Construire la résilience pour la sécurité alimentaire

Le développement n’est pas quelque chose que nous faisons pour les gens. Le développement est ce que les gens font pour eux-mêmes.

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Construire la résilience pour la sécurité alimentaire

Publié le 1 juin 2014
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Par Kanayo Nwanze, Président du Fonds international de développement agricole.

Champ_de_Ble_2Un article d’African Executive. Traduction Libre Afrique.

Le concept de résilience n’est pas simple. Il s’agit de la capacité à rebondir après un certain nombre de chocs : les inondations, la sécheresse, les conflits, l’instabilité des prix des denrées alimentaires, l’effondrement des institutions locales, et des pertes d’emplois. Les agriculteurs des pays développés peuvent investir dans leurs entreprises, car en cas de catastrophe, ils ont une base d’actifs, une assurance, des services financiers et des filets de sécurité sociaux. Mais les petits agriculteurs des pays en développement ne le font pas souvent. Pour la plupart, il est trop risqué d’essayer de planter une nouvelle variété de semences, ou se diversifier dans de nouvelles cultures ou du bétail.

Lorsque la crise frappe, ces agriculteurs sont souvent obligés de prendre des mesures drastiques : retirer leurs enfants de l’école, vendre tout actif en leur possession, ou abandonner l’agriculture et migrer vers les villes.

Vous pourriez vous demander : après tout, pourquoi avons-nous besoin de petites exploitations agricoles ? Il y a une fausse idée selon laquelle les petites exploitations signifient fermes pauvres. En effet, elles sont souvent plus productives par hectare, lorsque l’accès à la technologie et les conditions agro-écologiques sont favorables. Les petites exploitations prédominent dans les pays riches comme le Japon, la Corée, la Norvège et la Suisse. Et les pays en développement, comme la Thaïlande et le Vietnam, ont construit leurs économies sur les petites exploitations agricoles.

Alors, qu’est-ce que ça nous enseigne ? Des petites exploitations performantes peuvent créer des zones rurales dynamiques qui assurent un flux dynamique de bénéfices économiques entre les zones rurales et urbaines, de manière à ce que les nations aient un développement équilibré et durable. Les petites exploitations qui réussissent sont également essentielles pour la sécurité alimentaire et la bonne nutrition. La sous-alimentation n’est pas seulement un problème de santé, mais aussi un problème relevant d’agriculture et d’économie.

Il y a 500 millions de petites exploitations familiales dans le monde fournissant de la nourriture et des moyens de subsistance à des milliards de personnes. Ces fermes fournissent jusqu’à 80% de la nourriture produite dans certains pays. En Afrique subsaharienne, la croissance du PIB générée par l’agriculture est 11 fois plus efficace pour réduire la pauvreté que la croissance générée par n’importe quel autre secteur. Investir dans la capacité de résilience des petits agriculteurs revient à investir dans la résilience des systèmes alimentaires, la résilience des communautés, et la force des nations. Voici certaines propositions personnelles, mais qui ont déjà fait leur preuve.

Ma première proposition pour la résilience consiste à écouter et à respecter les opinions des populations locales. Elles peuvent ne pas avoir des niveaux élevés d’éducation formelle, mais elles connaissent les terres et les conditions locales bien mieux que les agents de développement parachutés pour une mission de quelques semaines ou quelques mois. Nous devons nous rappeler que les efforts de développement réussissent rarement quand ils sont conçus par des experts vivant à des milliers de miles, sans une compréhension approfondie du contexte local. Par exemple, durant les années 1970, il y avait un plan bien intentionné pour reverdir le Sahel par la plantation d’arbres exotiques à croissance rapide. Les champs ont été nettoyés de la brousse indigène inutile. Mais il s’est avéré que la brousse n’était pas inutile. Elle fournissait des abris et de l’ombre pour les cultures. Les agriculteurs qui ne voyaient pas l’intérêt des arbres exotiques, s’en sont détournés. Les arbres sont morts. La couche arable s’est détériorée et les rendements ont chuté.

La deuxième proposition est peut-être la plus important de toutes : le développement n’est pas quelque chose que nous faisons pour les gens. Le développement est ce que les gens font pour eux-mêmes. Notre travail consiste juste à faciliter le processus. Des capacités de résilience signifie la construction d’une base d’actifs de manière à ce que les gens puissent amortir les chocs. Il faut investir dans le capital social, dans les services financiers, et dans la sécurité du régime foncier.

Cela m’amène à ma troisième proposition. Les populations rurales pauvres ne sont pas à la recherche de la charité. Les dons ne construisent pas de résilience ; ils augmentent la dépendance. La résilience est construite à travers des approches fondées sur le partenariat qui respectent la dignité des bénéficiaires, favorisent la propriété et assurent la viabilité.

Au cours de la sécheresse de 2011 et de la famine dans la Corne de l’Afrique, l’impact en Éthiopie a été limité par rapport aux histoires d’horreur des années 1980. Comment cela a été possible ? Grace au leadership et aux politiques du gouvernement qui ont remédié aux problèmes macroéconomiques et ont assuré l’investissement dans la préparation à la sécheresse et dans les petits agriculteurs. Aujourd’hui l’Éthiopie a la croissance, hors-pétrole, la plus rapide en Afrique avec un taux d’environ 10 %, et avec la deuxième industrie de floriculture en Afrique, le plus grand producteur de cuirs et de peaux ainsi que le miel en Afrique, et un marché florissant pour les grands et les petits agriculteurs.

Cela m’amène à ma quatrième et dernière proposition : il n’existe pas de modèle de renforcement de la résilience. Nos efforts visant à renforcer la résilience doivent commencer par un changement de mentalité. L’agriculture est une entreprise, peu importe l’ampleur ou la taille. Les petits agriculteurs sont les principaux investisseurs en agriculture dans les pays en développement. Ils doivent être considérés et respectés comme des partenaires égaux et à part entière dans le processus de développement.

Comme je l’ai dit avant, et comme en témoigne l’histoire éthiopienne, l’agriculture et le développement rural sont essentiels pour la construction d’une sécurité alimentaire et nutritive résiliente. Ils offrent une voie vers l’emploi, la création de richesses et la croissance économique. Ils sont la base de la cohésion sociale. Ils sont le fondement de la stabilité politique, l’égalité des sexes et le précurseur pour la paix et la sécurité mondiales.

Sur le web.

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  • pour accentuer la résilience des petites exploitations fermières africaines, il faut leur assurer une stabilité du foncier sur 20 à 30 ans , leur fournir une formation agricole simple et efficasse le plus prés de chez eux ( pas dans la capitale ) leur donner un accés au microcrédit pour que les agriculteur achetent le materiel qui leur permettent de gagner du temps ( partout le temps c’est de l’argent ) des semences de qualité , des reproducteur pour developper un troupreau …
    il faut s’appuyer sur les jeunes générations qui doivent pouvoir l’emporter sur les vieilles traditions.
    il faut également que les agriculteurs ait le droit de cloturer leur parcelles afin que les animaux divaguant ne détruisent pas en un jour le travail de plusieurs mois .
    ils doivent conserver et intensifier l’elevage plutot que de tomber dans les monocultures à l’occidentales …
    ajouter aux légumineuses, qui doivent systématiquement entrer dans la rotation , le fumier ainsi produit permetta une moins grande dépendance aux engrais minéraux toujours couteux , surtout quand on est loins de tout .
    ils doivent également planter des arbres compatible avec les cultures tel que faidherbia , paulownia, acassia , qui produisent du fourrage à la saison sèche ,aident à stabiliser le climat , et fournissent un complément de revenu lors de la coupe .

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