La route d’été

Sur la route d’été, on découvre et redécouvre au volant les couleurs et les saveurs des paysages de France.

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route d'été (Crédit : decar66, licence Creative Commons)

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La route d’été

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 1 août 2021
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Par Jean-Baptiste Noé

Portée vers le futur, l’été a toujours une saveur de retour en enfance. Sur la route de l’été, on parcourt au volant les routes que l’on a autrefois parcourues sur les cartes. On retrouve les noms qui nous ont effrayés et que l’on regarde désormais de haut, et ces paysages inconnus nous sont désormais lisibles. Nous avons acquis le savoir de la route et de la géographie.

La route que j’ai toujours préférée est celle qui va de Paris à Marseille. Si on la prend correctement on passe juste au sud de la Champagne, non pas la Champagne rémoise, mais celle de la côte des Bars et de Troyes. On traverse les cuestas du bassin parisien, on roule sur la Champagne pouilleuse, on admire des paysages de vignes et de bovins. On bifurque un peu avant Dijon pour descendre la vallée du Rhône. C’est la Bourgogne royale et majestueuse. De l’autoroute on aperçoit seulement les noms, et les vignes dans le lointain. Puis ce sont les monts du Beaujolais et les coteaux du Lyonnais. Puis la vallée du Rhône, avec des noms aussi chaud que le soleil et aussi rocailleux qu’il est possible de l’être. On arrive en Provence. En ouvrant les fenêtres, on sent les pins et les cigales, on hume les herbes de cette terre humide et sèche à la fois, où l’eau est aussi présente que la canicule. On pense déjà au pastis, une infidélité noble au monde du vin, mais tellement appropriée aux glaçons, au soleil, à la terrasse et à la piscine.

On roule dans les côtes d’Aix et les côtes du Var, et on arrive à Bandol d’où les restanques plongent dans la mer. Nous sommes sur les traces des Grecs, et les premiers Romains arrivent en bateaux. Dans ces rouges fins et spirituels, ce sont les agrumes de la Méditerranée que nous découvrons.

On repart vers le Languedoc. C’est la route à l’envers. Minervois, Corbières, d’autres Romains et d’autres histoires, la rugosité des batailles, l’élégance des monastères arrachés à leurs carcasses de pierres. Chaleur et sécheresse ; du climat et des hommes.

On remonte vers Bordeaux. Paysage plat, maisons fermées, style différent. De château en château, de grandeur en grandeur, on devine derrière les cols montés et les étiquettes droites ce qu’il faut de labeur et d’abnégation pour édifier de tels monuments.

Continuons de remonter, c’est cette fois le Val de Loire. Paysage doux et calme. Tempérance du climat, lumière merveilleuse et douce, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Soyeux de la pierre, magie du verbe du layon et des rosés pimpants. Nous sommes à Orléans, et déjà à Paris. Retour à la case départ, retour à la rentrée. Un tour de France qui fut un tour de vignes. Il ne manque que l’Alsace, perdue dans son coin loin de ce tour dantesque. Il manque le Jura et la Savoie, il manque les vins d’Auvergne et les vins de Corse. Ce tour complet est un tour non fini. Il me manque quelque chose donc il manque l’essentiel. Repartir, l’année prochaine, pour un autre tour.

Un article publié initialement le 18 juillet 2014.


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  • Les routes d’été, sont désertées de nos touristes habituels (et dépensiers) …

    Car notre pays est devenu un narco-état qui vit de la prohibition, rouler en France est un risque permanent de contrôles-verbalisation radars et contrôles arbitraires (stupéfiants, l’alcool en fait partie) au volant.

    La plupart des gens ne supportent plus ces persécutions pécuniaires aux prétextes fallacieux et insultants (prévention de risques…qui n’existent pas, là), il sont des millions à rouler sans permis et ce n’est qu’un début…

    Bonnes vacances !

    Sillonner les routes de France est un calvaire anxiogène et le meilleur beau temps n’y changera rien.

  • Dans un premier temps cela me rappelle les routes de France du début des années 60, bordées de platanes qui nous offraient une ombre salvatrice car pas de climatisation dans les autos.
    Le bonheur de vivre (malgré la grippe de 1958), une certaine insouciance liée au plein emploi et à une « philosophie » de la vie généreuse basée sur la conscience de sa fragilité au sortir de la deuxième guerre mondiale, d’Indochine et en cours de celle d’Algérie.

    Sur ces routes aucun radar, aucune limitation de vitesse injustifiée. Lorsqu’un panneau « 50 » apparaissait c’était bien qu’au delà les voitures de l’époque à la tenue de route perfectible avaient beaucoup de chance de ne pas franchir l’obstacle.

    Les « motards de la route » se postaient au niveau des sommets de côte, des croisements dangereux, pas avec des radars vicieux pour faire du chiffre. D’ailleurs l’objectif était d’éviter les accidents, pas de faire gagner de l’argent à l’état…

    • Certes… mais, pour être complet, il faut citer les chiffres des tués sur la route et (entre parenthèses) le chiffre de la population (en millions : M) de l’année concernée :
      – 1960 : 8 295 tués (46 M) ;
      – 1970 : 15 034 (51 M) ;
      – 1980 : 12 0384 (54 M) ;
      – 1990 : 10 289 (57 M) ;
      – 2000 : 7 643 (60 M) ;
      – 2010 : 3 992 (63 M) ;
      – 2020 : 2 541 (67 M).

