Les Africains sont-ils responsables de leur sous-développement ?

La traite négrière et le colonialisme appartiennent au passé. Les responsables du sous-développement actuel de l’Afrique sont les Africains.

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Les Africains sont-ils responsables de leur sous-développement ?

Publié le 11 mars 2014
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Par Amir Abdulazeez.

En 1972, l’historien Walter Rodney a consacré 361 pages à démontrer comment l’Europe a été à l’origine du sous-développement de l’Afrique. Il a fait un magnifique travail pour expliquer comment le commerce des esclaves, le colonialisme et le néo-colonialisme de l’Afrique, par l’Europe et d’autres impérialistes occidentaux, ont volé à l’Afrique son développement.

Nous sommes désormais en 2014, presque un demi-siècle plus tard et l’Afrique est toujours à la recherche du développement. Si Rodney n’avait pas été assassiné par une bombe en 1980, il aurait certainement développé un point de vue différent sur le sous-développement de l’Afrique. Il aurait probablement écrit un nouveau livre intitulé : Comment les Africains ont sous-développé l’Afrique.

Nous devons nous dire la vérité amère, que ce qui est déjà arrivé appartient au passé et ceux qui en parlent encore ratent le présent et obstruent leur avenir. Actuellement, les Africains sont les responsables du sous-développement de l’Afrique. La traite négrière et le colonialisme appartiennent au passé. Notons d’ailleurs que ces fléaux ne sont pas spécifiques à l’Afrique. Ils ont touché d’autres régions du monde dont l’Amérique latine, l’Amérique du Nord et l’Asie. Peut-on comparer ces régions avec l’Afrique aujourd’hui ? Des pays comme l’Inde, la Malaisie, le Mexique, le Brésil, Singapour et d’autres blâment-ils toujours les Européens pour leur passé malheureux ou se sont-ils eux-mêmes transformés en puissances économiques et politiques ? Le Brésil est aujourd’hui la septième puissance économique mondiale, 37 places devant leur ancien maître colonial le Portugal qui est 44ème.

Dans l’histoire du monde, chaque civilisation comme chaque pays ont connu des hauts et des bas. L’Europe a rebondi après les deux guerres mondiales, les États-Unis suite à la guerre civile et au racisme, l’Asie et l’Amérique latine après le colonialisme, les dictatures et les troubles politiques. Pourquoi l’Afrique ne se remettrait-t-elle pas de la traite négrière et du colonialisme ?

À l’heure actuelle, il est évident que l’Afrique est le continent le moins avancé du monde. La région souffre de toutes sortes de problèmes dont 90 % sont d’origine humaine. Naturellement, la région semble être la plus chanceuse, parce que c’est l’un des continents les plus stables géographiquement enregistrant le moins de catastrophes naturelles. La plupart des pays de la région n’ont pas le climat insupportable que l’on trouve dans les régions polaires extrêmement froides ou dans les régions arabes extrêmement chaudes. Par ailleurs, l’Afrique est le principal fournisseur mondial de matières premières. Plutôt que de transformer et valoriser ses matières premières, l’Afrique les exporte vers des pays qui vont les transformer et les lui revendre ensuite sous forme de produits finis à des prix exorbitants. Près de 10% des réserves connues de pétrole dans le monde sont en Afrique mais tout ça pour rien.

Le principal problème de l’Afrique est l’échec du leadership. La plupart des dirigeants africains passés et présents ont fait échouer lamentablement la région. Leur obsession de rester au pouvoir a rendu très difficile voire impossible leur remplacement. Plus de 85 % des élections en Afrique ne sont pas libres, justes et crédibles. Seuls le Ghana, le Sénégal, l’Afrique du Sud et quelques rares pays peuvent se vanter d’élections relativement libres et équitables. Jusqu’à très récemment, les élections n’ont même pas été tenues dans la quasi-totalité de l’Afrique du Nord. Les dirigeants africains volent des millions et des milliards de dollars de fonds publics pour les investir dans les économies européennes. Combien de dirigeants d’autres continents volent les fonds publics pour les investir en Afrique ?

L’autre problème de l’Afrique est l’incapacité de ses citoyens à se reconnaître mutuellement comme des frères naturels ne serait ce que parce qu’ils sont tous des êtres humains. Il est même difficile de trouver un seul pays africain exempt de crises religieuse et ethnique. Chaque année, des milliers de vies et de propriétés sont perdues en Afrique au nom des différences religieuse et ethnique. Il y a 20 ans, au Rwanda, on estime à plus de 800 000 les personnes qui ont été tuées juste du fait de leur appartenance ethnique. Actuellement en République centrafricaine, les gens sont massacrés par centaines en raison de leurs croyances. Selon Wikipedia, entre 1,2 à 2,4 millions d’Africains sont morts au cours de la traite atlantique sur une période d’environ 360 ans. Selon nos estimations, le nombre de morts à la suite de crises ethniques et religieuses en Afrique entre 1980 et 2010 a dépassé ce chiffre. Les personnes qui sont décédées durant les 34 mois de la guerre civile nigériane sont équivalentes à elles seules à la totalité du nombre d’Africains qui sont morts dans les 360 ans de traite atlantique.

