Europe : le choix de la misère et la fuite des cerveaux

L’’Europe s’enfonce maintenant comme elle ne s’est jamais effondrée auparavant. Pas parce que subitement, elle ne serait plus capable mais bien parce qu’elle a choisi de ne plus l’être.

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Europe : le choix de la misère et la fuite des cerveaux

Publié le 20 mars 2023
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Intéressant constat que celui qu’on peut dresser à la lecture d’un récent article de Courrier International sur un rapport de l’Institut australien de politique stratégique (ASPI) qui semblerait montrer que la suprématie américaine en matière de technologies est en train de céder sa place à la Chine…

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt et surtout qui parlent chinois ; c’est en tout cas ce qu’on pourrait croire à lire le rapport en question duquel on peut d’ores et déjà tirer quelques enseignements, à commencer par le constat que dans la course intellectuelle et technologique, l’Occident est clairement en train de marquer le pas au profit de la Chine.

Pour l’Institut australien, les démocraties occidentales ne sont plus le berceau des avancées scientifiques et de la recherche, et – pire encore – ne sont plus capables de retenir les ingénieurs et les chercheurs comme ce fut le cas jadis. Selon lui, la Chine serait passée en tête dans 37 des 44 secteurs de technologies de pointe analysés, depuis les batteries électriques aux communications fondées sur les technologies 5G ou 6G en passant par le développement de l’informatique quantique, les vaccins ou les systèmes de lancement spatiaux, ces trois domaines faisant partie des sept domaines seulement où les États-Unis restent en tête pour le moment.

Or, dans l’ensemble des métriques proposées, une question surnage, lancinante et dont la réponse n’est pas très rassurante : où en est l’Europe ?

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Et l’Europe, dans tout ça ?

Coincée dans un entre-deux inconfortable où le Vieux Continent semble tout juste maintenir ses capacités, elle n’apparaît en tête dans aucun domaine technologique sur les 44 choisis par l’Institut. Au passage, en épluchant le rapport, on se rend compte que les pays européens peinent aussi à trouver une place en troisième ou quatrième position. Pire : même si l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni tirent encore leur épingle du jeu dans plusieurs domaines leur permettant de se hisser de temps en temps à une troisième place, la France n’apparaît qu’à deux reprises lorsqu’il s’agit d’énergie nucléaire (et la gestion de ses déchets).

Ce constat impose de s’arrêter une seconde et de bien saisir l’ampleur de ce qui s’est passé en quelques années, une ou deux décennies tout au plus : non seulement la Chine a largement rattrapé le reste du monde et dépassé les États-Unis, mais l’Europe semble maintenant prête à sombrer corps et biens dans le ventre mou des civilisations moyennes, ni complètement tiers-mondisée (pour combien de temps encore ?), ni vraiment apte à développer des technologies de pointe…

En somme, pendant que le monde devient de plus en plus compétitif, que la course technologique devient plus pressante, l’Europe semble avoir fait le choix franchement douteux de devenir de plus en plus « décroissante » : décroissance de sa population actée avec plus ou moins de résignation et pour certains même, une pointe de morgue réjouie, décroissance technologique en faisant une guerre permanente à toute amélioration du niveau de vie sous tous les prétextes possibles, et surtout décroissance par l’énergie avec une politique suicidaire vigoureuse d’arrêt pur et simple de toute forme d’énergie bon marché, et le remplacement assez moyennement subtil des énergies qui marchent par celles qui ne marchent pas et sont autant hors de prix qu’hors de contrôle (moulins à vent, miroirs magiques) ou d’autres comme le charbon voire la biomasse qui nous ramènent, dans une sorte de nostalgie triste, à ce XIXe siècle qui voyait, jadis, l’Europe conquérir le monde.

À ces choix déjà calamiteux visant une disparition aussi pitoyable que possible, on doit ajouter les efforts actuels d’ajouter la faim au froid qui ne manquera pas de saisir les populations en manque d’énergie, avec cette volonté de plus en plus affirmée de dépendre du reste du monde pour s’alimenter : il suffit pour s’en convaincre de voir les quelques agriculteurs encore en activité en Europe défiler pour essayer de réveiller les populations et les politiciens aux problématiques que ces derniers, ânes bâtés de l’écologisme de combat, s’emploient pourtant à leur créer chaque jour qui passe.

