Pour résoudre le problème des « métiers en tension », favoriser le travail plutôt que l’immigration

Alors que la France fait face à une pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs, la régularisation des migrants clandestins divise. Ne faudrait-il pas plutôt réfléchir à la responsabilité de notre État-providence dans cette crise du recrutement ?

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Pour résoudre le problème des « métiers en tension », favoriser le travail plutôt que l’immigration

Publié le 6 décembre 2023
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Un article d’Étienne Fauchaire

Porté par le gouvernement, l’article 3 du projet de loi immigration, qui vise à régulariser les migrants clandestins travaillant dans les métiers dits en tension, cristallise les passions. Dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, ou encore du bâtiment, la main-d’œuvre manque.

Aussi faudrait-il pallier la pénurie de personnel par cette nouvelle disposition. Mais elle entraînerait un nouvel appel d’air migratoire, accentuant alors encore un peu plus les tensions sociales et culturelles en France, dénonce l’opposition. Une prime à l’illégalité de surcroît, aggravant le problème des filières clandestines d’immigration.

 

L’angle mort de la réponse aux difficultés de recrutement

Dans un pays qui recense 5,076 millions de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C au troisième trimestre 2023, il conviendrait pourtant de s’interroger avant tout sur les causes à l’origine de la crise de ces « métiers en tension ». Car c’est un paradoxe : le nombre de chômeurs est massif, mais dans certains secteurs de nombreux postes ne sont pas pourvus.

Comment l’expliquer ?

Nous ne sommes pas nombreux à oser le dire sans détours, mais beaucoup de Français ne veulent tout simplement pas travailler. L’IREF le dénonçait déjà sous la plume de Jean-Philippe Delsol en 2020 : « Pourquoi travailler si l’État prend tout le monde en charge ? », s’interrogeait-il. De 41 milliards d’euros en 2023, les dépenses de l’assurance chômage vont monter à 42,6 milliards en 2024, un coût colossal financé par les impôts du contribuable. En plus d’inciter une tranche significative de la population à s’ancrer dans l’inactivité, ce niveau de dépense contribue à alourdir le coût du travail, le rendant de facto moins attractif. Le serpent se mord la queue.

C’est pourquoi l’IREF appelle depuis des années les pouvoirs publics à mettre fin à l’assistanat rémunérant l’oisiveté, et à revaloriser le travail par un allègement de la fiscalité : la différence entre les salaires bruts élevés et les salaires nets bas tient au « pognon de dingue » alloué à la dépense sociale (31,6 % du PIB en 2022, contre moins de 15 % il y a soixante ans). À moins de souffrir d’un handicap ou d’une maladie chronique incapacitante, tout un chacun doit pouvoir gagner sa vie par lui-même, au lieu de vivre durablement aux crochets de son voisin.

 

L’immigration : une réponse économique, des conséquences politiques

Il faut augmenter les salaires par la baisse de l’impôt et inciter au travail en arrêtant de financer l’inactivité, préconisent plusieurs experts.

Tant que nous n’aurons pas adopté et testé ces mesures, il sera difficile de justifier une vague de régularisation des clandestins. Cela signifierait que l’on renonce à lutter contre l’immigration illégale, au motif que « les Français ne veulent pas faire ces métiers ». En outre, l’évaluation d’une telle régularisation ne doit pas se faire à la seule aune de ses avantages économiques ; elle doit également tenir compte des inévitables conséquences politiques.

Depuis plusieurs décennies, le nombre de nouveaux arrivants en France a augmenté exponentiellement. Durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, 255 000 titres de séjour légaux ont été délivrés chaque année, soit un total de 1,28 million. Quant au nombre de personnes en situation irrégulière, le ministère de l’Intérieur l’estimait entre 600 000 et 700 000 fin novembre 2021, sans pouvoir préciser combien d’entre elles avaient un travail.

Sur le plan pratique, les capacités d’accueil du pays sont sous tension, aussi bien au niveau du logement à moyen ou long terme (53 % des adultes sans domicile sont de nationalités étrangères, selon l’INSEE) que de l’hébergement d’urgence, structurellement très insuffisant pour le nombre annuel de demandeurs. Le taux de pauvreté des immigrés est de 30,7 % (et 39,5 % pour ceux qui sont nés en Afrique) contre 13,2 % pour la population non-immigrée. Le taux de chômage des immigrés extra-européens, de 15,7 %, est deux fois plus élevé que celui des Français, à 7,4 %, toujours selon l’INSEE. En se basant sur une étude du ministère de l’Intérieur, qui mériterait d’être actualisée, on apprend en outre que 45,8 % des hommes de moins de 25 ans nés en France de parents immigrés d’Algérie sont au chômage, un chiffre qui dépasse 40 % pour les Marocains.

