Pourquoi les extraterrestres sont-ils toujours chauves ?

Un point est frappant par sa constance : la plupart de nos « frères de l’espace » sont chauves.

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Pourquoi les extraterrestres sont-ils toujours chauves ?

Publié le 28 octobre 2018
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Par Gérald Bronner1.
Un article de The Conversation

Lorsqu’on cherche « extraterrestre » sur le moteur de recherche Google images, des dizaines d’illustrations nous sont proposées. L’imaginaire humain n’a pas été avare tout au long du siècle dernier pour donner mille formes à ces mystérieux envahisseurs venus d’un autre monde.

Parfois grands, parfois minuscules, parfois dotés de trois yeux, parfois d’un seul, ces visiteurs, qu’ils soient pacifiques ou agressifs, sont très différents les uns des autres. Leur description pourrait remplir un livre entier d’« exozoologie », comme l’étaient jadis les recueils raisonnés des différentes variétés du vivant que les amateurs naturalistes pouvaient rencontrer.

Les extraterrestres sont toujours chauves

Pour diverses que soient ces figures, un point est frappant par sa constance : la plupart de nos « frères de l’espace » sont chauves. Que ce soit E.T., les petits gris ou les Annunakis, comme les nomment parfois les experts en la matière, ces visiteurs n’ont pas un cheveu sur le crâne. Est-ce vraiment une coïncidence ?

La plupart des récits prenant pour thème la vie extraterrestre décrivent des civilisations supérieures à la nôtre (ce qui explique qu’ils aient les moyens technologiques de venir nous visiter). Ce qui pourrait donc bien être à l’œuvre ici, c’est une certaine représentation de la théorie de l’évolution.

En effet, l’hypothèse implicite qui soutient la description physique de ces êtres est que, très en avance sur nous, ils représenteraient, en quelque sorte, notre futur développement biologique. Dotés souvent de crâne à la taille disproportionnée par rapport à leur corps, ces êtres extraordinaires constituent obscurément l’étape ultime de notre futur.

Ainsi le cheveu, ce cousin du poil, est-il sans doute vu comme un ersatz d’animalité qui ne sied guère à une conscience supérieure. En outre, les cheveux et les poils, qui ont pu avoir leur utilité en des temps où les hommes souffraient des rigueurs de la température, seraient voués, la fonction créant l’organe, à disparaître lentement pour dévoiler toute la puissance d’un cortex dont le destin serait de devenir toujours plus volumineux.

Lamarck plutôt que Darwin ?

Cette vision de l’évolution biologique – faut-il s’en étonner ? – ne respecte pas beaucoup l’orthodoxie de la théorie darwinienne. En effet, elle a plutôt des accents franchement lamarckiens. Jean‑Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck, considérait avec Darwin que les espèces n’étaient pas immuables, mais sa théorie, contrairement à celle de Darwin, admettait que les êtres évoluaient selon les lois d’une mystérieuse force vitale, contenue dans toute vie, qui orientait l’évolution biologique.

L’exemple emblématique de cette théorie est l’idée que les girafes ont de longs cous parce que la force vitale le leur a allongé, leur nourriture se trouvant sur la cime des arbres. Cette adaptation acquise devenait ensuite innée. Le milieu naturel aurait ici une influence, qui ne s’explique pas autrement que par l’intervention d’une hypothèse métaphysique : la force vitale, sur la structuration biologique des êtres.

Darwin, au contraire, concevait l’évolution des espèces comme la conséquence d’un processus naturel de sélection qui permet la survie des individus les mieux adaptés. En d’autres termes, les individus ne s’adaptent pas biologiquement à leur environnement : s’ils survivent, c’est qu’ils sont, par le hasard des combinaisons génétiques, mieux adaptés que les autres.

