La montre des astronautes

Une montre singulière, la Omega Speedmaster 125.

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La montre des astronautes

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Publié le 5 août 2015
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Par Fabrice Copeau.

Copeau 1

Je voudrais vous présenter aujourd’hui une montre qui me tient particulièrement à cœur. Elle fait partie de la série des Speedmaster d’Omega, la gamme de montres qui a équipé la NASA à l’occasion de l’ensemble de ses missions spatiales, les célèbres missions lunaires (Apollo, Gemini…) en particulier. C’est la Speedmaster « classique », dite Professional, ou encore « Moonwatch », qui remplit ce rôle. Mais Omega, flairant le bon coup, a depuis longtemps sorti tout un tas d’éditions spéciales, plus ou moins limitées, destinées à commémorer tel ou tel acte de bravoure spatial, tel événement lié à la conquête de l’espace, ou encore tel anniversaire particulier qui trouve à s’incarner dans l’iconique Speedmaster. La Speedmaster 125 relève de la dernière catégorie. Elle a été produite en 1973, à l’occasion des 125 ans de la prestigieuse manufacture fondée par la famille Brandt. Omega a choisi pour cette occasion de faire appel à son modèle phare entre tous, mais en le réinterprétant d’une manière typique des années 70. Il en ressort cette montre au boîtier improbable, au design unique, massif et cohérent, qui à la fois se distingue de toute Speedmaster ayant existé jusque-là ou à venir (y compris les spéciales « Mark » II, III, IV et V), et qui à la fois partage un ADN commun immédiatement identifiable avec ses consœurs. Mais ne croyez pas que cette montre fut un succès. C’est au contraire l’un des plus cuisants échecs de la marque de Bienne. Seuls 2000 exemplaires furent produits, là où Omega produit en centaine de milliers des Mark II ou IV, des millions de Speedmaster Pro. Pourquoi un tel fiasco ? Impossible à dire, mais il s’agit peut-être de ce boitier si massif, spécial, unique, oversized pour l’époque (et encore très massif à l’aune des goûts actuels). C’est une montre qui peut fortement intimider, si j’ose dire. Au porté, elle ne convient clairement pas à tout le monde. Même une G-Shock sans concession passe mieux au poignet de beaucoup, que cette 125.

Cette montre est donc plutôt rare. Elle est aussi mythique, car il s’agit du tout premier chronographe (calibre 1041) à avoir bénéficié de la certification COSC (Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres). Seules 3% des montres suisses reçoivent ce certificat.

Le verre minéral comprend une échelle incorporée, sur le modèle typique des séries spéciales (Mark…), la plupart du temps une échelle tachymétrique. Le cadran comprend une particularité étonnante et qui contribue, à mes yeux, notablement à son charme : le logo appliqué, la marque, et le chiffre 125 sont une sorte de métal très sombre, presque noir. Noir sur noir, mais avec des reflets brillants sous certains angles, ce logo est une réussite totale et maîtrisée. Les connaisseurs savent que c’est une Omega, les autres doivent faire un effort particulier, tordre le cou par exemple, pour le découvrir. Le cadran comprend classiquement une petite seconde à 9h, comme sur toute Speedmaster, agrémenté ici d’un totalisateur 24h, une double aiguille du chronographe (la seconde du chronographe c’est la trotteuse « épée », la minute la trotteuse « avion »), et enfin un quantième à 3h.

Mon modèle a connu une existence tumultueuse. Achetée aux enchères, elle a été portée durant presque 40 ans par un général de l’Armée de Terre. Grand officier de la Légion d’honneur, son précédent propriétaire a été à l’origine de la création d’une unité d’élite de l’Armée. Je n’ai certes rien d’un grand militariste, et le mot est faible, mais connaître l’histoire de cette montre me rend comme débiteur d’une parcelle de celle-ci. Elle connaît à présent un quotidien d’une autre nature, certes, mais l’ADN de son ancien propriétaire, dans la mesure où je sais de qui il s’agit, vit encore à travers elle et à travers moi. Je ne suis pas prêt de me séparer de cette montre, qui est et reste pour l’instant « dans son jus ». Le cadran est parfait, la patine des index au tritium aussi. La lume des aiguilles a largement disparu. Enfin, cette montre tient l’heure sans la moindre difficulté et tutoie encore, 42 ans plus tard, le COSC, avec une aisance déconcertante.

