L’option « chyprage des comptes » se rapproche encore un peu plus

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Braquage à l'italienne (Mario Draghi)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’option « chyprage des comptes » se rapproche encore un peu plus

Publié le 17 février 2014
- A +

Les semaines qui viennent s’annoncent pleines de promesses. Celles du printemps, bien sûr, qui s’approche tous les jours un peu plus. Celles des politiciens, campagne électorale oblige. Et enfin, celles d’une Union Européenne, à la faveur du renouvellement d’exécutif et de parlement qui se profile, et qui doit faire face à quelques délicats problèmes économiques.

En effet, l’Union est actuellement confrontée à une situation économique générale déroutante et, pour tout dire, inhabituelle. Cette dernière dure, certes, depuis quelques temps déjà, mais les signes qui la confirment s’accumulent sans que semblent porter effet les politiques mises en place tant au niveau européen qu’au niveau de chaque état membre pris individuellement.

On constate par exemple la persistance d’une légère inflation globale. En pratique, cette inflation est la résultante d’une augmentation des prix sur certains domaines précis et peu nombreux mais au fort impact général. Ainsi, l’énergie compte facilement pour la moitié de la hausse de prix constatée, l’alimentation représentant une autre grosse partie de cette inflation qui reste, malgré tout, assez modérée (on parle d’un chiffre inférieur à 1%).

DeflationParallèlement, cette hausse est compensée par une déflation marquée sur d’autres secteurs, comme celui des salaires. Cette absence de hausse des salaires, voire cette baisse dans bien des cas, se traduit par des baisses de rentrées fiscales, avec, à la clé et en Europe, diverses politiques appliquées : soit le gouvernement choisit l’ajustement des masses salariales des fonctionnaires, des retraites, une baisse progressive ou notoire des prestations sociales. Le cas de la Grèce vient évidemment à l’esprit (encore qu’il faille prendre les chiffres avec d’énormes précautions tant ils sont manipulés par un état grec aux abois), mais c’est aussi le cas au Portugal, en Espagne, etc… Une politique alternative consiste bien sûr à ne surtout pas toucher aux sorties mais tout tenter pour augmenter les entrées, c’est-à-dire très concrètement, écraser la pédale d’accélération des taxes et des impôts. Voie qu’a choisie la France avec délectation, et les résultats économiques qu’on peut déjà mesurer : augmenter la vexation fiscale a cette fâcheuse tendance à réduire l’activité économique, ce qui accroît encore la baisse des rentrées fiscales (zut alors).

Enfin, on observe très clairement une contraction du crédit. Très simplement, les particuliers n’en veulent plus, l’industrie diminue sa demande, et les taux baissent à nouveau, dans l’immobilier notamment.

Ce n’est pas un hasard. On se retrouve dans une période délicate où les fondamentaux ne sont pas bons : l’inflation, même modérée, des prix des matières premières et de l’énergie, couplée à la déflation des salaires entraîne un appauvrissement général palpable, ce qui provoque là aussi une baisse de la consommation et une diminution de la prise de risque de la part des individus et des entreprises, ce qui réduit d’autant la production de crédit. Zut et flûte, que voilà un « effet ciseau » fort gênant ! Les banques, dès lors, ont un petit souci pour couvrir leurs ratios qui ont été ajustés à la hausse suite à la crise.

Souci qui se traduit très concrètement par les petits couinements de ces établissements vers les autorités, couinements qu’un fort discret notule d’information de Reuters aura rendus publics et qui donne ceci dans le texte :

Banks have complained they are hindered from lending to the economy by post-crisis rules forcing them to hold much larger safety cushions of capital and liquidity. — Les banques se sont plaintes de ne plus avoir la capacité de prêter aux entreprises à cause des réglementations bancaires mises en place après la crise qui les force à disposer d’un plus grand matelas de capital et de liquidités.

Oui, vous avez bien lu : ces établissements ont été massivement aidés pendant les quelques années qui viennent de s’écouler (et ce afin d’éviter une catastrophe financière majeure) et alors que les contribuables en sont encore de leur poche, il semblerait bien que les autorités européennes soient tendrement à leur écoute et envisagent déjà de répondre à leurs demandes :

« The economic and financial crisis has impaired the ability of the financial sector to channel funds to the real economy, in particular long-term investment » — La crise économique et financière a porté atteinte à la capacité du secteur financier à diriger des fonds vers l’économie réelle, notamment l’investissement de long terme.

Ouin, l’économie réelle ne se comporte pas comme prévu, et les banques pleurnichent ! Il faut trouver une solution, de préférence aussi éloignée que possible d’un retour aux principes sains de gestion, en imposant des faillites organisées de tous les établissements qui le méritent ! Faisons payer le contribuable, par exemple, il a les poches pleines et la voix inaudible !

Et concrètement, cela donnerait quoi ? C’est très simple :

The Commission will ask the bloc’s insurance watchdog in the second half of this year for advice on a possible draft law « to mobilize more personal pension savings for long-term financing » — La Commission demandera leur conseil, dans la seconde moitié de l’année, aux organismes de surveillance de la zone sur un projet de loi visant à « mobiliser l’épargne retraite personnelle pour du financement de long terme »

Voilà qui est très rassurant parce que le terme « confiscation » n’a pas été mentionné du tout. On lui aura subtilement préféré celui de « mobilisation », qui rappelle malheureusement les heures les plus sombres de notre histoire où de vaillants soldats partirent au front histoire de défendre la veuve, l’orphelin et un certain nombre de valeurs qui, justement, pourraient fort bien passer par pertes & profits histoire de sauver le bazar coûte que coûte. Notez que c’est bon à savoir : si un jour vous entendez piquer dans un rayonnage, ou faire les poches de votre voisin, lui cambrioler sa maison ou lui piquer sa voiture, expliquez simplement que vous désirez mobiliser ses possessions pour des opérations de long terme.

draghi whatever it takes

On pourrait croire cette brillante idée suffisante à calmer les petits tourments des banques. Il n’en est rien !

