plus est via l’attaque personnelle, sur la base d’un court extrait avec lequel vous n’êtes pas d’accord. Un peu de retenue, que diable! Ce genre de jugement à priori n’est vraiment pas à votre honneur.

      @ Phillippe Bouchat:

      L’amour des siens n’est certes pas le monopoles des patriotes. On peut très bien soutenir que les organisations sociales doivent être volontaires et pas arbitraire et aimer les siens. Ma colonne vertébrale est la libre association, je crois bien qu’elle est plus solide que celle du patriotisme.

      Je vous rejoins par contre sur le fait qu’un dialogue entre cet homme et Mr Finkielkraut aurait été très intérressant.

      On a tous un peu tendance à attribuer des idées qu’ils n’ont pas à ceux qui ne pensent pas tout à fait comme nous. Peut-être serait-il bon d’essayer d’en être conscient, et d’accepter que d’autres puissent remettre en question les idées qui nous sont chères.

      • « Mauvais exemple. Les juifs ne se marient traditionnelement qu’entre eux pour morifs religieux, ce qui est loin d’être la norme dans tous les peuples, et les Français ne se mélaient pas aux Arabes parce que cela ne se faisait pas. »

        Je ne vois pas en quoi c’est un mauvais exemple. Mon propos est de dire que la religion oppose beaucoup plus d’obstacles que la nation à la diversification. Et vous me répondez que les juifs ne se mélangent pas et que les français chrétiens et les algériens musulmans non plus. Pourtant tous ces gens naissaient sur le même territoire et se cotoyaient tous les jours.

        « L’affaiblissement et la dissolution des nations en de vastes et souples communautés politico-économiques »

        Donc, on passe de quelques centaines de nations à « de vastes et souples communautés politico-économiques »… Combien ? Comment ? Tout ça est fort flou et me fait plus penser à deux ou trois blocs continentals genre 1984, si ce n’est un gouvernement mondial…

        • Vastes et souples je ne sais pas, mais des groupes de gens partageant des objectifs communs sur la base de la libre associations. Mais vues sont peut-être plus décentralisées que celles de Llosa, mais je le rejoins sur ses critiques de la nation.

          « Je ne vois pas en quoi c’est un mauvais exemple. Mon propos est de dire que la religion oppose beaucoup plus d’obstacles que la nation à la diversification. Et vous me répondez que les juifs ne se mélangent pas et que les français chrétiens et les algériens musulmans non plus. Pourtant tous ces gens naissaient sur le même territoire et se cotoyaient tous les jours. »

          La religion n’est que le sommet de l’iceberg. En Inde les brahmanes ne se mélangaient pas aux intouchable avec lesquels il partageaient pourtant la même religion.

      • @Moi : « Je ne pense pas que Mr Vargas Llosa plaide pour un système politique mondial »

        En complément de ma réponse ci-dessus, tout vous résume dans cette phrase, et c’est tout ce qui nous différencie…
        Mes chevilles vont bien, Vargas s’il m’apprenait quelque chose je vous le dirais, s’il était à notre table familiale il serait assis à celle des petits, vous voyez, je persiste hein !

        Vous « ne pensez pas que »… ce qui est un joli procès de « non » intention et dévoile votre aveuglement à une cause libérale, la même que la mienne du reste, mais en ce qui me concerne avec mon regard, je n’ai pas besoin de chausser les bésicles d’un autre, surtout pas celle de Vargas.

        • « je n’ai pas besoin de chausser les bésicles d’un autre, surtout pas celle de Vargas. »

          Mais de quoi diable parlez-vous? Vous semblez déterminé à descendre Vargas, quitte à tordre son texte dans tous les sens pour ce faire. Vous vous êtes attaché au concept de nation pour on ne sait trop quelle raison (peut-être est-ce simplement un mot qui sonne bien), et refusez qu’on puisse le remettre en question et maintenant vous m’expliquez que je suis un genre de fanboy de ce monsieur. Outre que ce n’est ni vrai, ni pertinent, je trouve que vous avez une approche étrange du débat.

          « Vous « ne pensez pas que »… ce qui est un joli procès de « non » intention »

          Ce que vous voulez lui faire dire n’apparaît nul part dans le texte. L’intention de Vargas, dans ce texte, est de critiquer le concept de nation, pas de militer pour un gouvernement mondial, vous êtes purement dans le strawman depuis tout à l’heure.

          Et qu’est-ce que c’est que cette bestiolle, un procès de non-intention?

          L’auteur dit des choses, et il y’en à d’autres qu’il ne dit nulle part dans ce texte. Vous n’avez fais que critiquer que les seconde sans discuter des premières. Est-ce vraiment cela, votre regard?

  • J’aurais aimé un dialogue entre ce prix nobel et Finkielkraut… Contre les invertébrés, je préfère tjs ceux qui ont la Patrie comme colonne vertébrale, non pas le nationalisme liberticide, mais l’amour des siens. On peut très bien chérir la Liberté et les siens qui l’incarnent! Ce n’est pas antinomique.

    • + 1 également.
      Les thèses de ce type frisent l’absurde.

      Quand la Nation-Terre, si chère aux idéologues verts, sera gouvernée par on ne sait qui de vraiment représentatif, faudra alors se poser la question d’où fixer les limites supra : notre système solaire ? , la galaxie machin-chose ? (humour …)
      Ah, oui, en finale faudra peut-être demander à Dieu d’arbitrer toute cette confusion mentale !

    • Il est vraiment absurde c’est de penser que la nation ce sont les « siens ». En quoi un marseillais que je ne connais en rien serait plus « miens » que mon cousin britannique ? Simplement parce que je partage sa nationalité ?

  • Un texte plein d’intelligence et d’esprit.
    Une nation est effectivement une fiction politique imposée par le haut (avec quelques exceptions), les pays d’Amérique latine en sont une parfaite illustration.
    Toute l’habilité de ce texte réside dans sa manière de défendre ce que les nationalistes, les patriotes souhaitent conserver face à la mondialisation, leur identité et particularités culturelles. Il s’avère qu’elles ne sont jamais mieux défendues que dans des communautés plus restreintes que la nation qui a effectivement une forte tendance à chercher à fonder une uniformisation plus vaste donc plus pauvre puisqu’il s’agit d’effacer les particularités qui peuvent diviser (les langues régionales en France par exemple). Seulement la mondialisation politique (ONU, UE) est une autre fiction à laquelle on peut reprocher les mêmes tares qu’aux nations avec cette différence près que l’on ne peut pas fuir le monde comme on fuit une nation, on ne peut combattre le monde comme on combat une nation.
    Je suis éventuellement d’accord avec le dernier paragraphe quand il dit que de vastes ensembles supranationaux fondés sur la liberté peuvent permettre l’expression voire l’extension des cultures locales. Je suis en revanche plus sceptique sur la capacité de ces grands ensembles à rester fondés sur la liberté. Bien vite reviennent les passions égalitaires, redistributives, de contrôles écologiques, fiscaux, « humanitaires », idéologiques et les divers sanctions imposées à certains États. Le GIEC, les coalitions mondiales pour lutter contre les « paradis fiscaux », la promotion d

    • P*tain de clavier !
      >>> Le GIEC, les coalitions mondiales pour lutter contre les « paradis fiscaux », la promotion de l’égalitarisme idéologique par l’ONU (avec une pensée dixneuvièmiste de devoir des peuples supérieurs d’éduquer les sauvages) sont autant d’exemples qui montrent que les soucis d’uniformisation et de surveillance ne sont pas le monopole du nationalisme.

    • Quand je parle de mondialisation, il est entendu que je parle de libre échange uniquement, pas de mondialisation politique. Si les structures étatique ne sont pas légitimes pour gouverner un état elles ne le sont pas non plus pour gouverner des systèmes plus vastes.

  • Visiblement personne ici n’est contre la diversité, et c’est justement les frontières qui permettent l’existence de systèmes politico-économiques différents.

    Personnellement j’ai l’intuition, à l’instar des écosystèmes, que la résilience de l’économie mondiale face aux crises à venir viendra du maintient de la diversité des systèmes et des modes de pensée.
    La pensée unique, quelle qu’elle soit, porte en elle son naufrage.

  • Celui qui a recopié ce texte a fait une petite coquille : il a écrit « Roger Scruto » à un moment à la place de « Roger Scruton ».

  • Les commentaires sont fermés.

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Mario Vargas Llosa, dont nous avions récemment présenté l’un des derniers ouvrages, et qui a fait régulièrement l’objet de nombreuses chroniques sur Contrepoints depuis quelques années, est aussi le prix Nobel de littérature de 2010.

Les éditions Gallimard ont édité la conférence qu’il a donnée à cette occasion, véritable éloge de la lecture et de tout ce qu’elle recèle à la fois comme trésors, comme potentiel de résistance au conformisme et comme moyen de défendre les libertés.

 

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