Base-case vs. best-case scenario, le match du futur

Les hommes politiques se montrent incapables de penser l’avenir ; pourtant, nous le leur confions.

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Base-case vs. best-case scenario, le match du futur

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 2 août 2014
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Nos hommes politiques se montrent incapables de penser correctement l’avenir. Des prévisions de croissance du programme de François Hollande à la vision de l’avenir, en passant par la courbe du chômage et les investissements de Ségolène Royal, tous se plantent royalement.

Au-delà de sa valeur humoristique, ce phénomène revêt aussi un caractère extrêmement dangereux quand on laisse à des politiciens incapables de penser l’avenir la responsabilité de le préparer. Les trous dans la coque de notre modèle social rongé par les vers leur sont apparemment invisibles, ou les laissent de marbre.

Le Parti Socialiste promettait par exemple d’annuler une réforme des retraites qu’il aurait fallu pousser bien plus loin pour éviter la faillite du modèle d’ici quelques années. Le modèle ne va pas s’équilibrer de lui-même, surtout en tenant compte des évolutions défavorables de l’emploi.

Car pour un homme politique, l’avenir se résume à la situation présente avec une date différente. S’ils étaient capables de comprendre que l’avenir n’est pas identique au présent bientôt passé, ils comprendraient qu’il faut revoir leur base-case scenario, c’est-à-dire leur scénario de base.

La construction d’un bon scénario de base est cruciale en stratégie. Pour prendre des décisions impliquant l’entreprise sur 5 ans, il faut avoir une idée de son évolution la plus plausible sur les cinq prochaines années. Par exemple, le chômage n’est pas uniquement lié au solde des créations d’emplois, mais aussi à d’autres paramètres, comme les arrivées sur le marché du travail et les départs en retraite annuels.

En agissant comme si rien n’allait changer, ou si peu, les hommes politiques nous condamnent tous à assumer la responsabilité de leur mauvaise gestion et de leurs mauvaises prévisions. Depuis 40 ans, les budgets sont votés en déficit ; il faudra un jour régler l’addition, et ce ne sont pas les parlementaires qui le feront. Ils paient déjà bien peu d’impôts…

Les politiciens ne sont pourtant pas incapables de raisonner par scénarios et d’inclure le base-case dans leurs estimations. Lorsqu’ils annoncent des réductions de dépenses, ils se gargarisent également de leur capacité à contenir l’évolution « normale » de la dépense (normale et néanmoins alarmante).

Mais ils font l’erreur de beaucoup de décideurs, qui se réfugient dans un autre scénario : le best-case scenario, le meilleur scénario possible. Ils anticipent pour leurs actions un impact toujours positif et rarement réalisé, établissent des budgets de croissance en période de crise.

Si vos enfants ambitionnent (sic) de devenir hommes politiques, et que vous ne parvenez pas à les en dissuader, apprenez-leur donc à penser l’avenir non comme un autre présent ou un monde de souhaits. Et pour cela, il faut leur faire apprendre le passé. Comprendre que l’histoire n’est pas que le récit de quelques anecdotes, mais la succession des événements qui a fait de nous ce que nous sommes – et aussi ce que nous ne sommes pas.

Expliquez leur comment des civilisations entières ont disparu car elles ont été incapables de revoir leur façon de penser ou leur état d’esprit, de s’adapter à leur environnement changeant et de tenir compte des erreurs de ceux qui ont disparu avant eux. Comment la liberté est toujours confisquée pour les meilleurs motifs et que beaucoup ont accepté par conformisme ou aveuglement ce que nous estimons tous aujourd’hui intolérable et indigne d’un être humain.

Ils comprendront alors que nous aurons disparu dans quelques décennies, et que nous ne serons alors pas regardés différemment de tous ceux qui nous ont précédés. Nos façons de penser seront analysées de la même façon, et nos actions seront jugées sans plus de compassion. Jugées par les héritiers du monde que nous aurons construit sur l’héritage que nous avions alors reçu, qui ne comprendront pas comment nous avons pu faire preuve d’autant de conformisme et d’aveuglement. Qui ne nous pardonneront pas notre ignorance dont nous sommes seuls responsables. Qui riront de nos dettes, à moins qu’elles ne les ruinent ; se moqueront de nos peurs, à moins qu’elles ne les hantent.

Celui qui voit le problème, et qui ne fait rien, fait partie du problème. – Gandhi

Ne laissons pas disparaître d’avance le monde que nous aurions pu leur laisser. Nous nous devons, avant d’apprendre l’histoire à nos enfants, d’en tirer les leçons. Ne soyons pas comme tous ceux qui ont refusé l’effort de faire advenir le monde qu’ils rêvaient. Reprenons en main notre destin, nos libertés, nos vies – et ne nous les laissons plus jamais reprendre.