Quand nous observons les très rares pays africains qui prétendent améliorer leur taux de croissance économique, nous constatons que leurs citoyens demeurent dans la souffrance profonde, comme si l’augmentation de la croissance économique nationale était proportionnelle à celle de la pauvreté et de la souffrance. Le développement de ces pays africains est ironique dans le sens où il s’agit d’une évolution qui accroît la souffrance du peuple, qui rend les pauvres plus pauvres et les riches plus riches.

En dépit de ces problèmes et de ces ennuis, l’Afrique a encore une chance de se développer. Les ressources, la main-d’œuvre et tous les atouts sont là. Ce qui fait défaut sont la volonté et la détermination. Que tous les Africains mettent la main à la pâte pour s’assurer que la région sorte de ce pétrin et trouve sa véritable place sur la carte de développement mondiale en 2030. Ceci ne sera possible que si le continent accepte de quitter son statut de victime pour passer enfin à l’action !


Amir Abdulazeez, président de la Fondation pour de meilleures initiatives (FBI).

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  • OUI. ils sont adultes, majeurs et vaccinés.

    qui d’autres devrait être responsable ?

    • Vaccinés… MMhh!
      Pas sur.

      Et puis, adultes ok, mais ils sont tellement peu éduqués, qu’ils sont plus enfants qu’adultes. Il faut dire que pendant que leurs dictateurs accumulent les milliards et les fastes ridicules, les enfants sont dans les champs sous prétexte qu’il n’y pas d’argent pour ouvrir des écoles. Et quand il y a des écoles, le niveau est tellement médiocre que ça ne change pas grand chose, car les profs eux mêmes n’ont quais aucune éducation…

      Certaines régions sont aussi victimes de surpopulation, il ne faut pas l’oublier. L’Ethiopie ou même le Nigéria bénéficierait grandement d’une démographie moins lourde.

  • Et le proverbe  » D’une poule on ne fait pas un aigle » s’applique dans son intégralité…….

  • Monsieur Abduassez, très bon article, courageux, lucide, trop rare.

  • On voit dans les commentaires que ce n’est pas l’aspect humain qui importe les lecteurs mais plutôt un vague sentiment nationaliste et le bonheur de cracher sur ce continent « en toute légitimité »… Pitoyable.

    Quand à l’article, il n’est malheureusement pas faux sur tout les points mais exagère grandement et ne bénéficie d’aucune analyse approfondie.

    Il se contente de dire – L’afrique est pauvre, c’est la faute des africains, ils ne font que brailler, point final.

    Or c’est vraiment une simplification dangereuse.

    L’Afrique a du faire face à de nombreux problèmes, – causés en partie par des forces extérieures, les quelques dirigeants lucide ont été assassinés, souvent par la France, d’ailleurs, et les excuses n’y changeront rien. –

    Les analyses biaisés de l’Afrique comme celle-çi sont nocive à un moment de son histoire ou elle se développe rapidement.

    Si vous voulez une analyse complète et objective des problèmes de l’Afrique et de la responsabilité de chacun, lisez donc « L’Afrique Noire est elle maudite » de Moussa Konaté, voilà un texte un peu plus réfléchi.

    Et pour les commentateurs, vôtre haine et ignorance transpire à travers chacun de vos mots, vous ne trompez personne.

  • Bonjour , votre analyse est très très bien faite merci beaucoup .

  • J’ai repris la lecture de l’article et me suis aperçu que l’auteur a passé sous silence la traite arabo-musulmane, qui s’est prolongée après l’abolition de l’esclavage…..

  • voici enfin une verité qui sort de la bouche d’un africain. eh oui je suis touche par ces parole.

    • si l’Afrique est sous développer c’est juste par ce que les dirigeant de ce continent ne pense qu’a leur intérêt et non a celle de la communauté entière . ils volent l’argent du peuple pour enfer les seins , ils construisent en Europe et laisse l’Afrique dans le néants , ils changent la constitution dans le but de toujours Pier le continent . vraiment on na besoin de vrai dirigeant , des dirigeant patriotique .

  • Les Africains sont plus que responsables de leur état actuel!

  • L’article est à mon avis trop simpliste pour être pertinent. La colonisation de l’Afrique a prit une forme totalement différente de celle de l’Inde ou de l’Amérique du sud, différences que l’auteur occulte complètement pour satisfaire ces conclusions faciles. Même chose pour la question des matières premières, qu’il suffirait – toujours selon l’auteur – de valoriser en Afrique plutôt que de les exporter telles quelles. Mais qui détient les capitaux nécessaires à ube telle exploitation? Qui détient le savoir faire? Pourquoi ces deux éléments manquent cruellement à l’Afrique? Est ce si simple d’en obtenir dans des contextes d’instabilité chronique?

  • Les commentaires sont fermés.

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