L’Argent noir, de Giovanni Garro

Une oeuvre de fiction autobiographique noire dont Giovanni Garro est le narrateur et le principal protagoniste.

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L’Argent noir, de Giovanni Garro

Publié le 13 septembre 2017
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Par Francis Richard.

C’était l’époque où, en droit suisse, les femmes ne pouvaient transmettre la nationalité suisse à leurs enfants : j’avais donc un passeport italien, et mes cousins avaient la nationalité allemande.

Un certain Giovanni Garro est le protagoniste, et le narrateur suisse d’origine italienne, du roman L’Argent noir écrit par Giovanni Garro… C’est en quelque sorte une oeuvre de fiction autobiographique, pour ne pas employer le mot autofiction, qui date maintenant (40 ans).

Si Giovanni n’est pas un fils de famille, c’est un petit-fils de famille. Car son grand-père Pasquier est fabuleusement riche. Et, de ce fait, quand, enfant, il l’accompagne, les flatteurs, qu’il s’agisse de ses banquiers ou de son comptable, ne tarissent pas d’éloges sur ce petit prodige.

Gosse de riches

Il a 9 ans, en 1977, quand ses parents se séparent. Sa mère s’établit en Suisse à Corsier, avec ses deux enfants, dans une maison que son père lui a offerte. Bien que ce soit un secret de Polichinelle, celui-ci mène deux vies, l’une avec sa femme, l’autre avec son amie Patricia Z.

Il n’est pas facile à Giovanni d’être un gosse de riches : à l’école de Chardonne, où il a de bons résultats scolaires, les jaloux lui cassent la gueule à la récréation… Mais l’argent, fût-il noir, s’il ne fait pas le bonheur, n’en demeure pas moins un excellent marche-pied dans l’existence.

Aussi ne lui manquera-t-il pas pour, très jeune, s’acheter de luxueux habits, pour, jeune homme, disposer d’un logement à part, pour, plus tard, faire des études musicales à Vienne, puis de lettres, ensuite de droit à l’Université de Lausanne, enfin de droit européen à celle de Londres.

Découverte de son homosexualité

Peu à peu il prend conscience de son homosexualité. Sa première histoire d’amour est avec Michel X, un pianiste à la célébrité montante : Il avait 31 ans, mais en paraissait 25. Quant à moi, je venais d’avoir 18 ans. Cet amour ne dure pas toujours… et n’est pas du goût de sa mère.

Quand Giovanni est touché affectivement, que ce soit par le remariage de sa mère avec Edouard W, un anglais libidineux, par les reproches de celle-ci au sujet de son orientation sexuelle, ou par la révélation que son grand-père est adultère, il devient dépressif et toxico…

Inspiré par son professeur d’histoire ancienne, il se demande à propos de sa famille : Comment étions-nous devenus aussi riches ? Une entreprise de construction, aussi florissante soit-elle, pouvait-elle suffire à mettre à l’abri du besoin toute une famille sur plusieurs générations ?

Ascension résistible

Giovanni a réussi, mais son ascension est résistible. Ses déboires sentimentaux, mais surtout son bannissement par sa famille vont la mettre à mal : il aura osé déposer une dénonciation pénale après la mort de son grand-père qui s’était dit auparavant invraisemblablement ruiné…

S’accomplissent alors les paroles prophétiques de Géraldine Chaplin, la voisine de sa mère, qui était venue la trouver. Après l’enterrement de son grand-père, sa mère les lui avait rapportées et il s’était senti mal à l’aise, sachant pertinemment qu’il voudrait découvrir le secret de sa famille :

Elle m’a dit de faire attention à l’argent. Elle m’a dit qu’elle connaissait des fratries qui s’étaient entredéchirées lors d’une succession. Elle m’a supplié de ne pas commettre la même erreur. Elle m’a fait promettre que nous ne battrions pas pour l’argent…

Y a-t-il une morale à cette histoire désespérante, et noire, comme l’argent du même métal ? L’auteur se garde d’en tirer une…

Giovanni Garro, L’Argent noir, Hélice Hélas, 272 pages.

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