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  • Vous avez raison! Pour prendre un exemple – l’energie transition de Mme Royal. Quelqu’un at-il essayé d’analyser les consequenes pour le niveau de vie en France de réduire la consommation d’énergie de moitié d’ici à 2050? Un exercice règle de pouce suggère qu’ils pourraient être réduits au niveau des années 1950! Pourrait-il être atteint avec le consentement du peuple ou faudrait-il un régime autocratique? En effet, quelqu’un a fait aucune tentative pour analyser les coûts et les avantages du programme? Appel à McKinsey pour nous donner une idée!

  • Sur le fond vous avez raison.

    Mais quand vous avez bossé comme un fou pendant 30 ans à contre courant et que tous ceux qui allaient dans le sens du courant (dans le mur de l’Etat providence) et s’en sortaient finalement mieux que vous en épousant ce système condamné, passaient leur temps à se moquer de vous et de rire de vos conceptions démodées (réactionnaires voire nauséabondes) – celles du travail, de l’effort, du talent, du mérite, celles que vous avez exposé si brillamment, la stratégie, les scénarios, les bonnes prévisions, les équilibres budgétaires et comptables, ceux d’une entreprise classique mais qui ne sont pas toujours faciles à parfaire même en période favorable car c’est plus facile à dire qu’à faire comme dirait l’autre -, vous ne pouvez pas accepter d’être traîté comme faisant partie du problème comme le déclara Gandhi.

    Vous ne savez pas ce que c’est que d’être vilipendé et ostracisé sans cesse à force de dénoncer toujours les mêmes erreurs et les mêmes mensonges… On a beau faire partie du système d’une manière ou d’une autre, comme vous le dites, et le dénoncer depuis des dizaines d’années, d’annoncer sa déconfiture inéxorable compte tenu des déficits qui s’accumulent, des méthodes et procédures mises en place, des politiques suivies, même avec un background professionnel et universitaire qui vous permet d’analyser sans faille ce système pourri et fini, les profiteurs du système, tous en coeur, vous rient au nez…

    La preuve ? Eux même ont mieux anticipé sa déconfiture en préparant leur départ ailleurs (pour eux et leurs enfants qui sont tous surdiplômés et multilingues) alors qu’ils ont tiré dessus comme des mules. Regardez les hommes politiques français ! Sans aucune exception, malgré le fait qu’ils étaient en charge des comptes de la Nation, de sa gestion, de son bon ordre, je suis quasiment certain que tous ont un golden parachute à l’étranger en cas de chaos, avec villégiature préparée. Ils ne sont pas si fous que cela… Ils connaissent les précédents historiques de la France. Ils tiennent par ailleurs un discours socialiste en France – selon l’axiome bien connu « dénoncer le système c’est s’en exclure » – et seraient capables transposés ailleurs de s’adapter à une économie libérale en tournant casaque sans aucune difficulté comme ils sont tant capables de le faire quand l’urgence est là dans tous leurs actes et leurs paroles.

    Greffez un nez de Pinocchio aux hommes polltiques ! La liste de ceux dont le nez ne s’allonge pas doit tenir en une page recto verso. La permanence de l’homme politique, c’est : mensonges éhontés par devant, le contraire par derrière. Après avoir obtenu le pouvoir, le discours ne fait qu’enrober le mensonge patenté.

    Comment continuer à croire en la politique et dans les politiciens. Impossible.
    Ils n’ont plus aucune conviction : cela est la première règle de la politique, ici et ailleurs.
    Leur plus intime conviction : les promesses n’engagent que ceux qui les croient.

    Et puis le fond de leur cynisme tient en une phrase : Ils n’ont, comme vient de le montrer H.Barnes, aucunement l’intention d’assumer les conséquences de leurs erreurs. Là aussi, le discours politique tordable à merci leur tient lieu d’excuse et d’explication. Malgré les faits, vous savez bien que les mots peuvent tirailler la vérité en tout sens, surtout chez ceux qui ont passé le Grand O de l’ENA avec succès. Essayez déjà de convaincre que les locataires des prisons sont coupables de quoi que ce soit : ils sont bien sûr tous innocents des faits qui leurs sont reprochés.

    Alors les hommes politiques…
    Responsables ?
    Le pouvoir, oui !
    La responsabilité de leurs actes, bien sûr que non ! Encore heureux, ajouteraient-ils à mon propos. Ils passeraient leur temps en garde-à-vue.

    Regardez DSK ! Un innocent injustement accusé comme chacun sait (je n’étais pas dans la suite) ! Avec l’appui de quelques millions de $ et d’avocats procéduriers, on peut tout mais tout se permettre.

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