L’apostrophe, de Jacques Roman

Un recueil de poèmes en prose signé Jacques Roman.

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L’apostrophe, de Jacques Roman

Publié le 22 septembre 2017
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Par Francis Richard.

La couverture du livre de Jacques Roman représente Niké, la déesse telle qu’elle fut sculptée à l’époque hellénistique (elle est connue sous le nom de Victoire de Samothrace et se trouve au Musée du Louvre à Paris).

La Niké de l’ouvrage est due au pinceau gracieux de Claire Nydegger, artiste-peintre vaudoise…

Corps de femme sans tête

Ce corps de femme sans tête, qui, à sa base, figure une proue de navire, est involontairement symbolique de l’élision, manière d’éviter le hiatus entre terre et ciel.

L‘apostrophe, dont Jacques Roman reproduit la définition, fait de même pour deux voyelles dans un texte :

Signe (‘) qui marque l’élision d’une voyelle.

Dans les fragments testamentaires écrits ici par l’artiste, ce signe sert surtout à ôter une folle prétention au mot je, qui est un autre forme du moi haïssable de Blaise Pascal.

Futur antérieur

Le temps le plus souvent employé dans ces fragments est un temps composé et décalé, le futur antérieur, que l’auteur relie ainsi à l’apostrophe :

Élider du je la voyelle, c’est ici passer du présent à un futur antérieur où le mort ne s’avoue pas vaincu.

On sait que le futur antérieur peut être employé pour signifier plusieurs choses, mais, ici, c’est dans son sens de bilan au soir d’une vie – qui n’est pourtant pas finie – qu’il est utilisé.

En conséquence il n’est pas étonnant que ce temps voisine avec ces autres temps de l’indicatif que sont le passé simple, le passé composé ou l’imparfait.

Évocation de la vie

Le poète, en sa prose bordée de points de suspension, évoque la vie :

… j’aurai chaque soir récité ma vie comme une prière et je n’aurai jamais été sûr de la savoir…

L’amour :

… j’aurai apostrophé l’amour toutes les fois où de son nom l’aurai vu se parer, toutes les fois où n’aimais en lui qu’un signe hors-la-loi devant l’achevé et l’inachevé…

La mort :

… j’aurai souteneur, fait monter la folie à l’Hôtel de la Mort. Le jour est proche où elle n’en reviendra pas…

Et nombre de souvenirs :

… j’aurai recueilli d’intimes et clandestins souvenirs qui m’auront été chers d’être tels de petits cailloux remués à fond de poche, et qu’il me fût loisible d’offrir au premier venu en quête de fraternité…

Quelqu’un qui invoque Stéphane Mallarmé, Antonin Artaud ou Georges Bataille ne peut laisser indifférent.

Ce quelqu’un, en tout cas, est crédible quand il observe ce précepte qu’il s’est donné :

… j’aurai à la nudité réclamé son silencieux secret d’être sans avoir. Écrire dépouillé. Chercher l’apostrophe commune…

Jacques Roman, L’apostrophe, Samizdat, 112 pages.

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