Devant ce tableau consternant, peut-on réellement s’étonner de la véritable fuite des cerveaux observée déjà dans différents pays, la France représentant en la matière une sorte de phare indiquant aux autres ce qu’il ne faut surtout pas faire pour conserver son potentiel intellectuel chez soi ? Les articles d’analyse sont peu nombreux, le constat faisant mal, mais ceux qui évoquent la situation à ce sujet sont sans appel : les cerveaux quittent l’Europe et s’installent aux États-Unis et en Chine, et cette fuite coûte de plus en plus cher.

 

Une situation qui n’est pas une fatalité

Le plus grave est que ceci n’est en rien une fatalité : l’Europe a amplement prouvé qu’elle pouvait être indépendante sur tous les plans. Sur le plan énergétique, elle s’interdit d’exploiter ses sous-sols pourtant riches. Sur le plan alimentaire et sur le plan technologique, il n’y a pas de doute qu’elle a largement de quoi rendre la monnaie de leur pièces aux Chinois et aux Américains.

Les Européens savent faire aussi bien des puces que des satellites, des avions que des fusées, des voitures que des matériaux raffinés de tous types. L’Europe a su former et a formé une élite intellectuelle, militaire, industrielle, celle qui a effectivement et littéralement conquis le monde en différentes vagues pendant des siècles, y compris les Amériques et l’Orient.

Les pays européens et leurs peuples ont amplement prouvé pouvoir éclairer le monde de leur culture et de leur philosophie.

On sait faire.

Mais malgré cela, l’Europe s’enfonce maintenant comme elle ne s’est jamais effondré auparavant. Et pas parce que, subitement, elle ne serait plus capable mais bien parce qu’elle a choisi de ne plus l’être : il s’agit ici d’idéologie, il s’agit de renoncement et rien d’autre.

De l’idéologie, oui, bien connue, marxisante même, celle qui mène inéluctablement à la guerre de tous contre tous au prétexte de protéger des minorités de plus en plus risibles qui n’ont de cesse de monter les uns contre les autres. Diviser pour mieux régner n’a jamais aussi bien marché, tant pour les États-Unis que pour la Chine qui voient maintenant dans l’Europe un véritable champ d’opportunités pour le pillage intellectuel, culturel et économique et ne s’en privent pas.

Il s’agit aussi de renoncement : après des années à distiller l’idée selon laquelle l’individu ne peut rien et l’État peut tout, les citoyens européens, baignés de sociale-démocratie de plus en plus socialiste et de moins en moins démocratique, ont justement fini par le croire, dur comme fer. Renonçant à toute responsabilité et aussi à tout effort pour se détacher de la tétine lénifiante de l’État, les citoyens européens ont petit à petit confié les clés de toute l’Europe à des dirigeants bien plus soucieux de leur propre richesse personnelle que de celle des peuples qui leur ont aveuglément (et de plus en plus idiotement) fait confiance.

On arrive à présent au bout de ce schéma car la facture arrive, et elle est particulièrement salée.

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  • CUEF !
    Cela va bien se passer…

  • A la fois les retournements historiques sont rapides : la Chine pataugeait hier dans une révolution culturelle suicidaire, tuant au sens propre tout ce qui alignait deux neurones et portant aux nues une jeunesse gueularde et sanguinaire. Franchement qui aurait cru à un réveil aussi rapide ? Pas moi en tous les cas . On peut d’ailleurs trouver des similitudes de plus en plus criantes avec nos petits barbares écolos locaux, la seule différence étant la couleur du livret brandie. Par ailleurs , la Chine va subir un vieillissement über rapide , et on voit mal comment le royaume de l’enfant unique souhaiterait l’envoyer au casse pipe d’autant plus qu’en matière de guerre , les chinois ne font pas figure mondiale de référence (ils se sont toujours fait tailler des croupières par les japonais et les mongols ) . Quant à nous , il est vrai que nous regardons aujourd’hui passer les trains en ruminant tels les vaches de nos campagnes, se laissant téter tant et plus par la population locale et les nouveaux arrivants ; on verra la suite quand les mamelles seront vides . Ça risque de décoller la pulpe.

    • La guerre, aujourd’hui, se fait en envoyant les enfants des autres se battre avec vos armes. Mais ça n’est pas la guerre qui fait faire de grands progrès, contrairement à ce qu’on croyait au moins pour la science, ni la démographie galopante. C’est un état d’esprit différent. J’ai découvert un livre de SF chinoise (Boule de Foudre) qui révèle que l’autoritarisme et la politique ne sont pas un obstacle au développement scientifique, en tout cas rien de comparable à notre écologie anti-exploitation du monde. Si j’avais encore 30 ans, j’apprendrais le mandarin et je partirais en Chine, la recherche y ressemble à celle qui a passionné ma jeunesse. C’est bien plus important que la liberté de bloquer et de brûler des poubelles…

      • Avatar
        jacques lemiere
        21 mars 2023 at 7 h 24 min

         » l’autoritarisme et la politique ne sont pas un obstacle au développement scientifique » en effet…

        souvent mais pas toujours..

        science recherche de vérité.. quand la vérité dérange vous allez voir si l’autoritarisme ne s’oppose pas au « développement scientifique ».. par contre ce qui conduit au développement économique technologique est bien venu..

        par ailleurs la chine est post communiste donc encore matérialiste, mais un autoritarisme écologique… ne s’opposerait pas non plus au développement scientifique mais justement par exemple l’écologie..l’,entomologie, les science d’observation le comptage des oiseaux des poissons.. par contre le reste…

        le rêve de bon nombre de gamins occidentaux est d’observer la nature.. plus rarement d’etre ingénieur..

        • Le rêve de bien des gamins chinois est de construire quelque chose, par exemple en étant ingénieur. Et dans une civilisation où on est retors et astucieux, il est facile de chercher pour soi la vérité et de n’en montrer au pouvoir que ce qu’il veut bien entendre. Pas dans celle du degré zéro.

      • @Michel vous connaissez la Chine ? Eh bien nous oui , un peu et nous avons toujours refusé cette destination même sur une période courte (3 ans) . Pourquoi ? pour éviter d’écourter la vie de nos enfants . Que penser d’un pays dont certains habitants pour des raisons purement financières ont été capables d empoisonner le lait de leurs propres enfants ? Que penser d’un pays corrompu jusqu’à l’os qui a massacré sa nature . Que penser d’un pays assez lamentable pour laisser échapper un Covid dans la nature ? (tout en mentant effrontément) Disant cela cette civilisation est fascinante mais ce n’est pour moi pas une raison suffisante pour y émigrer .

  • Comme toujours, une analyse pertinente et sans prendre de gants. J’ai juste un petit bémol sur la phrase « Les Européens savent faire aussi bien »: est-ce qu’on n’est pas déjà arrivés au stade « Les Européens savaient faire aussi bien » ? Ça fait déjà quelques années que le vieux continent se fait violemment déconstruire.

    • Il y a encore beaucoup d’européens de haute volée. Mais ils officient très souvent dans des entreprises ou des universités US, chinoises ou autres (il y a dans la Silicon Valley une proportion assez impressionnante de Français). Il sont aussi, tant qu’à faire de rester en Europe, plus souvent en GB ou en Suisse que « chez eux »…

  • Heureusement, dans l’assistanat, la France n’est pas prête de perdre son titre de champion du monde. Et là, pas de fuite des cerveaux écolos, socialos, communistes et fonctionnaires.
    Pour être à la pointe, il est nécessaire de :
    1- avoir une éducation nationale performante et neutre
    2- devoir travailler pour manger : ce qui pousse chacun à évoluer pour améliorer sa situation individuelle en permanence
    3- être assuré que son travail n’est pas confisquées par l’État au profit d’une pseudo équité.
    4- vivre dans un pays qui défend le droit de propriété.
    Aucun de ces points n’est plus respecté en France.

  • Les commentaires sont fermés.

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