Quand les ados auront leurs micro-usines dans leur chambre…

Dans les prochaines décennies, des Steve Jobs de l’impression 3D feront fureur avec leurs applications user-friendly : les adolescents et les jeunes adultes s’en donneront à cœur joie à la maison, à l’école, à l’université et au travail.

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Quand les ados auront leurs micro-usines dans leur chambre…

Publié le 8 juin 2016
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Par Charles Bwele.

Teen
Teen By: Pabak SarkarCC BY 2.0

L’impression 3D est déjà un eldorado florissant pour des myriades d’industries, de créateurs et de makers mais ne relève pas d’une application grand public avec ses produits & services matures. Ce procédé obtiendra ses lettres de noblesse quand les imprimantes 3D trôneront aux côtés des nos ordinateurs et de nos imprimantes à jet d’encre/laser et seront associées à nos smartphones/tablettes et à d’autres technologies hard ou soft.

Flash Rewind. Tel un adolescent en pleine croissance, le Web fit sa mue avec les systèmes d’exploitation mobiles, s’extirpa de facto de la lourdeur du PC fixe/portable et se connecta plus aisément au monde réel notamment grâce aux applications mobiles (email, géolocalisation, e-commerce, transport, loisirs et création multimédia, applications collaboratives, etc). Ainsi, l’expansion fulgurante des terminaux mobiles fut un cauchemar pour les fabricants d’appareils photo, de caméscopes numériques, de terminaux GPS, de baladeurs audio/vidéo, de chaînes hi-fi, de calculatrices, de montres-bracelets, de radio-réveils, etc etc etc.

La grande distribution de produits culturels a carrément payé le prix fort de ce tourbillon numérique : la FNAC cherche son nouveau modèle économique et Virgin Megastore a mis la clé sous la porte. Ces deux enseignes craignaient ou militaient contre le téléchargement en peer-to-peer (ou téléchargement illégal) mais n’ont pas su anticiper les fracassants succès du iPhone/iPad (Apple) et du Galaxy/Galaxy Tab (Samsung), souvent présentés dans leurs plus beaux espaces de vente.

Victimes de la loi de Moore

D’une façon ou d’une autre, tout ce beau monde a été victime de la loi de Moore d’une part, (smartphones et tablettes iOS/Android), et de la maturation plutôt rapide du Web et de l’internet mobile d’autre part (cloud, streaming, médias sociaux, jeux en ligne, apps).

Fast Forward. Plusieurs éléments disparates incitent à penser que l’impression 3D adoptera une évolution analogue ou comparable à celle du Web et/ou de l’Internet mobile, avec des facteurs très spécifiques. Actuellement, l’impression 3D vit un engouement évoquant grandement celui de la bulle Internet durant la fin des années 1990. Ce n’est guère un hasard si quelques champions en la matière subissent d’amères déceptions.

Boom Bulle Krach ? Premières lignes de l’impression 3D, Stratasys et 3D Systems ont enregistré des pertes avoisinant ou dépassant le milliard de dollars et une baisse d’environ 30% de leurs chiffres d’affaires au cours de l’exercice comptable 2015. Consécutivement, les deux firmes se retirent de l’impression 3D grand public et se recentrent sur l’impression 3D de prototypes et de pièces industrielles. Entre l’expiration de brevets ouvrant la porte à une multitude de concurrents low-cost, l’émergence de concurrents asiatiques et européens, la réorientation de HP vers l’impression 3D et celle imminente d’autres géants techno, la ruée vers l’or de l’impression tridimensionnelle mènera tôt ou tard vers une bulle puis un krach… qui assainira le marché, à l’instar du Web après l’éclatement de la bulle Internet en 2001.

Do It Yourself. Durant l’hiver 2016, un étudiant en design à l’Institut de technologie du New Jersey avait fabriqué son propre appareil dentaire avec une imprimante 3D, 60 dollars de matériaux et une bonne dose d’ingéniosité… plutôt que s’offrir d’onéreux traitements en orthodontie qui franchissent vite la barre des 3000 dollars aux États-Unis.

Big Bang. Pour l’instant, très peu de makers en herbe sont capables de concevoir un objet aussi précis qu’un appareil dentaire. Mais nul doute que l’impression 3D bénéficiera également d’un effet similaire à la loi de Moore (c’est-à-dire des imprimantes-scanners 3D de plus en plus ergonomiques, polyvalentes et efficaces à des prix de plus en plus compétitifs), du développement de logiciels libres, commerciaux et/ou collaboratifs, et d’une prolifération de modèles 3D et de matériaux open source.

Dopant pour l’innovation

Cette agrégation de facteurs dopera l’innovation combinatoire au sein de l’impression 3D qui deviendra alors une tendance mainstream et donc une réalité de marché grand public… à l’image des logiciels de retouche photo (Photoshop, Picasa, Instagram), des plate-formes CMS (WordPress, Joomla, Blogger, Wix) et des solutions d’hébergement Web qui, pas à pas, ont mis la création de blogs et de sites Internet à la portée de tous.

Autrefois, les industries de la musique, du cinéma et de la télévision tremblaient de peur face au MP3, au MP4 et au téléchargement en peer-to-peer… et n’eurent guère d’autre choix que négocier avec iTunes, Google Play, Spotify, Youtube, Vimeo, Xbox Live, Playstation Network, Netflix, Amazon et compagnie.