Pourquoi ne pas ajouter la création d’un « compte épargne » de nature européenne, qui servirait à l’Union pour financer les petites et moyennes entreprises ?

The EU executive will also complete a study by the end of this year on the feasibility of introducing an EU savings account, open to individuals whose funds could be pooled and invested in small companies. — L’exécutif européen va aussi réaliser une étude de faisabilité pour l’introduction d’un compte épargne européen, ouvert aux particuliers dont les fonds seront mis en commun et investis dans les PME.

Oh, bien sûr, la nature obligatoire pour chaque contribuable d’abonder aux fonds demandés pour ce type d’investissement n’est pas à l’ordre du jour. Ce sera introduit plus tard, dans un second temps, une fois que le nouveau type de compte d’épargne et le fonds afférent auront été créés, et cette obligation sera imposée à la « surprise » générale, bien sûr. Ce n’est évidemment pas le début d’une fiscalité européenne, mais c’est en tout cas les prémices d’une belle aventure ponctionnaire à n’en pas douter !

Vous voyez, pas de quoi s’affoler : l’avenir est plein de promesses et celles qui sont visibles en filigrane de ces propositions européennes sont absolument fabuleuses. Chypre n’était bien qu’une répétition.

Bail In Graph
—-
Sur le web

Voir les commentaires (19)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • LOL La Chine considérée comme sûre pour éviter e chyprage des comptes.
    C’est une dictature, ils peuvent décider de se servir en un claquement de doigt, faut être sérieux.

    • HK et Singapour, c’est pas franchement la Chine, loin s’en faut. Et il ne s’agit pas de sécurité mais de risque systémique et d’exposition aux bail-ins.

      • Singapour je veux bien, étant une nation totalement indépendante, et avec l’anglais comme langue officielle et unificatrice.
        Par contre Hong Kong c’est différent, ils ont une once d’indépendance mais la Chine accroît lentement son contrôle dessus et pourrait bien ne pas attendre jusqu’en 2047, c’est pas comme si quelqu’un allait sauver HK s’ils le faisaient, ils auraient juste à l’accepter et la fermer. C’est pas Taiwan.

        • Le contrat lie la Chine et le UK donc ca m etonnerait. La Chine a trop d interet au niveau de HK pour saccager tout ca. Les chinois comprennent les choses rapidement.

    • Je pense qu’il s’agit de Hong-Kong

  • http://offshore-strategy.com

    D’abord sortir le numéraire, puis sortir sa propre personne… Un jour on reconstruira un mur, pas physique mais fiscal. Le mur est actuellement moral, pour le moment.

  • H16 ,

    Alors , ce bail in qui sauvera les banques par utilisation des dépôts de leurs déposants , cela vient ou pas ?

  • Les signes ne trompent pas, on est dans le lac.

  • Il faut vous réveiller, avec les derniers amendements adoptés par la Comission, les gouvernements se sont donnés la possibilité de ne pas mettre en résolution les grosses banques…

    Et puis sortir les systèmes bancaires suisses et allemands comme étant « sûrs » c’est juste une plaisanterie non ? levier à 50 pour DB, les landesbank avec leur compta toute pourrie que Merkel a réussi à sortir du giron du superviseur européen à coups de forceps pour qu’on aille pas trop regarder ce qu’il s’y passe, Commerzbank quasi nationalisée; UBS et surtout Crédit Suisse hyper exposées aux dérivés…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Depuis son élection, Javier Milei a considérablement réduit les dépenses publiques en Argentine. Le résultat, comme l'avait prédit Hazlitt, est que l'inflation est de mieux en mieux maîtrisée.

 

Le taux d'inflation en Argentine a récemment atteint son point le plus bas depuis janvier 2022, enregistrant une augmentation mensuelle de 4,2 % en mai, selon l'Institut national des statistiques et du recensement (INDEC). Bien que l'inflation annuelle ait ralenti pour la première fois depuis la mi-2023, elle s'élève toujours à 276,... Poursuivre la lecture

À l'heure où notre État se trouve empêtré dans les déficits et une dette devenue difficilement soutenable, et que la campagne des législatives s'articule autour d'une surenchère de promesses plus dépensières les unes que les autres, il est utile de se remémorer dans quelle situation s'est trouvé notre pays lors de la dernière grande crise financière qu'il a connue, celle de 1789.

Le prince n’est plus le même, mais la coexistence d’une dette énorme, fruit des règnes de Louis XIV et de ses successeurs Louis XV et Louis XVI, et de déficit... Poursuivre la lecture

Le très court délai d’organisation des scrutins des 30 juin et 7 juillet prochains favorise indéniablement le Rassemblement national (RN) en forte dynamique aujourd’hui à la droite de l’échiquier politique face à une gauche minée par ses querelles intestines, malgré une unité de façade purement électorale, des Républicains en plein divorce et une majorité présidentielle victime entre autres du rejet de la réforme des retraites, et de l’inflation.

Toutes les études d’opinion soulignent que le vote RN est un vote de colère et de méconten... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles