La nouvelle crise sera monétaire et non pas financière

Nous entendons beaucoup de craquements dans le monde financier et une nouvelle crise couve. Nous entrons dans la dernière étape de l’agonie d’un système monétaire et financier inepte.

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La nouvelle crise sera monétaire et non pas financière

Publié le 18 mars 2023
- A +

Gels de certains fonds de participation sur des secteur à la mode, éclatement de la bulle des cryptoactifs bidons, éclatement de la bulle des SPAC, sauvetage des fonds de pension britanniques, mise sous tutelle d’un petit assureur-vie italien. Derniers craquements financiers en date : aides à des banques diagnostiquées en crise de « liquidités », la Silicon Valley Bank aux États-Unis et Crédit Suisse.

Nous avons l’impression de revivre les débuts des crises de 2000 et 2008.

Les crises se suivent en ayant en apparence des causes différentes : 1987, (obligations pourries et crise des Saving & loans), 2000 (bulle internet), 2008 (crédit subprime).

Ces crises se ressemblent dans leurs conséquences car elles débouchent sur :

  • toujours plus de croissance de la masse monétaire sans rapport avec la croissance de l’activité économique,
  • toujours plus de dettes,
  • toujours plus de régulation.

 

Retour sur 2001 – 2008

Après l’éclatement de la bulle internet, la Réserve fédérale avait – comme d’habitude – baissé ses taux directeurs. La bulle du crédit subprime est venue remplacer celle du nimportequoi.com. Puis, lorsque la Réserve fédérale a relevé ses taux, le système financier a fini par craquer comme en 2000.

Cette fois encore, après avoir stimulé l’inflation – et la création de bulles – par leurs baisses de taux, les banques centrales prétendent lutter contre l’inflation en relevant les taux.

Comme en 2008, cette posture tiendra jusqu’à ce que quelque chose craque dans le système.

Nous en sommes à plus d’un an de hausse de taux et nous avons connu une baisse substantielle des marchés financiers en 2022. Mais la bulle est-elle vraiment purgée ?

 

En 2022, un niveau d’endettement double de celui de 2008

Fin 2021, selon le Fonds monétaire international, la dette publique et privée atteint dans le monde 226000 milliards de dollars, soit 256 % de la production mondiale (le PIB). La moitié de ces crédits sont des emprunts d’État, l’autre des prêts du secteur privé.

Pour l’Institute of International Finance (IIF) au premier trimestre 2022, l’endettement atteignait total 305 000 milliards de dollars et 348 % du PIB. Le 22 février 2023, elle a baissé de 5000 milliards.

La dette du secteur privé finance en partie des investissements et en partie de la consommation. L’immense majorité de la dette du secteur public finance des transferts sociaux (donc de la consommation) ou des investissements non rentables comme la transition énergétique (car si ces investissements offraient des perspectives de rentabilité, ils seraient financés par le privé).

Par comparaison, en 2007, la dette atteignait 142 000 milliards de dollars selon Statista et représentait 243 % du PIB.

2008 était une crise de surendettement qui s’est révélée après plus de trois ans de hausse de taux. Les instances monétaires – qui prétendent soigner le mal par le mal- ont alors maquillé l’insolvabilité en créant encore plus de dette et monnaie.

Depuis 2008, l’endettement a doublé et le poids de ces dettes sur l’économie s’est accru de plus de 40%. Parmi ces milliers de milliards de dettes, une énorme quantité représente du crédit à la consommation et des investissements qui ne seront jamais rentables.

Récapitulons où nous en sommes avec ce tableau :

 

Comparaison 2007 – 2022

2007 2022
Dette mondiale en millliards de dollars 142 000 305 000
Dette mondiale rapportée à l’économie en % 243 348
Taux directeur en % 5,25 4,58
Durée de la hausse de taux avant l’éclatement de la crise 39 mois nous en sommes à 14 mois

 

Toutes les pertes seraient-elles déjà actées après un peu plus d’un an de hausse de taux et la baisse éphémère des marchés actions et obligations en 2022 ?

Selon l’IIF déjà cité, en février 2022 environ 4000 milliards de dollars de dettes auraient été détruites.

Difficilement crédible de croire que l’abcès serait purgé par si peu de pus…

 

La bulle ultime est celle de la dette publique

Les bulles les plus flagrantes – celles des cryptoactifs, de certains fonds immobiliers et de la technologie – ont éclaté en premier.

Mais il y a des points communs entre la Silicon Valley Bank (SVB) et les malheureux fonds de pension britanniques :

  • aucun n’avait spéculé sur des actifs risqués ;
  • bien au contraire, tous deux avaient investi dans des actifs considérés comme les plus sûrs qui soit : des bons du Trésor de l’État fédéral américain pour la SVB et des Gilts britanniques pour les fonds de pension ;
  • tous deux ont été pris à contrepied lorsque ces obligations ont brutalement baissé sous l’effet de la hausse des taux directeurs (la valeur nominale d’une obligation varie en sens inverse des taux d’intérêt) ;
  • les fonds de pension britanniques ont été mis à genoux même en ayant un produit dérivé de couverture contre la baisse de leurs obligations souveraines. La chute a été si brutale que les appels de marge (l’équivalent de la prime d’assurance) sont devenus insupportables ;
  • la SVB n’était pas assurée mais la baisse des valeurs technologiques a conduit les déposants à retirer plus de dépôts qu’à l’accoutumée ;
  • les instances de régulation ont été inertes.

 

Toutes ces crises ne sont que les fruits d’un système monétaire et financier inepte.