Dans les prochaines décennies, des Steve Jobs, des Mark Zuckerberg, des Jeff Bezos, des Elon Musk et des “Linux Torvalds” de l’impression 3D feront fureur avec leurs applications user-friendly et leurs plate-formes génériques, de surcroît connectées et savamment intégrées à des univers réels ou virtuels : Web social, Internet des Objets, loisirs multimédia, jeux ou activités en réalité augmentée, e-commerce, appspeer-to-peerblockchain, etc.

No souci, no respect. Les adolescents et les jeunes adultes, immergés depuis leur enfance dans cet environnement technologique, s’en donneront à cœur joie à la maison, à l’école, à l’université et au travail. Ils copieront et dériveront les architectures, les formes, les couleurs et les fonctions d’objets réels protégés par la propriété intellectuelle, forgeront des concepts (outils, gadgets, jouets) aussi innovants que délirants et, de fait, approfondiront la césure philosophique avec leurs aînés… tentés par une prohibition ou par une réglementation drastique de ces micro-usines domestiques ?

Big Crash. De nombreuses secteurs hard ou soft établies et leurs métiers disparaîtront, d’autres pataugeront avant de couler ou de se réinventer. À quoi bon établir la liste des perdants et des gagnants de demain ? En 2006, les meilleurs analystes industriels imaginaient difficilement le paysage technologique après les smartphones et les tablettes, assommés et aveuglés qu’ils étaient par une big bang disruption en accélération constante.

Qu’en sera-t-il au cours de la maturation de l’impression 3D et des activités périphériques et après l’émergence d’une ou de plusieurs killer apps dédiées ?

Sur le web

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  • La conception 2D est déjà un travail fastidieux. Celle en 3D demande en plus une bonne perception spatiale. Les jeunes veulent du facile, du ludique – et surtout pas du travail et de la méthode. Ce n’est donc pas l’imprimante 3D qui va révolutionner leurs habitudes, mais le scanner 3D – outil encore rare et cher. Et qu’il faudra intégrer dans leur smartphone sur-vitaminé. Je me demande même s’ils auront encore besoin de l’imprimante : tant que l’objet est créé dans leur monde virtuel, pourquoi vouloir en faire un avatar simplifié dans le monde réel ?

  • On a vu le progrès dans la capacité des étudiants à communiquer et à créer depuis qu’ils ont des smartphones dans leurs chambres !

  • Et quiz des problèmes de propriétés intellectuelles?

    • Je pense qu’ils se régleront de la même façon que les droits d’auteurs et les droits d’interprétations : en chute pendant un certain temps, et puis création de nouveaux business model (iTunes, Spotify)

  • Billet un peu optimiste je trouve, l’impression 3D à la maison, c’est comme un bloc note et un crayon, ou un ordi avec un traitement de texte c’est à dire que tous le monde a les outils pour écrire la meilleure histoire ou la meilleure BD mais voilà s’agit pas d’avoir uniquement les outils.
    Pour ce qui est d’intégrer de la virtualité dans le réel, faut regarder du côté des jeux vidéos fini le temps ou un ado pouvait faire un jeu vendu à des millions d’exemplaires il faut maintenant des équipes complètes maîtrisant des métiers supers différents. Oui il y aura encore un ou deux Notch (minecraft) mais l’impression 3D reste l’identique d’une imprimante couleur ou noir & blanc saluons l’initiative de la grande enseigne Boulanger au passage qui vient de se lancer dans l’impression 3d de pièces qui sont leurs propriétés puisque de leur marque interne, mais il s’agit bien de simplement imprimer concevoir modifier c’est une autre facette qui devient accessible mais à ceux qui en ont le désir et la volonté.

  • Encore un article très mal documenté sur contrepoints.
    L’impression 3D existe depuis près de 40 ans et a toujours des limites énormes, et ne trouve une utilisation économiquement fiable que dans certains cas très précis (usage principalement industriel et médical).

    Je n’ai fait qu’une thèse de 150 pages sur l’impression 3D mais ça suffit largement pour voir que vous êtes très mal documenté.
    Toutes les entreprises d’impression 3D (même leur départements marketing !) sont loin de partager votre optimisme béat.

    C’est d’ailleurs le problème avec toutes ces news de tech, on prend des micro évènements et on fait des plans sur la comête pour faire du clic.

    • Pendant plusieurs décennies, j’ai travaillé dans l’informatique et me suis reconverti dans un autre secteur. Mais je continue d’observer les évolutions de la technologie et du marché. Dans les années 50-70, l’informatique était confinée au monde industriel ou professionnel, puis les ordinateurs personnels ont débarqué dans les années 80. A cette époque, de nombreux départements marketing doutaient sérieusement de leur possible expansion, la suite leur a donné a complètement tort. Quelques décennies plus tard, plusieurs experts « ès technologie » croyaient très peu en l’avenir des smartphones ou même des tablettes. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’impression 3D n’est pas à l’abri d’une surprise qui rappelle le premier Mac, le premier PC Windows ou le premier iPhone. Mais tout ceci aura peut-être lieu dans 10 ou 15 ans.

      • On peut toujours trouver des technologies qui rétrospectivement se sont bien développées alors que personne n’y croyait. Mais à côté de ça, il y en a tout un autre tas, bien plus gros, qui n’ont jamais percé. Il est juste de rappeler que c’est possible qu’il y ait une révolution dans ce domaine là, mais à notre niveau de connaissance, c’est peu très probable.

    • je viens des Etats UNIS ET cet article est bien documente et riche en information,, vous vous trompez, c’est bien dit…. vous allez dans une bibliotheque aux Etats Unis et vous trouverez des auteurs qui partagent le point de vue de l’auteur, mais c’est en anglais.

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