Indépendamment des problèmes économiques et sociaux qu’entraîne notre politique migratoire, se pose également la question de l’intégration. Un chiffre éloquent : selon un sondage de 2020, 57 % des jeunes Français musulmans considèrent que la loi de la charia est au-dessus de celle de la République française. Plus épineux encore, le sujet du terrorisme : depuis 2012, 62 % des auteurs d’actes terroristes commis contre notre pays détiennent la nationalité française.

L’attaque perpétrée par le Hamas contre Israël le 7 octobre a cruellement montré à quel point il est dangereux d’ignorer la dimension culturelle de la politique migratoire. En Allemagne, des manifestations ont eu lieu pour glorifier l’offensive du groupe islamiste, et elles ont suscité en retour de virulentes réactions contre « l’erreur » d’avoir laissé entrer trop d’étrangers dans les pays occidentaux. L’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger l’a dit très nettement, sur la chaîne allemande Welt TV : « C’était une grave erreur de laisser entrer autant de gens de culture, de religion et de concepts totalement différents, car cela crée un groupe de pression à l’intérieur de chaque pays ».

C’est pourquoi des appels à hiérarchiser les priorités se font entendre. Dans un entretien à Ouest-France, le président du mouvement Nouvelle Énergie, David Lisnard, interrogé sur la régulation des sans-papiers dans les métiers en tension, a estimé par exemple qu’on « ne pourra se poser cette question qu’une fois que nous aurons la maîtrise de l’immigration dans notre pays », puisqu’« il n’y aurait rien de pire, dans une société sous tension, qu’une énième loi inutile sur l’immigration. »

Sur le web.

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  • Voilà.

  • Le probleme est aussi beaucoup du côté des employeurs et de la législation.

    Quand un employeur va exiger des qualifications ou diplomes parce qu’il souhaite quelqu’un d’opérationnel immédiatement alors que n’importe qui pourrait apprendre au fil de l’eau il y a un souci.

    En France il n’est plus possible de juste traverser une rue pour trouver du travail car aussitot un employeur va faire passer 3 entretiens et poser 1000 questions ou tests.

    Bien entendu, à n’importe quel moment un processus de recrutement peut s’arreter car la personne ne correspond pas aux attentes idéales à cause de l’age, du sexe, de l’éventuel handicap physique et bien entendu de l’éthnie d’un candidat.

    Il y aurait énormement à dire sur le sujet tellement la problematique est vaste.

    Que dire des emplois saisonniers ou il y a un manque mais qui necessite un logement et un moyen de transport pour les candidats sachant que ce sont dans les zones touristiques que les locations ou campings coutent le plus cher et qu’il est tres difficile de se deplacer ou se stationner ?

    • N’importe qui pourrait apprendre au fil de l’eau, mais tous ceux que l’employeur a rencontrés auparavant n’en avaient pas envie. En conséquence, il fait confiance au diplôme comme à une meilleure preuve de motivation.

    • « Quand un employeur va exiger des qualifications ou diplômes parce qu’il souhaite quelqu’un d’opérationnel immédiatement alors que n’importe qui pourrait apprendre au fil de l’eau il y a un souci » : qu’entendez-vous par là ? Que les employeurs n’ont recruté que (ou beaucoup) d’immigrés clandestins que parce que ces derniers avaient les qualifications ou diplômes requis ou qu’ils se sont montrés moins regardant vis à vis de ces clandestins en matière de qualifications ou de diplômes et les ont rémunérés à la basse hauteur de leurs basses capacités professionnelles et les ont formés « au fil de l’eau » ? Je penche énormément pour la seconde hypothèse, voyez-vous ?

  • Il est fada le Monsieur. Moi, je suis super bien au RSA et je gagne autant que ceux qui travaillent. À quoi ça sert de travailler quand d’autres (les immigrés) veulent le faire à ma place. Il faut bien que l’argent qu’on me distribue vienne de quelqu’un qui travaille. Dans l’Antiquité, c’était les esclaves qui travaillaient. Hé bien, maintenant, le socialisme a remis ce super système en vigueur : y en a qui travaillent dur pour que je ne fasse rien.
    Comme disait Voltaire, le travail n’est pas fait pour l’homme ; d’ailleurs, ça le fatigue.

  • Bien analysé et très juste.

  • La « régularisation » offerte à des délinquants (l’absence d’autorisation de séjour sur le territoire est délit) est absolument scandaleuse en soi et ne peut avoir aucune excuse.
    Le travail « non régularisé » étant moins couteux par nature, on a là l’essentiel de la baisse des salaires qu’induit la pratique, directement associé à des salaires exigés trop élevés par les travailleurs d’une part (il n’y a de fainéantises que de mal payés) et surtout évidemment par l’Etat dont les besoins sont immenses: il doit payer à ne rien faire tout le refus du travail mal payé. La boucle est bouclée.
    Pour rompre le cercle maléfique: interdiction absolue du travail aux illégaux, parcage de ceux-ci dans des zones où leur inutilité sera patente se manifestera jusqu’à leur départ vers où ils veulent hors de notre vue.
    A partir de là, les entreprises condamnées à mort par défaut de travailleurs devront augmenter leurs salaires, ce qu’on pourra favoriser en diminuant leurs charges d’autant qu’on diminuera l’assistance indue.
    Un conseil aux mécontents plongés alors dans la misère: qu’ils émigrent !

