[Compte rendu] Le 12e week-end de la Liberté (3/3)

Retrouvez ici la troisième et dernière partie du compte rendu du Week-End de la Liberté organisé par le cercle Frédéric Bastiat.

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[Compte rendu] Le 12e week-end de la Liberté (3/3)

Publié le 26 novembre 2023
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Le dimanche était la clôture du congrès, avec toujours un public fourni, et deux propos de tonalités différentes.

 

Théorie et justification du profit en régime de liberté économique

Le professeur Renaud Fillieule intervenait sur le thème : « Théorie et justification du profit en régime de liberté économique ».

L’orateur est professeur de sociologie à l’Université de Lille. Il fut l’un des élèves emblématiques de Raymond Boudon. Sa thèse sur la rationalité, soutenue il y a trente ans, est aujourd’hui encore l’ouvrage de référence sur ce sujet crucial pour les sciences humaines. Il a depuis longtemps investi en analyse économique dans une perspective analytique autrichienne. Il est incontestablement en France l’un des plus grands spécialistes de ce courant. D’une extrême civilité et courtoisie, l’homme est de fréquentation très agréable.

Son exposé peut se résumer ainsi :

 

« La question du profit est simple : comment se fait-il que les entreprises soient en mesure, dans le fonctionnement normal de l’économie de marché, de vendre leurs produits un peu plus cher qu’elles n’ont payé leurs facteurs de production ?

Au niveau du système économique, lorsque l’on fait la somme des revenus nets de l’ensemble des entreprises (chiffres d’affaires moins coûts de production), on obtient le profit agrégé.

Mais qu’est-ce que ce profit ? D’où provient-il ? Est-il le fruit d’une exploitation des travailleurs ou bien est-il moralement justifié ?

Ces questions sont à l’évidence très importantes vu que le profit est, avec le salaire, l’un des deux principaux types de revenus nets dans l’économie. Or, aussi curieux que cela puisse paraître, la science économique telle qu’elle est enseignée aujourd’hui dans les manuels universitaires a du mal à nous dire ce qu’est le profit, n’est pas capable de l’expliquer, et donc encore moins de le justifier.

Renaud Fillieule passe en revue les passages où le profit est évoqué dans deux manuels de référence qui sont ceux de Mankiw (manuel de niveau introductif et de niveau intermédiaire). Dans ces manuels, soit le profit n’est pas expliqué du tout, soit il l’est, mais d’une façon profondément insatisfaisante. Pour en trouver une explication convaincante, il faut se tourner vers l’école autrichienne d’économie, et en particulier vers George Reisman.

Ce dernier, dans son traité Capitalism (1996), a développé une théorie approfondie du profit, inspirée à la fois par von Mises et par Hayek. Il montre que la composante fondamentale du profit agrégé est ce qu’il appelle la « consommation nette », c’est-à-dire la consommation des capitalistes, et qu’elle s’explique par la préférence pour le présent, le taux de profit moyen reflétant le taux de préférence pour le présent dans le système économique.

La justification du profit peut se faire grâce à l’un des fondateurs de l’école autrichienne, Eugen von Böhm-Bawerk. Il a pu démontrer un résultat qui peut sembler paradoxal : à savoir que le fait que le capitaliste obtienne son profit est parfaitement compatible avec le fait que les travailleurs, de leur côté, reçoivent la totalité de leur contribution à la valeur du produit.

Le paradoxe est levé dès lors que l’on comprend que la valeur d’un bien n’est pas la même aux différents instants du temps. Lorsque les travailleurs sont en train de produire le bien, il n’est pas encore disponible et n’a donc pas encore la totalité de sa valeur finale, d’où l’escompte qui affecte les salaires et va laisser (en général et en moyenne) apparaître un profit lorsque le bien sera terminé et vendu. »

 

Liberté politique, Liberté Économique, un désastre français

Il appartenait naturellement à l’initiateur des travaux, le docteur Patrick de Casanove, de conclure ces journées d’une exceptionnelle richesse. Inlassable entrepreneur sur le marché des idées, d’une culture vaste et éclectique, homme tant de pensée que d’action, il avait choisi pour thème « Liberté politique, Liberté Économique, un désastre français ».

Son propos s’enroula autour des thèmes suivants :

 

« L’extension de l’État : à la libération, la France a choisi la voie de l’étatisme pour bâtir l’État providence. Pour Hayek c’est la « route de la servitude » qui aboutit au totalitarisme.

L’économie administrée : il y a en France 72 codes, soient 10 500 lois, 300 000 articles de lois, 127 000 décrets environ, et plus de 483 impôts et taxes. S’y ajoutent plus de 400 000 normes.

La réglementation européenne en ajoute. Le capitalisme de connivence remplace le capitalisme. La prise de risque entrepreneuriale est inhibée par le principe de précaution.

La liberté politique, de pensée, d’opinion mise à mal : la doctrine officielle règne et imprègne le système. L’autocensure sévit. L’arsenal législatif français institutionnalise une vérité, une histoire, une science, officielles. L’arsenal législatif de l’Union européenne aggrave le dispositif.

L’ONU et l’OMS ne sont pas en reste.

Un désastre français : les causes sont endogènes, les fondamentaux sont mauvais, inventaire à la Prévert : l’enseignement, le social, santé/retraites, la politique énergétique, l’industrie, l’agriculture, l’immobilier, la liberté de circulation, les services dits publics, l’inflation et la hausse des prix, la paupérisation de la population, la dette et le déficit, la crise démographique.

L’acculturation, la sécurité/justice/défense nationale à vau-l’eau, la politique étrangère désastreuse, l’insécurité législative, la faillite éthique, la perte des repères moraux.

Ce qu’il faut faire :

— Bannir l’interventionnisme, passer d’un gouvernement par la peur à un gouvernement par la confiance, passer de l’insécurité à la sécurité, revenir à la souveraineté nationale, « Charbonnier est maître chez lui », choisir la liberté économique, disposer d’une énergie abondante et bon marché définir qui fait quoi « services privés, service public », rendre leur dignité leur culture et leur Histoire aux Français.

— Préparer la transition vers la liberté. Les Français doivent s’approprier les réformes sinon le corps social ne les acceptera pas. Les résultats positifs devront être très rapidement visibles. »

 

Remerciements

L’âge aidant, j’ai évidemment assisté à un nombre de congrès et colloques tels que je n’ose les décompter, tant j’entendrais de façon chaque jour plus audible le cliquetis des clés de Saint-Pierre.

Que l’on ne voit nul excès, encore moins flagornerie, si j’écris d’une plume tranquille, qu’il faut remonter loin dans mes souvenirs pour trouver un colloque aussi riche sur le plan scientifique, aussi passionnant de bout en bout, aussi traversé d’une vraie amitié entre les participants.

Docteur Patrick de Casanove bravo et merci. Rendez-vous l’an prochain, même lieu, même heure, encore plus nombreux.

La liberté est en marche, et nul ne peut stopper et n’arrêtera son élan.

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  • J aime bien la conclusion. Et en plus c est vrai . Le plus grand espoir, ma confiance en l avenir est que l asservissement ne marche tout simplement pas . Mais bien sûr il ne faut pas oublier non plus que liberté rime avec combat.

  • Les commentaires sont fermés.

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