Dans cette théorie, les girafes n’ont pas vu subitement leur cou grandir, mais le hasard a fait que certaines avaient le cou plus long que d’autres. Celles-ci avaient donc plus de facilités pour se nourrir, et donc pour se reproduire. Peu à peu, ou soudainement selon les cas, l’espèce la plus adaptée a vu son génotype se répandre, tandis que l’autre l’a vu s’éteindre.

Si l’on revient à nos extraterrestres, cette représentation d’êtres supérieurs statistiquement dépourvus de poils paraît trahir l’imaginaire lamarckien de ceux qui les ont conçus. Disons-le tout net, ce serait un miracle remarquable si tous ces frères de l’espace avaient évolué de la même façon vers la calvitie. Bien entendu, les coïncidences extraordinaires surviennent parfois. Mais dans ce cas précis, peut-être serait-il plus sage, et en tout cas plus parcimonieux intellectuellement, de prendre au sérieux l’idée que ces descriptions sont de simples inventions humaines qui trahiraient la mauvaise conception que nous avons habituellement de la théorie de l’évolution.

Sur le web – Article publié sous licence Creative Commons

  1. Professeur de sociologie cognitive, Université Paris Diderot – USPC.
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  • parce que dans l’espace intergalactique il existe une taxe sur les cheveux.. ne le dite pas trop fort bercy risque de s’en inspirer

  • il parait que les gens qui ont peu ou pas de cheveux sont plus intelligents…. mais bon , ça reste à prouver….de ces gens chauves ou presque il y en a dans le gouvernement et pourtant , côté intelligence ……

  • Lamarck : la théorie de l’évolution oar la vie. Darwin : la théorie de l’évolution par la mort.
    Dans quels de figures la calvatie apporte t-elle un avantage prépondérant ?
    1. Si le besoin en UV est fort…Vie aux pôles d’une planète ou soleil lointain avec impossibilité d’évolution de couleur de peau – les extra-terrestres ne seraient donc pas racistes, ce qui est bon à savoir en cas de rencontres terrestres
    2. S’ils se doivent se déplacer vite dans l’eau ou dans un monde à la gravité faible… Dans les deux cas, ils ne seraient pas bien dangereux pour l’espèce humaine
    3. S’ils passent leur temps à se battre… Le cheveu et le poil offrent des prises redoutables. A dégager donc. Là, ça craint. Sauf si les civilisations extra-terrestres connaissent le rasoir Gillette.
    NB : Il est plus que probable que les extra-terrestres qui nous rendront visite n’ont pas de plumes ; car c’est l’impossibilité de voler qui a amené l’homme à créer l’avion puis la fusée…
    Bref : la conduite à tenir en présence d’extra-terrestres, chauves ou pas, est la prudence.

  • Je n’ai aucun point de calvitie (dixit ma coiffeuse de fille) à un âge plutôt avancé, tradition familiale.

    Mon grand père dans le même cas avait, pour tempérer les vanités, coutume de dire :
    « le cheveu est une plante aquatique… »

    (Hoor ìsch a Wàsserpflànza)

  • Ils sont souvent chauves et se baladent souvent à poil 🙂

  • article pas inintéressant…mais je remarque qu’on ne parle pas des vrais extraterrestres, il s’avère qu’ils ne sont point chauves pour ceux que j’ai connus.

    donc la question est de savoir pourquoi les représentations des extraterrestres sont « chauves » car les extraterrestres ne sont pas chauves!!!

  • je ne suis pas sur qu’il soit vraiment judicieux d’opposer lamarck a darwin vu ce qu’on sait actuellement sur la génétique, d’ailleurs les théories de l’évolution modernes integrent des elements de lamarckisme.

  • Tout d’abord l’épigénétique pourrait être une passerelle entre Darwin et Lamarck.

    Soit ET est de forme humanoïde sans cheveux, sans muscles et une grosse tête un pur esprit quoi. Soit c’est un monstre baveux féroce et repoussant. C’est pas un peu l’image terrestre de l’intello et de la brute épaisse.

  • Il y a bien des chauves qui sont extraterrestres !

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