La société de défiance

Au lieu de susciter une défiance généralisée par pur obscurantisme idéologique, il faut chercher à créer les conditions aptes à instaurer une société de confiance.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La société de défiance

Publié le 9 juillet 2013
- A +

Après peu de décennies d’une gestation silencieuse, nous sommes aujourd’hui entrés de plain-pied dans ce qui peut arriver de pire à une démocratie trop longtemps battue par les vents mauvais de la licence politique : l’instauration forcée d’une société de défiance avec tout ce que celle-ci peut comporter de malheurs présents et à venir.

Ainsi, la société de défiance se caractérise-t-elle par la perte de confiance des citoyens non seulement dans leurs élites dirigeantes mais aussi, dès lors que la classe politique manque gravement à ses devoirs, dans les institutions qui régissent la nation dont, par ricochet, la justesse et surtout la légitimité se trouvent alors mises en doute.

Car à force de traiter les Français comme une variable d’ajustement d’Ancien Régime, ôtés de toute vraie faculté à peser sur leur destin, le Prince claquemuré dans sa tour d’ivoire se coupe des réalités qui, à la première occasion, ne manqueront sûrement pas de se rappeler à son bon souvenir et surtout, en mal, à celui du peuple tyrannisé !

Mais rien n’est jamais perdu à partir du moment où l’on accepte de regarder les choses sous un angle autre que celui, arrogant et usé jusqu’à la corde, aujourd’hui en usage en France alors que le secret éternel de la réussite, singulièrement en politique, réside sans conteste dans la capacité à conduire le char de l’État avec prudence et humilité.

Donc, plutôt que de susciter une défiance généralisée par pur obscurantisme idéologique ou par simple paresse intellectuelle, il faut chercher à créer les conditions aptes à instaurer une société de confiance qui est le meilleur moyen d’assurer durablement le maintien d’une solide cohésion sociale in fine gage de stabilité et de prospérité.

En inventant la « société de confiance », Alain Peyrefitte avait eu, dès 1995, l’intuition du siècle. Il la voyait porteuse de tous les ressorts du développement. Confiance que l’État accorde à l’initiative individuelle, confiance que les individus accordent à l’État et surtout se reconnaissent entre eux et se font à eux-mêmes. [1]

Nous en sommes loin et l’on peut même légitimement se demander, dans l’état où se trouve la France y compris la stérilité phénoménale de son personnel politique, si nous serons jamais capables d’atteindre à un niveau d’excellence tel qu’il puisse permettre au pays de décoller enfin avec les meilleures chances de rejoindre le peloton de tête :

« Libéralisme, j’aime pas trop le terme », a ainsi avoué, lundi matin, sur RTL, Jean-François Copé (…) « Il faut de la protection pour ceux qui souffrent », a expliqué Copé pour justifier sa prise de distance. Mais le libéralisme, qui n’est pas l’ultralibéralisme de la loi de la jungle, est construit sur cet humanisme (Ivan Rioufol).

Il ne faut pas chercher ailleurs que dans cette profession de foi mécanique aux relents socialistes la malédiction, car il s’agit bien de cela et de rien d’autre, qui s’est abattue sur la droite française clouée au pilori par François Mitterrand et toujours otage, avec sa complicité passive faut-il le préciser, de maléfices pourtant anciens.

L’UMP doit donc faire l’effort, surhumain, certes, j’en conviens aisément, de raisonner non plus en mode d’alternance mais bien d’alternative impérativement libérale. Sans quoi, même (et surtout ?) dans l’hypothèse d’un fracassant retour de Nicolas Sarkozy, je ne parierai pas un liard sur sa capacité future à peser dans le débat politique.


Note :

  1. Patrick Artus et Marie-Paule Virard, Les apprentis sorciers, 40 ans d’échecs de la politique économique française, Fayard, mars 2013.
Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • L’ UMP est devenue socialiste. Tous ses actes de 2007 a 2012 le prouvent. Il me parait impossible de la reformer. Il faut la laisser mourir. d’autres alternatives existent : Modem, UDI, FN, etc..

  • Il n’y a aucun parti politique prônant la responsabilisation du citoyen.

    TOUS sont dirigistes… réclament des commissions et organismes multiples de contrôle …

    A force d’attendre la lune des élites parisiennes… le peuple attend l’arrivée d’un messie… au point de croire en ce moment dans un revenant qui vient de passer pourtant 10 ans au pouvoir sans rien faire de ce qu’il promet aujourd’hui…

  • Sarkozy ne reviendra jamais, c’est même pour cela que nous avons voté Hollande. D’accord avec vous sur tout le reste.

  • Toutes les alternatives sont également socialistes, le FN allant même jusqu’à copier le programme économique du FdG (A moins que cela ne soit l’inverse).

    Qu’ils disparaissent tous.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La démocratie libérale est un régime politique jeune et fragile. Elle commence véritablement à se concrétiser à la fin du XIXe siècle, et n’existe que dans une trentaine de pays dans le monde. Le primat de l’individu constitue son principal pilier qui est d’abord politique : garantir les droits naturels de l’Homme (la vie, la propriété, la liberté, la vie privée, la religion, la sécurité…) et limiter l’action de l’État¹.

La propriété de soi d’abord, la propriété des choses par le travail ensuite, la pensée critique (libre examen), la t... Poursuivre la lecture

Peste et famine vont sévir, le délire ultralibéral anéantir les acquis sociaux, et les sauterelles ravager les cultures. C’est, à peine caricaturé, la réaction de la plus grande partie de la presse française (notamment Ouest France, FranceTVinfo, France24, LaTribune, Alternatives économiques...) à l’arrivée au pouvoir, le 10 décembre, en Argentine de Javier Milei, élu sur un programme libertarien, c’est-à-dire de réduction drastique du rôle de l’État sur les plans économique et sociétal.

Le récit dominant en France serait que l’économi... Poursuivre la lecture

Peut-on dire que la motion de rejet du projet de loi immigration votée le 11 décembre 2023 est une illustration de la théorie du fer à cheval ? Forgée dans les années 1970, elle considère le spectre politique sous la forme d’un arc de cercle dont les extrémités gauche et droite se rejoignent. Mais disons-le d’emblée, la « horseshoe theory » est moins un postulat étayé qu’un jugement spontané. Il a pourtant eu l’intérêt de mettre la lumière sur la structure de l’offre et de la demande politique. Côté demande, si un tiers des électeurs de La Fr... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles