La pignole parlementaire passe maintenant en mode turbo

H16 dénonce le cirque parlementaire et son océan de législations triviales, de débats stériles, dressant un constat implacable de l’état de la politique en France.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 7
Source : image générée par IA.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La pignole parlementaire passe maintenant en mode turbo

Publié le 24 novembre 2023
- A +

On pourrait en douter, et il faut le rappeler de temps en temps : une République, ça ne s’improvise pas. Pondre de la législation, écrire des petits articles et broder finement du texte de loi, c’est un métier, que dis-je, un sacerdoce quotidien qui demande du courage voire de l’abnégation, et une solide dose de persévérance…

… Pour ne pas dire d’obstination, voire d’entêtement ou même de folie lorsqu’on commence à éplucher ce qui se passe vraiment, en coulisses.

Le citoyen lambda, pressé dans sa vie de tous les jours, remarque à peine les agitations d’avant-plan, les 49.3 qui se multiplient dangereusement au point de dépasser la Borne, celle qui signifiera la fin du mandat de l’actuel Premier ministre et le renvoi de Babeth vers une retraite nécessaire. La presse, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, se contente de rapporter l’opinion vaseuse que se font les journalistes de ces agitations sur les grands principes et les grosses lois joufflues qui occupent la scène.

Mais l’observateur aguerri sait que, derrière ces gesticulations gouvernementables se cachent des nuées de petits bricolages parlementaires, ces micro-lois, ces nano-articles qui viennent s’ajouter comme autant de grains de sable dans la monstrueuse machine bureaucratique française pour en gripper un peu plus les rouages. Petites bidouilles des uns et des autres, à tous les niveaux de pouvoir (départemental, régional, national et même européen), ces particules fines de loi viennent silencieusement polluer la vie des citoyens français qui découvrent ensuite, éberlués, à quoi servent les copieux émoluments qu’ils versent à toute la troupe de clowns colorés qui occupent les deux chambres.

Laissée plus ou moins en roue libre pendant que les ténors gouvernementaux occupent la galerie, la députaillerie se laisse aller.

Si la presse se penchait vraiment sur ce qui se passe ensuite, elle pourrait multiplier les titres commençant par Ivre,

Ainsi, ivre, le Parlement européen tente de légiférer sur les emballages et leur capacité de recyclage, condamnant – dans sa précipitation et un solide de-quoi-jmemêlise – les boîtes en bois qui protègent nos camemberts.

Heureusement, notre représentation nationale a volé au secours de ce patrimoine ancestral et la voilà qui se bat pied à pied pour défendre une version particulière de tyrosémiophilie, acte plein de bravoure qui, au passage, n’aurait jamais été nécessaire si la pignole qui s’est emparée des institutions législatives sur tout le continent n’avait pas passé la surmultipliée.

Et pendant qu’on occupe nos députés européens sur ces questions véritablement capitales, la représentation nationale n’est pas en reste : le 1er janvier, l’usage des tickets restaurant change : fini l’achat inconsidéré de pâtes, de riz ou de viande avec votre ticket restaurant qui ne pourra plus servir que pour les sandwichs et les plats préparés, avant que tout ceci ne soit encore restreint à une catégorie précise de ces mets délicats (par exemple, ceux marqués A, B ou C dans le nutriscore ou on ne sait quel autre indice que nos fiers députés nous concocteront certainement).

Pour un outil (le chèque restaurant) qui n’apporte absolument aucun avantage, qui représente une ponction sur le salaire, et un fléchage direct d’une partie de votre pouvoir d’achat vers des biens et services spécifiques, vous en rendant captifs, on avouera que l’État et ses parlementaires se donnent beaucoup de mal.

Ah, qu’elle est agréable, cette sensation de savoir qu’à n’importe quel moment de votre vie, n’importe quel moment du jour ou de la nuit, une grappe de députés pense à vous et affine une petite loi ou un petit décret pour contraindre un peu plus ce que vous pouvez faire de votre temps libre, de votre argent, ou de ce que vous mettez dans votre ventre.

Et puisqu’on parle de ventre, comment imaginer que la situation alimentaire parfois alarmante de certains Français ne soit pas venue aux oreilles de nos hémicyclowns parlementaires ?

C’est donc sans surprise qu’on découvre la dernière proposition d’un député du Loiret qui envisage sans rire de créer une sécurité sociale alimentaire. Le numéro vert, le Grenelle de la bouffe ou le chèque alimentaire étant passés de mode, les tickets resto ne suffisant pas, la proposition semble avoir poussé dans l’esprit fertile du législateur dont on déduira surtout qu’il a beaucoup trop de temps libre : par le truchement d’une indispensable carte, voilà nos Français dépouillés d’une belle brassée de milliards d’euros qui seront amplement gaspillés dans une nouvelle usine à gaz invraisemblable.

Petit à petit, on se rapproche de l’étape ultime d’une fonctionnarisation des boulangers-pâtissiers dans le pays par la mise en place d’une Sécurité sociale alimentaire dantesque, avec distribution d’une carte « Biencuite » (ou un nom niais genre Belmiche, Glucidea ou Baguetta) pour obtenir le remboursement en ligne de son pain quotidien, un tarif officiel de la consultation boulangère, et évidemment un parcours pâtissier officiel avec son boulanger traitant.

En réalité, il n’y a aucune limite à l’inventivité législative de nos députés en roue libre ; par exemple, au début du mois, la classe politique nous expliquait le retour de la reprise (des chaussettes, pas de l’économie) avec la mise en place, tambours battants, d’un chèque gouvernemental pour réparer habits et chaussures troués par les vicissitudes de la vie moderne.

Et pour compléter le tableau (consternant) de ces gesticulations d’arrière-plan de plus en plus lunaires, entre deux criailleries de semi-folle lâchée dans un hémicycle auquel il ne manque plus guère que la sciure au sol pour coller parfaitement à l’image d’un cirque, signalons la proposition de loi d’un autre clown visant à reconnaître et sanctionner la discrimination capillaire. Ce n’est pas une blague.

Il faut se rendre à l’évidence : au-delà de ces contorsions qu’on peut assimiler à des spasmes, les parlementaires ne servent plus à rien. Évitant soigneusement toute remise en question du gouvernement par peur d’élections anticipées qui remettraient en cause leur gamelle, ils en sont réduits à frétiller du museau à l’idée de distribuer des petits chèques ou bricoler du sociétal.

Englués dans les sables mouvants des affaires courantes et d’une pignole législative indécente, ils s’enfoncent mollement.

Ce pays est foutu.

Sur le web.

Partager sur:
Vous souhaitez nous signaler une erreur ? Contactez la rédaction
Dossier spécial :
Voir les commentaires (18)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (18)
  • Oh, que voici encore un excellent article de H16 ! Lui et 2 ou 3 autreschroniqueurs sauvent CONTREPOINTS de l’alignement à toutes les Doxa absurdes ou désinformées !

  • H16, comme dirait Valérie Pécresse : « vous m’avez manqué ! »
    Bravo pour cette excellente étude de l’onanisme parlementaire qu’on nomme « fly fucking » chez nos grand-bretons amis.
    Le député de ma circonscription, après m’avoir expliqué que le « quoi qu’il en coûte » n’aurait pas de conséquences grâce aux taux d’emprunt négatifs, s’est attaqué à la hauteur des grillages entourant les propriétés privées solognotes, sans résultat bien sûr.
    Si nos députés voulaient vraiment se faire respecter, ils mettraient fin à cette mascarade des 49-3 à répétition qui constitue une véritable humiliation pour la représentation nationale, donc pour le peuple français.
    Il suffit de voter une motion de censure pour débrancher notre première ministre qui ne demande peut-être que cela tant elle parait épuisée chaque jour un peu plus.

  • Ma référence législative reste « Les tontons flingueurs… : « …Les cons , ça ose tout! C’est même à cela qu’on les reconnait! « . Cet adage remplacerait bien : « Liberté, égalité, Fraternité ». Sinon, il y a aussi: Matthieu 5:3.

  • Non seulement ils ne servent plus à rien mais nuisent à tout. Ils ont toutes les caractéristiques des déchets nucléaires tout en ayant pompé l’énergie du pays . A enterrer urgemment profondément dans des blocs de béton serait une mesure de salut public .

    • Ah mais comme vous le savez, les déchets nucléaires, on essaye de s’en débarrasser, mais on n’y arrive pas! Et, ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de vraies solutions, mais on refuse d’y recourir.

  • Autant apeller la chose par son nom: ticket de rationnement, que l’on fera tamponner apres l’achat d’un baguette de pain ou d’un steack…

  • On a bien le chèque « réparation de l’électroménager ». Alors pourquoi pas le chèque bouffe, douche, etc. Heureusement, il y a toujours quelques fonds de pension pour prêter à la France et augmenter son déficit.
    On rrrroule la dette vindiou de vindiou.

    • Vous oubliez le cheque pour repriser les chausettes, recemment mis en place. Et pourquoi pas un cheque pour faire reparer sa voiture, les gens ayant une forte propention a changer de voiture a la moindre panne.