    •  » les entreprises condamnées à mort par défaut de travailleurs » et bien… mourront. Par exemple, une grande part de la cueillette ne peut être faite que par des illégaux. Il ne pourrait pas y avoir (ou presque) de vin sans cela.
      Et pour l’entretien des routes, des bâtiments, des chantiers publics (vous ne pensez tout de même pas que l’état lui même n’emploie pas des illégaux?), comment on fait?
      Les illégaux sont nécessaires, car ce sont les seuls à ne pas être soumis au code du travail. C’est leur plus value!
      Quant à la misère, ils y sont déjà. La vie d’un clandestin en France n’a rien de drôle (mais c’est quand même mieux que chez eux!). La vie d’un immigré (ou descendant) régularisé au RSA est beaucoup plus confortable par exemple, c’est donc normal qu’ils le souhaitent…

      -2
      • Pourquoi l’Etat allégerait-il les charges sur les entreprises si elles n’en meurent pas ? Il faut qu’elles en meurent.

      • Titi a écrit: « une grande part de la cueillette ne peut être faite que par des illégaux. Il ne pourrait pas y avoir (ou presque) de vin sans cela. »

        Et la Hongrie qui n’a pas d’immigration n’est pas 14ème producteur mondial de vin.
        C’est fou, parce que l’état qui détruit le pays présente ensuite l’immigration comme une solution et il y a encore des gens pour y croire (entre deux quartiers qui brûlent).

  • Avez vous vu un parti en France qui a dans son programme électoral de 2022 a décider .mettre au boulot tous nos chômeurs ?????
    Aucun
    Tous préfèrent plonger dans la démagogie en nous annonçant la fermeture des frontières ou leur ouverture sans limite……
    Par ailleurs remettre au boulot des RSA depuis 5 10
    voir 15 ans va demander de tres gros efforts sur le long terme
    Nos hommes politiques ( biberonnes au court terme) comme les français concernés en ont ils la volonté ????

    • Oui, Zemmour.
      Baisse des dépenses, des milles-feuille, des « machins », de la fiscalité d’entreprise, simplification du droit du travail etc. Il fait souvent référence à la Suisse.
      Ce n’est pas pour rien qu’il est l’homme à abattre et que les socialistes préfèrent Le Pen qui est a tout prendre de leur côté niveau étatisme. De plus même certains gauchistes commencent à trouver qu’ils ont assez été « enrichis ».

  • Je résume ici le commentaire que j’ai laissé sur le site de l’IREF pour le même article
    D’abord une précision : les sans-papiers travaillent souvent avec les papiers de quelqu’un d’autre, qui se trouve donc avoir plusieurs salaire. Les impôts et charges sont donc payés.

    Bien sûr il serait satisfaisant que les chômeurs travaillent davantage. Mais en tant que employeur j’ai constaté que beaucoup étaient dans des situations « inemployables » comme le désir de rester à proximité d’un conjoint ayant un poste stable (fonctionnaire souvent), le manque de qualification ou de graves défauts de caractère. D’autres repoussent les offres d’emploi qui ne leurs paraissent pas « dignes d’eux » (Je pense au cas d’un agrégé que j’ai bien connu).

    Or un employeur a besoin de quelqu’un ici et maintenant. Il ne peut pas tabler sur une évolution de l’état d’esprit des chômeurs, de la réglementation, de leurs (très) éventuelle meilleure qualification dans l’avenir …

    Par ailleurs même si le taux de chômage cité dans l’article est supérieur à la moyenne nationale, ce taux de 15 % montre que la grande majorité des intéressés travaillent contrairement à une idée reçue.

    Et surtout, l’immigration n’est pas uniforme. Le mot lui-même est très mal défini et à un sens qui varie d’une personne à l’autre. Elle est composé d’individus très dissemblables, et assimiler une nounou, un ouvrier du bâtiment ou un aide soignant en EHPAD à un voyou ou à un marchand de drogue n’a aucun sens (cf. https://www.yvesmontenay.fr/2023/11/04/limmigration-un-reniement-liberal/). D’où mon idée de la confier au chef d’entreprise, qui résoudra ainsi son problème ainsi que l’intégration de l’intéressé. En contrepartie, l’employeur doit être une sorte de garant, comme c’était le cas au Canada lors ce que j’y étais (c’est l’occasion de rappeler que le Canada est demandeur d’immigrants)

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