Penser l’Europe pour la mondialisation

Comment l’Europe peut-elle trouver une véritable place dans le monde ?

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Penser l’Europe pour la mondialisation

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 18 septembre 2015
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Un article de Trop Libre

Penser l'EuropeL’Europe est un continent unique par son esprit et ses héritages. Mais l’Europe est aujourd’hui fatiguée et manque de repères. Tel est le constat fait par Antoine Guggenheim dans Penser l’Europe. Une ressource pour l’humanité dans la globalisation.

Les clefs pour s’en sortir ? Les mutations économiques, technologiques et politiques qu’entraine la mondialisation doivent s’accompagner d’une introspection spirituelle, culturelle et même éthique dont les ressources se trouvent dans les syncrétismes de la tradition européenne. C’est seulement ainsi que l’Europe trouvera une véritable place dans le monde actuel et qu’elle pourra jouer le véritable rôle qui lui revient.

Une histoire entre religion et philosophie, tradition et modernité

Antoine Guggenheim entame son ouvrage par un rappel des origines de l’Europe : au Ve siècle avant notre ère un mode de questionnement philosophique et scientifique sans précédent apparaît en Grèce. Faite d’esprit critique, cette nouvelle rationalité née en Grèce vient s’ajouter au discours mythique chrétien dans lequel baignait l’Europe jusque-là. C’est de cette greffe que nait le monde gréco-romain.

À ce « miracle grec » suit celui des Renaissances politiques, religieuses et culturelles du XIIe et XIVe siècles. La vision de l’Homme est alors bouleversée, débouchant sur un nouvel individualisme humaniste. Ne se développant néanmoins pas sans la tradition, la raison comme la foi sont désormais toutes deux vues comme des repères pour l’Homme.

La Révolution des Lumières du XVIIIe siècle, en revanche, laisse moins de place à la religion. Visant à décroitre l’emprise du religieux sur la politique pour faire valoir les droits de l’Homme face aux droits de Dieu, elle fait néanmoins de chaque culture un universel potentiel en ouvrant les peuples les uns aux autres.

C’est donc ces trois révolutions qui, pour l’auteur, ont forgé l’Europe que nous connaissons aujourd’hui. C’est de ces mélanges successifs entre tradition et modernité qu’elle tire son caractère singulier.

Un syncrétisme comme ressource dans la mondialisation

Cet héritage double (croyant et humaniste) de l’Europe, pourtant essentiel, est trop souvent mis de côté. « Humanistes et croyants ne peuvent plus s’ignorer sans mettre en péril l’héritage européen »1 rappelle l’auteur. Les religions doivent aujourd’hui débattre dans l’espace public afin de se confronter à l’esprit critique européen. À l’inverse, le débat public ne doit pas faire abstraction de la dimension religieuse des personnes et des peuples2.

En effet l’enjeu est grand. Cet héritage est essentiel pour donner une place à l’Europe dans un monde aujourd’hui globalisé : face à l’accroissement des diversités culturelles et leurs influences, le risque d’une massification du monde est grand. L’idée européenne, comme point de repère dans ce nouveau monde, est le moyen d’éviter cette dernière.

Dans cette période troublée, l’auteur rappelle que l’Europe ne pourra sortir de la crise avec des solutions uniquement techniques et politiques. Elle a besoin d’un projet historique qui ne peut être pensé qu’avec une perspective de long terme dont les ressources sont à trouver dans son héritage.

Des propositions pour un Europe fière, vivifiée et ancrée dans la mondialisation    

L’ouvrage se conclut par une série de propositions concrètes visant à redonner à l’Europe une perspective, dans le respect de sa singularité.

  • Politiquement d’abord, l’Europe doit replacer le peuple au cœur de sa machine. Le respect de cet impératif démocratique la lie à son histoire, car l’humanisme, essentiel à son histoire, doit être au centre de sa construction.
  • Le respect de sa tradition, force de l’Europe, ne se fera aussi qu’en respectant l’héritage religieux de l’Europe. À cet égard, religieux, sciences et philosophie doivent être mutuellement à l’écoute, tandis que la diversité des peuples est à conserver3. Le génie de l’Europe provient en effet de cet « art d’organiser la discussion de tous avec tous afin d’envisager l’avenir »4.
  • Ouverte sur le monde, l’Europe ne doit pas hésiter à exprimer ses valeurs dans le monde, sans toutefois craindre de s’inspirer des autres ensembles culturels. Car cette mutation perpétuelle rendue possible par les inspirations qu’elle puise partout dans le monde est sa richesse et son intelligence. À l’inverse, l’Europe doit conserver l’hospitalité migratoire et la générosité qui la caractérisent.

Antoine Guggenheim, Penser l’Europe. Une ressource pour l’humanité dans la globalisation, Éditions Parole et Silence, 62 pages, 2014.


Sur le web

  1. Page 44.
  2. Page 54.
  3. Ibid.
  4. Ibid.

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