      • La liste est déjà longue mais je fais toujours confiance à nos élus pour rajouter encore des chèques sans provision.
        Mélenchon pourrait bien créer un chèque pour acheter des couteaux pour trucider les jeunes dans Les bals avec sur le manche écrit : sale blanc.

  • La situation politique actuelle est une démonstration de l inutilité des législateurs même sans majorité le pouvoir législatif sors son 49 3 est la loi est adoptée.
    Tout ce beau monde ne pense pas au besoin de la société mais comment rester le plus longtemps au pouvoir.

  • Ce n’est plus un hémicycle mais un hémi-cirque

  • Ce pays est foutu…… De quel pays parlez vous ? La France n’est plus qu’un lander de seconde zone…

  • La lecture de tous ces commentaires affiche un anti parlementarisme affligeant de médiocrité que ne justifie pas qq errements que l on retrouve malheureusement partout
    Sans doute que la douma est leur grande référence
    Ces propos non rien de libéraux mais s acoquinent a ce souverrainisme nationalisme avec une grosse louche d etatisme chez la marine ou une once de jésuitisme chez EZ

    -4
    • Ce que vous dites n’a aucun sens.
      Le pays est totalement en faillite, toutes les données socio-économiques s’effondrent y compris le pouvoir d’achat, il me semble que les français sont en droit de critiquer ces parlementaires.
      Ces gens sont responsables devant le peuple de l’état du pays, il me semble que la responsabilité est une chose éminemment libérale non ?
      .
      Votre défense de ces législateurs médiocres est étrangement irrationnelle, mais on se pince en lisant la bordée d’anathèmes conventionnés qui ponctue votre commentaire. On dirait une sorte de réflexe, voir un conditionnement… ?
      Vous pouvez indiquer la ou les phrases qui montrent un quelconque lien avec le « jésuitisme d’EZ », « l’étatisme de Marine » etc. ?

      • Il n y a pas d effondrement économique ( comme celui de la Grèce entre 2008 et 2016) puisque notre faible croissance tangente autour de + 0,5
        Le pouvoir d achat se maintient grâce aux nombreuses augmentations du SMIC
        La situation n est pas catastrophique mais révèle toutes les difficultés non résolues de notre tres coûteux système social qui impacte fortement notre économie et notre goût immodéré pour l emphase verbale
        La 1ere ministre italienne G Meloni fait preuve d un étonnant pragmatisme une fois au pouvoir en mettant à la poubelle de nombreuses propositions populistes de son programme électoral

        -1
        • Vous êtes au courant que l’état n’a pas d’argent et que ce n’est pas une loi qui détermine les salaires réels, mais la capacité de l’économie privée à produire de la richesse ?
          .
          La balance commerciale négative indique que l’économie surtaxée ne produit plus grand-chose. Le pouvoir d’achat est durement impacté, la moitié du pays vit des « aides » sociales alors que l’état emprunte 250 milliards chaque année, soit 14% des dépenses. Le pays tient uniquement grâce à la dette.
          .
          Je ne sais pas très bien si vous vous rendez compte que tous les 4 ans l’état ajoute 1000 milliards de dettes qui sont inévitablement de futurs impôts ?
          Le gouvernement veut même réduire les maigres pensions des vieux maintenant tellement la situation est dramatique.
          .
          Pour fini de couler le pays, vos chers dirigeants socialistes veulent toujours tuer les dernières choses qui fonctionnent en jetant les voitures, en interdisant la propriété privée et en renchérissant l’énergie le tout pour « sauver la planète ».
          .
          Bref, vous êtes comme Bruno « guerre totale » le Maire, zéro conscience des réalités, 100% d’échecs.

          • Verser dans la catastrophisme, ne fait pas avancer d un iota la situation certes préoccupante mais gérable pour le moment puisque la France trouve sans problème a se refinancer sur les marchés
            La question qui fache c est jusqu a quand ???? Et cela personne ne le sait……
            Bien sur pour rétablir notre situation il faudra taper drastiquement dans toutes les dépenses sociales ( retraite santé et aides diverses ) qui représentent 33 % de notre pib soi 834 milliards en 2022…

            • La France ne se refinance pas sur les marchés qui auraient sanctionnés sa mauvaise gestion depuis longtemps, mais auprès de la BCE, en gros la même mafia qu’en France ou « l’argent gratuit » fait baisser la valeur de la monnaie et le pouvoir d’achat des Français.
              Ce n’est pas « gérable » du tout, parce que la clique au pouvoir y est solidement accrochée, c’est la même qu’à Bruxelles, BCE, OMS, ONU et il n’y aura pas de changement de cap avant un bon gros effondrement qui ouvre tous les futurs, mais pas forcément les plus riants. La suite logique des économies administrée c’est en principe le totalitarisme.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don