Selon ce système, la monnaie est créée par une banque centrale.

Par le système dit des réserves fractionnaires, les banques ne prêtent pas seulement les dépôts qui leur sont confiés mais bien plus d’argent que ça, dans une proportion de plus de 20 fois leurs fonds propres (l’argent de la banque qui appartient vraiment à la banque : celui que ses actionnaires ont mis au pot). Nous vivons dans un système où les crédits font les dépôts et non pas l’inverse.

 

La capacité d’emprunt a remplacé la capacité d’épargne

Si une banque prête à son État de tutelle en souscrivant à des obligations souveraines, la règle en vigueur dit que le risque est nul. Les États sont réputés infaillibles puisqu’ils peuvent toujours rembourser en monnaie qu’ils créent.

Donc une banque peut prêter à l’infini sans geler de fonds propres dans le cas où elle prête à ceux qui lui ont octroyé sa licence bancaire. Et on mord rarement la main qui vous nourrit…

Avec ce système, les États et leurs gouvernements ont une capacité d’emprunt infinie même si leur capacité d’épargne est nulle (ils empilent les déficits).

Toutes les idées les plus stupides peuvent donc se financer par l’emprunt public.

Lorsqu’on se rendra compte que les emprunts d’État ne seront jamais remboursés, on passera à la création monétaire directe, sans chichi, sans habillage d’acronymes. Ces derniers se justifient pour rassurer les âmes sensibles. Il ne faudrait pas que le bon peuple puisse penser que le dollar ou l’euro ne vaut pas mieux qu’un assignat, que le mark de 1923, le dollar du Zimbabwe… Pourtant, à terme, ce sera le cas.

La bulle ultime est celle des obligations souveraines. Son éclatement signifiera une crise monétaire généralisée comme je l’explique dans mon dernier livre. S’en prémunir nécessite de comprendre la situation pour prendre à temps quelques précautions patrimoniales.

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  • Bonjour,
    Simone Walter est encore crédible ?
    En 2011 elle nous annonçait l’Or à 10000 dollars même parfois plus et on l’écoute encore ?
    Pour elle, cette situation internationale c’est du pain béni. Elle peut continuer comme ça à dire ce qu’elle veut. Tout le monde l’écoute parce que tout le monde a peur.
    Imaginez si tout allait bien, que deviendrait Simone walper ?
    Je suis nouvellement abonné mais je crois que je vais pas faire long feu.

    -3
    • C’est sûr qu’entre l’article et ce genre de réfutation, le choix est vite fait.

    • Il y a des boussoles qui indiquent le nord. D’autres le sud. Et certaines sont cassées.
      Je suis SW depuis une quinzaine d’années. Quand elle était patronne de Money Week. Qui a rapidement fait faillite. Et je dois à la vérité de confirmer que les seules crises que SW ait pu prédire sont celles qui se sont produites avant qu’elle n’en parle.

      -1
      • Peut-être confondez-vous comprendre et prévoir?
        Le propre des despotes n’est-il pas justement de repousser à plus tard l’inévitable en l’aggravant? Repousser l’accident imminent en faveur d’un désastre lointain.
        On a toujours tort de comprendre trop tôt.

        • Remplacez SW par Greta Thunberg et vous comprendrez mieux en quoi le monde n’a rien à faire d’anti-Cassandre. Aruspices de pacotille. Des gens qu’il nous est agréable de croire parce qu’ils confortent nos opinions. Mais qui confondent la réalité du monde avec la représentation qu’ils s’en font.

          • J’aurais écrit « haruspice » mais chacun est libre d’orthographier à sa guise, tout comme de mélanger les torchons avec les serviettes.

            -1
  • Peut-on vraiment comparer des prêts venant d’acteurs privés et des prêts venant de la banque centrale?
    En effet, l’argent prêté par la BC ne sera sans doute jamais remboursé. Il continuera à s’empiler dans le bilan de la BC. Evidemment, si la BC exagère, la monnaie va baisser de valeur, mais de là à imaginer une déroute comme le mark allemand dans les années 1920, il me semble qu’il y a un saut quantique qu’il me semble imprudent de faire.
    Peut-être allez-vous me prouver le contnraire….

    -1
    • Prouver, certainement pas, mais comment déterminez-vous si la BC exagère ? Moi, il me semble qu’on en est dangereusement près. On en est quand même à une baisse de valeur de la monnaie impressionnante, il suffit de comparer les prix il y a un an et aujourd’hui, et pas seulement ceux des yaourts et des pâtes. D’autre part, on a des banques qui vacillent et des BC qui se sentent obligées de fournir de quoi les sauver, tout en continuant la politique de hausse des taux qui les fait vaciller. Est-ce que ça ne veut pas dire que les effets attendus d’une réduction par les taux de la masse monétaire sont là, mais que les circonstances empêchent de la ralentir, c’est-à-dire que les BC sont dépassées par les événements ?

      • J’ai une vision simpliste des hausses de taux. Avec l’argent trop facile, les projets non rentables se multiplient, et il faut un coup de rappel à la réalité pour revenir aux seuls projets rentables capables de payer leur financement. Mais ce qu’on constate aujourd’hui, c’est que les projets non rentables, genre transition énergétique, dons d’armes ou délires écolos sont tellement soutenus, notamment par les Etats, que la hausse des taux ne les perturbe pas et donc que ce sont les banques et les Etats qui se retrouvent en faillite à leur place. Enfin, pas encore pour les Etats, mais on sent que l’argent des autres commence à s’épuiser quand même et le FMI à se préparer.

  • Les commentaires sont fermés.

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