Modèle  ST378.0801
Calibre Omega c.1041 Calibre de base Lemania 1341 Mouvement Automatique Hauteur de boite 51mm Largeur sans couronne 42mm Largeur avec couronne 44.8mm Épaisseur de la boite 14.8mm Poids avec bracelet 183g   Série limitée à 2000 exemplaires.

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  • Encore un psychopathe qui doit passer du temps sur FAM… 😉

    Belle tocante mais avec un calibre 1861, elle eut été encore plus désirable ; la moonwatch se doit d’être manuelle….

    • j’ai une 1861, une 1863 (ce mouvement, une tuerie !), une 861. Il me manque le cultissime calibre 321. Je suis bien d’accord qu’une moonwatch doit être manuelle, jamais je ne dirais le contraire. Pour autant, les Speedies non moonwatch sont aussi, bien souvent, de superbes montres (la Speed coaxial, la ’57, la dark / grey / white side of the moon, les marks (II, III, IV, 4.5 et V), les reduced, racing, date, et enfin des séries très très spéciales comme cette 125.

      En quelque sorte, la Speed, c’est un style de montre à part entière !

      • Le 1863 est une oeuvre d’art… Je n’ai pu me résoudre à en acquérir une, mon petit poignet ne me permet pas de porter des montres d’un diamètre supérieur à 40mm (hors plongeuse) et je me vois mal laisser une tocante dans sa boite ; je me suis donc rabattu sur une reduced dont le mouvement ne fait malheureusement pas rêver… J’avoue aussi avoir du mal avec les boitiers monoblocs. Avez vous aussi succombé aux Seamaster ?

        • J’adore aussi les Seamaster, mais avec une préférence pour les vintage (j’ai une Jedi).

          Avez-vous essayé la moonwatch ? Si j’en crois mon jugé (même si je n’ai jamais mesuré), ou encore ce fil de discussion : http://forumamontres.forumactif.com/t183157p15-les-speed la Moonwatch est une fausse 42mm, en réalité une 40.

          La lunette tachy fait 40 et c’est cette mesure qui détermine le rendu au poignet, le ressenti, l’impression dégagée est clairement celui d’une 40mm.
          Les 42mm prennent en compte l’excroissance que forme le protège couronne sur le boitier asymétrique, et c’est finalement imperceptible au poignet.
          Certaines montres de 39mm « taillent plus grand » que la Speed Pro (dans mon cas, l’Explorer par exemple)

          En effet, je suis loin, très loin, de trouver que la Moonwatch est une « grosse » montre. Je ne dirai pas la même chose, en revanche, de la 125 présentée dans cet article !!

  • Et la Glycine Airman I ?

    • L’airman GMT 24h a aussi un glorieux passé en matière de conquête spatiale ou d’aviation mais Glycine n’a pas su entretenir le mythe et continuer à nous faire rêver… Cette marque est devenu un bon emboiteur mais rien de transcendant ne sort de chez eux.

      Attendons de voir l’émergence d’un calibre maison pour voir ce qu’il adviendra

      • Entièrement d’accord. La Combat Sub est également plaisante, mais rien de transcendant, sans parler du quasi plagiat de la Submariner.

  • Un mythe cette montre! Je suis fou de la speedmaster depuis mes premiers pas dans l’horlogerie. Merci pour ce récit Monsieur Copeau!

    • Il y en a des montres iconiques, on pourrait citer pêle-mêle la Submariner, la Monaco, la Datejust, la GMT Master, la Navitimer, la Fifty Fathom, la Nautilus, la Portuguaise, la Royal Oak, la Ballon Bleu, la Tank, la Reverso, la Luminor, la Radiomir, la Daytona, … Mais aucune, aucune, ne me fait le même effet que la Speedmaster. Ou plutôt, que LES Speedmasters, qui, bien que différentes d’une sous-famille à l’autre, sont presque toujours des coups de maître de la part d’Omega.

  • Votre dernier article sur les Rolex de Coluche était passionnant, celui-ci n’échappe pas à la règle. A quand une section de Contrepoints dédiés aux objets de luxe et à la mode ?

    Félicitations

    • Merci ! Je crains de ne pas être compétent sur l’ensemble des produits de luxe, pour me limiter à la seule horlogerie (qui d’ailleurs est mi un produit de luxe, mi un produit de l’histoire. Rolex n’était jadis absolument pas une marque de luxe, par exemple)

  • Les commentaires sont fermés.

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