      • en terme de bilan humain utilitaire de la voiture le nombre pertinent est le nombre de tués par km parcouru sans doute par passager.
        en terme législatif le nombre de victimes évités par les règles..

        et sur un autre plan disons responsable et libéral , le nombre pertinent est le nombre de victimes de la route malgré elles…les pures victimes..qui sont normalement les seules qui justifient l’intervention d’un jugement tiers, ou pour les indemniser , ce qui est relativement clair, ou pour les prévenir , en général arbitrairement..

      • Ce qui est subliminal dans mon post c’est que la « culture » du nombre de mort minimal se paye par des aspects liberticides itératifs et « jusqu’au-boutistes ». On ne sait d’ailleurs jusqu’où cela va s’arrêter…
        Et oui je regrette beaucoup cette évolution.

        Ayant passé mon permis moto en 76 (après le pic de 1972 : 16545 décès, pour un traffic au moins 5 fois inférieure à celui actuel) je ne prenais pas le guidon avec la peur…
        La jeunesse est là pour permettre d’aller de l’avant malgré les risques (idem pour les guerres d’ailleurs), voir même en cherchant (un peu) les risques.

        Débat philosophique : faut-il vivre très vieux, quitte à finir sa vie dans une EHPAD avec l’Alzheimer… ou vivre libre moins vieux et sans attendre la dégradation ??
        Je ne cherche pas à dire que ma vision de la vie est la meilleure mais en tout cas cela se discute.

        • Oui,,, Tétraplégique dans une petite voiture roulante c’est un choix de vie… si l’on peut dire.

          J’avoue être profondément agacé par l’accumulation de sophismes éculés qui peinent à cacher la motivation de leurs auteurs :  » Je veux faire ce que je veux et je me contrefiche de mettre en danger la vie d’autrui.  »

          Lorsqu’on ignore – volontairement ou non – la notion d’ordre de grandeur, familièrement exprimée sous la forme de  » la règle des 20-80 « , on peut soutenir tous les sophismes habituels. Il n’en reste pas moins que la route ne doit pas être un coupe-gorge alors que presque tout le monde conduit (est obligé de conduire) un véhicule automobile. Il n’en reste pas moins que réfractaires à des centaines de campagnes faisant appel à leur raison et leur bon sens, les automobilistes ont adopté massivement une conduite moins dangereuse en raison de la lourdeur des sanctions, du permis à points, etc. Pas glorieux mais à qui la faute ?

          • Le nombre de morts sur les routes n’a baissé que par l’amélioration des voitures grâce aux efforts des constructeurs. Il suffit de regarder les courbes, les seules fois ou l’état à servi quelque chose c’est avec l’obligation de la ceinture et le taux d’alcoolémie max de 0.8g /L.

          • Je ne plaide pas pour que tout un chacun fasse n’importe quoi mais je pense qu’avec un principe « zéro mort » comme objectif, quel que soit le domaine (traffic automobile, COVID…) on peut justifier des mesures liberticides et qu’à ce sujet on a d’ores et déjà atteint, voir dépassé beaucoup de limites.
            La voiture n’est déjà plus un coupe gorge, notamment en raison de l’évolution des véhicules, et surtout, comme l’a spécifié Jacques Lemière, compte tenu des kilométrages parcourus.

        • On sait en revanche où certains voudraient que ça s’arrête : au Zéro mort !
          La courbe asymptotique censé y mener, à l’infini, implique des efforts tout aussi infinis. Donc insupportables.
          C’est récurrent avec les hygiénistes sécuritaires : quand le doigt est dans l’engrenage, ils n’ont de cesse que le bras puis le corps entier y passent.
          Aucun de ces gens ne dira jamais : « bon, maintenant, c’est bon, on est sous un seuil raisonnable, on arrête d’emm… les citoyens »…
          En politique, on appelle ça du totalitarisme.

          • Tout à fait le « message » que je souhaitais faire passer.

          • L’hygiénisme est un excellent prétexte au « moaa je, j’a décidé de (à votre place) » utilisé pour se faire réélire malgré les déficits en hausse constante.

  • Les nationales bordées de platanes, la danse hypnotique des fils ( téléphoniques ou électriques ? ) attachés aux poteaux au bord des routes. Station Antar à 5 kilomètres, avec le petit soldat, son bouclier, son épée et sa moustache ? Centre – Ville Toutes Directions, sur les panneaux en béton bordés de bleu. Derrière moi, le moteur Cléon fonte de la 4CV Renault répond aux sollicitations de papa avec son chant inimitable. Nous sommes en 1962, j’ai 8 ans et je découvre la France par ses routes, pour la première fois.
    Aujourd’hui, j’en suis toujours amoureux.

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